Presse et revues
32 pages
Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1857-10-10
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 10 octobre 1857 10 octobre 1857
Description : 1857/10/10 (A2,N32). 1857/10/10 (A2,N32).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6530631v
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/06/2013
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 423
cité commerciale de Beït-el-Jakich, où les Persans et les Turcs
vont acheter le café et qui est à trois milles de la mer ; avec
l'Arabie Pétrée, dont les côtes sont riches de coraux; avec
Djeddah, qui peut être considérée comme le port de la Mecque
et une ville commerçante fréquentée par les navires indiens et
égyptiens et par de nombreuses caravanes de pèlerins qui
viennent de Turquie, d'Égypte, de l'Afrique septentrionale,
de Perse, d' Hindoustan et d'Arabie pour visiter la Kaaba, et
boire l'eau sacrée de la fontaine de Zemzem, montrée miracu-
leusement à Hagar pour désaltérer son fils Ismaël, mais qui
viennent principalement pour acheter et vendre?
» Une chose importante pour nous est le commerce des
soies gréges de Chine, de Bengale et de Perse, qui pourra s'in-
troduire dans notre État et devenir chez nous ce qu'il est en
Angleterre. Le commerce des soies est d'un caractère tout ita-
lien. L'État pontifical fait des progrès dans cette branche de
l'industrie au point de vue agricole, et la filature de la soie
commence à se relever, --grâce en partie à l'encouragement que
le gouvernement lui donne.
» Aujourd'hui l'Angleterre et le nord-ouest du continent
d'Europe absorbent tout le commerce de la Perse, de tous les
pays de l'Orient, et ils expédient dans toute l'Europe centrale
et méridionale les produits de ces terres lointaines dont la va-
leur primitive est augmentée en raison des longs transports et
par le passage à travers les mains de deux ou trois commer-
çants, qui naturellement veulent avoir leurs profits.
» Tout cela va changer, aussitôt que la nouvelle route ma-
ritime raccourcira les distances de la moitié en moyenne, »
L'auteur donne ici le tableau des distances des ports les plus
importants du monde de la ville de Bombay, par le Cap et le
canal de Suez. Pour voir dans quelle proportion les différents
États italiens prendront part au nouveau mouvement, on n'a
qu'à jeter un coup d'oeil sur le tableau suivant, où sont indi-
qués les nombres des navires et des marins de chaque Élat de
la Péninsule.
Navires. Tonneaux. Marins.
Naples. 6,803 166,524 40,308
Sicile. 2,371 46,674 12,206
- 9,174 213,198 52,514
};:tats sardes., 3,173 177,822 30,250
l'enise. 1,810 31,741 7,000
Etats pontificaux. 1,846 31,167 9,789
Toscane. 911 37,507 10,000
Total. 16,914 491,435 109,553
« Les navigateurs et les commerçants de l'Italie, continue
M. Scarpellini, et particulièrement ceux des États pontificaux
sauront profiter de la brillante occasion que leur offre la for-
tune. Il faut se rappeler que la plus grande partie des vastes
pays populeux dont nous nous trouverons rapprochés dans
le temps et l'espace sont très-remarquables par la fertilité
du sol ; les habitants ont des mœurs simples, et ne possèdent
ni sciences, ni arts, ni industrie, ni aucune commodité de la
vie ; il sera donc pour nous très-facile de leur apporter les
produits même les plus vulgaires de notre industrie, sans
craindre la concurrence des autres nations. Parce que tout y
manque, chaque chose acquiert un grand prix : le tout est
d'être les premiers sur la place et de nous emparer de ce com-
merce.
» Ce n'est pas seulement par le chemin de fer de Rome à
Ancône et Bologne que les États du Saint-Père se préparent à
profiter du prodigieux développement du commerce qui résul-
tera du percement de l'isthme ; mais il se forme aussi avec
l'autorisation du Pape une compagnie de navigation à vapeur
qui se propose de desservir les ports principaux de la Médi-
terranée, à l'aide de 4 vapeurs à hélice de 1,000 tonneaux, du
système des navires mixtes; et des capitalistes de la ville d'An-
cône font construire sur les chantiers de ce port des navires
de plus de 1,000 tonneaux également destinés au trafic par la
nouvelle route maritime. Le gouvernement reconnaît si bien
l'importance de cette dernière, qu'il a chargé les Chambres de
commerce d'Ancône et de Cività-Vecchia d'étudier et de pro-
poser des mesures à prendre, afin de tirer le plus grand avan-
tage possible de l'ouverture de l'isthme de Suez. Tout est favo-
rable aux commerçants de Rome ; il ne leur reste plus qu'à
vouloir en profiter. »
Nos lecteurs se rappellent que nous avons récemment
annoncé que N. S.-P. le Pape avait nommé une com-
mission spéciale pour s'occuper de la question du
canal de Suez. Nous avons donné la composition de cette
commission, à la tête de laquelle est M. le Ministre des
travaux publics. (Voir nos numéros des 10 et 25 mars
1857.)
