Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1857-07-25
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 25 juillet 1857 25 juillet 1857
Description : 1857/07/25 (A2,N27). 1857/07/25 (A2,N27).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6530626j
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/06/2013
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 277
« exercer pour empêcher l'exécution du canal de Suez; que
» c'est un projet qu'on peut, sous le rapport commercial,
» ranger au nombre de ces projets propres àfaire des dupes
n qui, de temps en temps, viennent jeter de la poudre aux
11 yeux des capitalistes gobe-mouches; —qu'il savait, d'après
» une autorité sur laquelle il pouvait compter, que ce plan
a était matériellement inexécutable, si ce n'est au moyen de
» dépenses tellement considérables, que jamais elles ne pour-
» ront être couvertes par les bénéfices; — qu'il croyait et
» désirait que l'honorable gentleman apprendrait aux com-
n mettants qui l'ont envoyé à la Chambre que ceux qui
» aventurent leur argent dans cette entreprise éprouveraient
» une grande déception. »
n Passant des considérations économiques au point de vue
purement politique, lord Palmerston a ajouté « que le projet
» était, au fond, hostile aux intérêts de l'Angleterre et con-
)> traire à sa politique constante à l'égard de ses rapports
s avec la Turquie, politique qui se trouve maintenant consa-
» crée par la guerre et par le traité de Paris ; qu'il croyait
a que le projet en question avait pour but de faciliter davan-
» tage la séparation entre l'Egypte et la Turquie ; qu'il re-
» pose en outre sur la pensée éloignée d'un accès plus facile
» dans les possessions anglaises de l'Inde; qu'il était donc
» étonné que M. de Lesseps comptât si fortement sur la cré-
» dulité des capitalistes anglais, pour croire qu'il réussirait
» à engager leur argent dans une entreprise aussi hostile aux
n intérêts britanniques. » Nous n'avons pas sous les yeux
le reste de la discussion. Mais ce qui précède suffit pour
l'appréciation complète des vues du premier ministre britaïk-
nique relativement à une entreprise dont le monde entier se
préoccupe si vivement et à si juste titre.
r Selon le ministre, cette entreprise, qui doit avoir pour
résultat de faciliter, sous tous les rapports, les communica-
tions avec l'Inde, serait hostile aux véritables intérêts anglais.
En d'autres termes, lord Palmerston voit dans l'ouverture de
la nouvelle route de l'Inde pour les navires de toutes les na-
tions un moyen non pas de développer le commerce de ces
riches contrées et d'y porter les lumières de la civilisation
européenne, en échange des inépuisables produits de leur sol,
mais un acheminement à des invasions et à des expéditions
guerrières qui détruiraient l'œuvre d'un siècle et demi de per-
sévérance et de conquêtes. Il voit arriver à travers l'isthme de
Suez et la mer Rouge tous les aventuriers de l'Europe et des
Etats-Unis, venant renouveler dans le golfe du Bengale et
jusqu'au pied de l'Himâlaya, les tentatives des Walker, des
Krabb et autres flibustiers que les échecs de leurs devanciers
ne sauraient décourager. Mais, ce qui est bien plus grave, les
appréhensions du ministre vont plus loin encore : il ne se
borne pas à redouter des tentatives d'indépendance de la
part du Vice-roi d'Egypte envers le Sultan; il laisse assez
clairement apercevoir qu'il n'est point rassuré quant aux in-
tentions ultérieures des gouvernements européens, et plus
particulièrement du gouvernement dont les flottes pourraient
venir faire échec à celles de l'Angleterre dans les mers de
l'Indo-Chine. Or, ce gouvernement n'est pas autre que celui
de la France.
» Voilà à quelles conséquences on est logiquement con-
duit quand on envisage la résistance obstinée du ministère
anglais contre le projet de passage à travers l'isthme de Suez.
