Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1857-04-25
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 25 avril 1857 25 avril 1857
Description : 1857/04/25 (A2,N21). 1857/04/25 (A2,N21).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k65306202
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/06/2013
144 L'ISTHME DE SUEZ.
» Le 14, nous vîmes Loeyah, en mascate Aya, ville assez
bien bâtie et ayant une belltf caserne; puis, le 15, nous arri-
vions à Hodeidah.
» Un négociant grec, M. G. Sava, pour lequel j'avais une
lettre, me reçut chez lui. La ville est entourée de murs et assez
jolie, bien bâtie, propre, et a de grands faubourgs. Toute la
partie est fut brûlée en 1855 par ordre du pacha, pour faci-
liter la défense lors de l'invasion des Assyres ; tous les habi-
tants s'étaient retirés sur une petite île, et la garnison, se
voyant maîtresse de la ville, pilla toutes les maisons. En de-
hors des murs, à peu près à 500 mètres de distance, se trou-
vent trois forts à murailles élevées, mais propres seulement à
résister aux incursions des Arabes des montagnes. M. Bar-
tholdy, le sculpteur, arriva le 22 à Hodeidah, venant d'Aden,
et nous convînmes d'aller ensemble par terre jusqu'à Mokah.
j) Le pacba d'Hodeidah, ayant notre départ, nous pria de
photographier son habitation, et, à cet effet, il ordonna un
grand déploiement de forces militaires. L'opération réussit fort
bien ; lorsque, cependant, nous lui en portâmes une épreuve,
il parut peu satisfait : il s'était figuré que les couleurs devaient
se reproduire. Il est fort rare que l'on puisse obtenir d'un
Arabe qu'il vous laisse faire son portrait; car il s'imagine
qu'une fois en possession de ce dessin, vous aurez sur sa des-
tinée, par quelque puissance magique, un empire absolu.
» Le 28, en quittant Hodeidah avec notre escorte, nous
voyageâmes pendant cinq heures, sous d'assez beaux arbres,
avant d'arriver à Dréhémi, grand village, pouvant avoir de
cinq à sept cents habitants. De Dréhémi, nous nous diri-
geâmes vers Laouia, petit village assez peuplé, mais de misé-
rable apparence.
» Le 30, nous gagnâmes Beis-el-Fakie h. De loin, cette ville
est ravissante; chaque maison est entourée d'un joli jardin.
Le bazar en est fort beau.
» Beis-el-Fakieh eut autrefois une grande importance :
c'était le principal entrepôt du café, que l'on y apportait de
toutes parts; on y fabrique des étoffes de laine et de soie.
Nous fûmes très-bien reçus par le gouverneur, qui npus fit
voir la ville en personne. Quand nous partîmes, nous traver-
sâmes un pays charmant, très-peuplé et cultivé avec soin.
» Le 3, nous arrivons à Zebith. Cette ville,, ainsi que Beis-
el-Fakieh, aune citadelle flanquée de tours; les murs en sont
prodigieusement élevés. Le bazar est étroit et sale. On y tra-
vaille fort bien l'argent ; on y tisse des étoffes de soie et de
coton ; tout le monde porte un poignard ou djembieh ; c'est
un ornement dont on ne se sépare pas.
» Après avoir traversé Scherafieh et Messagyte, nous arri-
vâmes, le 6, à Ais, jolie ville située au pied des montagnes;
son cljâteau est le mieux bâti de ceux que j'avais vus jus-
qu'alors. Auprès' de la ville, on voit les tombeaux de deux
santons. Enfin, après avoir passé par les bourgs de Rhohah,
de Mouchy, de Roussy, de Rouez et de Yektel, nous arrivâmes
le 10 au terme de notre voyage.
