Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1857-08-25
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 25 août 1857 25 août 1857
Description : 1857/08/25 (A2,N29). 1857/08/25 (A2,N29).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6530628c
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/06/2013
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 323
néanmoins que l'Angleterre ne doit pas manifester une jalousie
déraisonnable contre l'exécution du canal de Suez.
Lord PALMERSTON a pris la parole après M. Griffith; et après
avoir repoussé énergiquement toute idée d'une garantie ou
d'une subvention accordée par l'Etat au chemin de fer de
l'Euphrate, il répond à M. Gladstone sur la question des
Principautés Danubiennes; puis, arrivant à la question du
canal de Suez, il dit :
« Mon très-honorable ami a introduit de nouveau la ques-
tion tant débattue du canal de Suez. Je ne doute pas qu'une
bonne partie de cette éloquence persuasive que l'on dépense
maintenant dans nos grandes cités commerçantes pour gagner
la nation au projet qu'il recommande, n'ait exercé une très-
vive influence sur mon honorable ami.
» Il y a peu de temps que l'on m'a demandé l'opinion du
gouvernement sur ce projet. J'ai répondu comme il semblait
de mon devoir de le faire, tout en parlant comme un profane
.qui n'est pas du métier, que je considère ce projet comme
physiquement chimérique ; que commercialement je ne crois
pas qu'il soit rémunératoire, et qu'enfin j'y trouve de très-fortes
objections politiques. J'ai toujours vivement soutenu ces objec-
tions depuis quinze ans à Constantinople; mais l'objection
principale sur laquelle se fonde notre opposition, est que
nous y voyons un premier pas pour séparer l'Egypte "de la
Turquie, et qu'ainsi ce serait affaiblir l'Empire Turc, que
l'Europe vient de maintenir au prix d'une guerre de trois ans.
Mon très-honorable ami pense qu'il serait très-inconvenant au
gouvernement anglais de s'opposer à un projet que les autres
contrées n'ont approuvé que parce qu'elles le regardent comme
funeste aux intérêts britanniques. Je lui demande la permission
de n'être pas d'accord avec lui sur ce principe. Il me semble
que quand le gouvernement anglais est d'avis qu'un projet est
contraire aux intérêts anglais, il est de son devoir de s'y oppo-
ser, bien que cette opposition puisse contrarier les vues poli-
tiques ou commerciales des autres nations. Le premier devoir
du gouvernement est de songer aux intérêts du pays ; et si ces
intérêts sont en conflit avec un projet qu'on propose, ce serait
manquer au devoir que de sacrifier les intérêts de l'Angleterre
pour satisfaire les intérêts ou les fantaisies de tout autre pou-
voir. Le motif principal, et le seul que nous ayons fait valoir
auprès du gouvernement turc pour ne pas accepter le plan
proposé, ce n'est pas le dommage causé à l'Angleterre, mais
le dommage de la Turquie, le danger de porter atteinte à
l'intégrité de l'Empire Ottoman. Par conséquent, lorsque
l'apôtre du canal de Suez s'en va prêcher dans toute l'An-
gleterre pour induire les capitalistes anglais à lui donner les
moyens qu'il n'a pu obtenir dans le reste du monde pour
construire le canal, il ne me semble pas que je fais mal
d'expliquer aux capitalistes anglais qu'en mettant leur ar-
gent dans une telle entreprise, ils aideraient un projet qui est
gros de dangers pour les intérêts de l'Angleterre elle-même.
(Écoutez, écoutez!)
Comment qualifier l'obstination de lord Palmerston
à répéter que M. Ferd. de Lesseps demande l'argent des
capitalistes anglais, quand M. Ferd. de Lesseps a fait
une déclaration contraire dans vingt meetings publics ?
C'est aux honnêtes gens de juger de tels procédés de la
part du Premier Ministre. Nous les avons déjà signalés
à la conscience publique.
ERNEST DESPLACES.
LA COMMISSION INTERNATIONALE
ET M. L'INGÉNIEUR STEPHENSON.
Observations sur le discours prononcé par M. Stephenson,
ingénieur, dans la Chambre des Communes (séance du
25 juillet 1857).
Les discours prononcés sur le percement de l'isthme
de Suez, dans la Chambre des Communes d'Angleterre,
par lord Palmerston et par M. Stephenson, ont eu un
très-grand retentissement. La presse en a déjà fait jus-
tice, sous le point de vue politique, non pas seulement
en Angleterre et en France, mais dans l'Europe en-
tière.
