Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1857-09-10
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 10 septembre 1857 10 septembre 1857
Description : 1857/09/10 (A2,N30). 1857/09/10 (A2,N30).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6530629s
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/06/2013
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 361
tielle, nous n'aurions pas eu les moyens de raffermir avant
Noël notre faible armée du Bengale; pour le moment, ce dé-
sastre nous servira à être mieux préparés dans l'avenir contre
un accident semblable. La révolte qui vient d'éclater dans les
Indes nous a trouvés au dépourvu à l'égard du point le plus
important, celui de pouvoir envoyer dans ces contrées , sans
éprouver de trop grands retards, un nombre plus considéra-
ble de soldats anglais. Mais serons-nous mieux préparés sous
ce rapport, si une pareille catastrophe nous frappe de nou-
veau? Nous le serons, si nous sommes prudents et prévoyants;
mais, si nous en jugeons par ce que font entrevoir les dis-
cours de lord Palmerston, nous ne le serons pas. Le seul
projet qui nous offre une communication prompte et facile
entre notre pays et les Indes est celui du percement de
l'isthme de Suez par un canal assez large et assez profond
pour donner passage aux grands vapeurs. Les hommes qui
ont sérieusement étudié ce projet nous disent non-seulement
qu'il n'implique pas de difGcultés insurmontables, mais qu'il
peut être même exécuté avec bien plus de facilité que n'en
présente ailleurs ord nairement tout autre ouvrage de la même
grandeur. Néanmoins lord Palmerston s'obstine à lancer
les avertissements les plus sinistres contre ce canal. Nous
avons essayé de comprendre les causes de son opposition ;
mais nous avons échoué complètement. Il dit qu'il le consi-
dère comme une chimère sous le rapport technique, que le
canal ne sera pas rémunératoire comme entreprise commerciale
et qu'il fait naître de graves objections politiques. De ces trois
catégories d'objections, il n'y a que la dernière qui mérite
quelque attention. Si un membre de l'opposition les avait
présentées, il nous aurait fallu discuter également les deux
autres; car, comme il y a des gens qui se croient propres à
tout emploi, à celui d'archevêque de Cantorbéry tout aussi
bien qu'à celui de commandant de la flotte du canal, il est
probable qu'ils s'attendraient à des égards pour leur opinion
émise sur une question qui relève de l'art de l'ingénieur.
Mais nous ignorions toujours que lord Palmerston aussi pré-
tendit à cette universalité de talents ; et c'est pourquoi nous
avons cru devoir passer sous silence, comme un coup à effet
parlementaire, sa condamnation du canal de Suez sous le rapport
technique. Quant aux chances commerciales, il ne les connaît
probablement pas et ne s'en soucie guère. C'est une question
qui ne doit intéresser que les actionnaires de la compagnie
projetée.
L'objection réelle se trouve dans sa dernière observa-
tion , que cette œuvre serait politiquement désavantageuse.
Et pourquoi cela? Évidemment, dans les temps actuels, elle
présente le contraire de tout désavantage pour nous, en ou-
vrant une route directe au transport de nos troupes que nous
avons les raisons les plus urgentes de voir arriver le plus vite
dans l'Inde. Et quel en sera l'effet dans les temps ordinaires?
Le canal nous offrira les mêmes facilités pour notre com-
merce et pour les communications habituelles avec nos im-
portantes possessions dans l'hémisphère méridional. Il faut
être très-ingénieux politique pour découvrir sous quel rapport
politique le canal nous serait désavantageux. Mais lord Pal-
merston a surtout en vue la question orientale. Il dit que
l'intégrité de la Turquie en serait affectée, le canal coupant
la communication avec l'Égypte qui se trouve déjà à moitié
détachée. C'est ainsi que nos gentilshommes campagnards
accusaient autrefois nos chemins de fer de détruire l'intégrité
de leurs propriétés en passant entre leurs viviers et leurs
garennes. Autant que nous en pouvons juger, l'argument est
à peu près de la même force dans l'un et dans l'autre cas.
