Professeur des cours de ponts et de mécanique appliquée
Jean Résal est sans doute le plus grand concepteur de ponts métalliques à la fin du XIXe siècle, comme Paul Séjourné pour les ponts en maçonnerie. Les réalisations les plus célèbres de Jean Résal se trouvent sur la Seine à Paris, vues et appréciées par les visiteurs du monde entier.
Il est le fils d'un inspecteur général des mines, savant lui-même et professeur de mécanique à l'École polytechnique. Brillant élève, Jean Résal est affecté à Nantes à sa sortie de l'École nationale des ponts et chaussées, en 1877. Il y réalise tout de suite un important ouvrage ferroviaire : un pont franchissant la Loire par des arches en fer laminé de 60 mètres, surbaissées au 1/10ème, sur des piles fondées à l'air comprimé. Il en fait tous les calculs avec une structure innovante d'arcs encastrés recevant par des montants verticaux les charges du tablier et en dirige personnellement le montage sans aucun accident. Détruit pendant la Seconde Guerre mondiale, cet ouvrage est remplacé par un viaduc en béton.
À Nantes, Jean Résal construit en 1885 un remarquable pont routier sur l'Erdre composé d’un arc métallique surbaissé de 80 mètres d'ouverture, le pont de Barlin, appelé depuis pont de la Motte rouge. Toujours en service, il s’agit du premier grand ouvrage en acier laminé.
Dans les années 1890, Résal intervient comme expert sur la construction de plusieurs ouvrages dont le pont Faidherbe à Saint-Louis (Sénégal) et le Grand Palais (Paris), l’une des attractions de l’Exposition universelle de 1900.
En 1892, il est nommé au service de la navigation à Paris, avec la charge des ponts de la capitale, ce qui lui permet d'étudier et de réparer efficacement des ouvrages existants, comme le pont d'Arcole. Il y réalise également ses deux chefs d'œuvre bien connus : le pont Mirabeau, avec un arc très surbaissé, au 1/16ème, de 100 m d'ouverture, la portée centrale étant équilibrée par des consoles ancrées dans les culées ; puis le pont Alexandre III, également inauguré pour l'Exposition universelle de 1900, avec un arc de 109 mètres de portée (encore plus surbaissé), en acier moulé à haute résistance, avec trois articulations, d'une largeur de 40 mètres dont 20 mètres de chaussée, son énorme poussée ayant nécessité d'immenses caissons métalliques pour les fondations des culées à l'air comprimé.
Professeur des cours de ponts et de mécanique appliquée à l'École nationale des ponts et chaussées, Jean Résal devient membre puis président de la commission du béton armé en 1906. Tout comme Paul Séjourné, son nom a été donné à une des rues du 13e arrondissement de Paris en 1934.