» Mokah, ville aujourd'hui presque abandonnée, était il y
a trente ans dans toute sa splendeur ; alors, en effet, ce dut
être la plus jolie ville de la mer Rouge. Aujourd'hui, les hautes
murailles qui l'entourent tombent en ruines, ainsi que la plus
grande partie de ses maisons, maintenant inhabitées; elles
sont grandes, aérées, propres et bien bâties. L'eau de Mokah
est mauvaise, comme toute celle que l'on trouve sur les côtes
de l'Arabie; mais on y apporte celle de la campagne, qui
est-délicièuse. On y mange d'excellents fruits venant des mon-
tagnes, tels que des concombres, des oignons, des melons,
dos pastèques, des raisins, dont une seule grappe pèse quel-
quefois jusqu'à 8 et 10 livres, des mangues, des bananes,
des amandes, des dattes, des abricots, des pommes, etc., etc.
» Le 17 mai, je quittai Mokah pour retourner à Hodeidah,
où je m'embarquai pour Aden, et de là je me rendis à Bom-
bay. n
M. de Castelneau raconte ensuite ses recherches sur
les hommes à queue, dont on a si souvent parlé, et qui
n'existent jusqu'à présent que dans les rêveries de quel-
ques savants, abusés par des renseignements inexacts.
« Un des objets principaux de mon voyage sur la mer
Rouge était de chercher à obtenir des renseignements sur les
fameux Niamniams, ou nègres munis d'un appendice caudal;
les renseignements que j'avais pu obtenir à Suez semblaient
assez favorables à l'existence de ces êtres anormaux ; mais les
recherches sur la mer Rouge n'ont malheureusement pas beau-
coup éclairci la question, malgré tous les efforts que j'ai faits
à ce sujet.
» Le capitaine de la barque qui me porta de Suez à Djed-
dah avait souvent entendu parler de ces nègres, et disait qu'ils
étaient bien loin dans l'intérieur de l'Afrique.
» Amin Bey, envoyé d'Egypte à Djeddah, homme fort éclairé
et ayant habité cette ville pendant vingt-cinq ans, m'a certifié
qu'il n'en était pas venu dans cette partie de l'Hedjaz; il en
avait entendu souvent parler, mais avec des versions tellement
différentes qu'il ne croyait pas à leur existence; il pensait que
c'était une tradition chez les noirs, une espèce de mauvais
esprit.
» A Gonfoda, un Arabe me dit que son père en avait vu un
àMassaouah, il y a une trentaine d'années; il avait, selon lui,
un appendice caudal long d'à peu près trois pouces, et venait
du sud du Darfour; il était anthropophage.
» A Hodeidah, je réunis un soir huit marchands d'esclaves
venant d'Abyssinie, et leur posai diverses questions : cinq en
avaient entendu parler par les esclaves qu'ils avaient amenés ;
ceux-ci les représentaient comme ayant des queues et étant
anthropophages; ils habitaient, disaient-ils, un pays situé
au delà de la Nubie.
» A Hodeidah, un Arabe métis en avait entendu parler;
mais il ajoutait à leur histoire des détails merveilleux : ainsi,
ils mangent leurs plus jeunes enfants et ont des têtes de cheval.
» Du reste, la notion de l'existence de cette race est générale
parmi les noirs de l'intérieur ; mais provient-elle d'une tra-
dition véritable? ou n'est-elle basée que sur quelques contes
imaginés pour effrayer les enfants? C'est ce que l'avenir nous
apprendra. DE CASTELEAU. »
Nous avons cru que ces détails sur un voyage récent
dans la mer Rouge étaient de nature à intéresser nos
lecteurs. On voit que le tableau fait par M. de Castelneau
est en parfait accord avec celui que nous avons plus
d'une fois tracé nous-même de la navigation indigène
dans ces parages, en donnant quelques fragments des
lettres de M. Barthélemy Saint-Hilaire sur Suez et son
commerce.
Nous comptons, du reste, revenir sur la géographie de
la mer Rouge, dans une étude spéciale dont nous réu-
nissons tous les documents.
ERNEST DESPLACES.
