Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1857-08-10
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 10 août 1857 10 août 1857
Description : 1857/08/10 (A2,N28). 1857/08/10 (A2,N28).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6530627z
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/06/2013
292 L'ISTHME DE SUEZ,
« La question du canal de Suez a été traitée dans la
Chambre des Communes le 7 juillet courant, lorsque, en ré-
ponse aux interpellations de M. Berkeley, lord Palmerston a
fait les déclarations qu'on sait.
» Nous pensons humblement qu'en prononçant cette féroce
diatribe, lord Palmerston a abusé de sa position. On n'a pas
besoin d'être premier ministre pour être en état de juger une
spéculation commerciale, ou même une question de politique.
Il n'y a pas un marchand à la Bourse de Londres ou de Liver-
pool qui ne soit aussi compétent que lord Palmerston
pour hasarder une opinion à ce sujet. Nous avons déjà vu que
la route de l'Overland, qui probablement est à présent le seul
moyen qui nous mette en état de conserver nos possessions de
l'Inde, a rencontré d'époque en époque l'opposition des com-
missions parlementaires et des gouvernements du jour. Si
chaque grande amélioration devait être suspendue jusqu'à ce
qu'elle fût proposée ou sanctionnée par l'autorité officielle, le
monde s'arrêterait dans sa marche, ou il rétrograderait. Même
notre système de chemins de fer a été pendant longtemps
repoussé par notre législature, sous prétexte que quelque
locomotive trop vive pourrait écraser une vache! Les capita-
listes de ce pays et des autres pays peuvent parfaitement se
protéger eux-mêmes contre des It projets d'allrape JI, sans
l'assistance de financiers de l'école Palmerston. Nous pourrions
opposer à l'opinion de Sa Seigneurie celle d'un de nos con-
frères les plus capables, de Londres, qui pense avec
nous que le projet de percer l'isthme de Suez devrait être
exécuté, et que nous ne devrions pas, par des craintes sans
motifs pour l'intégrité territoriale de la Turquie, ou encore
moins par des jalousies sans fondement contre la rivalité mer-
cantile de la France, nous laisser détourner de prendre part
à une entreprise dont l'achèvement serait un avantage si im-
portant pour le commerce. C'est au moins une légèreté, sinon
une cruauté volontaire, chez un homme ayant la position
élevée de lord Palmerston , de chercher à écraser, pour en
faire chère-lie, les espérances et les vœux d'hommes qui ont
sacrifié une vie de fatigues et d'efforts pour réaliser un grand
progrès cosmopolite. Nous croyons que c'est une honte pour
la science et l'esprit entreprenant de l'époque actuelle que les
isthmes de Suez et de Panama restent encore fermés. Les deux
grands continents de l'Amérique dans l'hémisphère occiden-
tal, et ceux de l'Asie et de l'Afrique dans l'Orient, ont
été séparés seulement par la main de la nature, laissant à
l'intelligence de l' homme le soin d'y mettre la dernière main.
Si cela était réalisé, Yoceanus dissociabilis des anciens poëtes
serait enfin placé dans les régions de la fiction. Il faut seule-
ment cette légère séparation ombilicale pour aider un vieux
monde à en enfanter un nouveau. Nous apprenons que la
déclaration de lord Palmerston dans la Chambre des Com-
munes cause beaucoup de mécontentement aux journaux de
Paris. Le Constitutionnel et les Débats contiennent des articles
à ce sujet, dans lesquels l'opposition du gouvernement anglais
est considérée seulement comme un obstacle temporaire, des-
tiné à tomber devant les assauts de l'opinion publique en An-
gleterre. Le Constitutionnel, en parlant de la déclaration de
lord Palmerston, dit : le Excellente déclaration, etc., etc. »
» Voilà donc sur ce point le chef du ministère en opposi-
tion avec toutes les Chambres de commerce, toutes les asso-
ciations de marins, d'armateurs, de négociants anglais. Il
Le Morn-ing-Star du 23 juillet reproduit la réponse
du Constitutionnel à la déclaration de lord Palmerston
en ajoutant ces réflexions :
« Il est à craindre que pas un seul journal français ne
tienne un langage très-différent de celui-ci, et l'opinion du
public, sans exception, dans tous les autres pays du conti-
nent, eu ce qui concerne cette question, est telle qu'elle devra
encourager le gouvernement français à cueillir, en laissant
plaider publiquement le projet du canal, des opinions dorées
auprès de tout le monde, tandis que l'Angleterre, avec son
opposition, pour des raisons exclusivement égoïstes contre
une entreprise d'utilité générale, peut bien tre laissée dans
le même isolement où se trouva la Russie lorsque la dernière
guerre éclata. «
Le Railway - Times du 25 juillet publie sous ce
titre : La vieille diplomatie en haleine, un article
que nous traduisons presque en entier :
« Le premier ministre d'Angleterre s'est encore déclaré
contre la participation de ce pays à l'entreprise du canal de
Suez. Le noble lord a eu depuis trente ans une politique à
lui, mais pour laquelle, il faut le dire, il n'a pas fait de
grands sacrifices, ni politiques ni personnels. Le noble lord,
avec une versatilité dont il n'est pas peu fier, est parvenu à
s'accommoder aux exigences des différentes époques de l'his-
toire anglaise; et l'opinion publique est toute préparée à voir
encore une ou plusieurs évolutions d'opinion, si l'occasion se
présente. Ainsi donc, Sa Seigneurie, en déclarant qu'elle
n'était pas encore convertie au sujet d'une communication
plus sûre et plus rapide avec l'Inde et l'Australie, a causé pel\
de surprise. Tout le monde sent et reconnaît que les promo-
teurs du projet n'ont qu'à persévérer, et qu'ils peuvent espérer
de voir lord Palmerston présider à l'inauguration de l'entre-
prise, ou du moins le verront souhaiter un bon voyage au
navire l'Entreprise, quand il quittera la Tamise pour aller
dans l'Inde viâ Suez.
