Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1857-11-25
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 25 novembre 1857 25 novembre 1857
Description : 1857/11/25 (A2,N35). 1857/11/25 (A2,N35).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k65306343
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/06/2013
508 L'ISTHME DE SUEZ.
delta. Le mûrier et le riz sont ici les principales plantes de
culture. Vers le soir on arrive à Kia-hing, qui est une ville
de premier rang. La population était vivemenMmue de l'arrivée
des Européens, mais uniquement par un sentiment de curio-
sité et nullement d'hostilité.
A Kia-hing on quitte le réseau des grands canaux pour en-
trer dans des canaux étroits, encombrés par les carcasses des
jonques impériales que l'on y laisse pourrir, depuis que les
prog rès de la rébellion ont arrêté les communications inté-
rieures. Ces canaux de moindres dimensions conduisent enfin
dans le canal de l'Empereur, large comme la Tamise à
Kew et bien endigué.
Nos trois voyageurs ont suivi le cours de cette '< noble »
rivière pendant trois jours , rencontrant sur leur passage un
grand nombre de villes et de villages. Le canal est animé par
une quantité innombrable de jonques et d'autres bateaux,
tandis que sur le rivage on voit toute la population occu-
pée aux roues d'irrigation. Des monuments funèbres s'élèvent
le long de la rive , et des ponts magnifiques traversent le canal.
Quelquefois ils ont trois arches, mais généralement une seule,
construite en blocs de granit ou en pierres calcaires, et haute
de 40 pieds environ. Un escalier mène des deux côtés au som-
met du pont qui forme une terrasse avec une vue magnifique
sur le pays. Il est vrai que ces ponts ne sont faits que pour
les piétons ; mais il faut se rappeler que les Chinois ne font
usage d'aucun véhicule, excepté de la brouette. Les bords du
canal sont bâtis en granit et pareils aux quais de Paris; le
chemin de halage traverse les canaux latéraux par des ponts
magnifiques.
Rien ne peut rendre les impressions de travail de Cyclopes,
de trafic énorme, de patiente ind ustrie, d'immense fertilité
naturelle , de bien-être individuel et de prospérité paisible que
le voyageur ressent à l'aspect de ce beau pays.
Les touristes arrivèrent enfin à Hang-chan, capitale d'une
grande province, après avoir rencontré partout sur une dis-
tance de 10 milles les carcasses des jonques impériales, qui
autrefois transportaient des céréales à Pékin. Un grand nombre
de bâtiments indigènes étaient occupés dans le port à charger
du papier, du thé, du riz, de l'huile, des paniers en bambou
et un millier d'autres articles. Ce port expédie des quantités
considérables de thé à Shang-haï, et les voyageurs ne comp-
tèrent pas moins de 18 jonques de 200 tonnes chacune
chargées de cette marchandise. Les bords ressemblent tout à
fait à ceux de la Tamise à l'endroit où elle entre dans les fau-
bourgs de Londres.
C'est à Hang-chan que se trouve le fameux « Psin-gouang"
ou « Ta-souans" ou le grand bâtiment des douanes, ce re-
doutable ennemi de Manchester, Leeds, Nottingham et Shef-
field. Ceci est la première porte qui ferme la voie d'eau de
l'intérieur. Le canal impérial finit là; la navigation s'arrête
et les calicots anglais sont obligés d'être transbordés, pour
l'être encore souvent à de très-courts intervalles. De l'autre
côté de la ville il y a une magnifique rivière navigable, mais
elle n'a aucune communication avec le canal; telle est la poli-
tique du gouvernement. Tout doit être transbordé à Hang-chan
et passer par les mains des douaniers. Au delà de cette ter-
rible douane, on n'aperçoit plus de marchandises d'Angleterre,
sauf peut-être de la semence de coton. Il paraît donc que les
droits à payer sont très-élevés.
Hang-chan, qui fait peu de commerce avec les côtes, mais
beaucoup avec l'intérieur du pays, offre de très-grandes diffi-
cultés à l'étranger pour y entrer. Cependant nos trois Euro-
péens réussirent parfaitement, mais sans voir des choses bien
remarquables dans la ville même. Près de la ville, il y a le
fameux lac, avec ses jardins splendides, ses belles maisons où
on prend du thé, ses temples bouddhistes, son palais impérial
et ses montagnes couronnées de pagodes.