Le mémoire de M. Scarpellini avait devancé de beau-
coup la nomination de la Commission ; et il était lui-
même un indice de l'état de l'opinion dans les États
romains. Le gouvernement pontifical en faisant une en-
quête officielle a donc répondu, on peut dire, aux vœux
publics.
G. WAGEXER.
LE CANAL DE SUEZ EN 1840.
En nous reportant aux événements de 1839 et 1840
relatifs à l'Egypte, nous y trouvons plus d'une analogie
avec les discussions de nos jours. Ainsi, parmi les griefs
que mettait en avant le manifeste de la Porte publié à
l'instigation de lord Ponsomby, ambassadeur d'Angle-
terre à Constantinople, pour justifier la prise d'armes
contre Iéhémet-Ali, se trouvait l'accusation contre le
Vice-roi d'Égypte de vouloir entraver les communica-
tions de la Grande-Bretagne avec les Indes par l'Egypte
et la Syrie.
Ce grief n'avait d'autre fondement que l'opinion expri-
mée par Méhémet-Ali dans une dépêche confidentielle
au Grand Vizir, et établissant :
« Que l'ouverture du passage de l'Europe aux Indes par
» l'Egypte et la Syrie devait être exécutée au profit et avec le
» concours de toutes les nations et ne devait pas constituer un
» monopole au profit de l'Angleterre seule, monopole qui se-
n rait très-dangereux pour les droits du Sultan. Il
Cette question, portée incidemment à la tribune de la
Chambre des députés de France, à l'occasion des négo-
ciations qui suivirent la bataille de Nezib, donna lieu à
une remarquable discussion, ou M. de Lamartine pro-
nonça les paroles suivantes, le Il janvier 1840 :
« La nature est plus forte que ces misérables antipathies
» nationales ; l'Europe et les Indes communiqueront en dépit
J' de vous par Suez ; vous n'aurez fait que retarder ce grand
Il bienfait de la Providence ; les deux mondes s'embrasseront
» et se vivifieront en se touchant par l'Égypte. »
Nous pourrions, en nous reportant aux événements de
1840, faire encore plus d'un rapprochement curieux.
Mais nous avons tenu à signaler celui-ci, qui nous semble
cité commerciale de Beït-el-Jakich, où les Persans et les Turcs
vont acheter le café et qui est à trois milles de la mer ; avec
l'Arabie Pétrée, dont les côtes sont riches de coraux; avec
Djeddah, qui peut être considérée comme le port de la Mecque
et une ville commerçante fréquentée par les navires indiens et
égyptiens et par de nombreuses caravanes de pèlerins qui
viennent de Turquie, d'Égypte, de l'Afrique septentrionale,
de Perse, d' Hindoustan et d'Arabie pour visiter la Kaaba, et
boire l'eau sacrée de la fontaine de Zemzem, montrée miracu-
leusement à Hagar pour désaltérer son fils Ismaël, mais qui
viennent principalement pour acheter et vendre?
» Une chose importante pour nous est le commerce des
soies gréges de Chine, de Bengale et de Perse, qui pourra s'in-
troduire dans notre État et devenir chez nous ce qu'il est en
Angleterre. Le commerce des soies est d'un caractère tout ita-
lien. L'État pontifical fait des progrès dans cette branche de
l'industrie au point de vue agricole, et la filature de la soie
commence à se relever, --grâce en partie à l'encouragement que
le gouvernement lui donne.
» Aujourd'hui l'Angleterre et le nord-ouest du continent
d'Europe absorbent tout le commerce de la Perse, de tous les
pays de l'Orient, et ils expédient dans toute l'Europe centrale
et méridionale les produits de ces terres lointaines dont la va-
leur primitive est augmentée en raison des longs transports et
par le passage à travers les mains de deux ou trois commer-
çants, qui naturellement veulent avoir leurs profits.
» Tout cela va changer, aussitôt que la nouvelle route ma-
ritime raccourcira les distances de la moitié en moyenne, »
L'auteur donne ici le tableau des distances des ports les plus
importants du monde de la ville de Bombay, par le Cap et le
canal de Suez. Pour voir dans quelle proportion les différents
États italiens prendront part au nouveau mouvement, on n'a
qu'à jeter un coup d'oeil sur le tableau suivant, où sont indi-
qués les nombres des navires et des marins de chaque Élat de
la Péninsule.
