Raconter l’histoire d’une école d’ingénieurs pendant la Première Guerre mondiale est un choix paradoxal. En effet, l’âge de ses élèves les désigne tout naturellement pour être immédiatement mobilisables et, par conséquent, comme dans de nombreux établissements en France, les activités ordinaires d’enseignement sont immédiatement vidées de leur sens et stoppées.
Les membres de la direction de l’École nationale des ponts et chaussées, que l’âge préserve de la mobilisation, restent toutefois en place et maintiennent le lien par leur présence sur les lieux. Tout au long de la guerre, ils s’efforcent de se préparer à une hypothétique reprise, dont la date est sans cesse repoussée. En fait, comme partout, c’est un véritable bouleversement qui secoue l’établissement.
Le 18 août 1914, lors de la séance du conseil de l’École, Auguste Kleine, son directeur, ouvre la séance par ces mots :
« Mes chers camarades, il y a aujourd’hui 44 ans, à Saint-Privat, l’armée française, malgré sa vaillance, était, par la volonté coupable de son chef, clouée dans Metz et perdue pour la France. En ce moment et depuis quelques jours, les forces françaises débordent partout la frontière d’Alsace-Lorraine ; tous, généraux, officiers, soldats, unis dans une même âme, reconstituent de leur héroïsme et de leur sang la patrie mutilée de 1871.
J’ai toujours prévu cette lutte suprême et orienté depuis huit ans nos élèves, et en particulier nos élèves externes, vers la certitude d’une échéance prochaine, nous avons pu ainsi préparer fortement ici par quatre années d’instruction militaire plus de 200 de nos officiers de complément ; nos archives possèdent une précieuse lettre du généralissime Joffre, alors général inspecteur [permanent des écoles militaires], disant à l’École ses félicitations et ses remerciements.
Tous nos jeunes ingénieurs venus de Polytechnique sont, eux aussi, au premier rang ; leurs devanciers, leurs aînés, pour beaucoup leurs pères, sont également sous les armes et parmi eux, quelques-uns ont vécu 70.
L’École des ponts et chaussées, à cette heure de réparation nationale, peut se dire qu’elle se présentera aux camarades futurs comme ayant su, à tous les degrés, faire largement son devoir ».
Dès cet instant, le fonctionnement de l’École, comme celui de toutes les formations supérieures en France, s’en trouve bouleversé. L’École ferme ses portes mais participe à l’effort de guerre en accueillant différents organismes dans ses locaux. De même, elle propose au ministère de l’Armement de récupérer ses stocks de cuivre pour aider à faire face à la crise du cuivre.
Cours et enseignements
La défaite de la guerre de 1870 face à la Prusse a marqué durablement les esprits en France et, très vite, la volonté d’une revanche et la conscience d’une insuffisance en matière militaire conduisent le gouvernement français à prendre des mesures. Dans la loi militaire qui s’élabore dans les années 1870, les grandes écoles « techniques » n’échappent pas à ce mouvement. En effet, le ministre de la Guerre se propose d’y inscrire la possibilité de conférer des emplois d’officiers dans l’armée territoriale aux ingénieurs des ponts et chaussées assujettis, comme tous les français, au service militaire jusqu’à l’âge de 40 ans, et de les placer à la tête de compagnies auxiliaires du génie qu’ils commanderaient en cas de mobilisation. Cela signifie l’introduction dans la scolarité d’un cours de fortification qui pourrait être assuré par des officiers du génie de Paris. Suivant déjà des cours sur tout ce qui est relatif aux travaux, seul un petit nombre de leçons serait nécessaire aux élèves de l'École nationale des ponts et chaussées.
Cours d’art militaire et fortifications 1873-1910, dispensés par des militaires :
- Colonel Usquin : 1873-1878 ; consulter le cours : 4° 11158
- Capitaine Laurent : 1879-1881 ; consulter les cours : 4° 14820 et 4°14820
- Lieutenant-colonel Hennebert : 1881-1882 ; consulter les cours : 4° 17322 et 4°49759
- Colonel Tartrat : 1882-1889 ; Consulter les cours : 4° 17323 et 18326
- Colonel Duval-Larguierce : 1890-1895 ; pas de cours écrit
- Colonel Guinot : 1895-1898 ; consulter le cours 4° 23176/C1237
- Colonel Ancelle : 1899-1901 ; pas de cours écrit
- Commandant Maurial : 1902-1910 ; pas de cours écrit
Les services rendus par le corps des ponts lors de la guerre de 1870, notamment en matière de topographie militaire des opérations de reconnaissance, ont démontré l’aptitude des ingénieurs qui n’auraient besoin que de quelques connaissances spéciales supplémentaires pour montrer leurs pleines capacités.
