Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1857-03-25
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 25 mars 1857 25 mars 1857
Description : 1857/03/25 (A2,N19). 1857/03/25 (A2,N19).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k65306180
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/06/2013
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. loi
LA "PATRIE" ET LE CANAL DE SUEZ.
Nous trouvons dans le journal la Patrie du 7 mars
un excellent article de M. Cucheval-Clarigny sur le
canal de Suez. Nous reproduisons cet article à peu
près en entier. On y remarquera des arguments nou-
veaux contre la résistance que font quelques hommes
d'État anglais à notre grande entreprise. M. Cucheval-
Clarigny démontre péremptoirement que c'est mécon-
naître absolument les plus chers intérêts de la Grande-
Bretagne que de s'opposer à un projet qui doit la
rapprocher de moitié de ses colonies.
L'auteur rappelle d'abord quelles sont les routes
principales qu'à diverses époques le commerce de
l'Orient a suivies dans ses relations avec l'Europe ;
puis il ajoute :
« La seule inspection d'une carte suffit à démontrer irrésis-
tiblement que de ces routes la plus directe et la plus facile est
celle qui emprunte le territoire de l'Egypte. Aussi, chaque
fois que l'Egypte a été soumise à une domination, non pas
intelligente et éclairée, mais seulement stable, le commerce
est toujours revenu à cette route comme à sa voie naturelle et
véritable. Il ne l'abandonne qu'à regret, et il y retourne au
premier appel.
» A une époque de civilisation comme la nôtre, lorsque
l'Egypte jouit d'une paix profonde, lorsqu'elle a à sa tête un
gouvernement ami du progrès, qui non-seulement assure au
commerce une complète sécurité, mais qui va au-devant de
tous ses besoins, est-il surprenant que les yeux de l'Europe
se tournent de nouveau vers la mer Rouge comme vers la
vraie route de l'Orient? Le percement de l'isthme de Suez,
qui ajoutera à tous les avantages de cette route, qui épargnera
au commerce des retards et des frais inutiles, répond donc à
une nécessité de notre temps. Puisque la science l'a reconnu
praticable et même facile, on peut être assuré qu'il s'exécu-
tera; en douter serait faire injure à l'esprit de notre siècle.
» Cette grande entreprise consommera, en la consolidant,
une révolution déjà commencée, qui tend à rendre insensible-
ment à la Méditerranée son ancien rôle de foyer du commerce
européen. Tous les esprits clairvoyants ont observé que, de-
puis trente ans, tous les grands ports de la Méditerranée,
après un long sommeil, sont sortis successivement de leur
torpeur et ont repris une activité qui va sans cesse croissant.
Le percement de l'isthme de Suez développera encore ce mou-
vement, qui sera d'autant plus fécond qu'il ne profite exclu-
sivement à personne. Dans les relations nouvelles et directes
qui vont s'établir avec l'Orient, Trieste représentera l'Alle-
magne, Gênes l'Italie, Marseille la France, la Suisse et la
Belgique, Barcelone l'Espagne. Toutes les nations de l'Europe
sont donc également intéressées à l'achèvement d'une entre-
prise dont elles retireront un égal avantage.
» Une seule nation pourra se croire atteinte dans une des
sources de sa prospérité, c'est l'Angleterre. Le commerce avec
les Indes et la Chine, dans les conditions où il s'opère aujour-
d'hui, nécessite une longue navigation. Il exige par consé-
quent des navires d'un fort tonnage et d'une marche rapide,
pourvus d'un équipage nombreux. De semblables navires ne
peuvent être armés avec profit que dans un pays qui offre aux
armateurs un fret régulier et assuré ; et l'Angleterre présente
seule aujourd' hui ces avantages. Il en résulte que la plupart
des pays d'Europe prennent l'Angleterre pour intermédiaire
de leur commerce avec l'Orient, et sont tributaires de sa ma-
rine. Le jour où une communication plus directe et moins
coûteuse avec l'Onent sera offerte aux nations du continent,
elles dirigeront leurs expéditions sur les ports de la Méditer-
ranée, et l'Angleterre perdra les profits attachés à son rôle de
colporteur et de facteur du monde entier.
» Mais, de toutes les nations, c'est l'Angleterre qui entre-
tient les relations les plus étendues et qui fait les échanges les
plus considérables avec l'Orient. Le dommage que pourra
éprouver son commerce de transit sera donc bien léger en
présence des avantages que son commerce spécial retirera du
percement de l'isthme de Suez. Tous ses envois dans l'Inde
seront affranchis d'une longue et périlleuse navigation; et,
pour ne parler que de deux des charges qui pèsent sur le
commerce maritime, c'est par millions que la cité de Londres
comptera les économies réalisées sur les frais de transport et
d'assurances. L'Angleterre méconnaîtrait donc ses véritables
intérêts si, par un esprit de mesquine jalousie et uniquement
préoccupée de son commerce de transit, elle entravait une en-
treprise dont les résultats lui profiteront au même degré qu'à
toutes les nations du continent. C'est en vain , d'ailleurs, qu'elle
essayerait d'imposer au commerce européen la route par le
cap de Bonne-Espérance : on ne lutte pas contre les lois de la
nature; on ne peut supprimer ni l'espace ni le temps.
