Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1857-10-10
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 10 octobre 1857 10 octobre 1857
Description : 1857/10/10 (A2,N32). 1857/10/10 (A2,N32).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6530631v
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/06/2013
420 L'ISTHME DE SUEZ,
l'isthme, ce développement immense, incalculable, dont parle
la Chambre de commerce de Marseille. Nous allons chercher
des colonies bien loin, nous engloutissons des sommes énormes
dans le défrichement des terres incultes, nous y fondons à
grands frais des établissements militaires et civils; nous en
assurons la possession à notre pays par le plus douloureux
et le plus grand de tous les sacrifices, celui du sang de nos
soldats; le climat y dévore des milliers de compatriotes; ce
n'est jamais qu'après de longues années de travaux, de pa-
tience, de misère, que les colonisations se forment et offrent
des aliments à notre navigation réservée. Certes, nous ne blâ-
mons pas ces entreprises. Nos colonies sont une partie de la
France même; elles nous sont aussi chères qu'aucune autre
partie du territoire. Mais aucune ne pourra jamais procurer
à notre pays des avantages aussi considérables que l'ouverture
du canal de Suez. Ce travail donnera à notre marine une im-
pulsion et un développement dont on ne saurait s'exagérer
l'importance. Qu'on songe à tous les débouchés nouveaux
qu'il offrira à notre commerce. Marseille, malgré son voisi-
nage, ne sera pas seule à en profiter. Les ports de l'Océan
participeront à ce mouvement, non en raison de la distance,
mais à raison des produits particuliers de la zone de territoire
dans laquelle ils sont placés. Aux uns, les draps et les coton-
nades ; aux autres, les spiritueux; à ceux-ci, les soies; à ceux-
là, les autres denrées et marchandises du Midi. L'Angleterre
possède les Indes; elle est prépondérante en Chine, son com-
merce y prendra, par l'ouverture de l'isthme, une extension
plus grande. A nous, l'Afrique surtout offre un vaste champ
d'exploitation. Maîtres de l'Algérie et du Sénégal, nous éten-
drons notre influence, déjà dominante au nord et à l'ouest,
sur les marchés de la côte orientale; l'Abyssinie, chrétienne
et parcourue par nos voyageurs, entrera facilement en rela-
tions de commerce avec nous.
Mais les États des héritiers de l'iman de Mascate, avec qui
nous avons un traité de commerce, resté à l'état de lettre
morte par suite de la distance énorme qui nous sépare aujour-
d'hui de Zanzibar; mais Madagascar aussi, la grande ile qui
nous appartient et que nous avons le droit d'occuper quand
nous jugerons que l'heure est venue ! Il y a là un avenir im-
mense réservé principalement à nos marins et à notre com-
merce, car il y a déjà posé partout des jalons et semé des
germes féconds dont la distance seule nous empêche de récol-
ter les frui ts.
Les Conseils généraux, en se préoccupant, par-dessus tout,
avec une générosité toute française, de l'intérêt de la civilisa-
tion, ont donc, en outre, servi un intérêt national des plus
importants, et ils ont donné à notre diplomatie le droit de
parler, s'il le faut, au nom de cet intérêt exprimé de la ma-
nière la plus régulière et la plus incontestable.
Et maintenant que le monde entier est d'accord pour récla-
mer le percement de l'isthme de Suez, continuera-t-il à ren-
contrer en Angleterre des volontés qui fassent obstacle à ses
vœux? Nous ne le pensons pas. Nous en avons appelé à lord
Palmerston mieux inspiré, et déjà l'on a pu constater dans
le langage de Sa Seigneurie une modification profonde. Pressé
par un éloquent orateur du Parlement de convenir que la
politique anglaise ne pouvait que gagner à ne point opposer
d'obstacles à l'exécution du canal, il a dégagé lui-même l'in-
térêt anglais de cette affaire, et s'est borné à dire qu'il ne fai-
sait d'opposition au canal de Suez qu'en vue de conserver l'in-
tégrité de l'Empire Ottoman.
Eh bien, c'est en cessant cette opposition qu'il prouvera
surtout son désir de sauvegarder cette intégrité. Le traité de
Paris, en la garantissant, a entendu assurer au Sultan l'exer-
cice plein et entier de son libre arbitre et toutes les préroga-
tives de sa souveraineté. Nul ne pourrait donc aujourd'hui,
sans violer les règles du droit public, imposer au Sultan sa
volonté dans l'affaire du canal de Suez. Or, comme la Porte
Ottomane n'a aucun motif pour refuser d'accéder aux vœux
de toutes les puissances, et à celui des Chambres de commerce
et associations commerciales d'Angleterre; comme son intérêt
évident est que le canal de Suez soit ouvert, elle accordera le
lirman qu'on lui demande, et cela sans attendre que l'impa-
tience de l'Europe lui force la main.
Les Conseils généraux auront puissamment contribué à ce
résultat, parce qu'ils auront mis hors de doute le vœu de la
France.
P. DUBOIS.
LE « MOKMNGCHRONICLE » ET LE CANAL DE SUEZ.