Le Gérant, ERNEST DESPLACES.
PARIS. TYPCGRAPHIB DE HENRI PLON, IMPRIMEUR DE L-BIIPUREUII, hUË QARANCIÈRE, 8.
» Le 14, nous vîmes Loeyah, en mascate Aya, ville assez
bien bâtie et ayant une belltf caserne; puis, le 15, nous arri-
vions à Hodeidah.
» Un négociant grec, M. G. Sava, pour lequel j'avais une
lettre, me reçut chez lui. La ville est entourée de murs et assez
jolie, bien bâtie, propre, et a de grands faubourgs. Toute la
partie est fut brûlée en 1855 par ordre du pacha, pour faci-
liter la défense lors de l'invasion des Assyres ; tous les habi-
tants s'étaient retirés sur une petite île, et la garnison, se
voyant maîtresse de la ville, pilla toutes les maisons. En de-
hors des murs, à peu près à 500 mètres de distance, se trou-
vent trois forts à murailles élevées, mais propres seulement à
résister aux incursions des Arabes des montagnes. M. Bar-
tholdy, le sculpteur, arriva le 22 à Hodeidah, venant d'Aden,
et nous convînmes d'aller ensemble par terre jusqu'à Mokah.
j) Le pacba d'Hodeidah, ayant notre départ, nous pria de
photographier son habitation, et, à cet effet, il ordonna un
grand déploiement de forces militaires. L'opération réussit fort
bien ; lorsque, cependant, nous lui en portâmes une épreuve,
il parut peu satisfait : il s'était figuré que les couleurs devaient
se reproduire. Il est fort rare que l'on puisse obtenir d'un
Arabe qu'il vous laisse faire son portrait; car il s'imagine
qu'une fois en possession de ce dessin, vous aurez sur sa des-
tinée, par quelque puissance magique, un empire absolu.
» Le 28, en quittant Hodeidah avec notre escorte, nous
voyageâmes pendant cinq heures, sous d'assez beaux arbres,
avant d'arriver à Dréhémi, grand village, pouvant avoir de
cinq à sept cents habitants. De Dréhémi, nous nous diri-
geâmes vers Laouia, petit village assez peuplé, mais de misé-
rable apparence.
» Le 30, nous gagnâmes Beis-el-Fakie h. De loin, cette ville
est ravissante; chaque maison est entourée d'un joli jardin.
Le bazar en est fort beau.
» Beis-el-Fakieh eut autrefois une grande importance :
c'était le principal entrepôt du café, que l'on y apportait de
toutes parts; on y fabrique des étoffes de laine et de soie.
Nous fûmes très-bien reçus par le gouverneur, qui npus fit
voir la ville en personne. Quand nous partîmes, nous traver-
sâmes un pays charmant, très-peuplé et cultivé avec soin.
» Le 3, nous arrivons à Zebith. Cette ville,, ainsi que Beis-
el-Fakieh, aune citadelle flanquée de tours; les murs en sont
prodigieusement élevés. Le bazar est étroit et sale. On y tra-
vaille fort bien l'argent ; on y tisse des étoffes de soie et de
coton ; tout le monde porte un poignard ou djembieh ; c'est
un ornement dont on ne se sépare pas.
» Après avoir traversé Scherafieh et Messagyte, nous arri-
vâmes, le 6, à Ais, jolie ville située au pied des montagnes;
son cljâteau est le mieux bâti de ceux que j'avais vus jus-
qu'alors. Auprès' de la ville, on voit les tombeaux de deux
santons. Enfin, après avoir passé par les bourgs de Rhohah,
de Mouchy, de Roussy, de Rouez et de Yektel, nous arrivâmes
le 10 au terme de notre voyage.
