Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1857-07-10
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 10 juillet 1857 10 juillet 1857
Description : 1857/07/10 (A2,N26). 1857/07/10 (A2,N26).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k65306254
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/06/2013
232 L'ISTHME DE SUEZ,
moment, auxquels M. de Lesseps, gentleman français qui
plaide avec persévérance cette cause, et M. Lange de Londres
assistent et donnent les explications nécessaires. Un de ces
meetings a eu lieu jeudi dans cette ville; et des résolutions en
faveur du projet ont été adoptées à l'unanimité. Cette question,
qui paraît avoir été bien présentée par M. Lange, dont les
habiles et lucides expositions se trouvent au complet dans une
autre page de ce journal, est d'un grand intérêt, et sera sans
doute, comme elle le mérite, prise en considération très-
sérieuse par la communauté commerciale. L'extension rapide
de nos possessions des Indes orientales et le succès qui a
accompagné les efforts faits pour le développement de leurs
ressources ont pendant les dernières années accru le com-
merce entre l'Angleterre et l'Inde d'une manière qui du point
de vue statistique paraît presque incroyable. De là les tenta-
tives nombreuses qui ont été faites, et les grandes expériences
en voie d'exécution , afin de satisfaire aux besoins du com-
merce par l'établissement d'un système de transport plus
rapide, pour les passagers aussi bien que pour les marchan-
dises. Les deux projets les plus importants soumis au public
sont d'abord la construction de steamers gigantesques, d'une
force immense, et capables de porter le combustible pour
tout le voyage, et ensuite l'établissement d'un canal à travers
l'isthme de Suez, par lequel les bâtiments ordinaires pour-
raient être remorqués en dix heures, en économisant ainsi le
voyage autour du Cap, ce qui sera un profit sous plusieurs
rapports, pour le marchand et pour l'armateur. Les Chambres
de commerce et d'autres corps commerciaux, dans les princi-
pales villes de la Grande-Bretagne, se sont prononcés en
faveur du projet, et ont demandé à leurs représentants au
Parlement, d'employer leur influence auprès du gouverne-
ment pour l'amener à aider l'exécution du projet. La semaine
prochaine un meeting des banquiers, marchands et arma-
teurs de Londres prendra le projet en considération, et il ne
peut guère être supposé qu'ils adopent une résolution diffé-
rente de celles de leurs confrères de province. Il faudra voir
alors si le gouvernement anglais est disposé à faire quelques
démarches en faveur du projet. »
Voici le second article. Nous le trouvons dans le
Bristol Mirror and General Advertiser également du
20 juin. Il est intitulé :
UNE RÉVOLUTION EN GÉOGRAPHIE.
« L'invention des chemins de fer, locomotives, bateaux à
Vapeur, et du télégraphe, suffit pour illustrer à jamais le dix-
neuvième siècle. Cependant il y a une autre belle page qu'il
faudra ajouter à l'histoire. Le canal proposé, qui, en cou-
pant l'isthme de Suez, unira la nftr Rouge à la Méditerranée,
est une grande œuvre d'une grande époque. En vérité , c'est
admirable ce que les hommes de l'Occident ont accompli dans
le monde oriental! Et à présent le pays des Pharaons, ce pays
qui était plein de grandes cités lorsque Moïse y descendit il y
a trois mille ans; dont le peuple se développa, fleurit et mou-
rut avant que les nations de l'Ouest ne naquissent; pays qui
nous est familier comme la scène de beaucoup des événements
que l'Ecriture raconte, mais resté presque inconnu jusqu'à
l'invention de la vapeur : ce pays est à présent la grande route
de-notre commerce oriental, et deviendra bientôt le passage
de nos navires. Figurez-vous seulement un port pour les bâ-
timents charbonniers au cœur de l'Egypte! Oui, les rela-
tions géographiques du monde vont être changées. Vapeur,
chemins de fer et télégraphe électrique ont diminué la dis-
taince entre les extrémités de la terre, en abrégeant le temps
qu'il faut pour y arriver; mais le canal de Suez-diminuera
directement la distance elle-même. Dans le sens littéral, ainsi
que dans le sens figuré, il supprimera l'espace.