Après avoir passé par de nombreux petits canaux pour
faire le tour de la ville, on arrive aux monastères des bonzes
et aux grands temples bouddhistes, dont l'un ne contient pas
moins de 49 idoles colossales figurant les 49 transmigrations
de Bouddha. Une riche campagne sépare ces premiers temples
de celui du Bouddha-poisson, où on élève des carpes énormes
dans de grands bassins. Ces temples pourtant, quelque grands
qu'ils soient, ne sont encore rien en comparaison des mer-
veilles du « Yun-lin » ou de la « sombre Forêt a. Ce n'est
pas un temple, mais tout un pays de temples. C'est une con-
trée de formation calcaire, abondant en grottes souterraines,
de longues et sombres galeries et de mystérieux cours d'eau
dans l'intérieur de la terre. Ces dispositions naturelles sont
encore perfectionnées par un prêtre et un autel dans chaque
cave ou grotte, par des idoles gigantesques taillées dans les
roches, par des rayons de lumière céleste qui pénètrent dans les
souterrains par des trous percés dans les montagnes. On voit
des inscriptions qui datent de plus de 2,000 ans. L'endroit est
un labyrinthe de rochers coupés et taillés en tout sens, une
heureuse vallée de joyeux Bouddhas, de reines du ciel et de
hideuses déités des Indes. Un sentier étroit conduit à travers
cette scène étrange au pied de l'escalier colossal par lequel on
monte au grand temple même. Les oiseaux sauvages voltigent
autour de cette vaste salle de Bouddha ; les idoles y sont encore
plus grosses et plus richement dorées. Dans la longue « galerie
des cinq cents dieux n, les efforts d'un art laborieux, mais
ignorant du beau, atteignent leur suprême degré.
Les merveilles du lac de Hang-chan mériteraient une plus
longue description qu'il n'est possible de la donner ici. Le tem-
ple et le tombeau du fidèle ministre d'État Yo-fei embrassent
des acres de terrain et des milliers de tonneaux de bois, pierre
et fer prodigués pour la construction des monuments. Le
palais impérial sur le lac, son jardin taillé dans les roches et
ses beaux étangs, sa grande bibliothèque, ses appartements
remplis de riches meubles chinois, ne se sont ouverts que
difficilement à nos voyageurs.
Le reste de la route de Hang-chan à Ning-po n'offre plus
rien de particulier; les mêmes choses se répètent à chaque
pas, et on peut être sûr qu'en voyageant de Hang-chan à
Pé-king et de Pé-king à Szchuen, on ne verra rien de neuf. Le
10 août, les trois Européens arrivèrent à Ning-po, après avoir
parcouru une distance de 400 milles à travers un pays encore
inconnu, après avoir vu quatre villes de premier rang, un
grand nombre de villes de deuxième rang, qui dans d'autres
pays passeraient bien pour des villes de premier ordre, et une
quantité innombrable de petites villes et de villages.
Pendant tout le voyage, jamais un Chinois ne leur a adressé
une parole impolie ou une insulte. La conduite des autorités
fait présumer qu'elles ne se soucient d'aucune manière de
compliquer encore les différends actuels avec l'Angleterre; et
les populations, à moins d'être excitées par les mandarins ou
d'avoir affaire à des Portugais, ne s'opposent nullement a la
présence des étrangers dans leurs villes.
G. nT AGENER.
Le Gérant, ERNEST DESPLACES.
PARIS. TYPCGRAPHIR DE HENRI PLON, IMPRIMEUR DE L'UIPRIUWB, RUR GARASCIrtF., S.
delta. Le mûrier et le riz sont ici les principales plantes de
culture. Vers le soir on arrive à Kia-hing, qui est une ville
de premier rang. La population était vivemenMmue de l'arrivée
des Européens, mais uniquement par un sentiment de curio-
sité et nullement d'hostilité.
A Kia-hing on quitte le réseau des grands canaux pour en-
trer dans des canaux étroits, encombrés par les carcasses des
jonques impériales que l'on y laisse pourrir, depuis que les
prog rès de la rébellion ont arrêté les communications inté-
rieures. Ces canaux de moindres dimensions conduisent enfin
dans le canal de l'Empereur, large comme la Tamise à
Kew et bien endigué.
Nos trois voyageurs ont suivi le cours de cette '< noble »
rivière pendant trois jours , rencontrant sur leur passage un
grand nombre de villes et de villages. Le canal est animé par
une quantité innombrable de jonques et d'autres bateaux,
tandis que sur le rivage on voit toute la population occu-
pée aux roues d'irrigation. Des monuments funèbres s'élèvent
le long de la rive , et des ponts magnifiques traversent le canal.
Quelquefois ils ont trois arches, mais généralement une seule,
construite en blocs de granit ou en pierres calcaires, et haute
de 40 pieds environ. Un escalier mène des deux côtés au som-
met du pont qui forme une terrasse avec une vue magnifique
sur le pays. Il est vrai que ces ponts ne sont faits que pour
les piétons ; mais il faut se rappeler que les Chinois ne font
usage d'aucun véhicule, excepté de la brouette. Les bords du
canal sont bâtis en granit et pareils aux quais de Paris; le
chemin de halage traverse les canaux latéraux par des ponts
magnifiques.
Rien ne peut rendre les impressions de travail de Cyclopes,
de trafic énorme, de patiente ind ustrie, d'immense fertilité
naturelle , de bien-être individuel et de prospérité paisible que
le voyageur ressent à l'aspect de ce beau pays.
Les touristes arrivèrent enfin à Hang-chan, capitale d'une
grande province, après avoir rencontré partout sur une dis-
tance de 10 milles les carcasses des jonques impériales, qui
autrefois transportaient des céréales à Pékin. Un grand nombre
de bâtiments indigènes étaient occupés dans le port à charger
du papier, du thé, du riz, de l'huile, des paniers en bambou
et un millier d'autres articles. Ce port expédie des quantités
considérables de thé à Shang-haï, et les voyageurs ne comp-
tèrent pas moins de 18 jonques de 200 tonnes chacune
chargées de cette marchandise. Les bords ressemblent tout à
fait à ceux de la Tamise à l'endroit où elle entre dans les fau-
bourgs de Londres.