» Mokah, ville aujourd'hui presque abandonnée, était il y
a trente ans dans toute sa splendeur ; alors, en effet, ce dut
être la plus jolie ville de la mer Rouge. Aujourd'hui, les hautes
murailles qui l'entourent tombent en ruines, ainsi que la plus
grande partie de ses maisons, maintenant inhabitées; elles
sont grandes, aérées, propres et bien bâties. L'eau de Mokah
est mauvaise, comme toute celle que l'on trouve sur les côtes
de l'Arabie; mais on y apporte celle de la campagne, qui
est-délicièuse. On y mange d'excellents fruits venant des mon-
tagnes, tels que des concombres, des oignons, des melons,
dos pastèques, des raisins, dont une seule grappe pèse quel-
quefois jusqu'à 8 et 10 livres, des mangues, des bananes,
des amandes, des dattes, des abricots, des pommes, etc., etc.
» Le 17 mai, je quittai Mokah pour retourner à Hodeidah,
où je m'embarquai pour Aden, et de là je me rendis à Bom-
bay. n
M. de Castelneau raconte ensuite ses recherches sur
les hommes à queue, dont on a si souvent parlé, et qui
n'existent jusqu'à présent que dans les rêveries de quel-
ques savants, abusés par des renseignements inexacts.
« Un des objets principaux de mon voyage sur la mer
Rouge était de chercher à obtenir des renseignements sur les
fameux Niamniams, ou nègres munis d'un appendice caudal;
les renseignements que j'avais pu obtenir à Suez semblaient
assez favorables à l'existence de ces êtres anormaux ; mais les
recherches sur la mer Rouge n'ont malheureusement pas beau-
coup éclairci la question, malgré tous les efforts que j'ai faits
à ce sujet.
» Le capitaine de la barque qui me porta de Suez à Djed-
dah avait souvent entendu parler de ces nègres, et disait qu'ils
étaient bien loin dans l'intérieur de l'Afrique.
» Amin Bey, envoyé d'Egypte à Djeddah, homme fort éclairé
et ayant habité cette ville pendant vingt-cinq ans, m'a certifié
qu'il n'en était pas venu dans cette partie de l'Hedjaz; il en
avait entendu souvent parler, mais avec des versions tellement
différentes qu'il ne croyait pas à leur existence; il pensait que
c'était une tradition chez les noirs, une espèce de mauvais
esprit.
» A Gonfoda, un Arabe me dit que son père en avait vu un
àMassaouah, il y a une trentaine d'années; il avait, selon lui,
un appendice caudal long d'à peu près trois pouces, et venait
du sud du Darfour; il était anthropophage.
» A Hodeidah, je réunis un soir huit marchands d'esclaves
venant d'Abyssinie, et leur posai diverses questions : cinq en
avaient entendu parler par les esclaves qu'ils avaient amenés ;
ceux-ci les représentaient comme ayant des queues et étant
anthropophages; ils habitaient, disaient-ils, un pays situé
au delà de la Nubie.
» A Hodeidah, un Arabe métis en avait entendu parler;
mais il ajoutait à leur histoire des détails merveilleux : ainsi,
ils mangent leurs plus jeunes enfants et ont des têtes de cheval.
» Du reste, la notion de l'existence de cette race est générale
parmi les noirs de l'intérieur ; mais provient-elle d'une tra-
dition véritable? ou n'est-elle basée que sur quelques contes
imaginés pour effrayer les enfants? C'est ce que l'avenir nous
apprendra. DE CASTELEAU. »
Nous avons cru que ces détails sur un voyage récent
dans la mer Rouge étaient de nature à intéresser nos
lecteurs. On voit que le tableau fait par M. de Castelneau
est en parfait accord avec celui que nous avons plus
d'une fois tracé nous-même de la navigation indigène
dans ces parages, en donnant quelques fragments des
lettres de M. Barthélemy Saint-Hilaire sur Suez et son
commerce.
Nous comptons, du reste, revenir sur la géographie de
la mer Rouge, dans une étude spéciale dont nous réu-
nissons tous les documents.
ERNEST DESPLACES.
Le Gérant, ERNEST DESPLACES.
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