Presse et revues
16 pages
Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1857-05-10
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 10 mai 1857 10 mai 1857
Description : 1857/05/10 (A2,N22). 1857/05/10 (A2,N22).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6530621g
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/06/2013
150 L'ISTHME DE SUEZ,
LE « DAILY NEWS » ET LE CANAL DE SUEZ.
Nous trouvons dans un des derniers numéros du Daily
News un article important sous ce titre : « Le chemin de
fer de l'Euphrate ou le canal de Suez? Lequel aurons-
nous? »
« La politique a toujours besoin, à ce qu'il semble, de
mettre le pied dans les entreprises particulières. La force qui
devrait être réservée pour la protection des relations commer-
ciales entre les différents pays est mal employée pour entra-
ver leur développement. Une communication rapide avec notre
empire oriental est de notre ressort comme « nation de bouti-
« quiers, » mais au- dessus de notre contrôle « comme nation
» parmi des nations. » M. de Lesseps et M. Andrew, chacun
de leur côté, plaident pour des mesures industrielles d'un
point de vue cosmopolite; mais des diplomates dépourvus du
sens pratique, et avides de gloire actuelle ou d'une puissance
future imaginaire, ajoutent leurs procédés habituels sous
forme de jalousie nationale.
a Le Vice-roi d'Egypte a accordé à M. de Lesseps une
charte pour la construction d'un canal à travers l'isthme de
Suez. On ne permet pas à la Porte de la ratifier.
Il La Porte a concédé à M. Andrew le droit de faire un che-
min de fer de la Méditerranée à l'Euphrate, chaînon très-
court, utile seulement comme ligne locale. L'influence étran-
gère l'empêche de devenir une route de transit.
» Les auteurs de ces projets ont chacun publié un livre
qui montre les avantages d'une communication plus rapide
avec les Indes ; des hommes de finance se sont ralliés autour
d'eux, mais il y a, on dirait, un ressort cassé. Des influences
dont le but est inconnu et dont l'action est indirecte ont
brisé les roues et semé la discorde. La diplomatie a enfin
trouvé la « difficulté de construction, » que les comités des
deux Chambres sont habitués à ne jamais connaître, du
moins officiellement.
» Le peuple anglais peut tirer une morale de cet état de
choses; il est fier de ses institutions représentatives et du
pouvoir prépondérant de la voix du pays ; si cette affaire était
un grief paroissial, l'opinion publique aurait bientôt décou-
vert la vérité et corrigé « l'influence. » Comment se fait-il
que, parce qu'il s'agit des intérêts d'un empire, la lutte est
laissée à deux hommes énergiques, chacun à cheval sur son
thème, et qui ne peuvent guère attaquer de face cette influence
qui travaille dans l'obscurité?
■ La vérité est que nous oublions que l'immense extension
de notre commerce nécessite une extension de nos relations
étrangères, et jusqu'à ce qu'une grave violation des traités,
comme celle qui a donné lieu à la guerre avec la Russie ou à
la querelle avec la Chine, devienne un cri de ralliement pour
quelque parti, nous laissons les sources - de notre richesse
commerciale la plus importante entre les mains du départe-
ment politique, qui a le moins de sens pratique et qui s'y
connaît le moins, au ministère des affaires étrangères. Des
traités sont faits, renforcés, ou annulés, sans que le parle-
ment en soit informé. Le commerce est paralysé, ou des faci-
lités lui sont refusées, par suite de ce qui ne peut être pro-
prement appelé que la force d inertie.
11 La discussion publique peut seule vaincre cette tendance
impardonnable de faire mystère des choses d'État ; il faut que
nous ayons les meilleurs et les plus rapides moyens d'accès
aux Indes et & l'Australie. Les pays que nous traversons sont
disposés à nous accorder ces facilités, et nous avons le droit
d'insister pour qu'aucune jalousie diplomatique n'empêche
que les vrais mérites des routes, qu'on peut regarder comme
des routes rivales, soient portés franchement devant l'opinion
publique pour être jugés. La vallée de l'Euphrate est peuplée,
dit-on, de tribus sauvages d'Arabes; le canal de Suez exige
de vastes ports artificiels sur des côtes difficiles; la possibilité
de conquérir l'une et de vaincre les obstacles de l'autre est
un excellent sujet de discussion. Mais nous recommandons
instamment aux promoteurs de ne pas ajouter à la difficulté,
en essayant d'établir un télégraphe avant le chemin de fer, •
comme M. Andrew propose de le faire, et d'exposer le véri-
table projet à toutes les objections auxquelles peut donner
lieu par lui-même un télégraphe électrique à travers ces pays.
