Presse et revues
32 pages
Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1857-11-10
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 10 novembre 1857 10 novembre 1857
Description : 1857/11/10 (A2,N34). 1857/11/10 (A2,N34).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6530633p
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/06/2013
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 4G9
qui l'emportera sans nul doute, et obtiendra du Divan le fir-
man d'adhésion à l'entreprise.
» Mais pourquoi le Cabinet anglais persisterait-il dans une
voie si fausse? Pourquoi forcerait-il des gouvernements
alliés et amis à lui représenter que le vœu public, si forte-
ment exprimé, ne les laisse pas libres de refuser leur appui à
cette entreprise de haute utilité universelle? L'opposition au
percement de l'isthme de Suez, qui froisse le sentiment public
en Angleterre même, est déjà vaincue moralement. Espérons
qu'elle se résignera et ne poursuivra pas plus longtemps une
résistance inutile et funeste aux intérêts anglais plus qu'à
tous autres. Qu'elle réfléchisse à la tiédeur avec laquelle les
malheurs actuels de l'Angleterre sont envisagés dans le monde,
et qu'elle se demande s'il est bon pour elle de persister dans
une politique altière et égoïste qui lui aliène toutes les sym-
pathies! Qu'elle songe encore que la France est, dans ce mo-
ment, la plus sûre, la plus loyale et la plus utile alliée de la
Grande-Bretagne! Qu'elle reconnaisse que nous évitons de lui
créer le moindre embarras, et que nous lui tenons fidèlement
notre parole de cordial allié. Si elle cède de bonne grâce dans
l'affaire de l'isthme de Suez, elle réhabilitera sa politique
compromise. Mais si elle continue à soutenir jusqu'à la der-
nière extrémité une bataille perdue d'avance, elle est sûre
d'exciter dans le monde entier un cri général de réprobation
et une irritation qui pourront engendrer les plus funestes
conséquences; elle rendrait ainsi bien difficiles la bonne har-
monie et l'estime entre les peuples, estime et harmonie si
nécessaires au maintien d'une alliance qui, sincèrement pra-
tiquée, est la sauvegarde de tous les intérêts légitimes et la
plus puissante garantie des progrès de la civilisation. Il
P. DCBOIS,
Cet article, comme on peut le voir par notre Revue
de la presse , paraît avoir assez vivement excité la colère
de certaines feuilles anglaises. Nous avouons que nous ne
trouvons pas que cet article dépasse en quoi que ce soit
le droit de la presse française; et nous sommes assurés
que les sentiments qu'il exprime sont ceux de toute la
presse sur le continent, et même de la majorité de la
presse anglaise. Il suffit de lire les extraits que nous
donnons du Railway Times, du Morning Herald, du
Morning Chronicle, de la Quarterly Review, etc., etc.,
pour se convaincre que les opinions du Constitutionnel
sont partagées dans la Grande-Bretagne. Il faut aussi
que les journaux ministériels de Londres se rappellent
le langage que lord Palmerston a tenu dans la Chambre
des Communes. S'ils l'ont oublié, il est probable qu'il y
a plus de mémoire de ce côté-ci du détroit; et l'on n'est
pas bien reçu à se plaindre des autres quand on a donné
contre soi des motifs de plaintes si légitimes. Mais en-
core une fois, le langage du Constitutionnel a été par-
faitement mesuré, et il n'a en rien outre-passé son juste
droit.
ERNEST DESPLACES.
LES JOURNAUX MINISTÉRIELS DE LONDRES
ET LA PRESSE FRANÇAISE.
Le Journal des Débats et le Constitutionnel du 31
octobre répondent dans les articles suivants à des at-
taques aussi injustes que violentes que se sont permises
le Mormng-Post et le Globe à l'occasion du canal de
Suez.
Voici d'abord l'article du Constitutionnel :
Il Le mouvement qui se produit ici en faveur du percement
de l'isthme de Suez met fort mal à l'aise les deux journaux du
Premier Ministre d'Angleterre : le Globe et le lIlorning-Post.
A bout de bonnes raisons, ils s'abaissent jusqu'à la person-
nalité.
« Le Globe accuse nettement la presse parisienne d'être
achetée en masse pour défendre le canal de Suez. Cette ca-
lomnie, dénuée de tout prétexte, se réfute d'elle-même. Le
journalisme français n'est pas isolé dans l'expression de sa
sympathie ; il est secondé par la presse du monde entier, y
compris la plus grande et la meilleure partie de celle de l'An-
gleterre. Il a pour lui l'autorité et le concours des corps sa-
vants dans toute l'Europe; des Conseils généraux et des
Chambres de commerce en France, des associations commer-
ciales en Angleterre ; il a la haute sanction des gouvernements.
La Russie, la Prusse, l'Autriche, l'Espagne, l'Italie, la Hol-
lande, les Etats-Unis ont exprimé leur adhésion. Le ministre
du commerce de l'Autriche, M. de Bruck, a même dit, dans
une occasion solennelle, que l'opposition d'un seul gouver-
nement n'empêcherait pas l'exécution du canal de Suez. Ces
témoignages , si nombreux et si précieux, ont-ils été achetés?
