Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1857-03-10
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 10 mars 1857 10 mars 1857
Description : 1857/03/10 (A2,N18). 1857/03/10 (A2,N18).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6530617k
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/06/2013
88 L'ISTHME DE SUEZ,
charmante. Le dôme, supporté par les colonnes du cercle, est
orné à la base d'une bande de mosaïques des plus remar-
quables. Le restant de sa surface intérieure est entièrement
formé de mosaïques dorées.
» Au centre de l'édifice se trouve la fameuse pierre sus-
pendue; c'est une énorme roche de dix-huit à vingt mèlres de
long, dont on n'aperçoit que la partie supérieure sortant du
parvis; elle est complètement à l'état brut. On y montre quel-
ques trous, que l'on dit être l'empreinte des doigts de l'an3e
Gabriel; on y montre aussi une empreinte des pieds de Jésus-
Christ, que les musulmans reconnaissent et vénèrent, mais
seulement comme un grand prophète. La roche est surmontée
d'une espèce de tente en soie, et tout autour, sur le parvis,
sont étendus de riches tapis. Aux prières de nuit, la mosquée
est illuminée par une infinité de lampions de couleui placés
sur des lustres de bois de formes bizarres.
» En face de la porte par laquelle nous étions entrés, nous
descendimes un escalier d'une huitaine de marches, qui nous
conduisit sous la pierre miraculeuse. Il va sans dire que la
roche, dite suspendue, tepose sur de solides bases; à l'exté-
rieur, sa longueur est, comme nous l'avons dit, de dix-huit
mètres, tandis que le caveau où nous venions de descendre
n'en a que neuf. Un mur blanchi à la chaux forme les parois
du caveau, le grand prêtre nous dit, en frappant sur ce mur,
que ce n'était qu'une cloison construite pour rassurer les
femmes qui avaient peur de prier sous la roche. Nous fûmes
assez polis pour ne pas le contredire. Au centre du caveau se
trouve un puits fermé de planches.
» Nous sortîmes ensuite de la mosquée par la porte du sud,
pour aller visiter l'ancienne église de la Présentation, aujour-
d'hui mosquée de Koubel-el-Aksah. Elle est située du côté sud
du Haram, en dehors de la plate-forme. On nous fit d'abord
visiter un caveau dont l'entrée se trouve en avant et un peu à
gauche du péristyle de l'église; on y descend par une pente
douce, et l'on pénètre dans un long souterrain contenant les
substructions du temple de Salomon; il est formé de deux
galeries parallèles, séparées par une ligne de piliers et d'ar-
cades, ces dernières au nombre de neuf; les murs sont con-
struits avec des pierres taillées et d'assez grande dimension.
Nous entrâmes à droite, dans une chambre souterraine se
terminant par une niche, qui était le sanctuaire principal
des musulmans avant que le tombeau de Mahomet eût fait de
la Mecque le lieu saint par excellence. On montre encore là
une autre empreinte des pieds de Noire-Seigneur, celle qui a
été rapportée du mont des Oliviers. Rentrés dans le souterrain
principal, nous atteignîmes, en descendant sept marches, une
chambre carrée d'environ dix-huit mètres de côté. On y voit,
dans le fond, deux portes murées, avec une forte colonne ac-
colée de chaque côté et soutenant une énorme pierre en enta-
blement. Toute cette partie paraît être du temps de Salomon ;
mais les chapiteaux des deux colonnes de l'ouest sont plutôt
du temps d'Hérode. Au milieu de la chambre, se trouve une
colonne se reliant à d'autres colonnes noyées dans les murs
par un entablement en pierre qui divise le plafond en quatre
caissons, tous égaux et carrés, en forme de coupole.
Il Nous montâmes ensuite à l'église de la Présentation. Elle
est divisée en sept nefs; celle du milieu, plus grande que les
autres, conduit à la Kibla, placée juste au-dessus de celle du
souterrain. Les chapiteaux des colonnes sont fort grossiers et
reliés les uns aux autres par des voliges de bois peintes en
rouge. Le parvis est formé de dalles et de mosaïques antiques.