» L'utilité du canal de Suez peut être démontrée par des
exemples locaux. C'est la même chose que le passage au bassin
de Bathurst par le pont de Prince street, comparé au détour
par Redcliff street. C'est la même chose que le voyage de
Bristol à la Baltique par le cap Land's End, comparé à ce
qu'il serait s'il y avait un canal allant directement à l'est vers
la Tamise. Les navires allant à Bombay auront 5,000 milles
de moins à faire sur 13,000. L'Inde, l'Australie, la Chine,
seront rapprochées de nous de 5,000 milles. Cette distance
est déjà par elle-même un long voyage. Aussi, ce serait
peine perdue d'exposer longuement les avantages d'un perce-
ment qui place nos marchands à 5,000 milles plus près de
leurs clients, et qui rapproche de 5,000 milles les 300 mil-
lions d'habitants de l'Occident et les 600 ou 700 millions de
l'Orient. Rien ne saurait parler plus éloquemment que ce
simple fait. La dépense à faire pour passer par ce canal ne
peut être comparée aux frais des longs voyages, des retards,
aux dangers de la mer, à la perte du marché, aux avances
des capitaux. Nous construisons le Grand Oriental pour dimi-
nuer les désavantages du voyage du cap de Bonne-Espérance;
mais l'isthme de Suez transformera chaque vapeur en un
Grand Oriental; du moins il mettra chaque vapeur en état
de faire ce qu'on attend de cette œuwe admirable. Le Grand
Oriental deviendrait peut-être alors ce que l'ancienne dili-
gence est en comparaison du chemin de fer; car il sera obligé
de passer autour du Cap, et sa rapidité ne neutralisera pas un
excédant de 5,000 milles.
» Le canal de Suez n'est pas seulement une grande pensée ;
c'est une œuvre pratique et possible. La constitution géologique
de l'isthme favorise particulièrement le succès; Il n'y a pas de
difficultés techniques; elles seront certainement moindres que
le percement du Box tunnel, ou la construction d'une route
solide à travers le Chatmoss. Les frais du canal ne présentent non
plus aucun obstacle. Ils ne dépasseront que de très-peu les frais
du chemin de fer de Bristol à Londres, et n'atteindront pas la
moitié de ce que la Compagnie du Great Western a dépensé.
D'un autre côté, les avantages commerciaux seront immenses
et peut-être incalculables. Nous pouvons espérer que le canal
de Suez fera pour le monde entier ce que les chemins de fer
ont fait pour l'Angleterre. Les frais de la traversée seront
diminués, de nouveaux champs ouverts au commerce; de nou-
velles branches pousseront à l'industrie, et ce qui vaut mieux
que tout cela, des nations encore étrangères l'une à l'autre
prendront part au grand progrès de la civilisation. Par
exemple, nous sommes forcés dans ce moment d'acheter le
coton d'Amérique, produit des esclaves ; faites le canal de
Suez, et nous pourrons nous approvisionner nous-mêmes du
coton de l'Inde, produit de la liberté. Pour notre propre ter-
ritoire, en effet, les avantages seront immenses. L'Inde est
susceptible de produire tous les articles de commerce d'entre-
pôt, et lorsque la route du Cap sera délaissée, l'Inde prendra
le rang d'un marché ouvert à tout le monde. Le canal doit être
fait tôt ou tard nécessairement, parce qu'il est aussi nécessaire
à la prospérité du pays que le premier chemin de fer de Liver-
pool à Manchester. L'Inde a une route de l'Overland pour les
.passagers; il faut maintenant qu'elle en ait aussi une pour
les navires. Le principe étant juste, les conséquences sont
infaillibles.