S'il avait fallu payer les encouragements qu'a reçus d'Europe,
d'Afrique, d'Asie, d'Amérique et d'Australie l'auteur du projet
de canal, tous les trésors du Grand Mogol n'auraient pas suffi.
Le Chancelier de l'Echiquier non plus n'aurait pas trouvé le
moyen d'y faire face, lors même qu'il y aurait consacré tous
les revenus de la Grande-Bretagne.
» L'utilité et la grandeur du projet de percement de l'isthme
ont suffi pour y rattacher tous les journaux français. Les
journaux étrangers qui affectent de ne pas croire à ce désin-
téressement n'en seraient-ils donc pas capables? Mais
quand bien même la presse française eût ressemblé à celles
qui sont vénales, que prouverait contre ce projet sa complai-
sance, alors qu'il obtient les appuis les plus notoirement in-
dépendants, comme ceux des chambres et associations com-
merciales, et les plus élevés, comme ceux des gouvernements?
n Quant au lIlorning-Post, c'est principalement le Pacha
d'Egypte qu'il attaque. Il lui reproche, à tort et à travers,
précisément les actes qui lui font le plus d'honneur. Il l'ac-
cuse d'avoir levé une armée de 80,000 hommes; d'avoir fait
un voyage au Soudan; d'avoir construit un palais à Mariout;
d'avoir projeté le percement de l'isthme de Suez et annoncé
l'intention d'y faire travailler les fellahs, moyennant un bon
salaire; d'avoir concédé un privilége de remorquage sur le
Nil, et d'avoir établi sur la mer Rouge un service de bâti-
ments il vapeur.
» Or, l'effectif actuel de l'armée d'Egypte n'est que de
12,000 hommes; il s'élevait peut-être à 80,000 soldats quand
les Égyptiens défendaient Silistrie et Eupatoria. Mais les An-
glais n'ont point à s'en plaindre. Le voyage au Soudan a fort
amélioré la condition des populations nubiennes. Les ordon-
nances rendues en font foi. La construction d'un palais est
une fantaisie très-permise, témoin le palais du parlement à
Westminster : monument d'un goût médiocre qui coûte des
millions sterling. Le percement de l'isthme de Suez est une
œuvre utile, de l'avis du monde entier, à l'exception du
Morning-Post et du Globe.
» L'emploi des fellahs au canal de Suez sera approuvé,
après réflexion, par le Morning-Post, qui loue beaucoup le
Pacha d'appliquer en ce moment même le travail de dix mille
fellahs à la construction du chemin de fer de Suez, en plein
qui l'emportera sans nul doute, et obtiendra du Divan le fir-
man d'adhésion à l'entreprise.
» Mais pourquoi le Cabinet anglais persisterait-il dans une
voie si fausse? Pourquoi forcerait-il des gouvernements
alliés et amis à lui représenter que le vœu public, si forte-
ment exprimé, ne les laisse pas libres de refuser leur appui à
cette entreprise de haute utilité universelle? L'opposition au
percement de l'isthme de Suez, qui froisse le sentiment public
en Angleterre même, est déjà vaincue moralement. Espérons
qu'elle se résignera et ne poursuivra pas plus longtemps une
résistance inutile et funeste aux intérêts anglais plus qu'à
tous autres. Qu'elle réfléchisse à la tiédeur avec laquelle les
malheurs actuels de l'Angleterre sont envisagés dans le monde,
et qu'elle se demande s'il est bon pour elle de persister dans
une politique altière et égoïste qui lui aliène toutes les sym-
pathies! Qu'elle songe encore que la France est, dans ce mo-
ment, la plus sûre, la plus loyale et la plus utile alliée de la
Grande-Bretagne! Qu'elle reconnaisse que nous évitons de lui
créer le moindre embarras, et que nous lui tenons fidèlement
notre parole de cordial allié. Si elle cède de bonne grâce dans
l'affaire de l'isthme de Suez, elle réhabilitera sa politique
compromise. Mais si elle continue à soutenir jusqu'à la der-
nière extrémité une bataille perdue d'avance, elle est sûre
d'exciter dans le monde entier un cri général de réprobation
et une irritation qui pourront engendrer les plus funestes
conséquences; elle rendrait ainsi bien difficiles la bonne har-
monie et l'estime entre les peuples, estime et harmonie si
nécessaires au maintien d'une alliance qui, sincèrement pra-
tiquée, est la sauvegarde de tous les intérêts légitimes et la
plus puissante garantie des progrès de la civilisation. Il
P. DCBOIS,
Cet article, comme on peut le voir par notre Revue
de la presse , paraît avoir assez vivement excité la colère
de certaines feuilles anglaises. Nous avouons que nous ne
trouvons pas que cet article dépasse en quoi que ce soit
le droit de la presse française; et nous sommes assurés
que les sentiments qu'il exprime sont ceux de toute la
presse sur le continent, et même de la majorité de la
presse anglaise. Il suffit de lire les extraits que nous
donnons du Railway Times, du Morning Herald, du
Morning Chronicle, de la Quarterly Review, etc., etc.,
pour se convaincre que les opinions du Constitutionnel
sont partagées dans la Grande-Bretagne. Il faut aussi
que les journaux ministériels de Londres se rappellent
le langage que lord Palmerston a tenu dans la Chambre
des Communes. S'ils l'ont oublié, il est probable qu'il y
a plus de mémoire de ce côté-ci du détroit; et l'on n'est
pas bien reçu à se plaindre des autres quand on a donné
contre soi des motifs de plaintes si légitimes. Mais en-
core une fois, le langage du Constitutionnel a été par-
faitement mesuré, et il n'a en rien outre-passé son juste
droit.
