Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1857-08-25
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 25 août 1857 25 août 1857
Description : 1857/08/25 (A2,N29). 1857/08/25 (A2,N29).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6530628c
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/06/2013
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 337
L'INDUSTRIE DU COTON EN ANGLETERRE
ET LE CANAL DE SUEZ.
Nous avons reçu d'un de nos abonnés la lettre suivante,
qui renferme des vues très-justes, et qu'il est bon de
porter à la connaissance du commerce anglais.
« Plusieurs articles insérés dans le Journal de l'isthme de
Suez ont pour but de prouver que le percement de cet isthme
serait aussi avantageux à l'Angleterre qu'aux autres nations;
mais il existe un point de vue spécial, sous lequel cette grande
opération serait non-seulement utile à l'Angleterre, mais
deviendrait pour elle une question vraiment vitale, et sous
lequel elle ne me semble pas avoir été envisagée. Veuillez me
permettre de le développer.
v Nul doute que de toutes les industries que l'Angleterre
cultive avec tant de succès, la plus importante par le nombre
d'ouvriers qu'elle occupe, par les bénéfices qu'elle donne et
par son influence sur le commerce et la navigation est l'in-
dustrie cotonnière. J'oserais même dire que si elle n'est pas la
première cause de la prépondérance commerciale et indus-
trielle de l'Angleterre, elle en est au moins une des prin-
cipales.
r Et cependant cette industrie si lucrative, si importante
dans ses résultats, est assise sur une base peu assurée.
» L'Angleterre retire des Etats-Unis de l'Amérique septen-
trionale les trois quarts, et peut-être les sept huitièmes du
coton qu'elle emploie dans ses manufactures. Les États-Unis,
rivalisant de leur côté avec l'Angleterre, cultivent avec succès
cette même branche d'industrie. Il est bien naturel que par
suite de la proximité des manufactures américaines et des
lieux de production du coton, le filateur américain qui épargne
tous les frais de transport, de commission, etc., et qui, avec
une légère perte de temps, peut se rendre lui-même chez son
voisin le planteur et y faire son choix ; il est bien naturel,
dis-je, que le dateur américain ait un immense avantage sur
le filateur anglais. On peut, surtout après le renchérissement
des frets que nous devons à la guerre d'Orient et qui dure
.encore, évaluer cet avantage de 25 à 30 pour 100, de sorte
que ce qui coûte 100 francs au filateur de Manchester ne
coûte à celui des États-Unis que 70 à 75 fr., et si on ajoute à
cette différence, déjà si sensible, les facilités peut-être moins
connues, mais non moins réelles, que trouve chez son com-
patriote le planteur, le filateur américain dans le choix des
qualités, conditions des payements, etc., etc., on trouvera
qu'en disant plus haut que « l'industrie cotonnière de l'An-
terre est assise sur une base peu assurée, » je suis resté dans
les bornes de la stricte réalité.
« Malgré tous les avantages de la position dans laquelle se
trouve l'industrie cotonnière américaine vis-à-vis de sa rivale
anglaise, le gouvernement américain la protège encore par un
droit d'entrée de 19 à 25 pour 100 ad valorem ( Voy. le message
du président, M. Buchanan, à son entrée en fonctions). Dans
un moment où tous les gouvernements de l'Europe paraissent
s'accorder pour faire tomber les barrières qui gênent le
commerce et proclament la liberté des échanges, je ne discu-
terai point ici si ce moyen est bien ou mal choisi ; mais tou-
jours est-il qu'il indique de la part du gouvernement des
Etats-Unis la volonté bien déterminée de nationaliser cette
industrie et de faire à celle de l'Angleterre la plus formidable
des concurrences.
». On m'objectera sans doute que la chertc de la main-
d'oeuvre s'opposera pendant longtemps encore en Amérique
au développement de l'industrie manufacturière. Cette objec-
tion est juste jusqu'à un certain point; car, qu'on ne s'y
trompe point, la population, aujourd'hui encore assez clair-
semée des Etats-Unis s'accroît de jour en jour avec une rapi-
dité prodigieuse, produite d'abord par les émigrations de
l'Europe, et ensuite par la facilité de la vie sur une terre
vierge d'une rare fécondité. Sans doute l'industrie agricole,
favorisée par cette fécondité et par le bas prix de ces terres,
l'emporte encore sur toutes les autres; mais qui peut nous
garantir la durée de cet état de choses? Ne voyons-nous pas
la consommation du coton s'accroître de jour en jour en
Amérique. La position du filateur américain est trop belle
pour que cet accroissement ait besoin d'être justifié par d'au-
tres causes, et un filateur européen qui pourrait transporter
en Amérique ses machines et ses ouvriers ferait, à mon avis,
une brillante affaire. Sans méconnaître la bonté des machines
anglaises, on ne saurait non plus fermer les yeux sur les pro-
grès rapides que la mécanique fait en Amérique, et je crois
que de ce côté, les Etats-Unis n'ont plus beaucoup à envier à
l'Angleterre.