» Les obstacles qui s'opposent à la construction du canal
ne sont ni physiques ni financiers; ils sont purement arbi-
traires. C'est le même esprit borné que l'opposition qu'on
faisait jadis aux chemias de fer. La diplomatie regarde froi-
moment, auxquels M. de Lesseps, gentleman français qui
plaide avec persévérance cette cause, et M. Lange de Londres
assistent et donnent les explications nécessaires. Un de ces
meetings a eu lieu jeudi dans cette ville; et des résolutions en
faveur du projet ont été adoptées à l'unanimité. Cette question,
qui paraît avoir été bien présentée par M. Lange, dont les
habiles et lucides expositions se trouvent au complet dans une
autre page de ce journal, est d'un grand intérêt, et sera sans
doute, comme elle le mérite, prise en considération très-
sérieuse par la communauté commerciale. L'extension rapide
de nos possessions des Indes orientales et le succès qui a
accompagné les efforts faits pour le développement de leurs
ressources ont pendant les dernières années accru le com-
merce entre l'Angleterre et l'Inde d'une manière qui du point
de vue statistique paraît presque incroyable. De là les tenta-
tives nombreuses qui ont été faites, et les grandes expériences
en voie d'exécution , afin de satisfaire aux besoins du com-
merce par l'établissement d'un système de transport plus
rapide, pour les passagers aussi bien que pour les marchan-
dises. Les deux projets les plus importants soumis au public
sont d'abord la construction de steamers gigantesques, d'une
force immense, et capables de porter le combustible pour
tout le voyage, et ensuite l'établissement d'un canal à travers
l'isthme de Suez, par lequel les bâtiments ordinaires pour-
raient être remorqués en dix heures, en économisant ainsi le
voyage autour du Cap, ce qui sera un profit sous plusieurs
rapports, pour le marchand et pour l'armateur. Les Chambres
de commerce et d'autres corps commerciaux, dans les princi-
pales villes de la Grande-Bretagne, se sont prononcés en
faveur du projet, et ont demandé à leurs représentants au
Parlement, d'employer leur influence auprès du gouverne-
ment pour l'amener à aider l'exécution du projet. La semaine
prochaine un meeting des banquiers, marchands et arma-
teurs de Londres prendra le projet en considération, et il ne
peut guère être supposé qu'ils adopent une résolution diffé-
rente de celles de leurs confrères de province. Il faudra voir
alors si le gouvernement anglais est disposé à faire quelques
démarches en faveur du projet. »
Voici le second article. Nous le trouvons dans le
Bristol Mirror and General Advertiser également du
20 juin. Il est intitulé :
UNE RÉVOLUTION EN GÉOGRAPHIE.
« L'invention des chemins de fer, locomotives, bateaux à
Vapeur, et du télégraphe, suffit pour illustrer à jamais le dix-
neuvième siècle. Cependant il y a une autre belle page qu'il
faudra ajouter à l'histoire. Le canal proposé, qui, en cou-
pant l'isthme de Suez, unira la nftr Rouge à la Méditerranée,
est une grande œuvre d'une grande époque. En vérité , c'est
admirable ce que les hommes de l'Occident ont accompli dans
le monde oriental! Et à présent le pays des Pharaons, ce pays
qui était plein de grandes cités lorsque Moïse y descendit il y
a trois mille ans; dont le peuple se développa, fleurit et mou-
rut avant que les nations de l'Ouest ne naquissent; pays qui
nous est familier comme la scène de beaucoup des événements
que l'Ecriture raconte, mais resté presque inconnu jusqu'à
l'invention de la vapeur : ce pays est à présent la grande route
de-notre commerce oriental, et deviendra bientôt le passage
de nos navires. Figurez-vous seulement un port pour les bâ-
timents charbonniers au cœur de l'Egypte! Oui, les rela-
tions géographiques du monde vont être changées. Vapeur,
chemins de fer et télégraphe électrique ont diminué la dis-
taince entre les extrémités de la terre, en abrégeant le temps
qu'il faut pour y arriver; mais le canal de Suez-diminuera
directement la distance elle-même. Dans le sens littéral, ainsi
que dans le sens figuré, il supprimera l'espace.
