Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1857-05-10
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 10 mai 1857 10 mai 1857
Description : 1857/05/10 (A2,N22). 1857/05/10 (A2,N22).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6530621g
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/06/2013
148 L'ISTHME DE SUEZ,
parce qu'elle s'est rachetée de la. conquête par une forte
rançon dans la dernière guerre, et que les mandarins
n'ont pas manqué dans leurs proclamations menson-
gères de faire croire au peuple que les barbares avaient
échoué, quand de fait ils n'avaient été que trop clé-
ments, les Cantonais sont plus insolents encore que le
reste des Chinois. C'est là ce qui fait que la querelle a
éclaté dans cette ville. Mais cette querelle est aussi géné-
rale et aussi ancienne que l'apparition des Occidentaux
sur les côtes du Céleste Empire, et que les défiances fu-
rieuses que leur présence a excitées dans l'esprit d'un
peuple fanatisé par ses chefs. Cet antagonisme déplo-
rable existera tant que le gouvernement chinois ne sera
pas plus éclairé et qu'il persévérera dans cet isolement
qui l'aveugle et qui le perd.
D'un autre côté, il serait injuste de méconnaître que
le gouvernement chinois peut avoir contre les peuples
chrétiens des griefs légitimes, notamment en ce qui
concerne la propagande religieuse, qu'il redoute à l'égal
des sociétés secrètes dont l'empire est dévoré, et en
ce qui concerne certaines infractions graves aux lois
commerciales de l'empire. Mais si la Chine a de justes
plaintes à formuler, il n'y a qu'à s'entendre sur les points
litigieux, et à admettre la discussion des faits dont on
aura préalablement consenti à prendre connaissance.
Mais comme l'Empereur dédaigne toute relation avec des
barbares sur lesquels son regard ne peut s'abaisser,
toutes les voies pacifiques sont fermées; et il ne reste
plus que la force; au grand détriment de la Chine, qui
ne sait pas assez quelle est notre supériorité incompa-
rable, et au détriment non moins grand du commerce
général, que la guerre interrompt et bouleverse.
Mais laissons la stratégie; car ce n'est point là qu'est
le nœud de la question. On ne fait pas cette formidable
expédition pour conquérir la Chine. Tout ce qu'on veut,
et c'est là la difficulté, c'est de commercer avec elle,
parce que ce commerce est à la fois un besoin impé-
rieux et un droit très-légitime entre des peuples qui
comprennent les vrais rapports des hommes les uns avec
les autres. Or, il n'est pas aisé de commercer avec des
gens qui ne le veulent point. Mais heureusement, et
malgré les fureurs de patriotisme sauvage qui ont éclaté
presque 'Simultanément sur plusieurs points contre les
Européens, il paraît probable qu'il suffira de réduire
Canton pour abattre de ce seul coup l'orgueil c hinois, et
l'amener à capituler, si ce n'est à renoncer à ses préten-
tions absurdes et secrètes. Il est donc assez probable que
le coup qui menace la Chine tombera sur Canton, qui a
provoqué la lutte actuelle, et qui, dès longtemps, a mé-
rité seul un châtiment exemplaire. Aller à Pékin en
essayant de remonter par les canaux jusqu'à la capitale
de l'empire, serait une conduite moins sûre; car les
Cantonais seraient toujours à réduire, puisque la popu-
lation turbulente des Cent Villages qui entourent Canton
est capable, d'accord avec les rebelles, de résister aux
ordres de l'Empereur, si l'Empereur lui ordonnait de
se soumettre.
D'ailleurs, en même temps qu'on frappera ce coup ter-
rible, il faut que la sagesse vienne en aide à la force, et
qu'on réponde par des concessions aux concessions qu'on
exige à si bon droit du gouvernement chinois. Dans un
article écrit avec autant de solidité que de franchise, la
Revue d'Edimbourg a récemment indiqué les bases d'une
judicieuse transaction. La propagande chrétienne, le
commerce de l'opium, et l'établissement de Hong-kong,
devenu le refuge de tous les malfaiteurs, inquiètent jus-
tement l'administration impériale. Il faut lui donner sa-
tisfaction sur tous ces points, quelque délicats qu'ils
soient. Comme c'est du commerce qu'on veut faire, il ne
faut pas mêler à une question purement commerciale
des questions étrangères de religion et de police. Ces
conseils, donnés certainement par un esprit très-sage,
et par une personne qu'autorise, à ce qu'il semble, une
expérience consommée de ce grave litige, seront-ils en-
tendus? Nous ne savons; mais dans l'intérêt du com-
merce et de l'humanité, nous le souhaitons vivement.