» Une considération plus élevée qu'un calcul mercantile dé-
terminera tôt ou tard les hommes d'Etat anglais à donner leur
concours au percement de l'isthme de Suez. Les alarmes inté-
ressées de quelques armateurs ne prévaudront point à leurs
yeux sur la sécurité de l'Inde. A mesure que se lèvent les
voiles qui nous cachaient jusqu'ici l'Orient, les points vulné-
rables de l'empire anglo-indien sont mieux connus; et la per-
spective d'avoir à défendre les Indes contre une puissance eu-
ropéenne, ou contre une puissance asiatique secondée par les
lumières et les secours de l'Europe, doit entrer dans les pré-
visions de tous les hommes d'Etat anglais. Dans le cours de la
dernière guerre, l'Angleterre a essayé de faire venir en Crimée
deux régiments de son armée des Indes ; le jour arrivera peut-
être où il serait nécessaire, au contraire, de faire passer ra-
pidement des troupes d'Europe en Asie. Cette entreprise, au-
jourd' hui longue, coûteuse et presque irréalisable, serait facile
et prompte si le percement de l'isthme de Suez permettait à
des navires partis de Southampton d'arriver à Bombay sans
rompre charge. Quel châtiment plus terrible pourrait recevoir
le gouvernement anglais, si une opposition malavisée aux
vœux de l'Europe et aux tendances de notre époque, avait
pour conséquence d'empêcher une armée anglaise d'arriver à
temps sur les rives de l'Indus !
» Ajoutons que le percement de l'isthme de Suez sera peut-
être un jour pour l'Angleterre le seul moyen de garder entre
ses mains le commerce des Indes et de la Chine, et de soutenir
la concurrence que lui préparent les Américains. Le peuple-
ment de la Californie, qui a failli produire une révolution
monétaire, aura aussi des conséquences commerciales. Établis
sur la magnifique rade de San-Francisc), les Américains sont
plus rapprochés des ports de la Chine et de l'Inde que les An-
glais. Un chemin de fer reliera bientôt directement San-Fran-
cisco à New- York ; un chemin de fer traverse déjà l'isthme de
Panama en attendant que l'isthme lui-même soit percé. Le
moment n'est donc pas éloigné où San-Francisco pourra dis-
poser de toutes les ressources financières et industrielles des
États-Unis. Or, voici ce qui se passe déjà. Des clippers partent
de San-Francisco pour les Indes, y échangent leur chargement
contre des marchandises à destination de l' Angleterre, et ar-
rivés à Liverpool prennent un nouveau chargement à destina-
LA "PATRIE" ET LE CANAL DE SUEZ.
Nous trouvons dans le journal la Patrie du 7 mars
un excellent article de M. Cucheval-Clarigny sur le
canal de Suez. Nous reproduisons cet article à peu
près en entier. On y remarquera des arguments nou-
veaux contre la résistance que font quelques hommes
d'État anglais à notre grande entreprise. M. Cucheval-
Clarigny démontre péremptoirement que c'est mécon-
naître absolument les plus chers intérêts de la Grande-
Bretagne que de s'opposer à un projet qui doit la
rapprocher de moitié de ses colonies.
L'auteur rappelle d'abord quelles sont les routes
principales qu'à diverses époques le commerce de
l'Orient a suivies dans ses relations avec l'Europe ;
puis il ajoute :
« La seule inspection d'une carte suffit à démontrer irrésis-
tiblement que de ces routes la plus directe et la plus facile est
celle qui emprunte le territoire de l'Egypte. Aussi, chaque
fois que l'Egypte a été soumise à une domination, non pas
intelligente et éclairée, mais seulement stable, le commerce
est toujours revenu à cette route comme à sa voie naturelle et
véritable. Il ne l'abandonne qu'à regret, et il y retourne au
premier appel.
» A une époque de civilisation comme la nôtre, lorsque
l'Egypte jouit d'une paix profonde, lorsqu'elle a à sa tête un
gouvernement ami du progrès, qui non-seulement assure au
commerce une complète sécurité, mais qui va au-devant de
tous ses besoins, est-il surprenant que les yeux de l'Europe
se tournent de nouveau vers la mer Rouge comme vers la
vraie route de l'Orient? Le percement de l'isthme de Suez,
qui ajoutera à tous les avantages de cette route, qui épargnera
au commerce des retards et des frais inutiles, répond donc à
une nécessité de notre temps. Puisque la science l'a reconnu
praticable et même facile, on peut être assuré qu'il s'exécu-
tera; en douter serait faire injure à l'esprit de notre siècle.
» Cette grande entreprise consommera, en la consolidant,
une révolution déjà commencée, qui tend à rendre insensible-
ment à la Méditerranée son ancien rôle de foyer du commerce
européen. Tous les esprits clairvoyants ont observé que, de-
puis trente ans, tous les grands ports de la Méditerranée,
après un long sommeil, sont sortis successivement de leur
torpeur et ont repris une activité qui va sans cesse croissant.
