Presse et revues
24 pages
Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1857-08-25
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 25 août 1857 25 août 1857
Description : 1857/08/25 (A2,N29). 1857/08/25 (A2,N29).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6530628c
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/06/2013
328 L'ISTHME DE SUEZ,
INTÉRÊT DE L'ANGLETERRE
AU PERCEMENT DE L'ISTHME DE SUEZ.
JOURNAUX ANGLAIS.
VAtlas du 1er août rend compte de trois ouvrages que
nos lecteurs connaissent et qui traitent le projet du canal
de Suez :
Inquiry into opinions ete.-L'analyse des meetings
anglais, en anglais.
Routes to the East. By an old Indian.
Lord Palmerston and the Isthmus of Suez. By Daniel
Ad. Lange.
a La situation critique dans laquelle se trouvent actuellement
nos possessions des Indes, dit l'Atlas, prête une importance
pour ainsi dire nationale à tout projet qui tend à nous faciliter
les communications entre l'Angleterre et l'Orient. Justement
à l'heure où nos soldats s'embarquent pour faire le pénible
voyage autour du Cap, on est d'autant plus affligé de ce qu'une
étroite bande de continent rend le voyage dans les Indes de
5,000 lieues plus long qu'il ne serait si la configuration de
notre globe était légèrement modifiée. L'idée du percement de
cette barrière par un canal navigable pour les plus grands
vaisseaux, a été conçue déjà depuis bien longtemps; mais ce
n'est que dans les derniers temps qu'elle a pris une forme
pratique. Les brochures ci-dessus mentionnées se rapportent
toutes les trois à l'idée du canal, et doivent être lues avec un
vif plaisir par tous ceux qui sont intéressés aux affaires ma-
ritimes. Tout le projet se résume ainsi :
» Après avoir obtenu la concession du Vice-roi d'Égypte,
M. de Lesseps est actuellement occupé des arrangements pré-
liminaires pour former une société universelle ayant pour
but la construction d'un canal entre la Méditerranée et la mer
Rouge à travers l'isthme de Suez.
» Au premier aspect, le percement de la bande qui relie
deux grands continents paraît être une œuvre colossale; mais
la facilité de son exécution a été complétement établie par le
rapport d'une commission composée des ingénieurs les plus
célèbres de l'Europe, et d'après l'inspection du terrain même
que le canal doit traverser. Les conclusions unanimes de ces
messieurs, dont les noms seuls sont une garantie suffisante
pour l'exactitude de l'opinion émise, ont établi que le canal
était non-seulement possible-" mais qu'il était même relative-
ment facile à construire.
i Toutefois il est à constater que M. Stephenson, ingénieur
dont nous étions habitués à reconnaître l'autorité, s'est pro-
noncé dans un sens tout à fait opposé. Nous le déplorons
sincèrement pour lui; car nous sommes convaincus que c'est
une grande différence de reconnaître, comme M. Stephenson,
le terrain (c avec le coup d'oeil d'un homme du métier", et de
l'examiner, comme ont fait les membres de la commission, en
procédant avec toutes les ressources de la science aux tra-
vaux sur le niveau des mers et aux expériences du sondage
du sol. Le souvenir seul de ce que son père a souffert par le
mot •< impossibilité d'exécution D (infeasibility) aurait dû con-
tenir le discours irréfléchi de M. Stephenson.
» Nous ne pensons pas que les objections politiques que
lord Palmerston a exposées si crûment quelques jours aupa-
ravant, produisent un grand effet sur un peuple sensé. L'idée
de représenter l'Angleterre, qui s'était enorgueillie si long-
temps de la domination des flots, effrayée de l'accès prompt
et facile aux Indes qu'auraient par le canal les autres puis-
sances, n'est pas même dans le caractère du noble lord qui fait
ordinairement du courage anglais (british pluck) un de ses
plus forts arguments. Que sont donc devenues toutes ces
grandes idées de l'alliance française et de l'amitié éternelle
pour le pays voisin que lord Palmerston aimait tant à étaler?
n Sans entrer plus avant dans cette matière, nous nous
bornons à ajouter que la question de la canalisation de
l'isthme de Suez est d'une grande importance, non-seulement
pour l'Angleterre, mais pour la civilisation en général; et,
sous ce rapport, elle mérite un examen loyal et consciencieux.
De le classer parmi les bubble schemes, comme lord Pal-
merston a fait, ce n'est sùrement pas là la manière de traiter
un projet qui a obtenu l'approbation de tant de corporations
scientifiques et mercantiles. »
Nous trouvons dans le London commercial Record
du 31 juillet l'annonce de la brochure de M. Ferdinand
de Lesseps (Inquiry into the opinions of the commer-
cial Classes of Great Britain on the Suez ship canal).