Le plénipotentiaire anglais, lord Elgin , a donné par
sa mission au Canada la plus haute opinion de sa pru-
dence et de sa ferme habileté. La question qu'il va ré-
soudre en Chine est tout à la fois plus difficile et beau-
coup plus importante. Tous les amis de l'humanité
doivent faire les vœux les plus sincères pour qu'il réus-
sisse dans le Céleste Empire comme il a réussi dans la
colonie anglaise confiée naguère à son administration,
BARTHÉLEMY SAINT-HILAIRE.
LE GOUVERNEMENT ESPAGNOL
ET LE CANAL DE SUEZ.
Nous avons dit plusieurs fois que l'Espagne est une
des puissances méditerranéennes qui avaient le plus
d'intérêt à l'ouverture de l'isthme de Suez. Non-seule-
ment l'Espagne a une grande étendue de côtes, et sur ces
côtes des ports considérables; mais de ping elle a dans
les mers asiatiques des colonies importantes qui ont
été jadis très-florissantes, et qui peuvent le redevenir. Ce
sont là des motifs suffisants pour que le gouvernement
espagnol voie notre entreprise avec une très-vive sympa-
thie; mais il a fait davantage, et voici la nouvelle qiie
nous trouvons dans le Diario de Barcelone du 22 avril :
L'ISTHME DE SUEZ.
u Nous avons la très-grande satisfaction d'annoncer que le
gouvernement de Sa Majesté Catholique, s'associant à l'opi-
nion universelle, Qn peut le dire, qui réclame l'ouverture de
l'isthme de Suez, vient de faire une démarche qui, en même
temps qu'elle l'honore sous plus d'un rapport, pourra con-
tribuer puissamment à écarter les obstacles qui jusqu'au-
jourd'hui ont empêché la réalisation de ce beau projet.
» Nous apprenons en effet que le ministère espagnol a
communiqué récemment un ordre royal à l'ambassadeur de
Sa Majesté à Constantinople, pour qu'il exprime à S. H. le
Sultan l'intérêt avec lequel la Reine (que Dieu garde!) voit
l'entreprise du canal de Suez, et la satisfaction qu'elle éprou-
verait si le Sultan voulait ratifier l'acte de concession du Vice-
roi d'Egypte.
parce qu'elle s'est rachetée de la. conquête par une forte
rançon dans la dernière guerre, et que les mandarins
n'ont pas manqué dans leurs proclamations menson-
gères de faire croire au peuple que les barbares avaient
échoué, quand de fait ils n'avaient été que trop clé-
ments, les Cantonais sont plus insolents encore que le
reste des Chinois. C'est là ce qui fait que la querelle a
éclaté dans cette ville. Mais cette querelle est aussi géné-
rale et aussi ancienne que l'apparition des Occidentaux
sur les côtes du Céleste Empire, et que les défiances fu-
rieuses que leur présence a excitées dans l'esprit d'un
peuple fanatisé par ses chefs. Cet antagonisme déplo-
rable existera tant que le gouvernement chinois ne sera
pas plus éclairé et qu'il persévérera dans cet isolement
qui l'aveugle et qui le perd.
D'un autre côté, il serait injuste de méconnaître que
le gouvernement chinois peut avoir contre les peuples
chrétiens des griefs légitimes, notamment en ce qui
concerne la propagande religieuse, qu'il redoute à l'égal
des sociétés secrètes dont l'empire est dévoré, et en
ce qui concerne certaines infractions graves aux lois
commerciales de l'empire. Mais si la Chine a de justes
plaintes à formuler, il n'y a qu'à s'entendre sur les points
litigieux, et à admettre la discussion des faits dont on
aura préalablement consenti à prendre connaissance.
Mais comme l'Empereur dédaigne toute relation avec des
barbares sur lesquels son regard ne peut s'abaisser,
toutes les voies pacifiques sont fermées; et il ne reste
plus que la force; au grand détriment de la Chine, qui
ne sait pas assez quelle est notre supériorité incompa-
rable, et au détriment non moins grand du commerce
général, que la guerre interrompt et bouleverse.
