Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1857-09-25
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 25 septembre 1857 25 septembre 1857
Description : 1857/09/25 (A2,N31). 1857/09/25 (A2,N31).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6530630f
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/06/2013
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 387
DISCOURS DE M. GRIFFITH
DANS LE PARLEMENT ANGLAIS
SUR LE CANAL DE SUEZ.
On se rappelle que, dans la séance du 17 juillet,
M. Darby Griffith adressa à lord Palmerston une interpel-
lation sur le canal de Suez, et lui demanda" au nom de
l'intérêt et de l'honneur de l'Angleterre de ne point op-
poser à ce projet une jalousie hostile. »
Plus tard, dans la séance du 15 août, et à propos de
l'interpellation de M. Estcourt sur le chemin de fer de
l'Euphrate, M. Darby Griffith renouvela ses protestations
contre la politique du Premier Ministre. Depuis , M. D.
Griffith a fait imprimer son discours en le revisant, et
nous sommes heureux d'en donner les principaux pas-
sages à nos lecteurs. Ils verront quelle noblesse d'idées
et quelle élévation de sentiments animent l'éloquence de
M. Griffith, C'est un plaidoyer chaleureux en notre faveur,
et nous n'oserions point parler de notre entreprise en
termes aussi énergiques que l'orateur anglais a bien
voulu le faire.
Voici le début de ce remarquable discours :
« Je suis bien loin, Messieurs, de m'opposer en quelque
manière que ce soit au projet du chemin de fer de l'Euphrate,
qui, si toutefois il peut être réalisé, procurera certaine-
ment de grands avantages à notre pays et au monde entier.
Jusqu'à Alep cette ligne traversera une des plus belles con-
trées de la terre, non-seulement pour les charmes du paysage,
mais aussi pour la fertilité du sol; et il n'y a aucun doute que,
jusqu'à cette ville, le transport des voyageurs et l'échange des
produits de l'agriculture et du commerce ne présentent cette
ligne comme une bonne affaire sous le rapport dé ses recettes
et du taux d'intérêts du capital. A partir de ce point vers
l'Euphrate et de l'Euphrate jusqu'au golfe Persique, la ligne
traversera des régions désertes, où il n'y aura guère à compter
, sur un échange commercial quelconque et sur la rentrée du
capital dépensé, là où le succès pécuniaire doit être considéré
comme une pure fiction, et où la raison de consacrer de grandes
sommes à la construction de cette ligne doit avoir un caractère
exclusivement politique.
"Quoique je fusse heureux de voir le gouvernement accor-
der tout son appui et son crédit à cette partie de l'entreprise ,
pour, d'une simple théorie qu'elle est actuellement, en faire
une réalité, il me faut toutefois observer qu'il serait bien
malheureux que la sympathie du gouvernement pour ce projet
aboutit à porter dommage à d'autres voies de communication
projetées, et que surtout, pour cette idée favorite du railway
de l'Euphrate , le canal de Suez devint un sujet de méfiance
et d'aversion pour ceux qui se trouvent à la tête des affaires.
"Étant moi-même personnellement familiarisé avec les loca-
lités en question, et n'ignorant pas comment les rivalités na-
tionales prévalent parmi les personnages officiels, qui, en
créant l'opposition des deux projets de l'Euphrate et du canal
de Suez, ont cru y devoir apporter tout leur ressentiment et
leur antagonisme invétéré, je suis parfaitement renseigné sur
l'existence de pareilles préventions. Je n'ai donc pas dû être
surpris qu'elles aient pris un développement tellement sérieux
pour provoquer une différence assez grave entre les opinions
de Constantinçple et celles du Caire; mais je n'aurais jamais
cru que ces sourdes jalousies fussent sciemment adoptées et
1 soutenues par le gouvernement angles.
