Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1857-09-25
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 25 septembre 1857 25 septembre 1857
Description : 1857/09/25 (A2,N31). 1857/09/25 (A2,N31).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6530630f
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/06/2013
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 389
de vouloir désavouer sa dépendance de la Porte, et il n'y a pas
même un prétexte pour pouvoir lui refuser le droit d'intro-
duire des améliorations et des réformes dans ses États. Mais si
jamais vous poussez votre opposition jusqu'à vouloir par vos
ressources et votre influence lui défendre l'exécution d'une
œuvre pour laquelle la France lui accorde ses sympathies,
vous devez vous rappeler que toute cette toile d'une féodalité
artificielle inventée par vous, ni fondée sur les besoins du
présent, ni portée par l'affection du peuple, se rompra comme
un fil d'araignée sous le poids des exigences du moment, et
on ne vous saura d'autre gré que d'avoir causé d'une manière
grossière la rupture des faibles oh'!gations, qui, traitées déli-
catement, continueront à exister encore longtemps comme
les liens de devoir facile et de sympathie entre la Porte et son
illustre vassal.
« Mais justement sous le point de vue le plus restreint de nos
intérêts particuliers, votre opposition est parfaitement dérai-
sonnable. Quoi! si dans ce moment, par un coup de baguette,
le canal était fait, un plus grand bienfait pourrait-il être ac-
cordé à notre pays? Si, pendant que je parle, les magnifiques
- vapeurs de la Compagnie Péninsulaire et Orientale passaient, à
travers ce canal, des mers européennes dans les mers orien-
tales, nous pourrions transporter par cette route, en autant
de semaines qu'il nous faut de mois pour passer autour de
l'Afrique, de grandes masses de troupes; et dans la situation
critique de notre empire des Indes, un pareil avantage chan-
gerait l'appréhension des désastres dans la conviction d'un
succès prompt et complet. Je dois avouer que j'ai peine à
comprendre comment un homme raisonnable et indépendant
peut s'opposer sérieusement à ces conclusions.
» Toutefois je suis sur un point le plus important en effet, —
j'ai le regret de devoir le dire, — parfaitement d'accord avec
le noble Lord et l'éminent ingénieur qui a voulu nous com-
muniquer son opinion sur cette affaire; ce point ce sont les
grandes difficultés physiques, hydrographiques, commerciales
et même morales qui entourent cette entreprise.
"Mais si les difficultés pratiques sont aussi insurmontables,
comme le noble Lord pense et comme je le crois aussi, il est
d'autant plus injustifiable et inadmissible de faire une oppo-
sition volontaire et gratuite à un projet dont le succès vous
paraît aussi problématique. Le sens çommun, en pareil cas,
aurait dû vous dire : « Laissons réussir ou échouer le projet
par ses propres mérites ou ses propres défauts et n'essayons
pas de blesser la susceptibilité d'une nation vaillante et géné-
reuse, dans le désir tout aussi inutile qu'indiscret de dénigrer
par une opposition directe et manifeste un projet que vous
déclarez vous-même inexécutable. >;
L'orateur examine ensuite en détail les quatre catégo-
ries de difficultés qu'il vient d'indiquer, et il expose sommai-
rement tous les arguments qu'on a fait valoir de tous côtés et
de la part des autorités les plus compétentes contre les objec-
tions de lord Palmerston et de M. R. Stephenson. Seulement,
il paraît insister sur le dernier point, les considérations mo-
rales, en admettant que les travaux du canal au milieu d'un
désert réduiraient les services des fellahs à une sorte d'escla-
vage. C'est là une des idées particulières à l'honorable orateur;
ces idées ont été maintes fois réduites à leur véritable valeur,
soit par les actes officiels du gouvernement égyptien, soit par
les stipulations expresses dans la concession accordée à M. de
Lesseps, soit par toutes les explications plus que concluantes
que M. de Lesseps et M. Lange ont données sur toutes les
interpellations, qui ont été faites à cet égard dans le meeting
de Londres. Puis, l'orateur termine par ces mots :
« Si donc de simples appréhensions politiques peuvent être
une raison suffisante pour justifier notre opposition contre le
canal de Suez, comment nous plaignons-nous des Américains
qui ne dissimulent pas leur jalousie de ce que nous prenons
pied sur l'isthme de Panama et qui cherchent plutôt, par
tous les moyens dont ils peuvent user, à nous écarter de toute
participation aux affaires de ces contrées, qu'ils ne sont dis-
posés à nous accorder quelque coopération au percement de
l'isthme de Panama? Si nous sommes en droit de faire valoir
notre politique actuelle contre le projet du canal de Suez, eux
aussi sont dans leur droit, quoique je craigne fort que peu seule-
ment parmi nous veuillent agréer les conséquences de cette
conclusion. N'ayons donc pas deux balances politiques; ne
faisons pas nous-mêmes une chose dont nous demandons le
contraire à un autre peuple, et introduisons dans la vie pu-
blique cette maxime sublime qui nous doit conduire dans la
vie privée : « Ne fais pas autrui ce que tu ne veux pas qu'on
te fasse à toi-m^me. Espérons que Dieu, qui nous a donné ce
commandement si éminemment supérieur à tous les préceptes
les plus élaborés de la morale et de la philosophie, ne per-
mettra jamais que sa stricte observance tourne au détriment
de notre domination, tant qu'elle sera pratiquée consciencieuse-
ment pour le bien-être de l'humanité et qu'elle se développera
par l'effet civilisateur de la liberté sociale et commerciale dans
les rapports mutuels de toutes les nations du globe. »
Nous avons à peine besoin de faire remarquer que
nous ne sommes pas d'accord sur certains points avec
l'honorable M. Darby Griffith, et nous croyons que toutes
les objections financières, techniques et commerciales
contre notre entreprise ont été suffisamment réfutées.