Nous n'apprécierons ces discours que sous le point de
vue technique. Quelque grande que puisse être l'admi-
ration qu'inspire lord Palmerston comme homme d'État,
nous ne croyons pas, et il ne le prétendra pas lui-même,
que son opinion fasse autorité dans la solution des ques-
tions scientifiques appartenant aux études spéciales de
l'ingénieur. Mais ses idées ont trouvé un appui auprès
de M. Stephenson, qui jouit comme ingénieur d'une
incontestable célébrité. Nous attachons donc la plus
grande importance à les réfuter, afin que la question
soit bien discutée, et que les hommes impartiaux puis-
sent prononcer leur jugement en pleine connaissance
de cause.
Quelle n'a pas été notre surprise en trouvant dans le
discours de M. Stephenson tant d'erreurs historiques ei
de fausses déductions techniques ou économiques! Notre
première pensée a été de douter de la fidélité du journal
où nous avions lu le compte rendu de la séance du Par-
lement ; mais nous nous sommes assurés que le compte
rendu du Times devait être considéré comme authen-
tique.
M. Stephenson commence par fixer à l'année 1802
l'expédition française en Égypte, sous la conduite du
général Bonaparte; puis il parle des travaux des ingé-
nieurs attachés à cette expédition, qui signalèrent une
différence de dix mètres entre le niveau des deux mers;
et il paraît croire que c'est seulement alors, c'est-à-
dire, comme il l'énonce, depuis environ cinquante ans
qu'on aurait vu surgir l'opinion relative à cette grande
différence de niveau. Après ces assertions, M. Ste-
phenson attribue à des études faites par lui la décou-
verte que cette prétendue différence de niveau n'a
aucune réalité ; il ajoute , enfin, que c'est par ce motif
qu'on aurait renoncé à rouvrir le canal des Ptolémées,
qu'il s'imagine avoir été tracé directement de l'une à
l'autre mer. Selon M. Stephenson, il ne serait plus pos-
sible d'entretenir dans ce canal la profondeur nécessaire
à la navigation, dès qu'on ne devrait plus compter sur
la différence de niveau trouvée par les ingénieurs de
l'expédition française.
Or, ce sont là tout autant d'erreurs qui prouvent que
M. Stephenson n'a pas apporté à l'étude technique de la
question toute l'attention qu'elle mérite.
Ainsi d'abord, l'opinion suivant laquelle il y aurait
néanmoins que l'Angleterre ne doit pas manifester une jalousie
déraisonnable contre l'exécution du canal de Suez.
Lord PALMERSTON a pris la parole après M. Griffith; et après
avoir repoussé énergiquement toute idée d'une garantie ou
d'une subvention accordée par l'Etat au chemin de fer de
l'Euphrate, il répond à M. Gladstone sur la question des
Principautés Danubiennes; puis, arrivant à la question du
canal de Suez, il dit :
« Mon très-honorable ami a introduit de nouveau la ques-
tion tant débattue du canal de Suez. Je ne doute pas qu'une
bonne partie de cette éloquence persuasive que l'on dépense
maintenant dans nos grandes cités commerçantes pour gagner
la nation au projet qu'il recommande, n'ait exercé une très-
vive influence sur mon honorable ami.
» Il y a peu de temps que l'on m'a demandé l'opinion du
gouvernement sur ce projet. J'ai répondu comme il semblait
de mon devoir de le faire, tout en parlant comme un profane
.qui n'est pas du métier, que je considère ce projet comme
physiquement chimérique ; que commercialement je ne crois
pas qu'il soit rémunératoire, et qu'enfin j'y trouve de très-fortes
objections politiques. J'ai toujours vivement soutenu ces objec-
tions depuis quinze ans à Constantinople; mais l'objection
principale sur laquelle se fonde notre opposition, est que
nous y voyons un premier pas pour séparer l'Egypte "de la
Turquie, et qu'ainsi ce serait affaiblir l'Empire Turc, que
l'Europe vient de maintenir au prix d'une guerre de trois ans.