JI Et de nos jours; où l'esprit commercial s'éclaire de plus
en plus, ou l'on est d'accord que le système d'encourager par
des raisons politiques les monopoles et les exclusions du corti*
merce est irrévocablement tombé, où la liberté parfaite du
trafic et de la communication a été pendant de longues an-
nées le shiboleth et finalement le triomphe dès idées libérales,
il tri est impossible de croire qu'un gouvernement se prétendant
libéral déclare sans restriction et sans répugnance son in-
tention de persévérer dans une conduite directement opposée
à ces principes, et qu'il avance même ouvertement, — pour
justifier une pratique tellement contradictoire aux théories
qu'il aime à proclamer, — que la raison en est une méfiance
et une jalousie secrète contre nos plus proches voisins, dont le
dévouement et la coopération dans la tâche glorieuse de la dé*
fense des libertés de l'Europe ont été cimentés par le sang
généreux des plus vaillants enfants des deux pays.
"Je suis prêt à soutenir, d'une manière absolue et sans té-
serve aucune, qu'une fois un grand principe établi et reconnu
par le monde, il doit être ou renié entièrement ou accepté
avec toutes ses conséquences. Une marche indécise, en pareil
cas, un jeu faux qui tantôt penche d'un côté, tantôt de l'autre,
dès qu'il en riait un conflit avec l'objet chéri de vos vœux
intimes , tout cela doit être une trahison indirecte contre ce
principe et un petit remède pour les obligations morales qui
dirigent et éclairent le chemin du devoir.
"Si le libre échange, ainsi que je crois, est pour nous un de
ces principes éternels et immuables, alors il s'ensuit nécessai-
rement, d'après ce que je viens de dire, qu'en tout cas il doit
être maintenu inflexiblement, et qu'il ne saurait jamais être
humilié à ce point de servir d'instrument à des exigences
politiques, exigences dont il devrait à plus juste titre être le
guide éclairé que le serviteur obéissant.
"Mais on dit que si le canal de Suez existait, une flotte Fran-
çaise le passerait facilement pour attaquer nos possessions
indiennes. Comment! Si c'était là une appréhension raison-
nable, où don; serait la suprématie maritime qu'on se plait
généralement à nous accorder? Une invasion française ne se
ferait pas par terre, et je serais bien curieux de savoir ce que
notre flotte ferait dans une pareille éventualité. Si nous ètioLI
inférieurs aux Français sur la mer, l'expédition , il faut le
dire, serait simple et facile à faire. Mais, dans cé Cas, je crains
bien que nous ne perdions en même temps une bonne partie
des autres joyaux de notre couronne. Une flotte française nous
attaquerait alors tout aussi facilement en doublant le Cap 1
comme cela est rééllement arrivé au dernier siècle. Que de-
viendraient alors nos colonies, le Cap, l'ile Saint-Maurice, les
iles des Indes occidentales? L'infériorité de notre marine une
seule fois constatée, c'eti est fait de notre position de grande
puissance. Mais, sans cette éalamité, il serait toujours bien
difficile pour une expédition ennemie de pénétrer à travers
les parages difficiles et inhospitaliers de la mer Rouge pour
aller au-devant d'un puissant adversaire.
"Que sont nos forteresses et nos ports sur tous lés points
importants de la Méditerranée autre chose que des sentinelles
avancées prêtes à donner l'alarme et à abriter une flotte tou-
jours disposée à attaquer et à détruire une expédition qui
s'aventurerait dans un but hostile à travers ces eaux V L'île de
Malte est-elle par hasard aveugle pour ne pas voir les prépa-
ratifs qui s'effectueraient à Toulon? Et l'île de Corfou ne lia
soucierait-elle pas des armements qui se prépareraient dans
la mer Adriatique? Je crois done cette appréhension parfaitement
indigrtede la grandeurdenotre pays et de la confiance qu'il doit
avoir dans ses propres forces ; et ce n'est pas en soulevant et etl
laissant subsister des craintes de nature à jeter soudainement
dans une ignoble terreur toutes les protestations d'attache-
DISCOURS DE M. GRIFFITH
DANS LE PARLEMENT ANGLAIS
SUR LE CANAL DE SUEZ.