Mais laissons la stratégie; car ce n'est point là qu'est
le nœud de la question. On ne fait pas cette formidable
expédition pour conquérir la Chine. Tout ce qu'on veut,
et c'est là la difficulté, c'est de commercer avec elle,
parce que ce commerce est à la fois un besoin impé-
rieux et un droit très-légitime entre des peuples qui
comprennent les vrais rapports des hommes les uns avec
les autres. Or, il n'est pas aisé de commercer avec des
gens qui ne le veulent point. Mais heureusement, et
malgré les fureurs de patriotisme sauvage qui ont éclaté
presque 'Simultanément sur plusieurs points contre les
Européens, il paraît probable qu'il suffira de réduire
Canton pour abattre de ce seul coup l'orgueil c hinois, et
l'amener à capituler, si ce n'est à renoncer à ses préten-
tions absurdes et secrètes. Il est donc assez probable que
le coup qui menace la Chine tombera sur Canton, qui a
provoqué la lutte actuelle, et qui, dès longtemps, a mé-
rité seul un châtiment exemplaire. Aller à Pékin en
essayant de remonter par les canaux jusqu'à la capitale
de l'empire, serait une conduite moins sûre; car les
Cantonais seraient toujours à réduire, puisque la popu-
lation turbulente des Cent Villages qui entourent Canton
est capable, d'accord avec les rebelles, de résister aux
ordres de l'Empereur, si l'Empereur lui ordonnait de
se soumettre.
D'ailleurs, en même temps qu'on frappera ce coup ter-
rible, il faut que la sagesse vienne en aide à la force, et
qu'on réponde par des concessions aux concessions qu'on
exige à si bon droit du gouvernement chinois. Dans un
article écrit avec autant de solidité que de franchise, la
Revue d'Edimbourg a récemment indiqué les bases d'une
judicieuse transaction. La propagande chrétienne, le
commerce de l'opium, et l'établissement de Hong-kong,
devenu le refuge de tous les malfaiteurs, inquiètent jus-
tement l'administration impériale. Il faut lui donner sa-
tisfaction sur tous ces points, quelque délicats qu'ils
soient. Comme c'est du commerce qu'on veut faire, il ne
faut pas mêler à une question purement commerciale
des questions étrangères de religion et de police. Ces
conseils, donnés certainement par un esprit très-sage,
et par une personne qu'autorise, à ce qu'il semble, une
expérience consommée de ce grave litige, seront-ils en-
tendus? Nous ne savons; mais dans l'intérêt du com-
merce et de l'humanité, nous le souhaitons vivement.
Le plénipotentiaire anglais, lord Elgin , a donné par
sa mission au Canada la plus haute opinion de sa pru-
dence et de sa ferme habileté. La question qu'il va ré-
soudre en Chine est tout à la fois plus difficile et beau-
coup plus importante. Tous les amis de l'humanité
doivent faire les vœux les plus sincères pour qu'il réus-
sisse dans le Céleste Empire comme il a réussi dans la
colonie anglaise confiée naguère à son administration,
BARTHÉLEMY SAINT-HILAIRE.
LE GOUVERNEMENT ESPAGNOL
ET LE CANAL DE SUEZ.
Nous avons dit plusieurs fois que l'Espagne est une
des puissances méditerranéennes qui avaient le plus
d'intérêt à l'ouverture de l'isthme de Suez. Non-seule-
ment l'Espagne a une grande étendue de côtes, et sur ces
côtes des ports considérables; mais de ping elle a dans
les mers asiatiques des colonies importantes qui ont
été jadis très-florissantes, et qui peuvent le redevenir. Ce
sont là des motifs suffisants pour que le gouvernement
espagnol voie notre entreprise avec une très-vive sympa-
thie; mais il a fait davantage, et voici la nouvelle qiie
nous trouvons dans le Diario de Barcelone du 22 avril :
L'ISTHME DE SUEZ.
u Nous avons la très-grande satisfaction d'annoncer que le
gouvernement de Sa Majesté Catholique, s'associant à l'opi-
nion universelle, Qn peut le dire, qui réclame l'ouverture de
l'isthme de Suez, vient de faire une démarche qui, en même
temps qu'elle l'honore sous plus d'un rapport, pourra con-
tribuer puissamment à écarter les obstacles qui jusqu'au-
jourd'hui ont empêché la réalisation de ce beau projet.
» Nous apprenons en effet que le ministère espagnol a
communiqué récemment un ordre royal à l'ambassadeur de
Sa Majesté à Constantinople, pour qu'il exprime à S. H. le
Sultan l'intérêt avec lequel la Reine (que Dieu garde!) voit
l'entreprise du canal de Suez, et la satisfaction qu'elle éprou-
verait si le Sultan voulait ratifier l'acte de concession du Vice-
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