Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1857-07-25
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 25 juillet 1857 25 juillet 1857
Description : 1857/07/25 (A2,N27). 1857/07/25 (A2,N27).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6530626j
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/06/2013
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 269
passaient à une seconde. Est-ce que le cabinet anglais pourrait
avoir peur, soit de la concurrence des marines méditerra-
néennes, soit de l'invasion maritime de quelque puissance
rivale dans l'empire indo-britannique? Cette pusillanimité,
peu ordinaire au gouvernement anglais, n'était guère plus
supposable. On n'a peur de personne quand on possède Malte
au nord et Aden au midi ( les deux diplomates pourraient
ajouter aujourd'hui : Quand on possède Périm); on n'a peur
de personne lorsque dans les ports mêmes de la Méditerranée,
et, par exemple, dans le port d'Alexandrie, on fait actuelle-
ment cinq ou six fois plus d'affaires que qui que ce soit; on
n'a peur de personne quand on s'appuie sur une marine
marchande et une marine militaire pareilles à celles dont la
Grande-Bretagne est si fière à bon droit.
a La seconde hypothèse n'était donc pas meilleure que la
première pour expliquer le secret cherché par les deux diplo-
mates, et l'Angleterre ne pouvait pas plus redouter la concur-
rence ou la guerre dans ses possessions asiatiques qu'elle ne
pouvait être jalouse de la France, sa fidèle alliée.
a Serait-il vrai, par hasard, que l'Angleterre tînt si étroi-
tement à l'état actuel des choses politiques en Orient, qu'elle
pût voir dans l'ouverture de l'isthme de Suez une cause de
perturbation? Mais loin de là : le grand canal maritime, en
appelant sur la baie de Péluse toutes les marines euro-
péennes, et notamment la marine anglaise, servirait à
maintenir de la"manière la plus puissante les traités exis-
tants, ceux de 1841, tout aussi bien que les traités à inter-
venir.
» Si donc l'Egypte, comme le disait dès ce moment le Pre-
mier Lord de la Trésorerie, et comme il le répétait le 7 juillet,
songeait À se rendre indépendante par le moyen du canal de
Suez, le canal serait au contraire un insurmontable obstacle
à de semblables projets. Il est de toute évidence que le bos-
phore artificiel que creusera la main des hommes, entre Suez
et Péluse, sera nécessairement un passage neutre, garanti par
toutes les puissances, comme le Bosphore de Constantinople.
La neutralité du canal entraînera de toute nécessité également
la stabilité immuable de l'Egypte, et sa situation actuelle vis-
à-vis de la Porte Ottomane, sa suzeraine, se trouverait du
même coup sauvegardée par l'intérêt du monde entier., C'est là
une barrière invincible, et rien ne pourrait prévaloir, contre
elle une fois qu'elle serait établie.
» — Mais c'est peut-être là justement ce que ne veut pas le
cabinet anglais, dit l'un des interlocuteurs.
„ - Comment l'entendez-vous ? reprit l'autre.
„ - Je veux dire qu'il est bien possible que le cabinet an-
glais, qui feint d'avoir la vue si courte, l'ait beaucoup trop
longue, et que dans une dislocation et un remaniement des
territoires en Orient il voie déjà en perspective l'Egypte
devenir la part de l'Angleterre. Entre Malte et Aden, ce serait
un assez joli trait-d'union.
Il — Mais cette dernière hypothèse est encore moins admis-
sible que toutes celles que nous venons de faire assez gratui-
tement.
» — Ce n'est peut-être pas pour cela la plus fausse.
