Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1857-07-10
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 10 juillet 1857 10 juillet 1857
Description : 1857/07/10 (A2,N26). 1857/07/10 (A2,N26).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k65306254
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/06/2013
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 239
des choses est le même pour nous relativement à la route de
l'Overland. L'isthme de Suez et la mer Rouge s'étendent entre
les habitants de Londres et ceux de Melbourne, entre Leaden-
hall street et Calcutta, entre l'amirauté et la flotte de la
Chine, entre les productions de notre pays et les plus grands
marchés qu'il a établis sur le globe. Bien loin de nous
étonner que le gouvernement ait résolu l'occupation d'une
petite île sur la côte de l'Arabie, nous sommes au premier
coup d'œil plutôt surpris qu'il se soit abstenu si longtemps et
si constamment de toute action politique sur l'Egypte elle-
même; mais dans ce cas, comme dans beaucoup d'autres,
l'énergie privée compense la modération de l'Itat. Sans pré-
tendre à aucune influence au Caire, sans faire aucune tenta-
tive de dominer les conseils du Vice-roi ou de contrôler sa
conduite, ce pays a, par les entreprises de quelques particu-
liers, obtenu tous les avantages que pourrait donner la supré-
matie la plus illimitée. Un passage libre à travers le pays et
un chemin de fer qui rendrait ce passage aussi rapide que
libre était tout ce que nous désirions, et nous l'avons ob-
tenu. »
Si nous sommes d'accord avec le Times sur bien des
points, nous aurions aussi à lui répondre sur quelques
■ autres. L'espèce de légèreté avec laquelle on traite la
question du canal de Suez est assez singulière en pré-
sence des meetings unanimes de toutes les villes impor-
tantes de l'Angleterre. Depuis cet article du Times,
Bristol et Londres se sont prononcées comme Liverpool,
Glasgow, Manchester, Birmingham , Newcastle, etc.
Les journalistes, dont le Times parle comme si lui-même
n'était pas un journal, n'ont donc pas un si grand tort
de s'occuper d'une question qui préoccupe si vivement
le monde commercial.
Mais pour compléter ce qui regarde l'île Périm, nous
empruntons un autre article à un journal autrichien.
L'Observateur de Trieste (Osservatore Triestino)
du 22 mai contient les réflexions suivantes sur l'occu-
pation de l'île Périm :
« Il y a quinze ou seize mois j'ai eu l'occasion de vous par-
ler d'une petite île, que la majeure partie des cartes géogra-
phiques ne connaissent pas, située à l'entrée du détroit de
Bab-el-Mandeb, où la mer Rouge touche à l'Océan des Indes,
et qui, appelée par les Arabes Gezaïr-el-Miftah, c'est-à-dire,
Ile-Clef, justifie pleinement le nom que l'esprit du peuple lui
a donné, parce que le détroit ne pourra être traversé sans le
consentement de celui qui la possède. Une pareille position,
quoiqu'elle soit encore déserte, acquiert en présence du per-
cement projeté de l'isthme de Suez la plus haute importance,
parce qu'elle domine le point vital de la nouvelle route qui
va s'ouvrir au commerce du monde, et les Anglais ont fait
preuve d'intelligence pratique en s'en emparant. La nouvelle
est passée inaperçue, et tandis que les télégraphes et les jour-
naux transmettaient et commentaient des faits plus petits et
plus insignifiants, une chose d'une telle importance n'a trouvé
de l'écho que dans le Moniteur de la Flotte, journal de Paris,
qui a reconnu le grand intérêt attaché à cet événement. Notre
journal est revenu plus tard sur cette question à l'occasion
de la nouvelle que le Sultan avait daigné conférer la décora-
tion du Medjidié à M. Paolo Anino, pour un mémoire sur le
détroit de Bab-el Mandcb, présenté par lui. M. Anino, qui
avait fait un long séjour dans ces contrées, a vu cette île, en a
fait ressortir l'importance, et a démontré qu'elle fait partie de
l'empire ottoman. Mais les journaux des Indes annoncent
qu'en vertu d'un traité conclu entre les chefs des tribus de
Berbers et la Compagnie des Indes, celle-ci avait pris posses-
sion de cette île, baptisée du nom de Périm. Les commen-
taires sur ce fait sont inutiles, et l'importance en sera re-
connue par tous, aujourd'hui que le fait est consommé.
L'Angleterre n'a plus rien à craindre du percement de l'isthme
de Suez, parce qu'elle en a la clef entre les mains; et de cette
œuvre gigantesque l'Europe tirera pour sa part cet avantage
d'avoir enlevé à sa navigation l'obstacle de l'isthme de Suez.