Nous trouvons dans le Morning-Chronicîe du 24 sep-
tembre l'article suivant :
« Le projet de canalisation de l'isthme de Suez a reçu l'ap-
probation unanime des classes commerciales de toutes les
nations civilisées. L'énergie et la persévérance de M. de Les-
seps et de M. Lange ont réussi à obtenir, pour ce projet, l'ex-
pression toute spéciale de l'opinion favorable des négociants
anglais. Cependant il est curieux de voir que le représentant
populaire d'un gouvernement qui a donné au monde l'exem-
ple de la liberté du commerce, et qui a, autant qu'il était en
son pouvoir, enlevé toutes les barrières entre les nations du
monde entier, ait formulé, de la manière la plus emphatique,
son opinion bien arrêtée en opposition à une entreprise que
toutes les Chambres de commerce et les corporations de mar-
chands d'Angleterre, ainsi que les Conseils généraux et les
Chambres de commerce de France, ont déclarée devoir être
« d'une grande utilité pour les intérêts commerciaux du pays. Il
» Les nations de l'Europe ont entendu avec étonnement ces
déclarations de lord Palmerston, et elles se demandent quelle
peut être la nature de cette « politique immuable de l'Angle-
terre, n qui serait si sérieusement compromise, au dire de
lord Palmerston, par l'établissement d'un canal à travers
l'isthme de Suez. C'est le noble Lord lui-même qui, par son
amendement dans la Chambre des communes, pousse la
grande majorité de cette chambre à déclarer que la politique
future du pays aurait à reconnaitre et à encourager la liberté
des relations commerciales avec toutes les nations du globe.
» La politique immuable de l'Angleterre pourrait bien se
résumer dans quelques théories subtiles et certaines notions
abstraites de science politique, que le noble Lord a été si sou-
vent obligé de violer, et qui ont souvent servi à embrouiller
nos affaires vis-à-vis de l'étranger. Il peut y avoir dans ce
magnifique projet de l'union des deux mers quelque chose qui
soit propre à embarrasser des hommes d'Etat qui, pendant
toute leur vie, ont été habitués à prendre les vues les plus
microscopiques de toutes les questions concernant les grands
intérêts de la civilisation et la cause du progrès. Il n'est pas
étonnant qu'un homme comme lord Strattford, qui a passé de
longues années au milieu des intrigues des cours orientales,
voie dans un cours d'eau destiné à unir'les deux mers un
horrible complot pour la destruction de l'équilibre des puis-
sances, et Dieu sait combien d'autres sources de malheurs et
de troubles pour le monde. Les promoteurs et les amis de ISl
grande entreprise, après l'expression universelle d'opinions
éclairées de ceux qui étaient le plus capables de juger de la
valeur du canal, peuvent bien ne faire aucun cas des mes-
l'isthme, ce développement immense, incalculable, dont parle
la Chambre de commerce de Marseille. Nous allons chercher
des colonies bien loin, nous engloutissons des sommes énormes
dans le défrichement des terres incultes, nous y fondons à
grands frais des établissements militaires et civils; nous en
assurons la possession à notre pays par le plus douloureux
et le plus grand de tous les sacrifices, celui du sang de nos
soldats; le climat y dévore des milliers de compatriotes; ce
n'est jamais qu'après de longues années de travaux, de pa-
tience, de misère, que les colonisations se forment et offrent
des aliments à notre navigation réservée. Certes, nous ne blâ-
mons pas ces entreprises. Nos colonies sont une partie de la
France même; elles nous sont aussi chères qu'aucune autre
partie du territoire. Mais aucune ne pourra jamais procurer
à notre pays des avantages aussi considérables que l'ouverture
du canal de Suez. Ce travail donnera à notre marine une im-
pulsion et un développement dont on ne saurait s'exagérer
l'importance. Qu'on songe à tous les débouchés nouveaux
qu'il offrira à notre commerce. Marseille, malgré son voisi-
nage, ne sera pas seule à en profiter. Les ports de l'Océan
participeront à ce mouvement, non en raison de la distance,
mais à raison des produits particuliers de la zone de territoire
dans laquelle ils sont placés. Aux uns, les draps et les coton-
nades ; aux autres, les spiritueux; à ceux-ci, les soies; à ceux-
là, les autres denrées et marchandises du Midi. L'Angleterre
possède les Indes; elle est prépondérante en Chine, son com-
merce y prendra, par l'ouverture de l'isthme, une extension
plus grande. A nous, l'Afrique surtout offre un vaste champ
d'exploitation. Maîtres de l'Algérie et du Sénégal, nous éten-
drons notre influence, déjà dominante au nord et à l'ouest,
sur les marchés de la côte orientale; l'Abyssinie, chrétienne
et parcourue par nos voyageurs, entrera facilement en rela-
tions de commerce avec nous.