» Là-dessus les deux diplomates changèrent de conversation,
comme s'ils n'osaient pas approfondir par trop la supposition
qui, pour s'être présentée la dernière, ne leur en paraissait
pas la moins bonne pour expliquer l'opposition obstinée du
cabinet anglais. Pour notre part, nous ne voudrions pas aller
plus loin dans le champ des conjectures que n'y allaient les
deux diplomates dont nous venons de parler. La violence
même que lord Palmerston a portée dans sa réponse prouve
assez que sur cette question de Suez le premier ministre n'est
pas de sang-froid ; et quand on lui demande ses raisons sin-
cères de résistance, il a le trouble d'un homme qui ne veut
pas qu'on l'interroge, et qui semble craindre en répondant de
divulguer son secret malgré lui. Un premier ministre d'An-
gleterre se faisant le gardien vigilant de la bourse de ses
compatriotes dans une entreprise particulière! c'est par trop
bouffon ; et nous aurions cru que les capitalistes anglais sont
d'assez grands garçons pour n'avoir pas besoin de tutelle;
mais un premier ministre voulant, pour les éventualités de
l'avenir, réserver l'Égypte comme le lot de l'Angleterre en cas
de partage! ceci serait beaucoup plus sérieux; et, comme nos
deux diplomates, nous ne voulons pas porter trop avant nos
regards dans cet abîme.
» Il paraît que la réponse de lord Palmerston à M. Henry
Berkeley n'a pas paru plus satisfaisante en Angleterre qu'en
France. Le Times du 14 juillet annonce de nouvelles inter-
pellations sur le canal de Suez, par M. Griffiths, pour le ven-
dredi 17. M. Griffiths blâme a l'hostilité jalouse que l'on montre
contre le canal de Suez, et il veut qu'on laisse cette question
aux ingénieurs et aux commerçants". Il est impossible d'être
plus loyal et plus sage. — SCHILLER aîné. :>
Moniteur industriel (12 juillet) :
« Nous avons reproduit en son temps le discours du pre-
mier ministre d'Angleterre aux habitants de Liverpool lors
de son voyage officiel dans cette ville. Nous rappellerons que,
dans cette manifestation, le noble lord exaltait son gouverne-
ment comme le représentant et le promoteur du libre échange
et de la libre concurrence. L'Angleterre, disait-il, donnait
avec magnanimité et désintéressement un magnifique exemple
aux nations. Elle se sacrifiait aux principes, elle ne deman-
dait que la réciprocité, c'est-à-dire l'égalité dans les conditions
de la lutte Nous avons été de ceux qui se sont montrés incré-
dules à ces belles paroles. D'abord l'égalité de la concurrence
entre les peuples continentaux et la Grande-Bretagne semblait
une chimère par suite de la supériorité industrielle et finan-
cière de l'Angleterre. De plus, nous accusions le gouvernement
anglais de proposer la concurrence tout en se réservant les
moyens de la monopoliser à son profit, c'est-à-dire d'exclure
le continent de tous les avantages qui pouvaient résulter de
la libre pratique des mers et des marchés lointains. Nous
disions que le gouvernement anglais avait donné plusieurs
exemples de cette façon d'agir, et que nous attendions le mo-
ment où il nous en donnerait d'autres. Ce moment est venu à
ce qu'il paraît.
u Tout le monde aujourd'hui connaît la grande question du
percement de l'isthme de Suez. Elle a ému et passionné l'opinion
universelle. Toute l'Europe en a apprécié les immenses résul-
tats. Elle a trouvé les sympathies les plus prononcées en Portu-
gal, en Espagne, en France, en Belgique, en HoJlaooe, en
Prusse, en Autriche, en Russie et même en Angleterre, où
dix-huit des premières villes commerciales en tête desquelles
figurent Londres, Liverpool, Manchester, Birmingham, ont
voté les résolutions les plus chaleureuses et les plus explicites
en faveur de l'entreprise, la proclamant du plus haut avenir
et de la plus grande utilité au profit du Royaume-Uni. C'est
dans ces circonstances, en présence de cette unanimité et de
ces manifestations préalablement éclairées par un examen
approfondi, qu'un membre de la Chambre des communes a
cru devoir interroger lord Palmerston sur les dispositions de
son gouvernement par rapport à l'établissement du canal des
deux mers.