Le percement de l'isthme de Suez développera encore ce mou-
vement, qui sera d'autant plus fécond qu'il ne profite exclu-
sivement à personne. Dans les relations nouvelles et directes
qui vont s'établir avec l'Orient, Trieste représentera l'Alle-
magne, Gênes l'Italie, Marseille la France, la Suisse et la
Belgique, Barcelone l'Espagne. Toutes les nations de l'Europe
sont donc également intéressées à l'achèvement d'une entre-
prise dont elles retireront un égal avantage.
» Une seule nation pourra se croire atteinte dans une des
sources de sa prospérité, c'est l'Angleterre. Le commerce avec
les Indes et la Chine, dans les conditions où il s'opère aujour-
d'hui, nécessite une longue navigation. Il exige par consé-
quent des navires d'un fort tonnage et d'une marche rapide,
pourvus d'un équipage nombreux. De semblables navires ne
peuvent être armés avec profit que dans un pays qui offre aux
armateurs un fret régulier et assuré ; et l'Angleterre présente
seule aujourd' hui ces avantages. Il en résulte que la plupart
des pays d'Europe prennent l'Angleterre pour intermédiaire
de leur commerce avec l'Orient, et sont tributaires de sa ma-
rine. Le jour où une communication plus directe et moins
coûteuse avec l'Onent sera offerte aux nations du continent,
elles dirigeront leurs expéditions sur les ports de la Méditer-
ranée, et l'Angleterre perdra les profits attachés à son rôle de
colporteur et de facteur du monde entier.
» Mais, de toutes les nations, c'est l'Angleterre qui entre-
tient les relations les plus étendues et qui fait les échanges les
plus considérables avec l'Orient. Le dommage que pourra
éprouver son commerce de transit sera donc bien léger en
présence des avantages que son commerce spécial retirera du
percement de l'isthme de Suez. Tous ses envois dans l'Inde
seront affranchis d'une longue et périlleuse navigation; et,
pour ne parler que de deux des charges qui pèsent sur le
commerce maritime, c'est par millions que la cité de Londres
comptera les économies réalisées sur les frais de transport et
d'assurances. L'Angleterre méconnaîtrait donc ses véritables
intérêts si, par un esprit de mesquine jalousie et uniquement
préoccupée de son commerce de transit, elle entravait une en-
treprise dont les résultats lui profiteront au même degré qu'à
toutes les nations du continent. C'est en vain , d'ailleurs, qu'elle
essayerait d'imposer au commerce européen la route par le
cap de Bonne-Espérance : on ne lutte pas contre les lois de la
nature; on ne peut supprimer ni l'espace ni le temps.
» Une considération plus élevée qu'un calcul mercantile dé-
terminera tôt ou tard les hommes d'Etat anglais à donner leur
concours au percement de l'isthme de Suez. Les alarmes inté-
ressées de quelques armateurs ne prévaudront point à leurs
yeux sur la sécurité de l'Inde. A mesure que se lèvent les
voiles qui nous cachaient jusqu'ici l'Orient, les points vulné-
rables de l'empire anglo-indien sont mieux connus; et la per-
spective d'avoir à défendre les Indes contre une puissance eu-
ropéenne, ou contre une puissance asiatique secondée par les
lumières et les secours de l'Europe, doit entrer dans les pré-
visions de tous les hommes d'Etat anglais. Dans le cours de la
dernière guerre, l'Angleterre a essayé de faire venir en Crimée
deux régiments de son armée des Indes ; le jour arrivera peut-
être où il serait nécessaire, au contraire, de faire passer ra-
pidement des troupes d'Europe en Asie. Cette entreprise, au-
jourd' hui longue, coûteuse et presque irréalisable, serait facile
et prompte si le percement de l'isthme de Suez permettait à
des navires partis de Southampton d'arriver à Bombay sans
rompre charge. Quel châtiment plus terrible pourrait recevoir
le gouvernement anglais, si une opposition malavisée aux
vœux de l'Europe et aux tendances de notre époque, avait
pour conséquence d'empêcher une armée anglaise d'arriver à
temps sur les rives de l'Indus !
» Ajoutons que le percement de l'isthme de Suez sera peut-
être un jour pour l'Angleterre le seul moyen de garder entre
ses mains le commerce des Indes et de la Chine, et de soutenir
la concurrence que lui préparent les Américains. Le peuple-
ment de la Californie, qui a failli produire une révolution
monétaire, aura aussi des conséquences commerciales. Établis
sur la magnifique rade de San-Francisc), les Américains sont
plus rapprochés des ports de la Chine et de l'Inde que les An-
glais. Un chemin de fer reliera bientôt directement San-Fran-
cisco à New- York ; un chemin de fer traverse déjà l'isthme de
Panama en attendant que l'isthme lui-même soit percé. Le
moment n'est donc pas éloigné où San-Francisco pourra dis-
poser de toutes les ressources financières et industrielles des
États-Unis. Or, voici ce qui se passe déjà. Des clippers partent
de San-Francisco pour les Indes, y échangent leur chargement
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