Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1857-03-10
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 10 mars 1857 10 mars 1857
Description : 1857/03/10 (A2,N18). 1857/03/10 (A2,N18).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6530617k
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/06/2013
JOUKXAL DE 1/LXION DES DEUX MERS. 77
ces positions nous donneraient-elles le commandement de la
route de l'Inde? Est-ce que l'Angleterre ne possède pas Gibral-
tar, Malte, Aden, l'île Maurice? et ne vient-elle pas de com-
pléter cette chaîne de possessions et de forteresses qui assu-
rent ses communications avec l'Inde par l'occupation de
Karack, dans le golfe Persique? Et n'a-t-elle pas, de plus,
une marine formidable, égale à celles du monde entier réu-
nies? Sa navigation commerciale ne lui maintient-elle pas, en
temps de paix, la prépondérance maritime que ses vaisseaux
et ses forteresses lui donnent en temps de guerre? Enfin les
possessions anglaises de l'Inde ne sont-elles pas défendues
par une armée trop nombreuse et trop aguerrie pour qu'on
puisse songer à l'attaquer au moyen de transports maritimes
qui, pour la plupart, n'arriveraient pas à destination?
» On voit que nous ne parlons même pas de l'alliance qui
existe entre les deux peuples, alliance à laquelle nous nous
sommes attachés avec une sincérité que le Times ne peut pas
méconnaître.
» Le rapport cité par ce journal n'est donc pas sérieux;
et nous nous demandons comment un journal aussi peu naïf
a pu y donner quelque importance.
» Ce factum n'en aurait que si réellement il avait été fabri-
qué à Constantinople sous l'inspiration de la politique opposée
au percement de l'isthme de Suez. N'est-on pas fondé à le
supposer? Quoi! voilà un document rédigé par un anonyme,
transmis on ne sait par qui, dépourvu par conséquent de
toute autorité, et le Times l'accueille pourtant sans con-
trôle et se donne la peine de le réfuter comme une pièce au-
thentique !
Si c'est une perfidie, elle est bien calculée pour en im-
poser au vulgaire et pour retarder l'explosion de l'opinion
publique qui se forme déjà en Angleterre sur la question de
l'isthme de Suez, et qui, prochainement, éclatera de manière
à déjouer toutes les trames, toules les intrigues qui s'ourdis-
sent à Constantinople.
a Le Times aura sans doute été la première dupe du docu-
ment qu'il offre à ses lecteurs ; mais il ne sera pas le dernier
à regretter d'avoir ainsi contribué à exciter contre un projet
grandiose et digne de la sympathie de tout homme de cœur,
les passions de la multitude ignorante. P. DUBOIS. »
L'article du Moniteur de la Flotte, très-développé,
est en deux parties. Voici la première :
DES RIVALITÉS EN ORIENT.
« Nous trouvons dans le Times du 20 février un article re-
marquable et important, à propos de la lutte qui commence
à s'engager sur le sol de la Turquie entre les nations euro-
péennes qui viennent de sauver cet empire et qui veulent le
régénérer. Le Times se loue avec raison de l'activité prodi-
gieuse que développent ses compatriotes, en créant dans
l'empire turc des chemins de fer, des routes, des canaux, des
télégraphes et des banques. Le journal anglais pense que c'est
rendre d'immenses services à la Turquie et à la civilisation.
Nous sommes complétement de son avis ; et, comme nous
l'avons déjà dit, nous applaudissons à des efforts qui ne peu-
vent que tourner au profit commun.
» Mais, à côté-de ces considérations si sensées, le Times
insiste sur un point où nous avons le regret de n'être plus
d'accord avec lui : il s'imagine que les autres nations voient
d'un œil jaloux les succès des Anglais. Il en cite pour preuve
une longue lettre datée de Constantinople, et qu'on suppose
écrite par un Français résidant dans cette ville.
» Il est bon de voir ce que c'est que cette lettre, dont la
partie la plus importante se compose d'extraits empruntés à
un rapport prétendu qui aurait été adressé au gouvernement
français, sur ce qu'il serait possible de faire pour contre-
balancer et même détruire l'influence anglaise dans les mers
de l'Indo Chine et dans la mer Rouge.
» Voici l'analyse de cette lettre, qui ne tient pas moins
d'une grande colonne et demie en caractères microscopiques.