« Cette explication était nécessaire, et, quel qu'en fùt le ré-
sultat, elle devait du moins déchirer tous les voiles. On sait,
passaient à une seconde. Est-ce que le cabinet anglais pourrait
avoir peur, soit de la concurrence des marines méditerra-
néennes, soit de l'invasion maritime de quelque puissance
rivale dans l'empire indo-britannique? Cette pusillanimité,
peu ordinaire au gouvernement anglais, n'était guère plus
supposable. On n'a peur de personne quand on possède Malte
au nord et Aden au midi ( les deux diplomates pourraient
ajouter aujourd'hui : Quand on possède Périm); on n'a peur
de personne lorsque dans les ports mêmes de la Méditerranée,
et, par exemple, dans le port d'Alexandrie, on fait actuelle-
ment cinq ou six fois plus d'affaires que qui que ce soit; on
n'a peur de personne quand on s'appuie sur une marine
marchande et une marine militaire pareilles à celles dont la
Grande-Bretagne est si fière à bon droit.
a La seconde hypothèse n'était donc pas meilleure que la
première pour expliquer le secret cherché par les deux diplo-
mates, et l'Angleterre ne pouvait pas plus redouter la concur-
rence ou la guerre dans ses possessions asiatiques qu'elle ne
pouvait être jalouse de la France, sa fidèle alliée.
a Serait-il vrai, par hasard, que l'Angleterre tînt si étroi-
tement à l'état actuel des choses politiques en Orient, qu'elle
pût voir dans l'ouverture de l'isthme de Suez une cause de
perturbation? Mais loin de là : le grand canal maritime, en
appelant sur la baie de Péluse toutes les marines euro-
péennes, et notamment la marine anglaise, servirait à
maintenir de la"manière la plus puissante les traités exis-
tants, ceux de 1841, tout aussi bien que les traités à inter-
venir.
» Si donc l'Egypte, comme le disait dès ce moment le Pre-
mier Lord de la Trésorerie, et comme il le répétait le 7 juillet,
songeait À se rendre indépendante par le moyen du canal de
Suez, le canal serait au contraire un insurmontable obstacle
à de semblables projets. Il est de toute évidence que le bos-
phore artificiel que creusera la main des hommes, entre Suez
et Péluse, sera nécessairement un passage neutre, garanti par
toutes les puissances, comme le Bosphore de Constantinople.
La neutralité du canal entraînera de toute nécessité également
la stabilité immuable de l'Egypte, et sa situation actuelle vis-
à-vis de la Porte Ottomane, sa suzeraine, se trouverait du
même coup sauvegardée par l'intérêt du monde entier., C'est là
une barrière invincible, et rien ne pourrait prévaloir, contre
elle une fois qu'elle serait établie.
» — Mais c'est peut-être là justement ce que ne veut pas le
cabinet anglais, dit l'un des interlocuteurs.
„ - Comment l'entendez-vous ? reprit l'autre.
„ - Je veux dire qu'il est bien possible que le cabinet an-
glais, qui feint d'avoir la vue si courte, l'ait beaucoup trop
longue, et que dans une dislocation et un remaniement des
territoires en Orient il voie déjà en perspective l'Egypte
devenir la part de l'Angleterre. Entre Malte et Aden, ce serait
un assez joli trait-d'union.
Il — Mais cette dernière hypothèse est encore moins admis-
sible que toutes celles que nous venons de faire assez gratui-
tement.
» — Ce n'est peut-être pas pour cela la plus fausse.