Si un télégraphe peut être conduit jusqu'aux Indes, la route
actuelle de l'Overland est évidemment la seule à suivre. u
Le Daily News conclut formellement en faveur du
canal de Suez.
Nous avons tenu à citer quelques extraits de l'article
du Daily NewSj d'abord à cause de l'importance de ce
journal, un des plus répandus parmi le public anglais,
et ensuite à cause de la vivacité de son blàme contre les
obstacles qu'éprouve l'entreprise du canal de Suez.
Nous prendrions nous-même un ton beaucoup moins
incisif pour parler de la conduite de la diplomatie.
Mais le Daily News ne pense pas sans doute qu'il
soit tenu à montrer autant de réserve. On peut donc voir
- par cette citation où en est la presse anglaise dans la
polémique de ses représentants les plus autorisés. Nous
avons lieu de croire que l'opinion exprimée par le Daily
News est assez bien le reflet de l'opinion publique qui
ne peut comprendre les résistances que rencontre une
œuvre aussi notoirement utile que la nôtre.
G. WAGENER.
LE CHEMIN DE FER DE L'EUPHRATE
ET LE CANAL DE SUEZ.
Nous lisons dans le Daily News du 23 avril la lettre
suivante, que M. Charles Kenney vient d'adresser à
l'éditeur de ce journal :
u Monsieur, -..
» Votre appréciation si juste des avantages du projet du
canal de Suez, que vous avez dernièrement exposés dans un
important article du Daily News, me fait espérer que vous
accorderez la publicité à quelques observations sur la lettre de
votre correspondant de Constantinople, publiée dans le Daily
News d'aujourd'hui.
- » Votre correspondant discute la concession accordée par le
gouvernement du Sultan à la compagnie du chemin de fer de
la vallée de l'Euphrate. Il dit que ce chemin de fer peut être
considéré comme le rival du projet du canal de Suez; que
chacun des deux sera avantageux pour l'Europe, mais que le
canal de Suez ne créera pas de trafic et de transactions dans
l'intérieur d'un vaste pays.
» En jugeant la question ainsi , votre correspondant a évi-
demment laissé de côté le fait géographique, que la jonction
de la mer Rouge à la Méditerranée ouvrira au commerce et à
LE « DAILY NEWS » ET LE CANAL DE SUEZ.
Nous trouvons dans un des derniers numéros du Daily
News un article important sous ce titre : « Le chemin de
fer de l'Euphrate ou le canal de Suez? Lequel aurons-
nous? »
« La politique a toujours besoin, à ce qu'il semble, de
mettre le pied dans les entreprises particulières. La force qui
devrait être réservée pour la protection des relations commer-
ciales entre les différents pays est mal employée pour entra-
ver leur développement. Une communication rapide avec notre
empire oriental est de notre ressort comme « nation de bouti-
« quiers, » mais au- dessus de notre contrôle « comme nation
» parmi des nations. » M. de Lesseps et M. Andrew, chacun
de leur côté, plaident pour des mesures industrielles d'un
point de vue cosmopolite; mais des diplomates dépourvus du
sens pratique, et avides de gloire actuelle ou d'une puissance
future imaginaire, ajoutent leurs procédés habituels sous
forme de jalousie nationale.
a Le Vice-roi d'Egypte a accordé à M. de Lesseps une
charte pour la construction d'un canal à travers l'isthme de
Suez. On ne permet pas à la Porte de la ratifier.
Il La Porte a concédé à M. Andrew le droit de faire un che-
min de fer de la Méditerranée à l'Euphrate, chaînon très-
court, utile seulement comme ligne locale. L'influence étran-
gère l'empêche de devenir une route de transit.
» Les auteurs de ces projets ont chacun publié un livre
qui montre les avantages d'une communication plus rapide
avec les Indes ; des hommes de finance se sont ralliés autour
d'eux, mais il y a, on dirait, un ressort cassé. Des influences
dont le but est inconnu et dont l'action est indirecte ont
brisé les roues et semé la discorde. La diplomatie a enfin
trouvé la « difficulté de construction, » que les comités des
deux Chambres sont habitués à ne jamais connaître, du
moins officiellement.