Les « squires » anglais sont revenus depuis bien longtemps de
leurs préjugés contre les chemins de fer, et ils sont main-
tenant tout aussi désireux de les attirer vers leurs terres qu'ils
s'opposaient, il y a quelques années, à les en laisser appro-
cher à portée de vue. Une fois le canal de Suez exécuté, nous
ne doutons pas que les souverains de la Turquie et de l'Egypte
tomberont d'accord à l'apprécier et à trouver qu'il ne fait
naitre aucune conséquence sérieuse pour amener une sépa-
ration. En effet peut-on supposer un peu raisonnablement que
le passage d'un canal puisse mettre des entraves à l'autorité
d' un gouvernement qui règne des deux côtés de son parcours ?
Ell admettant cet argument, West-Bromwich serait éloigné
d'Oldburg de toute la distance d'un pôle à l'autre, et les
habitants des deux extrémités de Brood-Street à Birmingham
ne sauraient être régis par les policemen habillés du même
uniforme. Le canal projeté ne peut porter atteinte aux inté-
rêts de la Porte que par des raisons que nous ne comprenons
pas. Mais il y a tant de ces points incompréhensibles dans
ce problème oriental, qu'il a mérité le nom de mystère asia-
tique. C'est donc à quelques idées secrètes dont s'entoure le
noble lord dans son cauchemar (on this mares nest) qu'il
faut attribuer cette opposition au canal de Suez. Après les
opinions favorables à ce projet émises par les autorités com-
merciales de ce pays et ailleurs, nous ne craignons pas que
la nation veuille le rejeter pour les admonitions apocryphes
de Son Excellence. Mais nous sommes d'avis que le gouver-
nement devrait encore appuyer le projet, s'il n'y en avait
même pas d'autre raison que la nécessité actuelle d'une route
plus courte de l'Inde. Et si le gouvernement d'aujourd'hui
persiste dans son attitude d'opposition, le peuple devra exiger
enfin d'être mieux éclairé sur les arguments par lesquels on
croit pouvoir justifier cette attitude. Ce serait en effet bien
malheureux pour nous de voir sacrifier nos propres intérêts
à des appréhensions purement visionnaires à l'égard de la
Turquie ou d'un autre pays; et à moins que lord Palmerston
ne puisse opposer des raisons claires et palpables au projet
du canal de Suez, ou qu'il ne soit à même de nous indiquer
une autre route qui remplisse mieux toutes les conditions
exigées, il est de notre devoir de combattre ces tentatives offi-
cielles, consistant à vouloir mettre obstacle à une entreprise
qui nous promet des résultats aussi bienfaisants. n
Nous n'avons rien à ajouter à des réflexions si sen-
sées et si frappantes. Nous espérons que bien des
esprits en Angleterre en sont saisis ainsi que nous, et
l'on dirait vraiment que les déplorables événements de
l'Inde arrivent à point comme un argument irrésistible
pour hâter l'exécution du canal de Suez. Mais lord Pal-
merston prétend résister, Dieu sait sur quels fondements,
à la nécessité même la plus évidente. Si c'est par patrio-
tisme, il faut convenir que dans certains hommes le
patriotisme est bien aveugle.