» L'utilité du canal de Suez peut être démontrée par des
exemples locaux. C'est la même chose que le passage au bassin
de Bathurst par le pont de Prince street, comparé au détour
par Redcliff street. C'est la même chose que le voyage de
Bristol à la Baltique par le cap Land's End, comparé à ce
qu'il serait s'il y avait un canal allant directement à l'est vers
la Tamise. Les navires allant à Bombay auront 5,000 milles
de moins à faire sur 13,000. L'Inde, l'Australie, la Chine,
seront rapprochées de nous de 5,000 milles. Cette distance
est déjà par elle-même un long voyage. Aussi, ce serait
peine perdue d'exposer longuement les avantages d'un perce-
ment qui place nos marchands à 5,000 milles plus près de
leurs clients, et qui rapproche de 5,000 milles les 300 mil-
lions d'habitants de l'Occident et les 600 ou 700 millions de
l'Orient. Rien ne saurait parler plus éloquemment que ce
simple fait. La dépense à faire pour passer par ce canal ne
peut être comparée aux frais des longs voyages, des retards,
aux dangers de la mer, à la perte du marché, aux avances
des capitaux. Nous construisons le Grand Oriental pour dimi-
nuer les désavantages du voyage du cap de Bonne-Espérance;
mais l'isthme de Suez transformera chaque vapeur en un
Grand Oriental; du moins il mettra chaque vapeur en état
de faire ce qu'on attend de cette œuwe admirable. Le Grand
Oriental deviendrait peut-être alors ce que l'ancienne dili-
gence est en comparaison du chemin de fer; car il sera obligé
de passer autour du Cap, et sa rapidité ne neutralisera pas un
excédant de 5,000 milles.
» Le canal de Suez n'est pas seulement une grande pensée ;
c'est une œuvre pratique et possible. La constitution géologique
de l'isthme favorise particulièrement le succès; Il n'y a pas de
difficultés techniques; elles seront certainement moindres que
le percement du Box tunnel, ou la construction d'une route
solide à travers le Chatmoss. Les frais du canal ne présentent non
plus aucun obstacle. Ils ne dépasseront que de très-peu les frais
du chemin de fer de Bristol à Londres, et n'atteindront pas la
moitié de ce que la Compagnie du Great Western a dépensé.
D'un autre côté, les avantages commerciaux seront immenses
et peut-être incalculables. Nous pouvons espérer que le canal
de Suez fera pour le monde entier ce que les chemins de fer
ont fait pour l'Angleterre. Les frais de la traversée seront
diminués, de nouveaux champs ouverts au commerce; de nou-
velles branches pousseront à l'industrie, et ce qui vaut mieux
que tout cela, des nations encore étrangères l'une à l'autre
prendront part au grand progrès de la civilisation. Par
exemple, nous sommes forcés dans ce moment d'acheter le
coton d'Amérique, produit des esclaves ; faites le canal de
Suez, et nous pourrons nous approvisionner nous-mêmes du
coton de l'Inde, produit de la liberté. Pour notre propre ter-
ritoire, en effet, les avantages seront immenses. L'Inde est
susceptible de produire tous les articles de commerce d'entre-
pôt, et lorsque la route du Cap sera délaissée, l'Inde prendra
le rang d'un marché ouvert à tout le monde. Le canal doit être
fait tôt ou tard nécessairement, parce qu'il est aussi nécessaire
à la prospérité du pays que le premier chemin de fer de Liver-
pool à Manchester. L'Inde a une route de l'Overland pour les
.passagers; il faut maintenant qu'elle en ait aussi une pour
les navires. Le principe étant juste, les conséquences sont
infaillibles.
» Les obstacles qui s'opposent à la construction du canal
ne sont ni physiques ni financiers; ils sont purement arbi-
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