Nous ne répéterons pas ces réfutations ; et nous préférons
remercier M. Darby Griffith de l'appui politique qu'il
nous a prêté du haut de la tribune anglaise.
ERNEST DESPLACES.
LE CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE
ET LE CANAL DE SUEZ.
Discours de M. Baruffi prononcé à l'ouverture du Congrès
scientifique de France réuni à Grenoble, dans sa première
séance du 3 septembre 1857.
Dans notre dernier numéro, nous avons publié le vote
du Congrès scientifique de France; voici le discours re-
marquable qui a déterminé cet acte du Congrès :
Messieurs,
L'année dernière, je proposais au Congrès scientifique
réuni à la Rochelle d'émettre un vœu en faveur de cette
grande entreprise du canal de Suez; le Congrès accueillit ma
proposition avec une bienveillance dont je suis toujours pro-
fondément reconnaissant, et avec un enthousiasme intelligent
dont la presse européenne a retenti. Aujourd'hui encore, je
soumets le même vœu au Congrès réuni à Grenoble; et si vous
voulez bien me le permettre, je vais expliquer en peu de
mots mon insistance pour une question qui n'est point encore
résolue après tant d'efforts, et dont nos vœux répétés peuvent
contribuer à presser la solution.
Je ne vous entretiendrai pas, Messieurs, des détails de ce
projet aussi simple qu'il est grand. Je vous ai donné ces ren-
seignements l'année dernière; et peut-être en avez-vous gardé
quelque souvenir. Mais en outre ces renseignements sont au-
jourd' hui partout; et la presse de tous les pays, par ses mille
de vouloir désavouer sa dépendance de la Porte, et il n'y a pas
même un prétexte pour pouvoir lui refuser le droit d'intro-
duire des améliorations et des réformes dans ses États. Mais si
jamais vous poussez votre opposition jusqu'à vouloir par vos
ressources et votre influence lui défendre l'exécution d'une
œuvre pour laquelle la France lui accorde ses sympathies,
vous devez vous rappeler que toute cette toile d'une féodalité
artificielle inventée par vous, ni fondée sur les besoins du
présent, ni portée par l'affection du peuple, se rompra comme
un fil d'araignée sous le poids des exigences du moment, et
on ne vous saura d'autre gré que d'avoir causé d'une manière
grossière la rupture des faibles oh'!gations, qui, traitées déli-
catement, continueront à exister encore longtemps comme
les liens de devoir facile et de sympathie entre la Porte et son
illustre vassal.
« Mais justement sous le point de vue le plus restreint de nos
intérêts particuliers, votre opposition est parfaitement dérai-
sonnable. Quoi! si dans ce moment, par un coup de baguette,
le canal était fait, un plus grand bienfait pourrait-il être ac-
cordé à notre pays? Si, pendant que je parle, les magnifiques
- vapeurs de la Compagnie Péninsulaire et Orientale passaient, à
travers ce canal, des mers européennes dans les mers orien-
tales, nous pourrions transporter par cette route, en autant
de semaines qu'il nous faut de mois pour passer autour de
l'Afrique, de grandes masses de troupes; et dans la situation
critique de notre empire des Indes, un pareil avantage chan-
gerait l'appréhension des désastres dans la conviction d'un
succès prompt et complet. Je dois avouer que j'ai peine à
comprendre comment un homme raisonnable et indépendant
peut s'opposer sérieusement à ces conclusions.
» Toutefois je suis sur un point le plus important en effet, —
j'ai le regret de devoir le dire, — parfaitement d'accord avec
le noble Lord et l'éminent ingénieur qui a voulu nous com-
muniquer son opinion sur cette affaire; ce point ce sont les
grandes difficultés physiques, hydrographiques, commerciales
et même morales qui entourent cette entreprise.