Vainement, depuis quinze ans , et surtout depuis l'abolition
des anciens actes de navigation, toute la législation économique
et commerciale de l'Angleterre a-t-elle été modifiée - de manière
à faciliter l'accès de tous les ports métropolitains et coloniaux
de cette nation aux marines du monde entier; vainement
même toutes facilités ont été décrétées à cet égard sans stipu-
lation de réciprocité ; lord Palmerston n'en déclare pas moins
que c'est agir contre les intérêts anglais qu'ouvrir de nouvelles
routes plus courtes et moins dispendieuses entre les points
extrêmes du globe.
» Il suit donc de là qu'encore bien que les drapeaux de la
France et de l'Angleterre aient été unis dans un but commun,
sur les rives du Bosphore et dans la Crimée, il considérerait
comme une calamité pour l'Angleterre la fréquentation des
côtes de l'Inde, de la Malaisie et de la Chine , par la marine
marchande de nos ports et de ceux de l'Europe et de l'Amé-
rique. En présence de pareilles déductions logiques, que signi-
fient donc les déclarations officielles d'entente cordiale, les
échanges de décorations et de rubans entre les militaires des
armées respectives, les invitations à des entrevues intimes,
dans le moment même où le chef d'un cabinet laisse échapper
des expressions de méfiance pour l'avenir? Nous ne voulons point
discuter ici la question au fond, et examiner ce qu'il y a de
réel dans les critiques contre le projet de percement de l'isthme
de Suez; il a déjà été assez parlé à cet égard par les hommes
les plus compétents. D'ailleurs, personne ne sollicite le con-
cours des capitalistes anglais; ceux-ci souscriront, s'ils le
jugent convenable , des actions de la Compagnie déjà formée
en dehors d'eux, ou persisteront à s'en tenir à l'écart. Mais
nous ne pouvons nous empêcher, en terminant, de recon-
naître la justesse de l'observation du journal anglais le Daily-
News, que la manière cavalière avec laquelle lord Palmerston
repousse le projet de M. de Lesseps peut avoir pour résultat
d'engager le gouvernement français à sortir de la ligne de
neutralité par lui suivie jusqu'à ce jour, et, par conséquent,
de compromettre les relations pacifiques qu'on a mis tant
d'insistance à consolider pendant le cours de ces dernières
années. Le ton du premier ministre anglais, en cette circon-
stance, forme un singulier contraste avec les allures cordiales,
nous pourrions même dire affectueuses, de toutes les réunions
de citoyens anglais auxquelles M. de Lesseps a assisté. Peut-on
considérer lord Palmerston comme le véritable interprète des
sentiments de son pays? Ne serait-il pas temps de reconnaître
que lui et ses deux principaux adhérents, lord Clarendon et
lord Stratlford de Redcliffe, ont fait fausse route? Le main-
tien indéfini de la paix du monde et les avantages qui en
découlent ne valent-ils pas bien la peine d'être achetés au
prix de quelques sacrifices d'amour-propre politique ? -
VISINET. » ei- du Havl'e (9 juillet)
Courrier du Havre (9 juillet) :
LORD PALMERSTOK ET LE CANAL DE SUEZ.
« Une dépêche télégraphique de Londres, que nous avons
publiée hier, nous a fait connaître la déclaration d'hostilité au
projet du canal maritime de Suez faite, au nom du gouver-
nement anglais, par le Premier Lord de la Trésorerie, le vi-
comte Palmerston.