Après avoir indiqué sommairement les parties essen-
tielles de ce petit recueil, le journal ajoute :
w Tel a été le résultat de la visite de M. de Lesseps dans
notre pays : un accueil chaleureux, un auditoire empressé et
attentif, et l'assentiment unanime en faveur de son projet.
» Le rapport de la Commission internationale a écarté vic-
torieusement les objections les plus minutieuses et tous les
préjugés qui existaient contre l'exécution du canal; et un
grand nombre de faits nouveaux et remarquables se sont
produits pendant l'agitation de cette question, qui ne servent
qu'à prouver davantage que ce projet, à part toutes les autres
considérations, doit nécessairement tourner au profit de tous
ceux qui y participeront.
» L'opinion isolée et non prouvée de M. Stephenson n'est
d'aucun poids contre l'autorité et le talent des ingénieurs qui
sont membres de la Commission internationale, et cette opi-
nion est d'autant moins admissible, que M. Stephenson est
ou a été l'auteur de quelque plan chimérique d'un chemin de
fer, plan non moins remarquable par son absurdité et son
impraticabilité que par la profonde ignorance de la géogra-
phie des contrées que la ligne doit traverser.
n Il ne faut pas s'étonner que lord Palmerston s'oppose
au projet de ce canal. Ce n'est là que la dernière faible lueur
de la politique des temps passés. Et son esprit, quelque
Taste et élevé qu'il soit sous certains rapports, ne peut com-
prendre que la grandeur et la gloire de notre pays dé-
pendent uniquement aujourd'hui de l'expansion naturelle du
commerce, des facilités croissantes du transit et des moyens
perfectionnés des relations sociales entre les différentes na-
tions. Il ne peut voir que le moment doit arriver où les inté-
rêts de l'Inde, si tristement négligés jusqu'à ce jour, seront
mis en avant, et qu'aujourd'hui le commerce, comme question
purement financière et comme affaire politique, doit toujours
occuper le premier rang dans les considérations d'un homme
d'État. Car, en effet, la véritable politique de la Grande-
Bretagne est désormais inséparable de ses rapports mercan-
tiles, et aucune politique ne saurait être bonne, qui a pour
but de restreindre de quelque côté que ce soit l'expansion
naturelle du commerce. Son Excellence serait aveugle si elle
voulait méconnaître ces tendances signalées de nos jours, si
elle voulait s'obstiner à supposer que les Indes doivent tou-
jours rester ce qu'elles sont, un pays parfaitement isolé du
-monde civilisé, un sol d'une fertilité prodigieuse, mais qui
-n'est cultivé qu'en partie, un peuple bien disposé et labo-
INTÉRÊT DE L'ANGLETERRE
AU PERCEMENT DE L'ISTHME DE SUEZ.
JOURNAUX ANGLAIS.
VAtlas du 1er août rend compte de trois ouvrages que
nos lecteurs connaissent et qui traitent le projet du canal
de Suez :
Inquiry into opinions ete.-L'analyse des meetings
anglais, en anglais.
Routes to the East. By an old Indian.
Lord Palmerston and the Isthmus of Suez. By Daniel
Ad. Lange.
a La situation critique dans laquelle se trouvent actuellement
nos possessions des Indes, dit l'Atlas, prête une importance
pour ainsi dire nationale à tout projet qui tend à nous faciliter
les communications entre l'Angleterre et l'Orient. Justement
à l'heure où nos soldats s'embarquent pour faire le pénible
voyage autour du Cap, on est d'autant plus affligé de ce qu'une
étroite bande de continent rend le voyage dans les Indes de
5,000 lieues plus long qu'il ne serait si la configuration de
notre globe était légèrement modifiée. L'idée du percement de
cette barrière par un canal navigable pour les plus grands
vaisseaux, a été conçue déjà depuis bien longtemps; mais ce
n'est que dans les derniers temps qu'elle a pris une forme
pratique. Les brochures ci-dessus mentionnées se rapportent
toutes les trois à l'idée du canal, et doivent être lues avec un
vif plaisir par tous ceux qui sont intéressés aux affaires ma-
ritimes. Tout le projet se résume ainsi :
» Après avoir obtenu la concession du Vice-roi d'Égypte,
M. de Lesseps est actuellement occupé des arrangements pré-
liminaires pour former une société universelle ayant pour
but la construction d'un canal entre la Méditerranée et la mer
Rouge à travers l'isthme de Suez.