Navires. Tonneaux. Marins.
Naples. 6,803 166,524 40,308
Sicile. 2,371 46,674 12,206
- 9,174 213,198 52,514
};:tats sardes., 3,173 177,822 30,250
l'enise. 1,810 31,741 7,000
Etats pontificaux. 1,846 31,167 9,789
Toscane. 911 37,507 10,000
Total. 16,914 491,435 109,553
« Les navigateurs et les commerçants de l'Italie, continue
M. Scarpellini, et particulièrement ceux des États pontificaux
sauront profiter de la brillante occasion que leur offre la for-
tune. Il faut se rappeler que la plus grande partie des vastes
pays populeux dont nous nous trouverons rapprochés dans
le temps et l'espace sont très-remarquables par la fertilité
du sol ; les habitants ont des mœurs simples, et ne possèdent
ni sciences, ni arts, ni industrie, ni aucune commodité de la
vie ; il sera donc pour nous très-facile de leur apporter les
produits même les plus vulgaires de notre industrie, sans
craindre la concurrence des autres nations. Parce que tout y
manque, chaque chose acquiert un grand prix : le tout est
d'être les premiers sur la place et de nous emparer de ce com-
merce.
» Ce n'est pas seulement par le chemin de fer de Rome à
Ancône et Bologne que les États du Saint-Père se préparent à
profiter du prodigieux développement du commerce qui résul-
tera du percement de l'isthme ; mais il se forme aussi avec
l'autorisation du Pape une compagnie de navigation à vapeur
qui se propose de desservir les ports principaux de la Médi-
terranée, à l'aide de 4 vapeurs à hélice de 1,000 tonneaux, du
système des navires mixtes; et des capitalistes de la ville d'An-
cône font construire sur les chantiers de ce port des navires
de plus de 1,000 tonneaux également destinés au trafic par la
nouvelle route maritime. Le gouvernement reconnaît si bien
l'importance de cette dernière, qu'il a chargé les Chambres de
commerce d'Ancône et de Cività-Vecchia d'étudier et de pro-
poser des mesures à prendre, afin de tirer le plus grand avan-
tage possible de l'ouverture de l'isthme de Suez. Tout est favo-
rable aux commerçants de Rome ; il ne leur reste plus qu'à
vouloir en profiter. »
Nos lecteurs se rappellent que nous avons récemment
annoncé que N. S.-P. le Pape avait nommé une com-
mission spéciale pour s'occuper de la question du
canal de Suez. Nous avons donné la composition de cette
commission, à la tête de laquelle est M. le Ministre des
travaux publics. (Voir nos numéros des 10 et 25 mars
1857.)
Le mémoire de M. Scarpellini avait devancé de beau-
coup la nomination de la Commission ; et il était lui-
même un indice de l'état de l'opinion dans les États
romains. Le gouvernement pontifical en faisant une en-
quête officielle a donc répondu, on peut dire, aux vœux
publics.
G. WAGEXER.
LE CANAL DE SUEZ EN 1840.
En nous reportant aux événements de 1839 et 1840
relatifs à l'Egypte, nous y trouvons plus d'une analogie
avec les discussions de nos jours. Ainsi, parmi les griefs
que mettait en avant le manifeste de la Porte publié à
l'instigation de lord Ponsomby, ambassadeur d'Angle-
terre à Constantinople, pour justifier la prise d'armes
contre Iéhémet-Ali, se trouvait l'accusation contre le
Vice-roi d'Égypte de vouloir entraver les communica-
tions de la Grande-Bretagne avec les Indes par l'Egypte
et la Syrie.
Ce grief n'avait d'autre fondement que l'opinion expri-
mée par Méhémet-Ali dans une dépêche confidentielle
au Grand Vizir, et établissant :
« Que l'ouverture du passage de l'Europe aux Indes par
» l'Egypte et la Syrie devait être exécutée au profit et avec le
» concours de toutes les nations et ne devait pas constituer un
» monopole au profit de l'Angleterre seule, monopole qui se-
n rait très-dangereux pour les droits du Sultan. Il
Cette question, portée incidemment à la tribune de la
Chambre des députés de France, à l'occasion des négo-
ciations qui suivirent la bataille de Nezib, donna lieu à
une remarquable discussion, ou M. de Lamartine pro-
nonça les paroles suivantes, le Il janvier 1840 :
« La nature est plus forte que ces misérables antipathies
» nationales ; l'Europe et les Indes communiqueront en dépit
J' de vous par Suez ; vous n'aurez fait que retarder ce grand
Il bienfait de la Providence ; les deux mondes s'embrasseront
» et se vivifieront en se touchant par l'Égypte. »
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