Presse et revues
32 pages
Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1857-07-10
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 10 juillet 1857 10 juillet 1857
Description : 1857/07/10 (A2,N26). 1857/07/10 (A2,N26).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k65306254
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/06/2013
Il
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 945
Les bruits qui avaient couru sur l'insurrection du Soudan
ne se sont heureusement pas confirmés, et tout porte à croire
que rien de fâcheux n'est arrivé dans ce pays.
La Compagnie du canal maritime de Suez vient encore de
faire une perte regrettable en la personne de M. l'ingénieur
de Gottwa, qui était attaché aux études. Je vous adresserai
dans quelques jours un article succinct sur cet employé dont
nous déplorons la perte.
Alexandrie , 27 juin 1857.
Ma dernière lettre du 20 juin vous annonçait l'heureux
retour du Vice-roi à Alexandrie. Son Altesse est partie hier
soir pour Mariout. On ignore si elle y séjournera longtemps.
On étudie dans ce moment au conseil d'État, et d'après
l'initiative du Vice-roi, un vaste projet pour régulariser la
propriété foncière en Egypte.- C'est une question de la plus
haute importance, puisqu'elle touche à des intérêts très-variés.
Je me réserve de vous donner dans une prochaine lettre des
détails plus étendus à ce sujet.
La Compagnie des messageries impériales a décidé dans
son conseil d'administration à Paris, qu'elle offrirait à la
Compagnie universelle du canal maritime de Suez une remise
de 30 pour 100 sur le passage de ses employés à bord des
paquebots des Messageries. On voit dans cette offre, qui est
faite avant que la Compagnie du canal fonctionne, une
preuve de la sympathie des Messageries impériales pour
l'oeuvre à laquelle le nom de M. de Lesseps est immortelle-
ment attaché.
Voici une notice biographique sur feu M. Ch. de Gottwa
dont ma dernière lettre vous annonçait la fin prématurée.
J'espère que vous donnerez place dans les colonnes du jour-
nal aux quelques lignes qui concernent cet excellent em-
ployé.
Le Nil a commencé sa crue annuelle.
Le manque des produits rend notre commerce bien inactif.
Mais bientôt nous verrons descendre les divers articles de la
nouvelle récolte, et on s'accorde à dire qu'ils seront très-con-
sidérables.
EXPORTATION D'EGYPTE PENDANT LE MOIS DE MAI 1857.
L'exportation a été peu animée pendant ce mois, à cause
du manque de produits.
Il y a eu 73 départs de navires, dont 24 chargés et 49 en
lest.
Ces 73 navires se composent de 29 anglais, dont 17 va-
peurs; 14 autrichiens, dont 4 vapeurs; 12 français, dont
6 vapeurs; 5 ottomans, dont 2 vapeurs; 2 grecs, 2 jérusa-
lémitains, 1 norvégien, 1 espagnol, 1 hollandais, 1 danois,
1 russe, 1 prussien, 1 sarde, 2 toscans.
La destination des 24 navires chargés a été de 8 pour l'An-
gleterre ou possessions anglaises, 6 pour la France ou pos-
sessions françaises, 3 pour la Syrie ou possessions turques,
2 pour Trieste, 2 pour Smyrne, 2 pour Livourne, 1 pour
l'Espagne.
Les 24 navires chargés ont emporté 1,985 balles de
coton, dont 1,043 pour France, 862 pour Angleterre et
80 pour Trieste. — 2,006 ardebs de maïs. — 1,210 ardebs
de fèves. — 5,035 ardebs de graines oléagineuses. —
102 balles de laine, 376 balles de lin, 51 balles de soie,
209 colis de gomme, 10,562 colis de marchandises diverses,
dont 5,385 provenant de l'Inde et de la Chine, lesquelles se
composent de café, indigo, riz, encens, tamarisc, girofle,
cire, poivre, dattes, nattes, tabac, tumbak, peaux, cornes
et pieds de buffle, dents d'éléphant, vieux cuivre, plumes
d autruche, henné, cordages, nacre, écailles de tortue, natron,
drogueries diverses, etc., etc.
Change moyen sur France et Londres : 4, 95 fr., France;
102 1/2, Londres.
Nolis pour France et Londres, en moyenne : 2 fr. la charge
pour France; 3 schellings 1/2 par quarter pour l'Angleterre.
Alexandrie, 31 mai 1857.
Pour extraits : ERNEST DESPLACES.
NÉCROLOGIE : M. DE GOTTWA.