C'est beaucoup; mais les Anglais pourront élever une forte-
resse sur l'îlot nouvellement acquis à l'entrée du détroit de
Bab-el-Mandeb, et se rendre maîtres ainsi d'une voie de com-
munication qui ne sera ouverte qu'à leur profit à peu près
exclusif. Si la presse européenne avait tenu compte des ren-
seignements donnés par le correspondant de l'Observateur
de Trieste, la chose se serait peut-être passée autrement. Tout
ce que nous pouvons faire de notre côté, c'est d'expliquer à
nos lecteurs la petite cause d'un grand effet. »
Nous recevons du vénérable M. Jomard, membre de
l'Institut, la lettre suivante que nous nous empressons
de publier.
Monsieur le Directeur,
Je lis dans le numéro 21 du Journal Je l'isthme de Suez,
que l'ile Périm, placée à l'entrée de la mer Rouge, ne laisse à
la navigation que deux passes assez étroites, l'une de trois à
quatre lieues, l'autre d'une lieue environ, sans dire de quelle
espèce de lieue il s'agit, Si nous consultons la carte de R. Mo-
resby, la meilleure qu'on ait encore publiée, nous voyons que
ces passes sont encore plus étroites, la passe de l'Orient a un
peu plus d'une demi-licue marine, ou de 20 au degré (moins
de 3180 mètres). La grande passe n'a guère que trois lieues
marines (moins de 16,900 mètres). Il est donc assez facile aux
possesseurs de l'île Périm d'interdire le passage à l'entrée
comme à la sortie du golfe Arabique. Quant à l'ile Périm
elle-même, il en existe une carte spéciale, faite il y a plus de cin-
quante-cinq ans; mais elle n'a pas encore été publiée. D'après
R. Joreshy, l'île a moins d'une lieue un quart dans sa plus
grande dimension, et une lieue dans l'autre; la largeur totale
du détroit n'est que de quatre lieues et demie.
Malgré ces remarques, il faudrait se garder de conclure de
l'occupation récente de l'île Périm, que le projet du canal de
l'isthme de Suez puisse en éprouver la moindre atteinte;
l'entreprise est toute commerciale et ne suppose point l'état
de guerre. Nous sommes entrés dans une ère pacifique, et toute
chance est acquise à la prochaine exécution du canal maritime.
Agréez, Monsieur le Directeur, l'assurance de ma considé-
ration distinguée.
JOMARD.
LE u MORNING-POST 11 ET LE CANAL DE SUEZ.
On lit dans le Constitutionnel du 1" juillet :
a A plusieurs reprises nous avons appelé l'attention de
nos lecteurs sur le projet de percement de l'isthme de Suez.
On sait que la concession étant accordée par le Vice-roi
d'ÉgypIe; les études préliminaires ayant été faites par une
commission composée d'ingénieurs pris dans les principaux
Etats; les bases d'une compagnie financière européenne étant
posées et le capital étant assuré d'avance, il n'y aurait plus
qu'à se mettre à l'œuvre, si l'on ne rencontrait à Constan-
des choses est le même pour nous relativement à la route de
l'Overland. L'isthme de Suez et la mer Rouge s'étendent entre
les habitants de Londres et ceux de Melbourne, entre Leaden-
hall street et Calcutta, entre l'amirauté et la flotte de la
Chine, entre les productions de notre pays et les plus grands
marchés qu'il a établis sur le globe. Bien loin de nous
étonner que le gouvernement ait résolu l'occupation d'une
petite île sur la côte de l'Arabie, nous sommes au premier
coup d'œil plutôt surpris qu'il se soit abstenu si longtemps et
si constamment de toute action politique sur l'Egypte elle-
même; mais dans ce cas, comme dans beaucoup d'autres,
l'énergie privée compense la modération de l'Itat. Sans pré-
tendre à aucune influence au Caire, sans faire aucune tenta-
tive de dominer les conseils du Vice-roi ou de contrôler sa
conduite, ce pays a, par les entreprises de quelques particu-
liers, obtenu tous les avantages que pourrait donner la supré-
matie la plus illimitée. Un passage libre à travers le pays et
un chemin de fer qui rendrait ce passage aussi rapide que
libre était tout ce que nous désirions, et nous l'avons ob-
tenu. »
Si nous sommes d'accord avec le Times sur bien des
points, nous aurions aussi à lui répondre sur quelques
■ autres. L'espèce de légèreté avec laquelle on traite la
question du canal de Suez est assez singulière en pré-
sence des meetings unanimes de toutes les villes impor-
tantes de l'Angleterre. Depuis cet article du Times,
Bristol et Londres se sont prononcées comme Liverpool,
Glasgow, Manchester, Birmingham , Newcastle, etc.
Les journalistes, dont le Times parle comme si lui-même
n'était pas un journal, n'ont donc pas un si grand tort
de s'occuper d'une question qui préoccupe si vivement
le monde commercial.
Mais pour compléter ce qui regarde l'île Périm, nous
empruntons un autre article à un journal autrichien.