» Il est bon de rappeler qu'il y a quelques semaines,
M. Ferd. de Lesseps, l'infatigable promoteur du percement
de l'isthme de Suez, a fait une tournée en Angleterre pour
provoquer des manifestations de l'opinion publique au sujet
du canal maritime de Suez. La question a été prise en très-
sérieuse considération dans les principaux centres industriels
et commerciaux; et plus de vingt villes de premier ordre,
parmi lesquelles figurent Liverpool et Londres , ont, dans des
meetings nombreux, manifesté une sympathie non équi-
voque en faveur du projet auquel M. de Lesseps a attaché son
nom.
a Il faut que l'impression produite en Angleterre par ces
« exercer pour empêcher l'exécution du canal de Suez; que
» c'est un projet qu'on peut, sous le rapport commercial,
» ranger au nombre de ces projets propres àfaire des dupes
n qui, de temps en temps, viennent jeter de la poudre aux
11 yeux des capitalistes gobe-mouches; —qu'il savait, d'après
» une autorité sur laquelle il pouvait compter, que ce plan
a était matériellement inexécutable, si ce n'est au moyen de
» dépenses tellement considérables, que jamais elles ne pour-
» ront être couvertes par les bénéfices; — qu'il croyait et
» désirait que l'honorable gentleman apprendrait aux com-
n mettants qui l'ont envoyé à la Chambre que ceux qui
» aventurent leur argent dans cette entreprise éprouveraient
» une grande déception. »
n Passant des considérations économiques au point de vue
purement politique, lord Palmerston a ajouté « que le projet
» était, au fond, hostile aux intérêts de l'Angleterre et con-
)> traire à sa politique constante à l'égard de ses rapports
s avec la Turquie, politique qui se trouve maintenant consa-
» crée par la guerre et par le traité de Paris ; qu'il croyait
a que le projet en question avait pour but de faciliter davan-
» tage la séparation entre l'Egypte et la Turquie ; qu'il re-
» pose en outre sur la pensée éloignée d'un accès plus facile
» dans les possessions anglaises de l'Inde; qu'il était donc
» étonné que M. de Lesseps comptât si fortement sur la cré-
» dulité des capitalistes anglais, pour croire qu'il réussirait
» à engager leur argent dans une entreprise aussi hostile aux
n intérêts britanniques. » Nous n'avons pas sous les yeux
le reste de la discussion. Mais ce qui précède suffit pour
l'appréciation complète des vues du premier ministre britaïk-
nique relativement à une entreprise dont le monde entier se
préoccupe si vivement et à si juste titre.
r Selon le ministre, cette entreprise, qui doit avoir pour
résultat de faciliter, sous tous les rapports, les communica-
tions avec l'Inde, serait hostile aux véritables intérêts anglais.
En d'autres termes, lord Palmerston voit dans l'ouverture de
la nouvelle route de l'Inde pour les navires de toutes les na-
tions un moyen non pas de développer le commerce de ces
riches contrées et d'y porter les lumières de la civilisation
européenne, en échange des inépuisables produits de leur sol,
mais un acheminement à des invasions et à des expéditions
guerrières qui détruiraient l'œuvre d'un siècle et demi de per-
sévérance et de conquêtes. Il voit arriver à travers l'isthme de
Suez et la mer Rouge tous les aventuriers de l'Europe et des
Etats-Unis, venant renouveler dans le golfe du Bengale et
jusqu'au pied de l'Himâlaya, les tentatives des Walker, des
Krabb et autres flibustiers que les échecs de leurs devanciers
ne sauraient décourager. Mais, ce qui est bien plus grave, les
appréhensions du ministre vont plus loin encore : il ne se
borne pas à redouter des tentatives d'indépendance de la
part du Vice-roi d'Egypte envers le Sultan; il laisse assez
clairement apercevoir qu'il n'est point rassuré quant aux in-
tentions ultérieures des gouvernements européens, et plus
particulièrement du gouvernement dont les flottes pourraient
venir faire échec à celles de l'Angleterre dans les mers de
l'Indo-Chine. Or, ce gouvernement n'est pas autre que celui
de la France.
» Voilà à quelles conséquences on est logiquement con-
duit quand on envisage la résistance obstinée du ministère
anglais contre le projet de passage à travers l'isthme de Suez.