Nous avons annoncé dans notre dernier numéro la
mort bien douloureuse de M. Ch. de Gottwa, ingénieur
au service du canal de Suez. On nous permettra de re-
venir sur ce triste sujet et de montrer combien sont
justes les regrets que nous laisse notre collaborateur,
enlevé à la fleur de l'âge , après avoir travaillé avec zèle
et intelligence, sous les ordres de M. Mougel-Bey, au
succès de l'entreprise.
M. de Gottwa (comte de Lôwenbrûnn) naquit à Ve-
nise, où son père, d'origine tyrolienne, servait la répu-
blique comme capitaine du génie. Il avait reçu une
éducation en rapport avec le nom qu'il portait, et ses
connaissances furent aussi solides que variées.
A l'âge de vingt et un ans M. Ch. de Gottwa termi-
nait ses études d'ingénieur, et débutait par un projet de
chemin de fer à travers le Tyrol, qui est maintenant en
cours d'exécution.
Forcé de quitter Venise pour des raisons politiques,
emporté d'ailleurs vers l'Orient par l'exaltation de son
imagination, il parcourut en artiste la Grèce, la Turquie
d'Europe , la Perse, l'Asie Mineure, et recueillit sur un
album les plus gracieux souvenirs, les scènes les plus
charmantes.
La rapidité avec laquelle il apprenait une langue était
fort remarquable. Presque sans travail , comme il
l'avouait lui-même , il était parvenu à parler et à écrire
facilement huit langues vivantes, au nombre desquelles
étaient l'arabe , le turc et le persan.
Il dirigeait à Smyrne une papeterie en 1855, lorsqu'il
apprit qu'il s'agissait de percer l'isthme de Suez par un
canal maritime. Il vint aussitôt en Égypte, attiré par
cette grande œuvre à laquelle il était si heureux de
prendre part. L'année dernière, il fut chargé des obser-
vations de marée à Alexandrie, observations que l'on
peut consulter dans notre atlas joint au Rapport de la
Commission internationale.
Lors de son voyage au Soudan, le Vice-roi désirant
simplifier les moyens de communication qui séparent
la haute Égypte du Sennaar, adjoignit à M. Mougel Bey,
pour les études du terrain, M. de Gottwa, qui rentrait
à Alexandrie, trois mois plus tard, avec le germe de la
maladie qui le conduisit à la tombe.
G. WAGENER.
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 945
Les bruits qui avaient couru sur l'insurrection du Soudan
ne se sont heureusement pas confirmés, et tout porte à croire
que rien de fâcheux n'est arrivé dans ce pays.
La Compagnie du canal maritime de Suez vient encore de
faire une perte regrettable en la personne de M. l'ingénieur
de Gottwa, qui était attaché aux études. Je vous adresserai
dans quelques jours un article succinct sur cet employé dont
nous déplorons la perte.
Alexandrie , 27 juin 1857.
Ma dernière lettre du 20 juin vous annonçait l'heureux
retour du Vice-roi à Alexandrie. Son Altesse est partie hier
soir pour Mariout. On ignore si elle y séjournera longtemps.
On étudie dans ce moment au conseil d'État, et d'après
l'initiative du Vice-roi, un vaste projet pour régulariser la
propriété foncière en Egypte.- C'est une question de la plus
haute importance, puisqu'elle touche à des intérêts très-variés.
Je me réserve de vous donner dans une prochaine lettre des
détails plus étendus à ce sujet.
La Compagnie des messageries impériales a décidé dans
son conseil d'administration à Paris, qu'elle offrirait à la
Compagnie universelle du canal maritime de Suez une remise
de 30 pour 100 sur le passage de ses employés à bord des
paquebots des Messageries. On voit dans cette offre, qui est
faite avant que la Compagnie du canal fonctionne, une
preuve de la sympathie des Messageries impériales pour
l'oeuvre à laquelle le nom de M. de Lesseps est immortelle-
ment attaché.
Voici une notice biographique sur feu M. Ch. de Gottwa
dont ma dernière lettre vous annonçait la fin prématurée.
J'espère que vous donnerez place dans les colonnes du jour-
nal aux quelques lignes qui concernent cet excellent em-
ployé.
Le Nil a commencé sa crue annuelle.
Le manque des produits rend notre commerce bien inactif.
Mais bientôt nous verrons descendre les divers articles de la
nouvelle récolte, et on s'accorde à dire qu'ils seront très-con-
sidérables.
EXPORTATION D'EGYPTE PENDANT LE MOIS DE MAI 1857.
