Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1857-05-10
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 10 mai 1857 10 mai 1857
Description : 1857/05/10 (A2,N22). 1857/05/10 (A2,N22).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6530621g
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/06/2013
160 L'ISTHME DE SUEZ.
notions d'immortalité de l'âme humaine, qu'ils prétendaient
leur être tout à fait inconnues, étaient cependant naturelles
chez eux; - car il ne leur viendrait jamais à l'idée de croire que
des esprits pussent survivre à des bœufs ou à des ânes.
A quelques lieues au sud du mont Logouat se trouve sur la
rive droite un affluent navigable pendant trois jours, et qui
paraît prendre sa source au pied d'une haute montagne appe-
lée Lologouchi (croquis n° 2). Plus loin, à 8 lieues de Logouat,
commencent des rapides entre, des îlots très-rapprochés, figu-
rés dans le croquis n° 3. Ces rapides se prolongent, dit-on,
pendant une centaine de lieues, et rendent le fleuve innavi-
gable. -
» M. Knoblecher' a pu passer avec sa barque entre les pre-
miers îlots; mais il a dû aller à pied jusqu'au rocher A, qui
a 100 pieds d'élévation. Il a aperçu de cette hauteur, autant
que la vue pouvait s'étendre, le Nil coulant dans le Sud entre
deux hautes montagnes appelées Merek Rego et Merek l-Vigo.
Il résulte de son récit et de tous les renseignements recueillis
par les autres voyageurs qu'au delà des rapides le fleuve re-
deviendrait navigable jusqu'au 4e ou 5e degré de latitude sud;
que là il formerait un coude vers l'est, reviendrait ensuite, au
nord pour prendre sa source entre le ïPr et le 2e degré de
latitude sud, au pied d'une longue chaîne de montagnes appe-
lées par les Saumalis Kwnia, et dont les plateaux les plus
rapprochés des sources sont appelés dans le pays Kali JJfand-
jaro, c'est-à-dire Montagne blanche. Ce serait donc les mon-
tagnes à tête d'argent de l'antiquité, et les montagnes couvertes
de neige perpétuelle reconnues par les missionnaires protes-
tants de Monbaz, ainsi que par le navigateur anglais Short,
résidant à Zanzibar.
Dans le cours du fleuve Blanc, où se trouvent les rapides,
les deux bords sont souvent si rapprochés que les gens du
pays disent qu'on peut se donner la main d'une rive à l'autre.
Les missionnaires catholiques ont constaté que dans plusieurs
endroits on traverse le fleuve en se servant d'un grand arbre
couché et appuyé sur les deux rives.
Les crues commencent à se faire sentir en février et mars.
Quelquefois le fleuve s'élève et s'abaisse successivement dans
les vingt-quatre heures ; c'est ce qui est arrivé à M. Knoble-
cher, lors de son passage entre les flots des premiers rapides.
Il craignit un jour de ne pouvoir retourner à Gondokoro, sa
barque étant restée presque à sec ; mais le lendemain elle
revint à flot, et ce mouvement de flux et de reflux se produisit
plusieurs fois.
Les Barrys, au milieu desquels est situé l'établissement
catholique-de Gondokoro, appartiennent à une tri nom-
breuse et puissante" qui fait remonter son origine à un chef
nommé Zangara et à ses fils Karchiouk , Bepo, Pilza, Wany,
Watavy et Manabour. Ils étaient autrefois en relations pério-
diques avec une tribu très-éloignée-habitant le sud-est; mais
la caravane qui arrivait tous les ans chez eux n'a pas paru de-
puis plusieurs années," à cause de l'attitude hostile de quel-
ques populations intermédiaires.
ETHNOLOGIE.
Les populations riveraines du Nil Blanc sont très-denses
partout où la terre est féconde.
Lçjirs armes sont des lances, des flèches, de grands sabres
droits à deux tranchants, des massues en bois d'ébène, des
tridents à trois lames tranchantes qu'ils lancent à la main.
J'offre à l'Académie un de ces tridents et deux fers de bêche
fabriqués chez les Djours avec le fer du pays.
Aucune des tribus ne connaît l'écriture.
Ils savent calculer, et leur numération est semblable à la
nôtre. Je donne sous le n° 5, d'après M. de Malzac, un tableau
des nombres en usage chez les Kidjs, les Agar, les Ocools, les
Dinka, les Bohr, etc.
Les riverains du Nil Blanc se nourrissent habituellement de
lait de vache, de grains de doura, de sorgho sucre, de riz,
de haricots, d'arachides, de patates.
Les femmes mariées se couvrent les parties avec des-peaux
de moutons ; les hommes sont en général entièrement nus.
Cependant chez les Djours ils mettent les parties sexuelles
dans des sacs de peau de panthère, et les femmes ceignent
autour des reins des feuilles ou des tiges garnies de verdure.
Les logements, dans les régions où il pleut, sont des
cabanes rondes à toit conique; dans les régions où il ne
pleut pas, ils ont la forme carrée et le toit plat.