Le conseil de l’École accepte le principe de cet enseignement fixé en 3e année, pour une durée de 15 leçons orales complétées par deux exercices de dessins dans la limite de 6 à 8 jours au plus de travail. Les cours sont sanctionnés par un examen final et notés sur 20 points ou degrés, 12 pour l’examen et 8 pour le travail graphique.
Devant être organisé rapidement, l’enseignement est confié dans un premier temps au colonel Usquin, professeur à l’École polytechnique. Il est commun aux élèves des écoles des mines et des ponts et se tient à l’École nationale des ponts et chaussées.
Par ailleurs, le directeur Jégou d’Herbeline souhaite organiser pendant chaque mission des élèves un stage d’un mois (15 juin-15 juillet) dans un régiment du génie. Les frais engendrés repoussent cette pratique jusqu’en 1878, mais les élèves montrent leur patriotisme en accueillant avec empressement cette proposition malgré une diminution du temps de leurs vacances.
Occupation des locaux
Plusieurs organismes ont occupé les locaux tels que l'Union pour l'organisation du travail, la Commission consultative médicale, le Service de la statistique médico chirurgicale de l’armée, le Comité de rédaction du Bulletin de l’armée ou encore la Société de l’union des françaises contre l’alcool.
La cohabitation est parfois un peu difficile : encombrement de la cour par les ballots de tissus, enfumage des locaux par le personnel de ces services alors qu’il a de tous temps été interdit de fumer dans l’École, difficulté à faire quitter les lieux à certains de ces organismes au moment de la réouverture de l’École, dégradation de locaux qu’il faut remettre en état avant la reprise des cours en 1919.
Union pour l’organisation du travail
Présidée par Madame Julien Koechlin, l’Union pour l’organisation du travail (fondée le 10 août 1914) confectionne des chemises, caleçons, chaussettes de laine et serviettes pour les services de l’Intendance. Les tissus et laines sont fournis par l’Intendance et le travail est réparti entre une trentaine d’ateliers et ouvroirs.
L'Union pour l'organisation du travail occupe les espaces des trois amphithéâtres du rez-de-chaussée, des cabinets attenant et de la salle des croquis, utilisée comme atelier de coupe.
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Le tracé de la chemise
BDIC, Fonds des Albums Valois. Paris (Seine), Album 1, VAL 364/109
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Fabrication de chemises pour l'armée. La coupe des chemises.
BDIC, Fonds des Albums Valois. Paris (Seine), Album 1, VAL 364/110
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Fabrication de chemises pour l'armée. Salle de manutention
BDIC, Fonds des Albums Valois. Paris (Seine), Album 1, VAL 364/113
Organisation médicale
La Commission consultative médicale
La commission consultative médicale, dépendant du service de santé du ministère de la Guerre –77e, s’installe à l’École le 13 février 1915.
Ce service établit :
Les dossiers de pension des militaires blessés,
Les dossiers des pensions de veuves,
Les propositions de gratifications.
Il est installé dans les cinq salles d’études portant les numéros I, I bis, II, III et IV
Le Service de la Statistique médico chirurgicale de l’armée.
Ce service s’occupe de la statistique des hôpitaux pour les militaires malades ou blessés, par l’établissement de bulletins détaillés. Il prend possession du cabinet de l’officier surveillant de l’École et des salles d’études V, VI, VII et VIII, d’un cabinet de préparateur et des deux salles d’études des élèves des cours préparatoires.
Il est évacué avant janvier 1917.
Comité de rédaction du Bulletin des armées de la République
Le comité de rédaction du Bulletin de l'Armée occupe la bibliothèque, le bureau du bibliothécaire et la pièce de travail des employés de la bibliothèque.