C'est à Hang-chan que se trouve le fameux « Psin-gouang"
ou « Ta-souans" ou le grand bâtiment des douanes, ce re-
doutable ennemi de Manchester, Leeds, Nottingham et Shef-
field. Ceci est la première porte qui ferme la voie d'eau de
l'intérieur. Le canal impérial finit là; la navigation s'arrête
et les calicots anglais sont obligés d'être transbordés, pour
l'être encore souvent à de très-courts intervalles. De l'autre
côté de la ville il y a une magnifique rivière navigable, mais
elle n'a aucune communication avec le canal; telle est la poli-
tique du gouvernement. Tout doit être transbordé à Hang-chan
et passer par les mains des douaniers. Au delà de cette ter-
rible douane, on n'aperçoit plus de marchandises d'Angleterre,
sauf peut-être de la semence de coton. Il paraît donc que les
droits à payer sont très-élevés.
Hang-chan, qui fait peu de commerce avec les côtes, mais
beaucoup avec l'intérieur du pays, offre de très-grandes diffi-
cultés à l'étranger pour y entrer. Cependant nos trois Euro-
péens réussirent parfaitement, mais sans voir des choses bien
remarquables dans la ville même. Près de la ville, il y a le
fameux lac, avec ses jardins splendides, ses belles maisons où
on prend du thé, ses temples bouddhistes, son palais impérial
et ses montagnes couronnées de pagodes.
Après avoir passé par de nombreux petits canaux pour
faire le tour de la ville, on arrive aux monastères des bonzes
et aux grands temples bouddhistes, dont l'un ne contient pas
moins de 49 idoles colossales figurant les 49 transmigrations
de Bouddha. Une riche campagne sépare ces premiers temples
de celui du Bouddha-poisson, où on élève des carpes énormes
dans de grands bassins. Ces temples pourtant, quelque grands
qu'ils soient, ne sont encore rien en comparaison des mer-
veilles du « Yun-lin » ou de la « sombre Forêt a. Ce n'est
pas un temple, mais tout un pays de temples. C'est une con-
trée de formation calcaire, abondant en grottes souterraines,
de longues et sombres galeries et de mystérieux cours d'eau
dans l'intérieur de la terre. Ces dispositions naturelles sont
encore perfectionnées par un prêtre et un autel dans chaque
cave ou grotte, par des idoles gigantesques taillées dans les
roches, par des rayons de lumière céleste qui pénètrent dans les
souterrains par des trous percés dans les montagnes. On voit
des inscriptions qui datent de plus de 2,000 ans. L'endroit est
un labyrinthe de rochers coupés et taillés en tout sens, une
heureuse vallée de joyeux Bouddhas, de reines du ciel et de
hideuses déités des Indes. Un sentier étroit conduit à travers
cette scène étrange au pied de l'escalier colossal par lequel on
monte au grand temple même. Les oiseaux sauvages voltigent
autour de cette vaste salle de Bouddha ; les idoles y sont encore
plus grosses et plus richement dorées. Dans la longue « galerie
des cinq cents dieux n, les efforts d'un art laborieux, mais
ignorant du beau, atteignent leur suprême degré.
Les merveilles du lac de Hang-chan mériteraient une plus
longue description qu'il n'est possible de la donner ici. Le tem-
ple et le tombeau du fidèle ministre d'État Yo-fei embrassent
des acres de terrain et des milliers de tonneaux de bois, pierre
et fer prodigués pour la construction des monuments. Le
palais impérial sur le lac, son jardin taillé dans les roches et
ses beaux étangs, sa grande bibliothèque, ses appartements
remplis de riches meubles chinois, ne se sont ouverts que
difficilement à nos voyageurs.
Le reste de la route de Hang-chan à Ning-po n'offre plus
rien de particulier; les mêmes choses se répètent à chaque
pas, et on peut être sûr qu'en voyageant de Hang-chan à
Pé-king et de Pé-king à Szchuen, on ne verra rien de neuf. Le
10 août, les trois Européens arrivèrent à Ning-po, après avoir
parcouru une distance de 400 milles à travers un pays encore
inconnu, après avoir vu quatre villes de premier rang, un
grand nombre de villes de deuxième rang, qui dans d'autres
pays passeraient bien pour des villes de premier ordre, et une
quantité innombrable de petites villes et de villages.
Pendant tout le voyage, jamais un Chinois ne leur a adressé
une parole impolie ou une insulte. La conduite des autorités
fait présumer qu'elles ne se soucient d'aucune manière de
compliquer encore les différends actuels avec l'Angleterre; et
les populations, à moins d'être excitées par les mandarins ou
d'avoir affaire à des Portugais, ne s'opposent nullement a la
présence des étrangers dans leurs villes.
G. nT AGENER.
Le Gérant, ERNEST DESPLACES.
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