"Mais si les difficultés pratiques sont aussi insurmontables,
comme le noble Lord pense et comme je le crois aussi, il est
d'autant plus injustifiable et inadmissible de faire une oppo-
sition volontaire et gratuite à un projet dont le succès vous
paraît aussi problématique. Le sens çommun, en pareil cas,
aurait dû vous dire : « Laissons réussir ou échouer le projet
par ses propres mérites ou ses propres défauts et n'essayons
pas de blesser la susceptibilité d'une nation vaillante et géné-
reuse, dans le désir tout aussi inutile qu'indiscret de dénigrer
par une opposition directe et manifeste un projet que vous
déclarez vous-même inexécutable. >;
L'orateur examine ensuite en détail les quatre catégo-
ries de difficultés qu'il vient d'indiquer, et il expose sommai-
rement tous les arguments qu'on a fait valoir de tous côtés et
de la part des autorités les plus compétentes contre les objec-
tions de lord Palmerston et de M. R. Stephenson. Seulement,
il paraît insister sur le dernier point, les considérations mo-
rales, en admettant que les travaux du canal au milieu d'un
désert réduiraient les services des fellahs à une sorte d'escla-
vage. C'est là une des idées particulières à l'honorable orateur;
ces idées ont été maintes fois réduites à leur véritable valeur,
soit par les actes officiels du gouvernement égyptien, soit par
les stipulations expresses dans la concession accordée à M. de
Lesseps, soit par toutes les explications plus que concluantes
que M. de Lesseps et M. Lange ont données sur toutes les
interpellations, qui ont été faites à cet égard dans le meeting
de Londres. Puis, l'orateur termine par ces mots :
« Si donc de simples appréhensions politiques peuvent être
une raison suffisante pour justifier notre opposition contre le
canal de Suez, comment nous plaignons-nous des Américains
qui ne dissimulent pas leur jalousie de ce que nous prenons
pied sur l'isthme de Panama et qui cherchent plutôt, par
tous les moyens dont ils peuvent user, à nous écarter de toute
participation aux affaires de ces contrées, qu'ils ne sont dis-
posés à nous accorder quelque coopération au percement de
l'isthme de Panama? Si nous sommes en droit de faire valoir
notre politique actuelle contre le projet du canal de Suez, eux
aussi sont dans leur droit, quoique je craigne fort que peu seule-
ment parmi nous veuillent agréer les conséquences de cette
conclusion. N'ayons donc pas deux balances politiques; ne
faisons pas nous-mêmes une chose dont nous demandons le
contraire à un autre peuple, et introduisons dans la vie pu-
blique cette maxime sublime qui nous doit conduire dans la
vie privée : « Ne fais pas autrui ce que tu ne veux pas qu'on
te fasse à toi-m^me. Espérons que Dieu, qui nous a donné ce
commandement si éminemment supérieur à tous les préceptes
les plus élaborés de la morale et de la philosophie, ne per-
mettra jamais que sa stricte observance tourne au détriment
de notre domination, tant qu'elle sera pratiquée consciencieuse-
ment pour le bien-être de l'humanité et qu'elle se développera
par l'effet civilisateur de la liberté sociale et commerciale dans
les rapports mutuels de toutes les nations du globe. »
Nous avons à peine besoin de faire remarquer que
nous ne sommes pas d'accord sur certains points avec
l'honorable M. Darby Griffith, et nous croyons que toutes
les objections financières, techniques et commerciales
contre notre entreprise ont été suffisamment réfutées.
Nous ne répéterons pas ces réfutations ; et nous préférons
remercier M. Darby Griffith de l'appui politique qu'il
nous a prêté du haut de la tribune anglaise.
ERNEST DESPLACES.
LE CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE
ET LE CANAL DE SUEZ.
Discours de M. Baruffi prononcé à l'ouverture du Congrès
scientifique de France réuni à Grenoble, dans sa première
séance du 3 septembre 1857.
Dans notre dernier numéro, nous avons publié le vote
du Congrès scientifique de France; voici le discours re-
marquable qui a déterminé cet acte du Congrès :
Messieurs,
L'année dernière, je proposais au Congrès scientifique
réuni à la Rochelle d'émettre un vœu en faveur de cette
grande entreprise du canal de Suez; le Congrès accueillit ma
proposition avec une bienveillance dont je suis toujours pro-
fondément reconnaissant, et avec un enthousiasme intelligent
dont la presse européenne a retenti. Aujourd'hui encore, je
soumets le même vœu au Congrès réuni à Grenoble; et si vous
voulez bien me le permettre, je vais expliquer en peu de
mots mon insistance pour une question qui n'est point encore
résolue après tant d'efforts, et dont nos vœux répétés peuvent
contribuer à presser la solution.
Je ne vous entretiendrai pas, Messieurs, des détails de ce
projet aussi simple qu'il est grand. Je vous ai donné ces ren-
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