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Bulletin des armées de la République
Réservé à la zone des armées, 28 juin 1916 [page de titre]
Société de l'Union des françaises contre l'alcool
Fonte de la collection des planches de cuivre
Au début de l’année 1917, en vue de parer à une crise du cuivre, le ministre des Fabrications et de l’Armement, Albert Thomas, dépose un projet de loi tendant à rendre obligatoire la déclaration des matières de cuivre par les détenteurs de quantité supérieure à 500 kg.
Même si, selon les termes du projet, les établissements de l’État ne sont pas concernés, l’École estime de son devoir de signaler la présence dans ses murs d’un stock de cuivre rouge de plus de 3 tonnes et demi pouvant être mis à la disposition de la Défense nationale.
En effet, ce stock servait à imprimer les planches de la publication du Portefeuille des élèves qui, jugée désuète, a été suspendue en 1901.
Impacts sur le fonctionnement de l'École et ses enseignements
Lors de la déclaration de guerre, les élèves ingénieurs, alors en mission de fin d’études pour trois mois, sont mobilisés brutalement le 2 août pour une durée inconnue et un avenir incertain. Le conseil de l’École du 18 août 1914 décide alors exceptionnellement de proposer d’urgence au ministre leur nomination comme ingénieurs ordinaires de 3e classe sans affectation dans l’ordre de mérite arrêté le mois précédent.
Les concours et la scolarité sont stoppés et l’École ferme.
Les réunions du Conseil ne reprennent qu’à la fin 1915 et s’ouvrent toutes désormais par la présentation du tableau d’honneur.
Bouleversement du fonctionnement de l'École
Deux questions se posent dès 1915 :
- l’impossibilité de maintenir les cours préparatoires,
- l’impossibilité d’ouvrir des concours pour entrer à l’École pendant la guerre.
Les concours d’admission aux cours préparatoires et aux cours spéciaux (cours dispensés pendant les trois années d’enseignement à l’École) sont donc supprimés par décret en 1915 et 1916. De même, le concours annuel d’admission de 1917 est annulé.
Le 26 juin 1917, une dépêche ministérielle demande au directeur et au conseil de l’École, d’étudier les mesures à prendre pour que les élèves mobilisés par la guerre soient nommés ingénieurs le plus rapidement possible et pour recruter de nouvelles promotions.
Le directeur institue alors une commission au sein de l’École présidée par l’inspecteur général Limasset. Son rapport, préconisant la réduction des études et des programmes pour la promotion d’élèves qui suivront immédiatement la guerre, est débattu par les membres du Conseil :
pour les élèves ingénieurs qui avaient terminé leur 1e année avant la guerre, il est décidé de réduire leur 2e année à l’École à cinq mois de cours et un mois de mission ;
pour les élèves sortis juste de Polytechnique en juillet 1914 et les années suivantes de guerre, il est prévu de réduire leurs études à une période de 13 à 18 mois ;
enfin, en ce qui concerne les élèves externes admis aux cours préparatoires de 1914, les cours préparatoires seront réduits à six mois minimum.
Les membres du Conseil, sur le rapport de la Commission, s’interrogent sur les modalités de réouverture de l’École, de réorganisation des concours, pour respecter à la fois les textes des décrets qui régissent l’entrée à l’École tout en assurant une réinsertion au mieux des promotions qui ont été envoyées au front. Ils s’efforcent de faire de difficiles calculs statistiques pour estimer le nombre des survivants par rapport au nombre des nouveaux élèves et comparent leurs cogitations avec celles des membres des autres écoles notamment les Mines et Polytechnique. Ils finissent par convenir qu’il vaut mieux attendre la fin de la guerre pour faire des choix sur des données stables.
De leur côté, les élèves ingénieurs mobilisés s’inquiètent de leur situation : pas d’avancement militaire, pas d’avancement civil, ils ont toujours le statut d’élève alors qu’ils n’en ont plus l’âge ni la maturité. Le Conseil décide donc de proposer au ministre un projet de décret les nommant ingénieurs de 3e classe à titre temporaire en attendant qu’ils terminent leurs études afin de les pénaliser le moins possible.