Les Barrys font des invocations à une divinité qu'ils appel-
lent la grande pluie Dendit. Dans les temps de sécheresse, ils
lui sacrifient un bœuf blanc pour obtenir la pluie, et dans les ,
temps trop pluvieux ils sacrifient un bœuf noir pour obtenir
le soleil. Le sacrifice des bœufs est d'ailleurs en usage chez
presque toutes les tribus du Nil Blanc. -
Lorsque deux ennemis se réconcilient, c hacun d'eux porte
à la bouche un morceau de fer qui est le gage de la paix, et
qui est immédiatement enterré dans le lieu où la paix a été
conclue.
Pour toutes funérailles, les corps sont jetés au Nil par les
riverains ; et dans l'intérieur les morts sont enterrés devant
leurs habitations et accroupis verticalement, position obtenue
par la rupture des os. des cuisses. Sur les tombeaux des
hommes on plante en terre une lance, et sur le tombeau des
femmes on place l'écuelle dans laquelle elles avaient l'habi-
tude de piler la graine de doura.
Tous les soirs il y a des réunions où l'on danse -et l'on
chante. Les chants n'ont point la-monotonie de la musique
arabe; les airs sont vifs, très-variés, et les voix sont justes et
fort agréables.
Bien que la loi soit celle du plus fort, les mœurs sont en
général très-douces. Les vols et les meurtres sont rares, à
moins que l'on ne soit en guerre de famille à famille ou de
tribu à tribu. Le vol est puni par le volé ; le meurtre, par la
famille du mort.
Le premier de chaque tribu, -le plus puissant parmi les
siens est celui qui est le plus riche, c'est-à-dire qui a le plus
de femmes et de bestiaux.
La polygamie est partout en usage. La prostitution n'est
admise nulle part.
On consulte des devins pour faire venir la pluie ou la cha-
leur; mais le métier n'est pas toujours lucratif, et si les pré-
dications des devins ne se réalisent pas, il arrive quelquefois
que le peuple les met à mort en leur faisant ouvrir le ventre.
On comprend que le devin n'attende pas toujours le retour
de ses clients, lorsque sa prophétie ne s'est pas réalisée, et
qu'il s'empresse de disparaître dans les moments critiques où
l'on vient lui faire rendre ses comptes d'une manière aussi ter-
rible. Le seul métier public est celui de forgeron.
FERDINAND DE LESSEPS.
(La fin au numéro prochain.)
Le Gérant ERNEST DESPLACES.
PARIS. TYPCGRAPHIB DE BBNRI PLON, IMPRIMEUR DE L'BMPEREUR. RUE GARANCIÈRE. 8.
notions d'immortalité de l'âme humaine, qu'ils prétendaient
leur être tout à fait inconnues, étaient cependant naturelles
chez eux; - car il ne leur viendrait jamais à l'idée de croire que
des esprits pussent survivre à des bœufs ou à des ânes.
A quelques lieues au sud du mont Logouat se trouve sur la
rive droite un affluent navigable pendant trois jours, et qui
paraît prendre sa source au pied d'une haute montagne appe-
lée Lologouchi (croquis n° 2). Plus loin, à 8 lieues de Logouat,
commencent des rapides entre, des îlots très-rapprochés, figu-
rés dans le croquis n° 3. Ces rapides se prolongent, dit-on,
pendant une centaine de lieues, et rendent le fleuve innavi-
gable. -
» M. Knoblecher' a pu passer avec sa barque entre les pre-
miers îlots; mais il a dû aller à pied jusqu'au rocher A, qui
a 100 pieds d'élévation. Il a aperçu de cette hauteur, autant
que la vue pouvait s'étendre, le Nil coulant dans le Sud entre
deux hautes montagnes appelées Merek Rego et Merek l-Vigo.
Il résulte de son récit et de tous les renseignements recueillis
par les autres voyageurs qu'au delà des rapides le fleuve re-
deviendrait navigable jusqu'au 4e ou 5e degré de latitude sud;
que là il formerait un coude vers l'est, reviendrait ensuite, au
nord pour prendre sa source entre le ïPr et le 2e degré de
latitude sud, au pied d'une longue chaîne de montagnes appe-
lées par les Saumalis Kwnia, et dont les plateaux les plus
rapprochés des sources sont appelés dans le pays Kali JJfand-
jaro, c'est-à-dire Montagne blanche. Ce serait donc les mon-
tagnes à tête d'argent de l'antiquité, et les montagnes couvertes
de neige perpétuelle reconnues par les missionnaires protes-
tants de Monbaz, ainsi que par le navigateur anglais Short,
résidant à Zanzibar.
Dans le cours du fleuve Blanc, où se trouvent les rapides,
les deux bords sont souvent si rapprochés que les gens du
pays disent qu'on peut se donner la main d'une rive à l'autre.