L'exportation a été peu animée pendant ce mois, à cause
du manque de produits.
Il y a eu 73 départs de navires, dont 24 chargés et 49 en
lest.
Ces 73 navires se composent de 29 anglais, dont 17 va-
peurs; 14 autrichiens, dont 4 vapeurs; 12 français, dont
6 vapeurs; 5 ottomans, dont 2 vapeurs; 2 grecs, 2 jérusa-
lémitains, 1 norvégien, 1 espagnol, 1 hollandais, 1 danois,
1 russe, 1 prussien, 1 sarde, 2 toscans.
La destination des 24 navires chargés a été de 8 pour l'An-
gleterre ou possessions anglaises, 6 pour la France ou pos-
sessions françaises, 3 pour la Syrie ou possessions turques,
2 pour Trieste, 2 pour Smyrne, 2 pour Livourne, 1 pour
l'Espagne.
Les 24 navires chargés ont emporté 1,985 balles de
coton, dont 1,043 pour France, 862 pour Angleterre et
80 pour Trieste. — 2,006 ardebs de maïs. — 1,210 ardebs
de fèves. — 5,035 ardebs de graines oléagineuses. —
102 balles de laine, 376 balles de lin, 51 balles de soie,
209 colis de gomme, 10,562 colis de marchandises diverses,
dont 5,385 provenant de l'Inde et de la Chine, lesquelles se
composent de café, indigo, riz, encens, tamarisc, girofle,
cire, poivre, dattes, nattes, tabac, tumbak, peaux, cornes
et pieds de buffle, dents d'éléphant, vieux cuivre, plumes
d autruche, henné, cordages, nacre, écailles de tortue, natron,
drogueries diverses, etc., etc.
Change moyen sur France et Londres : 4, 95 fr., France;
102 1/2, Londres.
Nolis pour France et Londres, en moyenne : 2 fr. la charge
pour France; 3 schellings 1/2 par quarter pour l'Angleterre.
Alexandrie, 31 mai 1857.
Pour extraits : ERNEST DESPLACES.
NÉCROLOGIE : M. DE GOTTWA.
Nous avons annoncé dans notre dernier numéro la
mort bien douloureuse de M. Ch. de Gottwa, ingénieur
au service du canal de Suez. On nous permettra de re-
venir sur ce triste sujet et de montrer combien sont
justes les regrets que nous laisse notre collaborateur,
enlevé à la fleur de l'âge , après avoir travaillé avec zèle
et intelligence, sous les ordres de M. Mougel-Bey, au
succès de l'entreprise.
M. de Gottwa (comte de Lôwenbrûnn) naquit à Ve-
nise, où son père, d'origine tyrolienne, servait la répu-
blique comme capitaine du génie. Il avait reçu une
éducation en rapport avec le nom qu'il portait, et ses
connaissances furent aussi solides que variées.
A l'âge de vingt et un ans M. Ch. de Gottwa termi-
nait ses études d'ingénieur, et débutait par un projet de
chemin de fer à travers le Tyrol, qui est maintenant en
cours d'exécution.
Forcé de quitter Venise pour des raisons politiques,
emporté d'ailleurs vers l'Orient par l'exaltation de son
imagination, il parcourut en artiste la Grèce, la Turquie
d'Europe , la Perse, l'Asie Mineure, et recueillit sur un
album les plus gracieux souvenirs, les scènes les plus
charmantes.
La rapidité avec laquelle il apprenait une langue était
fort remarquable. Presque sans travail , comme il
l'avouait lui-même , il était parvenu à parler et à écrire
facilement huit langues vivantes, au nombre desquelles
étaient l'arabe , le turc et le persan.
Il dirigeait à Smyrne une papeterie en 1855, lorsqu'il
apprit qu'il s'agissait de percer l'isthme de Suez par un
canal maritime. Il vint aussitôt en Égypte, attiré par
cette grande œuvre à laquelle il était si heureux de
prendre part. L'année dernière, il fut chargé des obser-
vations de marée à Alexandrie, observations que l'on
peut consulter dans notre atlas joint au Rapport de la
Commission internationale.
Lors de son voyage au Soudan, le Vice-roi désirant
simplifier les moyens de communication qui séparent
la haute Égypte du Sennaar, adjoignit à M. Mougel Bey,
pour les études du terrain, M. de Gottwa, qui rentrait
à Alexandrie, trois mois plus tard, avec le germe de la
maladie qui le conduisit à la tombe.
G. WAGENER.
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