La lettre commence par des plaintes contre lord Strat-
ford, qu'on traite de nouveau Menschikoff; cependant il a aux
yeux de l'auteur de la lettre le mérite assez louable de soutenir
énergiquement les intérêts de ses compatriotes. L'auteur se
plaint ensuite de l'invasion que les capitalistes anglais vien-
nent de faire en Turquie. Il s'en montre d'abord indigné;
mais, par un retour analogue à celui qu'il vient de faire en
faveur de lord Slralford après l'avoir blâmé, il critique l'ac-
tivité anglaise moins encore qu'il ne critique l'inertie des capi-
talistes français. Si les Français ne font pas autant que les
Anglais en Turquie; si leur influence s'amoindrit, tandis que
l'influence de leurs rivaux s'élève, il ne faut s'en prendre qu'à
l'inactivité des individus et non point du tout à l'inactivité du
gouvernement. Le gouvernement français fait tout ce qu'il
peut; et la preuve, c'est qu'il vient d'envoyer la frégate la
Sibylle dans le golfe Persique et qu'il songe à acquérir Ben-
der-Abbas de l'iman de Mascate, et même de la Perse, Mo-
hammarah,. dont il ferait un nouvel Ormus et une autre
Bassorah.
n L'auteur de la lettre ajoute que l'attention du gouverne-
ment français a été vivement attirée sur ces questions par un
rapport que lui a soumis une personne qui connait bien
l'Afrique, et qui indique les points qu'il faudrait occuper pour
rendre à l'influence française tout son prestige dans ces con-
trées.
n Or, les points à occuper seraient les suivants : la baie de
Diego-Suarez à Madagascar, un port près de Jubb, le cap
Guardafui, le détroit de Bab-el-Mandeb, et enfin un port près
de Massawah dans l'Abyssinie. Toutes ces prises de possession
auraient surtout pour but de favoriser le commerce de l'île de
la Réunion, qui se trouve entourée de colonies anglaises.
Le correspondant de Constantinople voudrait créer un autre
Singapore dans ces parages, au profit de la France, comme
si des Singapore s'improvisaient à volonté.
» Mais le point sur lequel insiste surtout l'auteur si éclairé
du rapport, c'est la nécessité pour la France d'occuper les
abords du détroit de Bab-el-Mandeb , afin de ne laisser passer
le commerce anglais devant un Gibraltar de l'est qu'autant
que le voudraient bien les canons français ; il faut se hâter
de prendre toutes ces positions et d'y devancer les autres
peuples.
» Le correspondant croit savoir en outre qu'il y a dans ces
parages, qu'on suppose généralement des déserts, plus de
20 millions de consommateurs ; et il estime à 80 millions
de francs le trafic qui s'y fait dès aujourd'hui avec les moyens
insuffisants dont l'industrie européenne y dispose.
« L'auteur de la lettre conclut de tous ces faits signalés dans
le rapport, que si les Français jouent dans ces contrées un
rôle peu important, c'est à eux seuls qu'ils doivent s'en
prendre, parce qu'ils n'ont aucune initiative, tandis que leur
gouvernement fait tout ce qu'il peut pour préparer les voies.
» Telle est l'analyse fidèle de la lettre qu'a reproduite le
Times et qu'il a commentée. Nous doutons vraiment qu'elle
méritât tant d'honneur ; et les réponses que le Times y a
faites dans une autre partie de ses colonnes nous semblent de
tout point décisives.
ces positions nous donneraient-elles le commandement de la
route de l'Inde? Est-ce que l'Angleterre ne possède pas Gibral-
tar, Malte, Aden, l'île Maurice? et ne vient-elle pas de com-
pléter cette chaîne de possessions et de forteresses qui assu-
rent ses communications avec l'Inde par l'occupation de
Karack, dans le golfe Persique? Et n'a-t-elle pas, de plus,
une marine formidable, égale à celles du monde entier réu-
nies? Sa navigation commerciale ne lui maintient-elle pas, en
temps de paix, la prépondérance maritime que ses vaisseaux
et ses forteresses lui donnent en temps de guerre? Enfin les
possessions anglaises de l'Inde ne sont-elles pas défendues
par une armée trop nombreuse et trop aguerrie pour qu'on
puisse songer à l'attaquer au moyen de transports maritimes
qui, pour la plupart, n'arriveraient pas à destination?
» On voit que nous ne parlons même pas de l'alliance qui
existe entre les deux peuples, alliance à laquelle nous nous
sommes attachés avec une sincérité que le Times ne peut pas
méconnaître.
» Le rapport cité par ce journal n'est donc pas sérieux;
et nous nous demandons comment un journal aussi peu naïf
a pu y donner quelque importance.
» Ce factum n'en aurait que si réellement il avait été fabri-
qué à Constantinople sous l'inspiration de la politique opposée
au percement de l'isthme de Suez. N'est-on pas fondé à le
supposer? Quoi! voilà un document rédigé par un anonyme,
transmis on ne sait par qui, dépourvu par conséquent de
toute autorité, et le Times l'accueille pourtant sans con-
trôle et se donne la peine de le réfuter comme une pièce au-
thentique !
Si c'est une perfidie, elle est bien calculée pour en im-
poser au vulgaire et pour retarder l'explosion de l'opinion
publique qui se forme déjà en Angleterre sur la question de
l'isthme de Suez, et qui, prochainement, éclatera de manière
à déjouer toutes les trames, toules les intrigues qui s'ourdis-
sent à Constantinople.
a Le Times aura sans doute été la première dupe du docu-
ment qu'il offre à ses lecteurs ; mais il ne sera pas le dernier
à regretter d'avoir ainsi contribué à exciter contre un projet
grandiose et digne de la sympathie de tout homme de cœur,
les passions de la multitude ignorante. P. DUBOIS. »
L'article du Moniteur de la Flotte, très-développé,
est en deux parties. Voici la première :
DES RIVALITÉS EN ORIENT.