J. RÉGNIER.
Le Times du 31 août, en parlant du service du transport
des troupes pour l'Inde, publie les renseignements qui
suivent :
« Nous apprenons que la Compagnie européenne et amé-
ricaine de navigation à vapeur, maintenant propriétaire d'une
flotte de navires construits pour le service postal des Indes
par la voie du Cap, sous le nom de Compagnie générale de
bateaux à vapeur à hélice, a fait une proposition au prési-
dent du Bureau des Indes orientales, pour l'établissement
30
tielle, nous n'aurions pas eu les moyens de raffermir avant
Noël notre faible armée du Bengale; pour le moment, ce dé-
sastre nous servira à être mieux préparés dans l'avenir contre
un accident semblable. La révolte qui vient d'éclater dans les
Indes nous a trouvés au dépourvu à l'égard du point le plus
important, celui de pouvoir envoyer dans ces contrées , sans
éprouver de trop grands retards, un nombre plus considéra-
ble de soldats anglais. Mais serons-nous mieux préparés sous
ce rapport, si une pareille catastrophe nous frappe de nou-
veau? Nous le serons, si nous sommes prudents et prévoyants;
mais, si nous en jugeons par ce que font entrevoir les dis-
cours de lord Palmerston, nous ne le serons pas. Le seul
projet qui nous offre une communication prompte et facile
entre notre pays et les Indes est celui du percement de
l'isthme de Suez par un canal assez large et assez profond
pour donner passage aux grands vapeurs. Les hommes qui
ont sérieusement étudié ce projet nous disent non-seulement
qu'il n'implique pas de difGcultés insurmontables, mais qu'il
peut être même exécuté avec bien plus de facilité que n'en
présente ailleurs ord nairement tout autre ouvrage de la même
grandeur. Néanmoins lord Palmerston s'obstine à lancer
les avertissements les plus sinistres contre ce canal. Nous
avons essayé de comprendre les causes de son opposition ;
mais nous avons échoué complètement. Il dit qu'il le consi-
dère comme une chimère sous le rapport technique, que le
canal ne sera pas rémunératoire comme entreprise commerciale
et qu'il fait naître de graves objections politiques. De ces trois
catégories d'objections, il n'y a que la dernière qui mérite
quelque attention. Si un membre de l'opposition les avait
présentées, il nous aurait fallu discuter également les deux
autres; car, comme il y a des gens qui se croient propres à
tout emploi, à celui d'archevêque de Cantorbéry tout aussi
bien qu'à celui de commandant de la flotte du canal, il est
probable qu'ils s'attendraient à des égards pour leur opinion
émise sur une question qui relève de l'art de l'ingénieur.
Mais nous ignorions toujours que lord Palmerston aussi pré-
tendit à cette universalité de talents ; et c'est pourquoi nous
avons cru devoir passer sous silence, comme un coup à effet
parlementaire, sa condamnation du canal de Suez sous le rapport
technique. Quant aux chances commerciales, il ne les connaît
probablement pas et ne s'en soucie guère. C'est une question
qui ne doit intéresser que les actionnaires de la compagnie
projetée.
L'objection réelle se trouve dans sa dernière observa-
tion , que cette œuvre serait politiquement désavantageuse.
Et pourquoi cela? Évidemment, dans les temps actuels, elle
présente le contraire de tout désavantage pour nous, en ou-
vrant une route directe au transport de nos troupes que nous
avons les raisons les plus urgentes de voir arriver le plus vite
dans l'Inde. Et quel en sera l'effet dans les temps ordinaires?
Le canal nous offrira les mêmes facilités pour notre com-
merce et pour les communications habituelles avec nos im-
portantes possessions dans l'hémisphère méridional. Il faut
être très-ingénieux politique pour découvrir sous quel rapport
politique le canal nous serait désavantageux. Mais lord Pal-
merston a surtout en vue la question orientale. Il dit que
l'intégrité de la Turquie en serait affectée, le canal coupant
la communication avec l'Égypte qui se trouve déjà à moitié
détachée. C'est ainsi que nos gentilshommes campagnards
accusaient autrefois nos chemins de fer de détruire l'intégrité
de leurs propriétés en passant entre leurs viviers et leurs
garennes. Autant que nous en pouvons juger, l'argument est
à peu près de la même force dans l'un et dans l'autre cas.