» Pendant ce temps, nous appelons l'attention de nos lec-
teurs sur la réponse sage et modérée que M. de Lesseps a
adressée aux différentes Chambres de commerce de ce pays,
qui ont exprimé leur approbation sur le projet. Le point de
vue général de l'auteur de l'entreprise contraste d'une manière
frappante avec le ton adopté par le premier ministre d'An-
gleterre, et il est certain que cette réponse aura les sympathies
et le respect des différents corps commerciaux auxquels elle
est adressée.
n La communication sur la politique permanente de l'An-
gleterre, par M. Lange, sera lue avec le même empressement
en France, où des aperçus sains de l'opinion anglaise sont
peut-être nécessaires pour faire disparaître la jalousie que
notre premier ministre a le malheur d'éveiller toujours parmi
nos voisins continentaux, chaque fois qu'il parle lui-même
de sa politique.
Il Nous saisirons une prochaine occasion pour revenir sur
tout ce sujet tel qu'il se présente actuellement devant le public
anglais, persuadé que dans celle-ci comme dans toutes autres
grandes entreprises, les Anglais obtiendront l'objet de leurs
vœux. Ils ont les premiers mis un pont sur l'Océan par une
ligne de vapeurs; actuellement ils unissent les continents au
moyen du télégraphe, par leurs propres efforts et sans secours
étrangers. Il n'est donc pas probable qu'une plaisanterie du
ministre du jour empêche les esprits pratiques du pays de
poursuivre un but qu'ils ont résolu de réaliser. Les gens de
ce pays sont habitués à des refus parlementaires. De tels
échecs ont toujours été les aiguillons les plus actifs pour l'ac-
tion résolue; et un tel aiguillon sera sous peu de temps, nous
n'en doutons pas, cette raillerie même du premier ministre
de 1857. n
« La question du canal de Suez a été traitée dans la
Chambre des Communes le 7 juillet courant, lorsque, en ré-
ponse aux interpellations de M. Berkeley, lord Palmerston a
fait les déclarations qu'on sait.
» Nous pensons humblement qu'en prononçant cette féroce
diatribe, lord Palmerston a abusé de sa position. On n'a pas
besoin d'être premier ministre pour être en état de juger une
spéculation commerciale, ou même une question de politique.
Il n'y a pas un marchand à la Bourse de Londres ou de Liver-
pool qui ne soit aussi compétent que lord Palmerston
pour hasarder une opinion à ce sujet. Nous avons déjà vu que
la route de l'Overland, qui probablement est à présent le seul
moyen qui nous mette en état de conserver nos possessions de
l'Inde, a rencontré d'époque en époque l'opposition des com-
missions parlementaires et des gouvernements du jour. Si
chaque grande amélioration devait être suspendue jusqu'à ce
qu'elle fût proposée ou sanctionnée par l'autorité officielle, le
monde s'arrêterait dans sa marche, ou il rétrograderait. Même
notre système de chemins de fer a été pendant longtemps
repoussé par notre législature, sous prétexte que quelque
locomotive trop vive pourrait écraser une vache! Les capita-
listes de ce pays et des autres pays peuvent parfaitement se
protéger eux-mêmes contre des It projets d'allrape JI, sans
l'assistance de financiers de l'école Palmerston. Nous pourrions
opposer à l'opinion de Sa Seigneurie celle d'un de nos con-
frères les plus capables, de Londres, qui pense avec
nous que le projet de percer l'isthme de Suez devrait être
exécuté, et que nous ne devrions pas, par des craintes sans
motifs pour l'intégrité territoriale de la Turquie, ou encore
moins par des jalousies sans fondement contre la rivalité mer-
cantile de la France, nous laisser détourner de prendre part
à une entreprise dont l'achèvement serait un avantage si im-
portant pour le commerce. C'est au moins une légèreté, sinon
une cruauté volontaire, chez un homme ayant la position
élevée de lord Palmerston , de chercher à écraser, pour en
faire chère-lie, les espérances et les vœux d'hommes qui ont
sacrifié une vie de fatigues et d'efforts pour réaliser un grand
progrès cosmopolite. Nous croyons que c'est une honte pour
la science et l'esprit entreprenant de l'époque actuelle que les
isthmes de Suez et de Panama restent encore fermés. Les deux
grands continents de l'Amérique dans l'hémisphère occiden-
tal, et ceux de l'Asie et de l'Afrique dans l'Orient, ont
été séparés seulement par la main de la nature, laissant à
l'intelligence de l' homme le soin d'y mettre la dernière main.