On se rappelle que, dans la séance du 17 juillet,
M. Darby Griffith adressa à lord Palmerston une interpel-
lation sur le canal de Suez, et lui demanda" au nom de
l'intérêt et de l'honneur de l'Angleterre de ne point op-
poser à ce projet une jalousie hostile. »
Plus tard, dans la séance du 15 août, et à propos de
l'interpellation de M. Estcourt sur le chemin de fer de
l'Euphrate, M. Darby Griffith renouvela ses protestations
contre la politique du Premier Ministre. Depuis , M. D.
Griffith a fait imprimer son discours en le revisant, et
nous sommes heureux d'en donner les principaux pas-
sages à nos lecteurs. Ils verront quelle noblesse d'idées
et quelle élévation de sentiments animent l'éloquence de
M. Griffith, C'est un plaidoyer chaleureux en notre faveur,
et nous n'oserions point parler de notre entreprise en
termes aussi énergiques que l'orateur anglais a bien
voulu le faire.
Voici le début de ce remarquable discours :
« Je suis bien loin, Messieurs, de m'opposer en quelque
manière que ce soit au projet du chemin de fer de l'Euphrate,
qui, si toutefois il peut être réalisé, procurera certaine-
ment de grands avantages à notre pays et au monde entier.
Jusqu'à Alep cette ligne traversera une des plus belles con-
trées de la terre, non-seulement pour les charmes du paysage,
mais aussi pour la fertilité du sol; et il n'y a aucun doute que,
jusqu'à cette ville, le transport des voyageurs et l'échange des
produits de l'agriculture et du commerce ne présentent cette
ligne comme une bonne affaire sous le rapport dé ses recettes
et du taux d'intérêts du capital. A partir de ce point vers
l'Euphrate et de l'Euphrate jusqu'au golfe Persique, la ligne
traversera des régions désertes, où il n'y aura guère à compter
, sur un échange commercial quelconque et sur la rentrée du
capital dépensé, là où le succès pécuniaire doit être considéré
comme une pure fiction, et où la raison de consacrer de grandes
sommes à la construction de cette ligne doit avoir un caractère
exclusivement politique.
"Quoique je fusse heureux de voir le gouvernement accor-
der tout son appui et son crédit à cette partie de l'entreprise ,
pour, d'une simple théorie qu'elle est actuellement, en faire
une réalité, il me faut toutefois observer qu'il serait bien
malheureux que la sympathie du gouvernement pour ce projet
aboutit à porter dommage à d'autres voies de communication
projetées, et que surtout, pour cette idée favorite du railway
de l'Euphrate , le canal de Suez devint un sujet de méfiance
et d'aversion pour ceux qui se trouvent à la tête des affaires.
"Étant moi-même personnellement familiarisé avec les loca-
lités en question, et n'ignorant pas comment les rivalités na-
tionales prévalent parmi les personnages officiels, qui, en
créant l'opposition des deux projets de l'Euphrate et du canal
de Suez, ont cru y devoir apporter tout leur ressentiment et
leur antagonisme invétéré, je suis parfaitement renseigné sur
l'existence de pareilles préventions. Je n'ai donc pas dû être
surpris qu'elles aient pris un développement tellement sérieux
pour provoquer une différence assez grave entre les opinions
de Constantinçple et celles du Caire; mais je n'aurais jamais
cru que ces sourdes jalousies fussent sciemment adoptées et
1 soutenues par le gouvernement angles.
JI Et de nos jours; où l'esprit commercial s'éclaire de plus
en plus, ou l'on est d'accord que le système d'encourager par
des raisons politiques les monopoles et les exclusions du corti*
merce est irrévocablement tombé, où la liberté parfaite du
trafic et de la communication a été pendant de longues an-
nées le shiboleth et finalement le triomphe dès idées libérales,
il tri est impossible de croire qu'un gouvernement se prétendant
libéral déclare sans restriction et sans répugnance son in-
tention de persévérer dans une conduite directement opposée
à ces principes, et qu'il avance même ouvertement, — pour
justifier une pratique tellement contradictoire aux théories
qu'il aime à proclamer, — que la raison en est une méfiance
et une jalousie secrète contre nos plus proches voisins, dont le
dévouement et la coopération dans la tâche glorieuse de la dé*
fense des libertés de l'Europe ont été cimentés par le sang
généreux des plus vaillants enfants des deux pays.