D Et comme si tous ces moyens de s'emparer de la prépon-
dérance dans l'industrie cotonnière ne su ffisaient pas encore,
comme si la pensée américaine avait besoin d'être traduite
en termes encore plus clairs et plus énergiques, nous lisons
dans le message de M. le président des États-Unis que je viens
de citer, que parmi les objets qu'il recommande le plus spé-
cialement au congrès, figure en première ligne « l'acquisition
d'une roule militaire pour l'océan Pacifique. »
» Il n'est pas difficile de comprendre que cette route militaire,
qui aboutira nécessairement à un port américain sur le même
océan ne servira pas exclusivement au transport des soldats et
des canons; les marchandises y trouveront bien aussi leur
place, et il est évident que le fond de la pensée du président,
en la recommandant, est de faciliter l'exportation de tous les
produits de l'Union américaine pour les îles Philippines, la
Chine, en un mot, pour la partie la plus orientale de l'Asie et
jusqu'à tel degré de longitude qui fera préférer la route de
l'océan Atlantique et du cap de Bonne-Espérance à celle de
la mer Pacifique.
» Quel sera ce degré ? Il variera selon les points du départ
et de la destination. En suivant la ligne habituelle de navi-
gation, et faisant abstraction de l'éventualité des vents et des
courants, nous trouvons les distances suivantes en milles
maritimes :
Par la mer Pacifique, pour Canton Calcutta Bombay.
De Panama. Milles. 9749 11500 12054
Par le Cap de Bonne-Espé-
rance.
De New-York. 13775 12300 12080
De Liverpool. 13056 11490 11360
Par le canal de Suez.
De Liverpool, laissant les
Maldives à l'ouest. 9040 7700 6207
De Liverpool, laissant les
Maldives à l'est 7897
n La simple comparaison de ces distances prouve de quel
avantage sera cette route CI militaire » pour le commerce des
États Unis. Cet avantage, immense pour Canton, réuni à celui
que j'ai signalé plus haut sur l'achat primitif du coton, con-
stitue un privilége exclusif d'importation pour les cotonneries
américaines, pour la Chine, les îles Philippines et pour toute
l'Asie orientale. Il diminue à Calcutta et disparaît à Bombay;
mais celui sur l'achat du coton reste et 11 est point contre-
balancé. On ej*ygle- , doute que les cotonneries améri-
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L'INDUSTRIE DU COTON EN ANGLETERRE
ET LE CANAL DE SUEZ.
Nous avons reçu d'un de nos abonnés la lettre suivante,
qui renferme des vues très-justes, et qu'il est bon de
porter à la connaissance du commerce anglais.
« Plusieurs articles insérés dans le Journal de l'isthme de
Suez ont pour but de prouver que le percement de cet isthme
serait aussi avantageux à l'Angleterre qu'aux autres nations;
mais il existe un point de vue spécial, sous lequel cette grande
opération serait non-seulement utile à l'Angleterre, mais
deviendrait pour elle une question vraiment vitale, et sous
lequel elle ne me semble pas avoir été envisagée. Veuillez me
permettre de le développer.
v Nul doute que de toutes les industries que l'Angleterre
cultive avec tant de succès, la plus importante par le nombre
d'ouvriers qu'elle occupe, par les bénéfices qu'elle donne et
par son influence sur le commerce et la navigation est l'in-
dustrie cotonnière. J'oserais même dire que si elle n'est pas la
première cause de la prépondérance commerciale et indus-
trielle de l'Angleterre, elle en est au moins une des prin-
cipales.
r Et cependant cette industrie si lucrative, si importante
dans ses résultats, est assise sur une base peu assurée.
» L'Angleterre retire des Etats-Unis de l'Amérique septen-
trionale les trois quarts, et peut-être les sept huitièmes du
coton qu'elle emploie dans ses manufactures. Les États-Unis,
rivalisant de leur côté avec l'Angleterre, cultivent avec succès
cette même branche d'industrie. Il est bien naturel que par
suite de la proximité des manufactures américaines et des
lieux de production du coton, le filateur américain qui épargne
tous les frais de transport, de commission, etc., et qui, avec
une légère perte de temps, peut se rendre lui-même chez son
voisin le planteur et y faire son choix ; il est bien naturel,
dis-je, que le dateur américain ait un immense avantage sur
le filateur anglais. On peut, surtout après le renchérissement
des frets que nous devons à la guerre d'Orient et qui dure
.encore, évaluer cet avantage de 25 à 30 pour 100, de sorte
que ce qui coûte 100 francs au filateur de Manchester ne
coûte à celui des États-Unis que 70 à 75 fr., et si on ajoute à
cette différence, déjà si sensible, les facilités peut-être moins
connues, mais non moins réelles, que trouve chez son com-
patriote le planteur, le filateur américain dans le choix des
qualités, conditions des payements, etc., etc., on trouvera
qu'en disant plus haut que « l'industrie cotonnière de l'An-
terre est assise sur une base peu assurée, » je suis resté dans
les bornes de la stricte réalité.