Les missionnaires catholiques ont constaté que dans plusieurs
endroits on traverse le fleuve en se servant d'un grand arbre
couché et appuyé sur les deux rives.
Les crues commencent à se faire sentir en février et mars.
Quelquefois le fleuve s'élève et s'abaisse successivement dans
les vingt-quatre heures ; c'est ce qui est arrivé à M. Knoble-
cher, lors de son passage entre les flots des premiers rapides.
Il craignit un jour de ne pouvoir retourner à Gondokoro, sa
barque étant restée presque à sec ; mais le lendemain elle
revint à flot, et ce mouvement de flux et de reflux se produisit
plusieurs fois.
Les Barrys, au milieu desquels est situé l'établissement
catholique-de Gondokoro, appartiennent à une tri nom-
breuse et puissante" qui fait remonter son origine à un chef
nommé Zangara et à ses fils Karchiouk , Bepo, Pilza, Wany,
Watavy et Manabour. Ils étaient autrefois en relations pério-
diques avec une tribu très-éloignée-habitant le sud-est; mais
la caravane qui arrivait tous les ans chez eux n'a pas paru de-
puis plusieurs années," à cause de l'attitude hostile de quel-
ques populations intermédiaires.
ETHNOLOGIE.
Les populations riveraines du Nil Blanc sont très-denses
partout où la terre est féconde.
Lçjirs armes sont des lances, des flèches, de grands sabres
droits à deux tranchants, des massues en bois d'ébène, des
tridents à trois lames tranchantes qu'ils lancent à la main.
J'offre à l'Académie un de ces tridents et deux fers de bêche
fabriqués chez les Djours avec le fer du pays.
Aucune des tribus ne connaît l'écriture.
Ils savent calculer, et leur numération est semblable à la
nôtre. Je donne sous le n° 5, d'après M. de Malzac, un tableau
des nombres en usage chez les Kidjs, les Agar, les Ocools, les
Dinka, les Bohr, etc.
Les riverains du Nil Blanc se nourrissent habituellement de
lait de vache, de grains de doura, de sorgho sucre, de riz,
de haricots, d'arachides, de patates.
Les femmes mariées se couvrent les parties avec des-peaux
de moutons ; les hommes sont en général entièrement nus.
Cependant chez les Djours ils mettent les parties sexuelles
dans des sacs de peau de panthère, et les femmes ceignent
autour des reins des feuilles ou des tiges garnies de verdure.
Les logements, dans les régions où il pleut, sont des
cabanes rondes à toit conique; dans les régions où il ne
pleut pas, ils ont la forme carrée et le toit plat.
Les Barrys font des invocations à une divinité qu'ils appel-
lent la grande pluie Dendit. Dans les temps de sécheresse, ils
lui sacrifient un bœuf blanc pour obtenir la pluie, et dans les ,
temps trop pluvieux ils sacrifient un bœuf noir pour obtenir
le soleil. Le sacrifice des bœufs est d'ailleurs en usage chez
presque toutes les tribus du Nil Blanc. -
Lorsque deux ennemis se réconcilient, c hacun d'eux porte
à la bouche un morceau de fer qui est le gage de la paix, et
qui est immédiatement enterré dans le lieu où la paix a été
conclue.
Pour toutes funérailles, les corps sont jetés au Nil par les
riverains ; et dans l'intérieur les morts sont enterrés devant
leurs habitations et accroupis verticalement, position obtenue
par la rupture des os. des cuisses. Sur les tombeaux des
hommes on plante en terre une lance, et sur le tombeau des
femmes on place l'écuelle dans laquelle elles avaient l'habi-
tude de piler la graine de doura.
Tous les soirs il y a des réunions où l'on danse -et l'on
chante. Les chants n'ont point la-monotonie de la musique
arabe; les airs sont vifs, très-variés, et les voix sont justes et
fort agréables.
Bien que la loi soit celle du plus fort, les mœurs sont en
général très-douces. Les vols et les meurtres sont rares, à
moins que l'on ne soit en guerre de famille à famille ou de
tribu à tribu. Le vol est puni par le volé ; le meurtre, par la
famille du mort.
Le premier de chaque tribu, -le plus puissant parmi les
siens est celui qui est le plus riche, c'est-à-dire qui a le plus
de femmes et de bestiaux.
La polygamie est partout en usage. La prostitution n'est
admise nulle part.
On consulte des devins pour faire venir la pluie ou la cha-
leur; mais le métier n'est pas toujours lucratif, et si les pré-
dications des devins ne se réalisent pas, il arrive quelquefois
que le peuple les met à mort en leur faisant ouvrir le ventre.
On comprend que le devin n'attende pas toujours le retour
de ses clients, lorsque sa prophétie ne s'est pas réalisée, et
qu'il s'empresse de disparaître dans les moments critiques où
l'on vient lui faire rendre ses comptes d'une manière aussi ter-
rible. Le seul métier public est celui de forgeron.
FERDINAND DE LESSEPS.
(La fin au numéro prochain.)
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