L'Observateur de Trieste (Osservatore Triestino)
du 22 mai contient les réflexions suivantes sur l'occu-
pation de l'île Périm :
« Il y a quinze ou seize mois j'ai eu l'occasion de vous par-
ler d'une petite île, que la majeure partie des cartes géogra-
phiques ne connaissent pas, située à l'entrée du détroit de
Bab-el-Mandeb, où la mer Rouge touche à l'Océan des Indes,
et qui, appelée par les Arabes Gezaïr-el-Miftah, c'est-à-dire,
Ile-Clef, justifie pleinement le nom que l'esprit du peuple lui
a donné, parce que le détroit ne pourra être traversé sans le
consentement de celui qui la possède. Une pareille position,
quoiqu'elle soit encore déserte, acquiert en présence du per-
cement projeté de l'isthme de Suez la plus haute importance,
parce qu'elle domine le point vital de la nouvelle route qui
va s'ouvrir au commerce du monde, et les Anglais ont fait
preuve d'intelligence pratique en s'en emparant. La nouvelle
est passée inaperçue, et tandis que les télégraphes et les jour-
naux transmettaient et commentaient des faits plus petits et
plus insignifiants, une chose d'une telle importance n'a trouvé
de l'écho que dans le Moniteur de la Flotte, journal de Paris,
qui a reconnu le grand intérêt attaché à cet événement. Notre
journal est revenu plus tard sur cette question à l'occasion
de la nouvelle que le Sultan avait daigné conférer la décora-
tion du Medjidié à M. Paolo Anino, pour un mémoire sur le
détroit de Bab-el Mandcb, présenté par lui. M. Anino, qui
avait fait un long séjour dans ces contrées, a vu cette île, en a
fait ressortir l'importance, et a démontré qu'elle fait partie de
l'empire ottoman. Mais les journaux des Indes annoncent
qu'en vertu d'un traité conclu entre les chefs des tribus de
Berbers et la Compagnie des Indes, celle-ci avait pris posses-
sion de cette île, baptisée du nom de Périm. Les commen-
taires sur ce fait sont inutiles, et l'importance en sera re-
connue par tous, aujourd'hui que le fait est consommé.
L'Angleterre n'a plus rien à craindre du percement de l'isthme
de Suez, parce qu'elle en a la clef entre les mains; et de cette
œuvre gigantesque l'Europe tirera pour sa part cet avantage
d'avoir enlevé à sa navigation l'obstacle de l'isthme de Suez.
C'est beaucoup; mais les Anglais pourront élever une forte-
resse sur l'îlot nouvellement acquis à l'entrée du détroit de
Bab-el-Mandeb, et se rendre maîtres ainsi d'une voie de com-
munication qui ne sera ouverte qu'à leur profit à peu près
exclusif. Si la presse européenne avait tenu compte des ren-
seignements donnés par le correspondant de l'Observateur
de Trieste, la chose se serait peut-être passée autrement. Tout
ce que nous pouvons faire de notre côté, c'est d'expliquer à
nos lecteurs la petite cause d'un grand effet. »
Nous recevons du vénérable M. Jomard, membre de
l'Institut, la lettre suivante que nous nous empressons
de publier.
Monsieur le Directeur,
Je lis dans le numéro 21 du Journal Je l'isthme de Suez,
que l'ile Périm, placée à l'entrée de la mer Rouge, ne laisse à
la navigation que deux passes assez étroites, l'une de trois à
quatre lieues, l'autre d'une lieue environ, sans dire de quelle
espèce de lieue il s'agit, Si nous consultons la carte de R. Mo-
resby, la meilleure qu'on ait encore publiée, nous voyons que
ces passes sont encore plus étroites, la passe de l'Orient a un
peu plus d'une demi-licue marine, ou de 20 au degré (moins
de 3180 mètres). La grande passe n'a guère que trois lieues
marines (moins de 16,900 mètres). Il est donc assez facile aux
possesseurs de l'île Périm d'interdire le passage à l'entrée
comme à la sortie du golfe Arabique. Quant à l'ile Périm
elle-même, il en existe une carte spéciale, faite il y a plus de cin-
quante-cinq ans; mais elle n'a pas encore été publiée. D'après
R. Joreshy, l'île a moins d'une lieue un quart dans sa plus
grande dimension, et une lieue dans l'autre; la largeur totale
du détroit n'est que de quatre lieues et demie.
Malgré ces remarques, il faudrait se garder de conclure de
l'occupation récente de l'île Périm, que le projet du canal de
l'isthme de Suez puisse en éprouver la moindre atteinte;
l'entreprise est toute commerciale et ne suppose point l'état
de guerre. Nous sommes entrés dans une ère pacifique, et toute
chance est acquise à la prochaine exécution du canal maritime.
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ration distinguée.
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On lit dans le Constitutionnel du 1" juillet :
a A plusieurs reprises nous avons appelé l'attention de
nos lecteurs sur le projet de percement de l'isthme de Suez.
On sait que la concession étant accordée par le Vice-roi
d'ÉgypIe; les études préliminaires ayant été faites par une
commission composée d'ingénieurs pris dans les principaux
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