« Malgré tous les avantages de la position dans laquelle se
trouve l'industrie cotonnière américaine vis-à-vis de sa rivale
anglaise, le gouvernement américain la protège encore par un
droit d'entrée de 19 à 25 pour 100 ad valorem ( Voy. le message
du président, M. Buchanan, à son entrée en fonctions). Dans
un moment où tous les gouvernements de l'Europe paraissent
s'accorder pour faire tomber les barrières qui gênent le
commerce et proclament la liberté des échanges, je ne discu-
terai point ici si ce moyen est bien ou mal choisi ; mais tou-
jours est-il qu'il indique de la part du gouvernement des
Etats-Unis la volonté bien déterminée de nationaliser cette
industrie et de faire à celle de l'Angleterre la plus formidable
des concurrences.
». On m'objectera sans doute que la chertc de la main-
d'oeuvre s'opposera pendant longtemps encore en Amérique
au développement de l'industrie manufacturière. Cette objec-
tion est juste jusqu'à un certain point; car, qu'on ne s'y
trompe point, la population, aujourd'hui encore assez clair-
semée des Etats-Unis s'accroît de jour en jour avec une rapi-
dité prodigieuse, produite d'abord par les émigrations de
l'Europe, et ensuite par la facilité de la vie sur une terre
vierge d'une rare fécondité. Sans doute l'industrie agricole,
favorisée par cette fécondité et par le bas prix de ces terres,
l'emporte encore sur toutes les autres; mais qui peut nous
garantir la durée de cet état de choses? Ne voyons-nous pas
la consommation du coton s'accroître de jour en jour en
Amérique. La position du filateur américain est trop belle
pour que cet accroissement ait besoin d'être justifié par d'au-
tres causes, et un filateur européen qui pourrait transporter
en Amérique ses machines et ses ouvriers ferait, à mon avis,
une brillante affaire. Sans méconnaître la bonté des machines
anglaises, on ne saurait non plus fermer les yeux sur les pro-
grès rapides que la mécanique fait en Amérique, et je crois
que de ce côté, les Etats-Unis n'ont plus beaucoup à envier à
l'Angleterre.
D Et comme si tous ces moyens de s'emparer de la prépon-
dérance dans l'industrie cotonnière ne su ffisaient pas encore,
comme si la pensée américaine avait besoin d'être traduite
en termes encore plus clairs et plus énergiques, nous lisons
dans le message de M. le président des États-Unis que je viens
de citer, que parmi les objets qu'il recommande le plus spé-
cialement au congrès, figure en première ligne « l'acquisition
d'une roule militaire pour l'océan Pacifique. »
» Il n'est pas difficile de comprendre que cette route militaire,
qui aboutira nécessairement à un port américain sur le même
océan ne servira pas exclusivement au transport des soldats et
des canons; les marchandises y trouveront bien aussi leur
place, et il est évident que le fond de la pensée du président,
en la recommandant, est de faciliter l'exportation de tous les
produits de l'Union américaine pour les îles Philippines, la
Chine, en un mot, pour la partie la plus orientale de l'Asie et
jusqu'à tel degré de longitude qui fera préférer la route de
l'océan Atlantique et du cap de Bonne-Espérance à celle de
la mer Pacifique.
» Quel sera ce degré ? Il variera selon les points du départ
et de la destination. En suivant la ligne habituelle de navi-
gation, et faisant abstraction de l'éventualité des vents et des
courants, nous trouvons les distances suivantes en milles
maritimes :
Par la mer Pacifique, pour Canton Calcutta Bombay.
De Panama. Milles. 9749 11500 12054
Par le Cap de Bonne-Espé-
rance.
De New-York. 13775 12300 12080
De Liverpool. 13056 11490 11360
Par le canal de Suez.
De Liverpool, laissant les
Maldives à l'ouest. 9040 7700 6207
De Liverpool, laissant les
Maldives à l'est 7897
n La simple comparaison de ces distances prouve de quel
avantage sera cette route CI militaire » pour le commerce des
États Unis. Cet avantage, immense pour Canton, réuni à celui
que j'ai signalé plus haut sur l'achat primitif du coton, con-
stitue un privilége exclusif d'importation pour les cotonneries
américaines, pour la Chine, les îles Philippines et pour toute
l'Asie orientale. Il diminue à Calcutta et disparaît à Bombay;
mais celui sur l'achat du coton reste et 11 est point contre-
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