"Je suis prêt à soutenir, d'une manière absolue et sans té-
serve aucune, qu'une fois un grand principe établi et reconnu
par le monde, il doit être ou renié entièrement ou accepté
avec toutes ses conséquences. Une marche indécise, en pareil
cas, un jeu faux qui tantôt penche d'un côté, tantôt de l'autre,
dès qu'il en riait un conflit avec l'objet chéri de vos vœux
intimes , tout cela doit être une trahison indirecte contre ce
principe et un petit remède pour les obligations morales qui
dirigent et éclairent le chemin du devoir.
"Si le libre échange, ainsi que je crois, est pour nous un de
ces principes éternels et immuables, alors il s'ensuit nécessai-
rement, d'après ce que je viens de dire, qu'en tout cas il doit
être maintenu inflexiblement, et qu'il ne saurait jamais être
humilié à ce point de servir d'instrument à des exigences
politiques, exigences dont il devrait à plus juste titre être le
guide éclairé que le serviteur obéissant.
"Mais on dit que si le canal de Suez existait, une flotte Fran-
çaise le passerait facilement pour attaquer nos possessions
indiennes. Comment! Si c'était là une appréhension raison-
nable, où don; serait la suprématie maritime qu'on se plait
généralement à nous accorder? Une invasion française ne se
ferait pas par terre, et je serais bien curieux de savoir ce que
notre flotte ferait dans une pareille éventualité. Si nous ètioLI
inférieurs aux Français sur la mer, l'expédition , il faut le
dire, serait simple et facile à faire. Mais, dans cé Cas, je crains
bien que nous ne perdions en même temps une bonne partie
des autres joyaux de notre couronne. Une flotte française nous
attaquerait alors tout aussi facilement en doublant le Cap 1
comme cela est rééllement arrivé au dernier siècle. Que de-
viendraient alors nos colonies, le Cap, l'ile Saint-Maurice, les
iles des Indes occidentales? L'infériorité de notre marine une
seule fois constatée, c'eti est fait de notre position de grande
puissance. Mais, sans cette éalamité, il serait toujours bien
difficile pour une expédition ennemie de pénétrer à travers
les parages difficiles et inhospitaliers de la mer Rouge pour
aller au-devant d'un puissant adversaire.
"Que sont nos forteresses et nos ports sur tous lés points
importants de la Méditerranée autre chose que des sentinelles
avancées prêtes à donner l'alarme et à abriter une flotte tou-
jours disposée à attaquer et à détruire une expédition qui
s'aventurerait dans un but hostile à travers ces eaux V L'île de
Malte est-elle par hasard aveugle pour ne pas voir les prépa-
ratifs qui s'effectueraient à Toulon? Et l'île de Corfou ne lia
soucierait-elle pas des armements qui se prépareraient dans
la mer Adriatique? Je crois done cette appréhension parfaitement
indigrtede la grandeurdenotre pays et de la confiance qu'il doit
avoir dans ses propres forces ; et ce n'est pas en soulevant et etl
laissant subsister des craintes de nature à jeter soudainement
dans une ignoble terreur toutes les protestations d'attache-
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.96%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.96%.
- Collections numériques similaires Thématique : ingénierie, génie civil Thématique : ingénierie, génie civil /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPCthèm02"Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPCcorp11" Corpus : ports et travaux maritimes Corpus : ports et travaux maritimes /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPCcorp16"
- Auteurs similaires Desplaces Ernest Desplaces Ernest /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Desplaces Ernest" or dc.contributor adj "Desplaces Ernest")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 11/32
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k6530630f/f11.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k6530630f/f11.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k6530630f/f11.image
- Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k6530630f
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k6530630f
Facebook
Twitter