» Au premier aspect, le percement de la bande qui relie
deux grands continents paraît être une œuvre colossale; mais
la facilité de son exécution a été complétement établie par le
rapport d'une commission composée des ingénieurs les plus
célèbres de l'Europe, et d'après l'inspection du terrain même
que le canal doit traverser. Les conclusions unanimes de ces
messieurs, dont les noms seuls sont une garantie suffisante
pour l'exactitude de l'opinion émise, ont établi que le canal
était non-seulement possible-" mais qu'il était même relative-
ment facile à construire.
i Toutefois il est à constater que M. Stephenson, ingénieur
dont nous étions habitués à reconnaître l'autorité, s'est pro-
noncé dans un sens tout à fait opposé. Nous le déplorons
sincèrement pour lui; car nous sommes convaincus que c'est
une grande différence de reconnaître, comme M. Stephenson,
le terrain (c avec le coup d'oeil d'un homme du métier", et de
l'examiner, comme ont fait les membres de la commission, en
procédant avec toutes les ressources de la science aux tra-
vaux sur le niveau des mers et aux expériences du sondage
du sol. Le souvenir seul de ce que son père a souffert par le
mot •< impossibilité d'exécution D (infeasibility) aurait dû con-
tenir le discours irréfléchi de M. Stephenson.
» Nous ne pensons pas que les objections politiques que
lord Palmerston a exposées si crûment quelques jours aupa-
ravant, produisent un grand effet sur un peuple sensé. L'idée
de représenter l'Angleterre, qui s'était enorgueillie si long-
temps de la domination des flots, effrayée de l'accès prompt
et facile aux Indes qu'auraient par le canal les autres puis-
sances, n'est pas même dans le caractère du noble lord qui fait
ordinairement du courage anglais (british pluck) un de ses
plus forts arguments. Que sont donc devenues toutes ces
grandes idées de l'alliance française et de l'amitié éternelle
pour le pays voisin que lord Palmerston aimait tant à étaler?
n Sans entrer plus avant dans cette matière, nous nous
bornons à ajouter que la question de la canalisation de
l'isthme de Suez est d'une grande importance, non-seulement
pour l'Angleterre, mais pour la civilisation en général; et,
sous ce rapport, elle mérite un examen loyal et consciencieux.
De le classer parmi les bubble schemes, comme lord Pal-
merston a fait, ce n'est sùrement pas là la manière de traiter
un projet qui a obtenu l'approbation de tant de corporations
scientifiques et mercantiles. »
Nous trouvons dans le London commercial Record
du 31 juillet l'annonce de la brochure de M. Ferdinand
de Lesseps (Inquiry into the opinions of the commer-
cial Classes of Great Britain on the Suez ship canal).
Après avoir indiqué sommairement les parties essen-
tielles de ce petit recueil, le journal ajoute :
w Tel a été le résultat de la visite de M. de Lesseps dans
notre pays : un accueil chaleureux, un auditoire empressé et
attentif, et l'assentiment unanime en faveur de son projet.
» Le rapport de la Commission internationale a écarté vic-
torieusement les objections les plus minutieuses et tous les
préjugés qui existaient contre l'exécution du canal; et un
grand nombre de faits nouveaux et remarquables se sont
produits pendant l'agitation de cette question, qui ne servent
qu'à prouver davantage que ce projet, à part toutes les autres
considérations, doit nécessairement tourner au profit de tous
ceux qui y participeront.
» L'opinion isolée et non prouvée de M. Stephenson n'est
d'aucun poids contre l'autorité et le talent des ingénieurs qui
sont membres de la Commission internationale, et cette opi-
nion est d'autant moins admissible, que M. Stephenson est
ou a été l'auteur de quelque plan chimérique d'un chemin de
fer, plan non moins remarquable par son absurdité et son
impraticabilité que par la profonde ignorance de la géogra-
phie des contrées que la ligne doit traverser.
n Il ne faut pas s'étonner que lord Palmerston s'oppose
au projet de ce canal. Ce n'est là que la dernière faible lueur
de la politique des temps passés. Et son esprit, quelque
Taste et élevé qu'il soit sous certains rapports, ne peut com-
prendre que la grandeur et la gloire de notre pays dé-
pendent uniquement aujourd'hui de l'expansion naturelle du
commerce, des facilités croissantes du transit et des moyens
perfectionnés des relations sociales entre les différentes na-
tions. Il ne peut voir que le moment doit arriver où les inté-
rêts de l'Inde, si tristement négligés jusqu'à ce jour, seront
mis en avant, et qu'aujourd'hui le commerce, comme question
purement financière et comme affaire politique, doit toujours
occuper le premier rang dans les considérations d'un homme
d'État. Car, en effet, la véritable politique de la Grande-
Bretagne est désormais inséparable de ses rapports mercan-
tiles, et aucune politique ne saurait être bonne, qui a pour
but de restreindre de quelque côté que ce soit l'expansion
naturelle du commerce. Son Excellence serait aveugle si elle
voulait méconnaître ces tendances signalées de nos jours, si
elle voulait s'obstiner à supposer que les Indes doivent tou-
jours rester ce qu'elles sont, un pays parfaitement isolé du
-monde civilisé, un sol d'une fertilité prodigieuse, mais qui
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