» Le peuple anglais peut tirer une morale de cet état de
choses; il est fier de ses institutions représentatives et du
pouvoir prépondérant de la voix du pays ; si cette affaire était
un grief paroissial, l'opinion publique aurait bientôt décou-
vert la vérité et corrigé « l'influence. » Comment se fait-il
que, parce qu'il s'agit des intérêts d'un empire, la lutte est
laissée à deux hommes énergiques, chacun à cheval sur son
thème, et qui ne peuvent guère attaquer de face cette influence
qui travaille dans l'obscurité?
■ La vérité est que nous oublions que l'immense extension
de notre commerce nécessite une extension de nos relations
étrangères, et jusqu'à ce qu'une grave violation des traités,
comme celle qui a donné lieu à la guerre avec la Russie ou à
la querelle avec la Chine, devienne un cri de ralliement pour
quelque parti, nous laissons les sources - de notre richesse
commerciale la plus importante entre les mains du départe-
ment politique, qui a le moins de sens pratique et qui s'y
connaît le moins, au ministère des affaires étrangères. Des
traités sont faits, renforcés, ou annulés, sans que le parle-
ment en soit informé. Le commerce est paralysé, ou des faci-
lités lui sont refusées, par suite de ce qui ne peut être pro-
prement appelé que la force d inertie.
11 La discussion publique peut seule vaincre cette tendance
impardonnable de faire mystère des choses d'État ; il faut que
nous ayons les meilleurs et les plus rapides moyens d'accès
aux Indes et & l'Australie. Les pays que nous traversons sont
disposés à nous accorder ces facilités, et nous avons le droit
d'insister pour qu'aucune jalousie diplomatique n'empêche
que les vrais mérites des routes, qu'on peut regarder comme
des routes rivales, soient portés franchement devant l'opinion
publique pour être jugés. La vallée de l'Euphrate est peuplée,
dit-on, de tribus sauvages d'Arabes; le canal de Suez exige
de vastes ports artificiels sur des côtes difficiles; la possibilité
de conquérir l'une et de vaincre les obstacles de l'autre est
un excellent sujet de discussion. Mais nous recommandons
instamment aux promoteurs de ne pas ajouter à la difficulté,
en essayant d'établir un télégraphe avant le chemin de fer, •
comme M. Andrew propose de le faire, et d'exposer le véri-
table projet à toutes les objections auxquelles peut donner
lieu par lui-même un télégraphe électrique à travers ces pays.
Si un télégraphe peut être conduit jusqu'aux Indes, la route
actuelle de l'Overland est évidemment la seule à suivre. u
Le Daily News conclut formellement en faveur du
canal de Suez.
Nous avons tenu à citer quelques extraits de l'article
du Daily NewSj d'abord à cause de l'importance de ce
journal, un des plus répandus parmi le public anglais,
et ensuite à cause de la vivacité de son blàme contre les
obstacles qu'éprouve l'entreprise du canal de Suez.
Nous prendrions nous-même un ton beaucoup moins
incisif pour parler de la conduite de la diplomatie.
Mais le Daily News ne pense pas sans doute qu'il
soit tenu à montrer autant de réserve. On peut donc voir
- par cette citation où en est la presse anglaise dans la
polémique de ses représentants les plus autorisés. Nous
avons lieu de croire que l'opinion exprimée par le Daily
News est assez bien le reflet de l'opinion publique qui
ne peut comprendre les résistances que rencontre une
œuvre aussi notoirement utile que la nôtre.
G. WAGENER.
LE CHEMIN DE FER DE L'EUPHRATE
ET LE CANAL DE SUEZ.
Nous lisons dans le Daily News du 23 avril la lettre
suivante, que M. Charles Kenney vient d'adresser à
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u Monsieur, -..
» Votre appréciation si juste des avantages du projet du
canal de Suez, que vous avez dernièrement exposés dans un
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votre correspondant de Constantinople, publiée dans le Daily
News d'aujourd'hui.
- » Votre correspondant discute la concession accordée par le
gouvernement du Sultan à la compagnie du chemin de fer de
la vallée de l'Euphrate. Il dit que ce chemin de fer peut être
considéré comme le rival du projet du canal de Suez; que
chacun des deux sera avantageux pour l'Europe, mais que le
canal de Suez ne créera pas de trafic et de transactions dans
l'intérieur d'un vaste pays.
» En jugeant la question ainsi , votre correspondant a évi-
demment laissé de côté le fait géographique, que la jonction
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