ERNEST DESPLACES.
LES JOURNAUX MINISTÉRIELS DE LONDRES
ET LA PRESSE FRANÇAISE.
Le Journal des Débats et le Constitutionnel du 31
octobre répondent dans les articles suivants à des at-
taques aussi injustes que violentes que se sont permises
le Mormng-Post et le Globe à l'occasion du canal de
Suez.
Voici d'abord l'article du Constitutionnel :
Il Le mouvement qui se produit ici en faveur du percement
de l'isthme de Suez met fort mal à l'aise les deux journaux du
Premier Ministre d'Angleterre : le Globe et le lIlorning-Post.
A bout de bonnes raisons, ils s'abaissent jusqu'à la person-
nalité.
« Le Globe accuse nettement la presse parisienne d'être
achetée en masse pour défendre le canal de Suez. Cette ca-
lomnie, dénuée de tout prétexte, se réfute d'elle-même. Le
journalisme français n'est pas isolé dans l'expression de sa
sympathie ; il est secondé par la presse du monde entier, y
compris la plus grande et la meilleure partie de celle de l'An-
gleterre. Il a pour lui l'autorité et le concours des corps sa-
vants dans toute l'Europe; des Conseils généraux et des
Chambres de commerce en France, des associations commer-
ciales en Angleterre ; il a la haute sanction des gouvernements.
La Russie, la Prusse, l'Autriche, l'Espagne, l'Italie, la Hol-
lande, les Etats-Unis ont exprimé leur adhésion. Le ministre
du commerce de l'Autriche, M. de Bruck, a même dit, dans
une occasion solennelle, que l'opposition d'un seul gouver-
nement n'empêcherait pas l'exécution du canal de Suez. Ces
témoignages , si nombreux et si précieux, ont-ils été achetés?
S'il avait fallu payer les encouragements qu'a reçus d'Europe,
d'Afrique, d'Asie, d'Amérique et d'Australie l'auteur du projet
de canal, tous les trésors du Grand Mogol n'auraient pas suffi.
Le Chancelier de l'Echiquier non plus n'aurait pas trouvé le
moyen d'y faire face, lors même qu'il y aurait consacré tous
les revenus de la Grande-Bretagne.
» L'utilité et la grandeur du projet de percement de l'isthme
ont suffi pour y rattacher tous les journaux français. Les
journaux étrangers qui affectent de ne pas croire à ce désin-
téressement n'en seraient-ils donc pas capables? Mais
quand bien même la presse française eût ressemblé à celles
qui sont vénales, que prouverait contre ce projet sa complai-
sance, alors qu'il obtient les appuis les plus notoirement in-
dépendants, comme ceux des chambres et associations com-
merciales, et les plus élevés, comme ceux des gouvernements?
n Quant au lIlorning-Post, c'est principalement le Pacha
d'Egypte qu'il attaque. Il lui reproche, à tort et à travers,
précisément les actes qui lui font le plus d'honneur. Il l'ac-
cuse d'avoir levé une armée de 80,000 hommes; d'avoir fait
un voyage au Soudan; d'avoir construit un palais à Mariout;
d'avoir projeté le percement de l'isthme de Suez et annoncé
l'intention d'y faire travailler les fellahs, moyennant un bon
salaire; d'avoir concédé un privilége de remorquage sur le
Nil, et d'avoir établi sur la mer Rouge un service de bâti-
ments il vapeur.
» Or, l'effectif actuel de l'armée d'Egypte n'est que de
12,000 hommes; il s'élevait peut-être à 80,000 soldats quand
les Égyptiens défendaient Silistrie et Eupatoria. Mais les An-
glais n'ont point à s'en plaindre. Le voyage au Soudan a fort
amélioré la condition des populations nubiennes. Les ordon-
nances rendues en font foi. La construction d'un palais est
une fantaisie très-permise, témoin le palais du parlement à
Westminster : monument d'un goût médiocre qui coûte des
millions sterling. Le percement de l'isthme de Suez est une
œuvre utile, de l'avis du monde entier, à l'exception du
Morning-Post et du Globe.
» L'emploi des fellahs au canal de Suez sera approuvé,
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