Mais les États des héritiers de l'iman de Mascate, avec qui
nous avons un traité de commerce, resté à l'état de lettre
morte par suite de la distance énorme qui nous sépare aujour-
d'hui de Zanzibar; mais Madagascar aussi, la grande ile qui
nous appartient et que nous avons le droit d'occuper quand
nous jugerons que l'heure est venue ! Il y a là un avenir im-
mense réservé principalement à nos marins et à notre com-
merce, car il y a déjà posé partout des jalons et semé des
germes féconds dont la distance seule nous empêche de récol-
ter les frui ts.
Les Conseils généraux, en se préoccupant, par-dessus tout,
avec une générosité toute française, de l'intérêt de la civilisa-
tion, ont donc, en outre, servi un intérêt national des plus
importants, et ils ont donné à notre diplomatie le droit de
parler, s'il le faut, au nom de cet intérêt exprimé de la ma-
nière la plus régulière et la plus incontestable.
Et maintenant que le monde entier est d'accord pour récla-
mer le percement de l'isthme de Suez, continuera-t-il à ren-
contrer en Angleterre des volontés qui fassent obstacle à ses
vœux? Nous ne le pensons pas. Nous en avons appelé à lord
Palmerston mieux inspiré, et déjà l'on a pu constater dans
le langage de Sa Seigneurie une modification profonde. Pressé
par un éloquent orateur du Parlement de convenir que la
politique anglaise ne pouvait que gagner à ne point opposer
d'obstacles à l'exécution du canal, il a dégagé lui-même l'in-
térêt anglais de cette affaire, et s'est borné à dire qu'il ne fai-
sait d'opposition au canal de Suez qu'en vue de conserver l'in-
tégrité de l'Empire Ottoman.
Eh bien, c'est en cessant cette opposition qu'il prouvera
surtout son désir de sauvegarder cette intégrité. Le traité de
Paris, en la garantissant, a entendu assurer au Sultan l'exer-
cice plein et entier de son libre arbitre et toutes les préroga-
tives de sa souveraineté. Nul ne pourrait donc aujourd'hui,
sans violer les règles du droit public, imposer au Sultan sa
volonté dans l'affaire du canal de Suez. Or, comme la Porte
Ottomane n'a aucun motif pour refuser d'accéder aux vœux
de toutes les puissances, et à celui des Chambres de commerce
et associations commerciales d'Angleterre; comme son intérêt
évident est que le canal de Suez soit ouvert, elle accordera le
lirman qu'on lui demande, et cela sans attendre que l'impa-
tience de l'Europe lui force la main.
Les Conseils généraux auront puissamment contribué à ce
résultat, parce qu'ils auront mis hors de doute le vœu de la
France.
P. DUBOIS.
LE « MOKMNGCHRONICLE » ET LE CANAL DE SUEZ.
Nous trouvons dans le Morning-Chronicîe du 24 sep-
tembre l'article suivant :
« Le projet de canalisation de l'isthme de Suez a reçu l'ap-
probation unanime des classes commerciales de toutes les
nations civilisées. L'énergie et la persévérance de M. de Les-
seps et de M. Lange ont réussi à obtenir, pour ce projet, l'ex-
pression toute spéciale de l'opinion favorable des négociants
anglais. Cependant il est curieux de voir que le représentant
populaire d'un gouvernement qui a donné au monde l'exem-
ple de la liberté du commerce, et qui a, autant qu'il était en
son pouvoir, enlevé toutes les barrières entre les nations du
monde entier, ait formulé, de la manière la plus emphatique,
son opinion bien arrêtée en opposition à une entreprise que
toutes les Chambres de commerce et les corporations de mar-
chands d'Angleterre, ainsi que les Conseils généraux et les
Chambres de commerce de France, ont déclarée devoir être
« d'une grande utilité pour les intérêts commerciaux du pays. Il
» Les nations de l'Europe ont entendu avec étonnement ces
déclarations de lord Palmerston, et elles se demandent quelle
peut être la nature de cette « politique immuable de l'Angle-
terre, n qui serait si sérieusement compromise, au dire de
lord Palmerston, par l'établissement d'un canal à travers
l'isthme de Suez. C'est le noble Lord lui-même qui, par son
amendement dans la Chambre des communes, pousse la
grande majorité de cette chambre à déclarer que la politique
future du pays aurait à reconnaitre et à encourager la liberté
des relations commerciales avec toutes les nations du globe.
» La politique immuable de l'Angleterre pourrait bien se
résumer dans quelques théories subtiles et certaines notions
abstraites de science politique, que le noble Lord a été si sou-
vent obligé de violer, et qui ont souvent servi à embrouiller
nos affaires vis-à-vis de l'étranger. Il peut y avoir dans ce
magnifique projet de l'union des deux mers quelque chose qui
soit propre à embarrasser des hommes d'Etat qui, pendant
toute leur vie, ont été habitués à prendre les vues les plus
microscopiques de toutes les questions concernant les grands
intérêts de la civilisation et la cause du progrès. Il n'est pas
étonnant qu'un homme comme lord Strattford, qui a passé de
longues années au milieu des intrigues des cours orientales,
voie dans un cours d'eau destiné à unir'les deux mers un
horrible complot pour la destruction de l'équilibre des puis-
sances, et Dieu sait combien d'autres sources de malheurs et
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