» Là-dessus les deux diplomates changèrent de conversation,
comme s'ils n'osaient pas approfondir par trop la supposition
qui, pour s'être présentée la dernière, ne leur en paraissait
pas la moins bonne pour expliquer l'opposition obstinée du
cabinet anglais. Pour notre part, nous ne voudrions pas aller
plus loin dans le champ des conjectures que n'y allaient les
deux diplomates dont nous venons de parler. La violence
même que lord Palmerston a portée dans sa réponse prouve
assez que sur cette question de Suez le premier ministre n'est
pas de sang-froid ; et quand on lui demande ses raisons sin-
cères de résistance, il a le trouble d'un homme qui ne veut
pas qu'on l'interroge, et qui semble craindre en répondant de
divulguer son secret malgré lui. Un premier ministre d'An-
gleterre se faisant le gardien vigilant de la bourse de ses
compatriotes dans une entreprise particulière! c'est par trop
bouffon ; et nous aurions cru que les capitalistes anglais sont
d'assez grands garçons pour n'avoir pas besoin de tutelle;
mais un premier ministre voulant, pour les éventualités de
l'avenir, réserver l'Égypte comme le lot de l'Angleterre en cas
de partage! ceci serait beaucoup plus sérieux; et, comme nos
deux diplomates, nous ne voulons pas porter trop avant nos
regards dans cet abîme.
» Il paraît que la réponse de lord Palmerston à M. Henry
Berkeley n'a pas paru plus satisfaisante en Angleterre qu'en
France. Le Times du 14 juillet annonce de nouvelles inter-
pellations sur le canal de Suez, par M. Griffiths, pour le ven-
dredi 17. M. Griffiths blâme a l'hostilité jalouse que l'on montre
contre le canal de Suez, et il veut qu'on laisse cette question
aux ingénieurs et aux commerçants". Il est impossible d'être
plus loyal et plus sage. — SCHILLER aîné. :>
Moniteur industriel (12 juillet) :
« Nous avons reproduit en son temps le discours du pre-
mier ministre d'Angleterre aux habitants de Liverpool lors
de son voyage officiel dans cette ville. Nous rappellerons que,
dans cette manifestation, le noble lord exaltait son gouverne-
ment comme le représentant et le promoteur du libre échange
et de la libre concurrence. L'Angleterre, disait-il, donnait
avec magnanimité et désintéressement un magnifique exemple
aux nations. Elle se sacrifiait aux principes, elle ne deman-
dait que la réciprocité, c'est-à-dire l'égalité dans les conditions
de la lutte Nous avons été de ceux qui se sont montrés incré-
dules à ces belles paroles. D'abord l'égalité de la concurrence
entre les peuples continentaux et la Grande-Bretagne semblait
une chimère par suite de la supériorité industrielle et finan-
cière de l'Angleterre. De plus, nous accusions le gouvernement
anglais de proposer la concurrence tout en se réservant les
moyens de la monopoliser à son profit, c'est-à-dire d'exclure
le continent de tous les avantages qui pouvaient résulter de
la libre pratique des mers et des marchés lointains. Nous
disions que le gouvernement anglais avait donné plusieurs
exemples de cette façon d'agir, et que nous attendions le mo-
ment où il nous en donnerait d'autres. Ce moment est venu à
ce qu'il paraît.
u Tout le monde aujourd'hui connaît la grande question du
percement de l'isthme de Suez. Elle a ému et passionné l'opinion
universelle. Toute l'Europe en a apprécié les immenses résul-
tats. Elle a trouvé les sympathies les plus prononcées en Portu-
gal, en Espagne, en France, en Belgique, en HoJlaooe, en
Prusse, en Autriche, en Russie et même en Angleterre, où
dix-huit des premières villes commerciales en tête desquelles
figurent Londres, Liverpool, Manchester, Birmingham, ont
voté les résolutions les plus chaleureuses et les plus explicites
en faveur de l'entreprise, la proclamant du plus haut avenir
et de la plus grande utilité au profit du Royaume-Uni. C'est
dans ces circonstances, en présence de cette unanimité et de
ces manifestations préalablement éclairées par un examen
approfondi, qu'un membre de la Chambre des communes a
cru devoir interroger lord Palmerston sur les dispositions de
son gouvernement par rapport à l'établissement du canal des
deux mers.
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