Vers une lente reprise des activités
Fin 1917 et début 1918, les conseils se succèdent à l’École. Le raccourcissement des cursus implique une diminution des heures d’enseignement. Les professeurs revoient à la baisse leur nombre d’heures, renvoyant les élèves à une bibliographie plus fournie et comptant – pour certains cours - sur l’expérience de terrain que leur donnera la mission. Toutefois, ils estiment que la partie technique de l’enseignement doit rester prédominante puisque l’École forme des ingénieurs plus que des administrateurs.
Se pose aussi le cas des élèves étrangers qui ne sont pas soumis à la guerre. Est-il possible de les admettre sans risquer de mécontenter les élèves mobilisés ?
Une session est exceptionnellement ouverte de février à fin juin 1918. Elle comprend des cours spéciaux de 2e année. Plusieurs élèves qui n’avaient pas suivi les cours de 1ere année sont autorisés à la suivre sauf à compléter ultérieurement leurs études.
L’effectif est de 11 élèves (5 élèves ingénieurs et 6 externes dont 3 étrangers).
À la demande des élèves, les cours de langues (anglais et allemand) supprimés avant la guerre sont en partie réintroduits dans l’enseignement : l’anglais uniquement, contexte oblige.
Un concours pour l’admission des candidats aux cours spéciaux est ré-ouvert en septembre/octobre 1918 (arrêté ministériel du 21 janvier 1918). Un seul élève, blessé de guerre, admis aux cours préparatoires en 1913, se présente et est admis.
La réouverture des écoles après la guerre s’effectue par paliers dans une désorganisation relative. L’École nationale des ponts et chaussées ne fait pas exception. En effet, les conseils ont eu beau essayer de prévoir tous les cas possibles et tracer une ligne de conduite, les élèves ne reviennent que progressivement, en fonction de leur état de santé ou de leur statut.
Les "démobilisés" et les nouvelles promotions
Le 19 février 1919, le ministre de la Guerre autorise les militaires déjà reçus à l’École mais n’ayant pu ni commencer ni achever leurs études lors de la déclaration de guerre, à reprendre les cours.
Cette réouverture est fixée au samedi 15 mars 1919.
En revanche, la rentrée à l’École est repoussée au 15 novembre pour les élèves ingénieurs sortant de Polytechnique et ne terminant leur session qu’en octobre 1919.
Le cadre alsacien-lorrain
Le cas des alsaciens lorrains se pose rapidement après la guerre. En effet, nombreux sont les jeunes gens à avoir suivi des études techniques dans des écoles allemandes, qui se retrouvent avec des diplômes dont la validité pose question.
L’Association régionale des ingénieurs d’Alsace-Lorraine se créée en 1919 pour les aider à régler ces problèmes. Son président prend contact avec le directeur Kleine en juin 1919 pour lui exposer les différents cas qui se posent. La question ayant déjà été tranchée en mars par le conseil, la réponse est claire. Les alsaciens lorrains qui étaient français avant le traité de Francfort peuvent entrer aux cours préparatoires en tant qu’auditeurs libres ; ils conforteraient ainsi leur formation théorique avant l’admission aux cours d’application. Il leur est également conseillé de suivre les cours de mathématiques supérieurs organisés à l’université de Strasbourg à la rentrée 1919 avant d’entrer dans les grandes écoles. Cette mesure est valable pendant cinq ans après la signature de l’Armistice.
De fait, un seul élève issu du corps alsacien-lorrain entre à l’École nationale des ponts et chaussées en 1921. Il s’agit d’Alfred Wendling, diplômé en 1924.
Les promotions d'après-guerre
Les promotions de l’immédiat après-guerre, notamment celle de 1919, sont pléthoriques et un peu hétéroclites. Elles rassemblent les jeunes élèves de l’année en cours, avec les récents démobilisés des promotions décimées, entrées en 1911, 1912, 1913 et 1914.
Les blessés ou mutilés de guerre reprennent leurs études au compte gouttes, certains devant même les interrompre à nouveau pour raisons de santé.
C’est le cas de Jean de Seze, mutilé de guerre, qui ne peut reprendre ses études qu’à la rentrée 1921 (il appartient à la promotion B spéciale de 1919) ; cependant, à partir du printemps 1922, il doit s’aliter pendant près de dix ans et ne peut achever sa scolarité qu’en 1930 !