Mon très-honorable ami pense qu'il serait très-inconvenant au
gouvernement anglais de s'opposer à un projet que les autres
contrées n'ont approuvé que parce qu'elles le regardent comme
funeste aux intérêts britanniques. Je lui demande la permission
de n'être pas d'accord avec lui sur ce principe. Il me semble
que quand le gouvernement anglais est d'avis qu'un projet est
contraire aux intérêts anglais, il est de son devoir de s'y oppo-
ser, bien que cette opposition puisse contrarier les vues poli-
tiques ou commerciales des autres nations. Le premier devoir
du gouvernement est de songer aux intérêts du pays ; et si ces
intérêts sont en conflit avec un projet qu'on propose, ce serait
manquer au devoir que de sacrifier les intérêts de l'Angleterre
pour satisfaire les intérêts ou les fantaisies de tout autre pou-
voir. Le motif principal, et le seul que nous ayons fait valoir
auprès du gouvernement turc pour ne pas accepter le plan
proposé, ce n'est pas le dommage causé à l'Angleterre, mais
le dommage de la Turquie, le danger de porter atteinte à
l'intégrité de l'Empire Ottoman. Par conséquent, lorsque
l'apôtre du canal de Suez s'en va prêcher dans toute l'An-
gleterre pour induire les capitalistes anglais à lui donner les
moyens qu'il n'a pu obtenir dans le reste du monde pour
construire le canal, il ne me semble pas que je fais mal
d'expliquer aux capitalistes anglais qu'en mettant leur ar-
gent dans une telle entreprise, ils aideraient un projet qui est
gros de dangers pour les intérêts de l'Angleterre elle-même.
(Écoutez, écoutez!)
Comment qualifier l'obstination de lord Palmerston
à répéter que M. Ferd. de Lesseps demande l'argent des
capitalistes anglais, quand M. Ferd. de Lesseps a fait
une déclaration contraire dans vingt meetings publics ?
C'est aux honnêtes gens de juger de tels procédés de la
part du Premier Ministre. Nous les avons déjà signalés
à la conscience publique.
ERNEST DESPLACES.
LA COMMISSION INTERNATIONALE
ET M. L'INGÉNIEUR STEPHENSON.
Observations sur le discours prononcé par M. Stephenson,
ingénieur, dans la Chambre des Communes (séance du
25 juillet 1857).
Les discours prononcés sur le percement de l'isthme
de Suez, dans la Chambre des Communes d'Angleterre,
par lord Palmerston et par M. Stephenson, ont eu un
très-grand retentissement. La presse en a déjà fait jus-
tice, sous le point de vue politique, non pas seulement
en Angleterre et en France, mais dans l'Europe en-
tière.
Nous n'apprécierons ces discours que sous le point de
vue technique. Quelque grande que puisse être l'admi-
ration qu'inspire lord Palmerston comme homme d'État,
nous ne croyons pas, et il ne le prétendra pas lui-même,
que son opinion fasse autorité dans la solution des ques-
tions scientifiques appartenant aux études spéciales de
l'ingénieur. Mais ses idées ont trouvé un appui auprès
de M. Stephenson, qui jouit comme ingénieur d'une
incontestable célébrité. Nous attachons donc la plus
grande importance à les réfuter, afin que la question
soit bien discutée, et que les hommes impartiaux puis-
sent prononcer leur jugement en pleine connaissance
de cause.
Quelle n'a pas été notre surprise en trouvant dans le
discours de M. Stephenson tant d'erreurs historiques ei
de fausses déductions techniques ou économiques! Notre
première pensée a été de douter de la fidélité du journal
où nous avions lu le compte rendu de la séance du Par-
lement ; mais nous nous sommes assurés que le compte
rendu du Times devait être considéré comme authen-
tique.
M. Stephenson commence par fixer à l'année 1802
l'expédition française en Égypte, sous la conduite du
général Bonaparte; puis il parle des travaux des ingé-
nieurs attachés à cette expédition, qui signalèrent une
différence de dix mètres entre le niveau des deux mers;
et il paraît croire que c'est seulement alors, c'est-à-
dire, comme il l'énonce, depuis environ cinquante ans
qu'on aurait vu surgir l'opinion relative à cette grande
différence de niveau. Après ces assertions, M. Ste-
phenson attribue à des études faites par lui la décou-
verte que cette prétendue différence de niveau n'a
aucune réalité ; il ajoute , enfin, que c'est par ce motif
qu'on aurait renoncé à rouvrir le canal des Ptolémées,
qu'il s'imagine avoir été tracé directement de l'une à
l'autre mer. Selon M. Stephenson, il ne serait plus pos-
sible d'entretenir dans ce canal la profondeur nécessaire
à la navigation, dès qu'on ne devrait plus compter sur
la différence de niveau trouvée par les ingénieurs de
l'expédition française.
Or, ce sont là tout autant d'erreurs qui prouvent que
M. Stephenson n'a pas apporté à l'étude technique de la
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