Si cela était réalisé, Yoceanus dissociabilis des anciens poëtes
serait enfin placé dans les régions de la fiction. Il faut seule-
ment cette légère séparation ombilicale pour aider un vieux
monde à en enfanter un nouveau. Nous apprenons que la
déclaration de lord Palmerston dans la Chambre des Com-
munes cause beaucoup de mécontentement aux journaux de
Paris. Le Constitutionnel et les Débats contiennent des articles
à ce sujet, dans lesquels l'opposition du gouvernement anglais
est considérée seulement comme un obstacle temporaire, des-
tiné à tomber devant les assauts de l'opinion publique en An-
gleterre. Le Constitutionnel, en parlant de la déclaration de
lord Palmerston, dit : le Excellente déclaration, etc., etc. »
» Voilà donc sur ce point le chef du ministère en opposi-
tion avec toutes les Chambres de commerce, toutes les asso-
ciations de marins, d'armateurs, de négociants anglais. Il
Le Morn-ing-Star du 23 juillet reproduit la réponse
du Constitutionnel à la déclaration de lord Palmerston
en ajoutant ces réflexions :
« Il est à craindre que pas un seul journal français ne
tienne un langage très-différent de celui-ci, et l'opinion du
public, sans exception, dans tous les autres pays du conti-
nent, eu ce qui concerne cette question, est telle qu'elle devra
encourager le gouvernement français à cueillir, en laissant
plaider publiquement le projet du canal, des opinions dorées
auprès de tout le monde, tandis que l'Angleterre, avec son
opposition, pour des raisons exclusivement égoïstes contre
une entreprise d'utilité générale, peut bien tre laissée dans
le même isolement où se trouva la Russie lorsque la dernière
guerre éclata. «
Le Railway - Times du 25 juillet publie sous ce
titre : La vieille diplomatie en haleine, un article
que nous traduisons presque en entier :
« Le premier ministre d'Angleterre s'est encore déclaré
contre la participation de ce pays à l'entreprise du canal de
Suez. Le noble lord a eu depuis trente ans une politique à
lui, mais pour laquelle, il faut le dire, il n'a pas fait de
grands sacrifices, ni politiques ni personnels. Le noble lord,
avec une versatilité dont il n'est pas peu fier, est parvenu à
s'accommoder aux exigences des différentes époques de l'his-
toire anglaise; et l'opinion publique est toute préparée à voir
encore une ou plusieurs évolutions d'opinion, si l'occasion se
présente. Ainsi donc, Sa Seigneurie, en déclarant qu'elle
n'était pas encore convertie au sujet d'une communication
plus sûre et plus rapide avec l'Inde et l'Australie, a causé pel\
de surprise. Tout le monde sent et reconnaît que les promo-
teurs du projet n'ont qu'à persévérer, et qu'ils peuvent espérer
de voir lord Palmerston présider à l'inauguration de l'entre-
prise, ou du moins le verront souhaiter un bon voyage au
navire l'Entreprise, quand il quittera la Tamise pour aller
dans l'Inde viâ Suez.
» Pendant ce temps, nous appelons l'attention de nos lec-
teurs sur la réponse sage et modérée que M. de Lesseps a
adressée aux différentes Chambres de commerce de ce pays,
qui ont exprimé leur approbation sur le projet. Le point de
vue général de l'auteur de l'entreprise contraste d'une manière
frappante avec le ton adopté par le premier ministre d'An-
gleterre, et il est certain que cette réponse aura les sympathies
et le respect des différents corps commerciaux auxquels elle
est adressée.
n La communication sur la politique permanente de l'An-
gleterre, par M. Lange, sera lue avec le même empressement
en France, où des aperçus sains de l'opinion anglaise sont
peut-être nécessaires pour faire disparaître la jalousie que
notre premier ministre a le malheur d'éveiller toujours parmi
nos voisins continentaux, chaque fois qu'il parle lui-même
de sa politique.
Il Nous saisirons une prochaine occasion pour revenir sur
tout ce sujet tel qu'il se présente actuellement devant le public
anglais, persuadé que dans celle-ci comme dans toutes autres
grandes entreprises, les Anglais obtiendront l'objet de leurs
vœux. Ils ont les premiers mis un pont sur l'Océan par une
ligne de vapeurs; actuellement ils unissent les continents au
moyen du télégraphe, par leurs propres efforts et sans secours
étrangers. Il n'est donc pas probable qu'une plaisanterie du
ministre du jour empêche les esprits pratiques du pays de
poursuivre un but qu'ils ont résolu de réaliser. Les gens de
ce pays sont habitués à des refus parlementaires. De tels
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