Son excellent niveau en 1921-1922 permet qu’il soit nommé ingénieur de 3e classe à titre provisoire, la nomination à titre définitif n’intervenant qu’en 1930.
Les étudiants du corps expéditionnaire américain
Après la signature de l’Armistice, les soldats du corps expéditionnaire américain se retrouvent sans activité.
Parmi eux, les plus jeunes étudiants sont provisoirement admis dans des écoles. L’École en accueille ainsi un certain nombre jusqu’au début de l’été 1919. Le colonel Charles Wesley Exton remercie Auguste Kleine en ces termes :
« Au moment du départ des étudiants américains, je désire vous faire part, au nom du Commandement en chef, de la reconnaissance de l’armée pour le chaleureux accueil réservé à ces jeunes gens. (…) La grande majorité [d’entre eux] retournent chez eux, admirateurs enthousiastes de l’éducation française (…). Leur compréhension de la France a été accrue, de même que leur affection pour le peuple français a grandi en même temps. Je vous prie de vouloir bien transmettre à tous les professeurs de l’École (…) mes plus chaleureux remerciements pour leurs efforts dévoués ».
Morts au champ d'honneur !
Le 16 novembre 1915, l’École a la « douloureuse fierté de figurer au premier rang parmi les grandes Écoles pour les pertes et pour les distinctions : 54 citations à l’ordre du jour et 8 croix de chevalier ».
Fin 1917, le directeur Auguste Kleine annonce qu’un élève sur six est tombé au champ d’honneur depuis le début de la guerre ainsi que cinq membres du personnel. Il indique qu’un livre d’or leur sera consacré afin de rendre un hommage particulier à chacun.
C’est le 10 novembre 1920 qu’a lieu la cérémonie de mémoire, sous la présidence d’Yves Le Trocquer, ministre des Travaux Publics. Les noms des élèves et du personnel morts au champ d’honneur sont gravés en lettres d’or sur les faces Est et Ouest de l’obélisque en granit qui s’élève au centre du jardin intérieur du 28 rue des Saints-Pères. Ils rejoignent ceux des morts de la guerre de 1870. Le fait que la cérémonie ait lieu deux ans après la fin des hostilités permet de leur adjoindre les noms de ceux qui sont morts de leurs blessures jusqu’à cette date.
350 personnes environ sont présentes : les parents des défunts, les hauts fonctionnaires des Travaux Publics, des directeurs des grandes écoles, les conseils, comités et bureaux des associations d’ingénieurs et d’anciens élèves, les membres du corps des ponts et chaussées résidant à Paris, les membres des conseils de l’École, les élèves et le personnel.
39 des 158 élèves que comptait l’École en août 1914 sont morts pour la France, ainsi que 4 membres du corps enseignant et un membre du personnel.
Le livre d’or réalisé pour l’occasion est l’œuvre du lieutenant colonel Hayot, officier surveillant de l’École, qui a recueilli auprès des familles et du ministère les documents et qui a rédigé les notices individuelles sur les disparus.
Trois événements rythment les 20 années d’après guerre :
La citation à l’ordre de l’armée le 5 octobre 1925, par le président du conseil, ministre de la Guerre, Paul Painlevé.
L’attribution de la croix de guerre - par arrêté du même jour -, solennellement remise par le maréchal Joffre le 26 juin 1926.
Enfin, la décoration de la Légion d’honneur par le président de la République, Albert Lebrun, le 30 juin 1934. Cette cérémonie se déroule dans la prestigieuse galerie des modèles de l’École, 26 rue des Saints-Pères, au milieu de la collection.
Louis Suquet, 21e directeur de l’École, Maurice d’Ocagne, professeur de topométrie, M. Joyant, président de l’Association professionnelles des ingénieurs des ponts et chaussées et des mines, M. Ferrus, président de l’Association amicale des ingénieurs anciens élèves de l’École, puis M. Flandin, ministre des Travaux publics, se succèdent pour prononcer des discours très applaudis.
Le président Lebrun épingle ensuite la croix de la Légion d’honneur à côté de la croix de guerre sur un coussin de velours rouge porté par deux élèves ingénieurs, Maurice Piquemal et François Crussard, respectivement majors des 3e et 2e années, et par Paul Royère, délégué des élèves.