Les « squires » anglais sont revenus depuis bien longtemps de
leurs préjugés contre les chemins de fer, et ils sont main-
tenant tout aussi désireux de les attirer vers leurs terres qu'ils
s'opposaient, il y a quelques années, à les en laisser appro-
cher à portée de vue. Une fois le canal de Suez exécuté, nous
ne doutons pas que les souverains de la Turquie et de l'Egypte
tomberont d'accord à l'apprécier et à trouver qu'il ne fait
naitre aucune conséquence sérieuse pour amener une sépa-
ration. En effet peut-on supposer un peu raisonnablement que
le passage d'un canal puisse mettre des entraves à l'autorité
d' un gouvernement qui règne des deux côtés de son parcours ?
Ell admettant cet argument, West-Bromwich serait éloigné
d'Oldburg de toute la distance d'un pôle à l'autre, et les
habitants des deux extrémités de Brood-Street à Birmingham
ne sauraient être régis par les policemen habillés du même
uniforme. Le canal projeté ne peut porter atteinte aux inté-
rêts de la Porte que par des raisons que nous ne comprenons
pas. Mais il y a tant de ces points incompréhensibles dans
ce problème oriental, qu'il a mérité le nom de mystère asia-
tique. C'est donc à quelques idées secrètes dont s'entoure le
noble lord dans son cauchemar (on this mares nest) qu'il
faut attribuer cette opposition au canal de Suez. Après les
opinions favorables à ce projet émises par les autorités com-
merciales de ce pays et ailleurs, nous ne craignons pas que
la nation veuille le rejeter pour les admonitions apocryphes
de Son Excellence. Mais nous sommes d'avis que le gouver-
nement devrait encore appuyer le projet, s'il n'y en avait
même pas d'autre raison que la nécessité actuelle d'une route
plus courte de l'Inde. Et si le gouvernement d'aujourd'hui
persiste dans son attitude d'opposition, le peuple devra exiger
enfin d'être mieux éclairé sur les arguments par lesquels on
croit pouvoir justifier cette attitude. Ce serait en effet bien
malheureux pour nous de voir sacrifier nos propres intérêts
à des appréhensions purement visionnaires à l'égard de la
Turquie ou d'un autre pays; et à moins que lord Palmerston
ne puisse opposer des raisons claires et palpables au projet
du canal de Suez, ou qu'il ne soit à même de nous indiquer
une autre route qui remplisse mieux toutes les conditions
exigées, il est de notre devoir de combattre ces tentatives offi-
cielles, consistant à vouloir mettre obstacle à une entreprise
qui nous promet des résultats aussi bienfaisants. n
Nous n'avons rien à ajouter à des réflexions si sen-
sées et si frappantes. Nous espérons que bien des
esprits en Angleterre en sont saisis ainsi que nous, et
l'on dirait vraiment que les déplorables événements de
l'Inde arrivent à point comme un argument irrésistible
pour hâter l'exécution du canal de Suez. Mais lord Pal-
merston prétend résister, Dieu sait sur quels fondements,
à la nécessité même la plus évidente. Si c'est par patrio-
tisme, il faut convenir que dans certains hommes le
patriotisme est bien aveugle.
J. RÉGNIER.
Le Times du 31 août, en parlant du service du transport
des troupes pour l'Inde, publie les renseignements qui
suivent :
« Nous apprenons que la Compagnie européenne et amé-
ricaine de navigation à vapeur, maintenant propriétaire d'une
flotte de navires construits pour le service postal des Indes
par la voie du Cap, sous le nom de Compagnie générale de
bateaux à vapeur à hélice, a fait une proposition au prési-
dent du Bureau des Indes orientales, pour l'établissement
30
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.96%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.96%.
- Collections numériques similaires Thématique : ingénierie, génie civil Thématique : ingénierie, génie civil /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPCthèm02"Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPCcorp11" Corpus : ports et travaux maritimes Corpus : ports et travaux maritimes /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPCcorp16"
- Auteurs similaires Desplaces Ernest Desplaces Ernest /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Desplaces Ernest" or dc.contributor adj "Desplaces Ernest")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 17/32
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k6530629s/f17.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k6530629s/f17.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k6530629s/f17.image
- Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k6530629s
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k6530629s
Facebook
Twitter