« Nous trouvons dans le Times du 20 février un article re-
marquable et important, à propos de la lutte qui commence
à s'engager sur le sol de la Turquie entre les nations euro-
péennes qui viennent de sauver cet empire et qui veulent le
régénérer. Le Times se loue avec raison de l'activité prodi-
gieuse que développent ses compatriotes, en créant dans
l'empire turc des chemins de fer, des routes, des canaux, des
télégraphes et des banques. Le journal anglais pense que c'est
rendre d'immenses services à la Turquie et à la civilisation.
Nous sommes complétement de son avis ; et, comme nous
l'avons déjà dit, nous applaudissons à des efforts qui ne peu-
vent que tourner au profit commun.
» Mais, à côté-de ces considérations si sensées, le Times
insiste sur un point où nous avons le regret de n'être plus
d'accord avec lui : il s'imagine que les autres nations voient
d'un œil jaloux les succès des Anglais. Il en cite pour preuve
une longue lettre datée de Constantinople, et qu'on suppose
écrite par un Français résidant dans cette ville.
» Il est bon de voir ce que c'est que cette lettre, dont la
partie la plus importante se compose d'extraits empruntés à
un rapport prétendu qui aurait été adressé au gouvernement
français, sur ce qu'il serait possible de faire pour contre-
balancer et même détruire l'influence anglaise dans les mers
de l'Indo Chine et dans la mer Rouge.
» Voici l'analyse de cette lettre, qui ne tient pas moins
d'une grande colonne et demie en caractères microscopiques.
La lettre commence par des plaintes contre lord Strat-
ford, qu'on traite de nouveau Menschikoff; cependant il a aux
yeux de l'auteur de la lettre le mérite assez louable de soutenir
énergiquement les intérêts de ses compatriotes. L'auteur se
plaint ensuite de l'invasion que les capitalistes anglais vien-
nent de faire en Turquie. Il s'en montre d'abord indigné;
mais, par un retour analogue à celui qu'il vient de faire en
faveur de lord Slralford après l'avoir blâmé, il critique l'ac-
tivité anglaise moins encore qu'il ne critique l'inertie des capi-
talistes français. Si les Français ne font pas autant que les
Anglais en Turquie; si leur influence s'amoindrit, tandis que
l'influence de leurs rivaux s'élève, il ne faut s'en prendre qu'à
l'inactivité des individus et non point du tout à l'inactivité du
gouvernement. Le gouvernement français fait tout ce qu'il
peut; et la preuve, c'est qu'il vient d'envoyer la frégate la
Sibylle dans le golfe Persique et qu'il songe à acquérir Ben-
der-Abbas de l'iman de Mascate, et même de la Perse, Mo-
hammarah,. dont il ferait un nouvel Ormus et une autre
Bassorah.
n L'auteur de la lettre ajoute que l'attention du gouverne-
ment français a été vivement attirée sur ces questions par un
rapport que lui a soumis une personne qui connait bien
l'Afrique, et qui indique les points qu'il faudrait occuper pour
rendre à l'influence française tout son prestige dans ces con-
trées.
n Or, les points à occuper seraient les suivants : la baie de
Diego-Suarez à Madagascar, un port près de Jubb, le cap
Guardafui, le détroit de Bab-el-Mandeb, et enfin un port près
de Massawah dans l'Abyssinie. Toutes ces prises de possession
auraient surtout pour but de favoriser le commerce de l'île de
la Réunion, qui se trouve entourée de colonies anglaises.
Le correspondant de Constantinople voudrait créer un autre
Singapore dans ces parages, au profit de la France, comme
si des Singapore s'improvisaient à volonté.
» Mais le point sur lequel insiste surtout l'auteur si éclairé
du rapport, c'est la nécessité pour la France d'occuper les
abords du détroit de Bab-el-Mandeb , afin de ne laisser passer
le commerce anglais devant un Gibraltar de l'est qu'autant
que le voudraient bien les canons français ; il faut se hâter
de prendre toutes ces positions et d'y devancer les autres
peuples.
» Le correspondant croit savoir en outre qu'il y a dans ces
parages, qu'on suppose généralement des déserts, plus de
20 millions de consommateurs ; et il estime à 80 millions
de francs le trafic qui s'y fait dès aujourd'hui avec les moyens
insuffisants dont l'industrie européenne y dispose.
« L'auteur de la lettre conclut de tous ces faits signalés dans
le rapport, que si les Français jouent dans ces contrées un
rôle peu important, c'est à eux seuls qu'ils doivent s'en
prendre, parce qu'ils n'ont aucune initiative, tandis que leur
gouvernement fait tout ce qu'il peut pour préparer les voies.
» Telle est l'analyse fidèle de la lettre qu'a reproduite le
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