Vainement, depuis quinze ans , et surtout depuis l'abolition
des anciens actes de navigation, toute la législation économique
et commerciale de l'Angleterre a-t-elle été modifiée - de manière
à faciliter l'accès de tous les ports métropolitains et coloniaux
de cette nation aux marines du monde entier; vainement
même toutes facilités ont été décrétées à cet égard sans stipu-
lation de réciprocité ; lord Palmerston n'en déclare pas moins
que c'est agir contre les intérêts anglais qu'ouvrir de nouvelles
routes plus courtes et moins dispendieuses entre les points
extrêmes du globe.
» Il suit donc de là qu'encore bien que les drapeaux de la
France et de l'Angleterre aient été unis dans un but commun,
sur les rives du Bosphore et dans la Crimée, il considérerait
comme une calamité pour l'Angleterre la fréquentation des
côtes de l'Inde, de la Malaisie et de la Chine , par la marine
marchande de nos ports et de ceux de l'Europe et de l'Amé-
rique. En présence de pareilles déductions logiques, que signi-
fient donc les déclarations officielles d'entente cordiale, les
échanges de décorations et de rubans entre les militaires des
armées respectives, les invitations à des entrevues intimes,
dans le moment même où le chef d'un cabinet laisse échapper
des expressions de méfiance pour l'avenir? Nous ne voulons point
discuter ici la question au fond, et examiner ce qu'il y a de
réel dans les critiques contre le projet de percement de l'isthme
de Suez; il a déjà été assez parlé à cet égard par les hommes
les plus compétents. D'ailleurs, personne ne sollicite le con-
cours des capitalistes anglais; ceux-ci souscriront, s'ils le
jugent convenable , des actions de la Compagnie déjà formée
en dehors d'eux, ou persisteront à s'en tenir à l'écart. Mais
nous ne pouvons nous empêcher, en terminant, de recon-
naître la justesse de l'observation du journal anglais le Daily-
News, que la manière cavalière avec laquelle lord Palmerston
repousse le projet de M. de Lesseps peut avoir pour résultat
d'engager le gouvernement français à sortir de la ligne de
neutralité par lui suivie jusqu'à ce jour, et, par conséquent,
de compromettre les relations pacifiques qu'on a mis tant
d'insistance à consolider pendant le cours de ces dernières
années. Le ton du premier ministre anglais, en cette circon-
stance, forme un singulier contraste avec les allures cordiales,
nous pourrions même dire affectueuses, de toutes les réunions
de citoyens anglais auxquelles M. de Lesseps a assisté. Peut-on
considérer lord Palmerston comme le véritable interprète des
sentiments de son pays? Ne serait-il pas temps de reconnaître
que lui et ses deux principaux adhérents, lord Clarendon et
lord Stratlford de Redcliffe, ont fait fausse route? Le main-
tien indéfini de la paix du monde et les avantages qui en
découlent ne valent-ils pas bien la peine d'être achetés au
prix de quelques sacrifices d'amour-propre politique ? -
VISINET. » ei- du Havl'e (9 juillet)
Courrier du Havre (9 juillet) :
LORD PALMERSTOK ET LE CANAL DE SUEZ.
« Une dépêche télégraphique de Londres, que nous avons
publiée hier, nous a fait connaître la déclaration d'hostilité au
projet du canal maritime de Suez faite, au nom du gouver-
nement anglais, par le Premier Lord de la Trésorerie, le vi-
comte Palmerston.
» Il est bon de rappeler qu'il y a quelques semaines,
M. Ferd. de Lesseps, l'infatigable promoteur du percement
de l'isthme de Suez, a fait une tournée en Angleterre pour
provoquer des manifestations de l'opinion publique au sujet
du canal maritime de Suez. La question a été prise en très-
sérieuse considération dans les principaux centres industriels
et commerciaux; et plus de vingt villes de premier ordre,
parmi lesquelles figurent Liverpool et Londres , ont, dans des
meetings nombreux, manifesté une sympathie non équi-
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