Dans le dôme qui surmonte la Kibla, on remarque de fort
beaux vitraux. On nous fit ensuite passer dans une chambre
rectangulaire, où l'on nous montra une sorte de berceau en
pierre, surmonté d'un dais : c'est là, dit-on, que la Vierge dé-
posa l'enfant Jésus lors de sa présentation au Temple. Nous
nous dirigeâmes ensuite vers la porte Dorée, par où Notre-
Seigneur entra le jour des Rameaux. Elle est située au milieu
du côté est du Haram. En descendant quelques degrés, nous
pénétrâmes sous une double voûte sculptée, puis dans une
salle obscure dont le plafond était formé de quatre dômes en
caissons et de deux plus grands à jour. La porte proprement
dite est encastrée dans les murailles de la ville; au milieu sont
deux fortes colonnes monolithes, et une troisième noyée.
Cette porte était l'entrée principale du temple de Salomon. Au
milieu des décombres, à terre, nous vîmes des traces de mo-
saïques antiques d'un beau bleu.
» Ici se termina notre visite. La vive inquiétude que nous
remarquâmes sur le visage du grand prêtre et du bey nous
avertissait qu'il y avait quelque menace de péril, et qu'il était
temps de nous mettre à l'abri d'une émeute qui commençait
déjà. Nous sortimes pourtant sains et saufs, emportant avec
nous quelques courtes notes prises rapidement au crayon,
dans les endroits les plus sombres, et auxquelles, grâce à nos
études spéciales, nous pûmes donner l'exactitude désirable,
malgré notre extrême précipitation. Nous étions plusieurs
Français; chacun de nous avait noté de son mieux ce qui le
frappait, et de la communication réciproque de nos notes
nous composâmes une rédaction commune, dont chacun
garda une copie.
» Nos chevaux étaient prêts, ainsi qu'on nous l'avait re-
commandé; aussitôt sortis de la mosquée, nous dimes adieu
à Jérusalem, et nous revînmes à Alexandrie, d'où nous de-
vions faire voile enfin vers la France.
» Il y a assurément de nobles et vives émotions à visiter
les contrées lointaines, à aller, à travers les mers et les dé-
serts, admirer les sauvages grandeurs de la nature, remuer
la poussière des cités éteintes, heurter du pied les débris
d'un monde évanoui; mais rien n'est doux comme de revoir
le soleil de son pays, le foyer de sa famille, le cercle de ses
amis. Le vrai plaisir même de ces pérégrinations aventureuses,
le charme intime et secret qui en fait supporter les souf-
frances et braver les dangers, n'est-il pas de penser qu'on
recueille des souvenirs et des récits pour le retour? L'homme
n'apprend pas pour lui-même; la science ignore l'égoïsme,
elle lie recueille que pour communiquer : c'est sa joie et, si
l'on veut, son orgueil.
» Quant à nous, qu'il nous soit permis de le dire en finis-
sant : la satisfaction la plus vraie qui nous restera de notre
voyage sera dans ce récit même, fait pour nos compatriotes
et pour nos amis. Puissent-ils, en le lisant, sentir et par-
tager la sympathie qui nous l'a fait écrire ! »
ERNEST JACQUESSOX.
Le volume contenant le Rapport de la Commission
internationale vient de paraître, et Il est à la disposi-
tion de nos abonnés, aux mêmes conditions que les
précédents, en ce qui concerne les frais de poste.
Ce volume est le troisième des documents publiés
par M. Ferdinand de Lesleps.
Le Gérant, ERNEST DESPLACES.
PARII. TVPCGRAPHIR DE HENRI PLON, IKPRUIEUR DE L'UIPIRRUR, RUE GAMNClàl\l, 8.
charmante. Le dôme, supporté par les colonnes du cercle, est
orné à la base d'une bande de mosaïques des plus remar-
quables. Le restant de sa surface intérieure est entièrement
formé de mosaïques dorées.
» Au centre de l'édifice se trouve la fameuse pierre sus-
pendue; c'est une énorme roche de dix-huit à vingt mèlres de
long, dont on n'aperçoit que la partie supérieure sortant du
parvis; elle est complètement à l'état brut. On y montre quel-
ques trous, que l'on dit être l'empreinte des doigts de l'an3e
Gabriel; on y montre aussi une empreinte des pieds de Jésus-
Christ, que les musulmans reconnaissent et vénèrent, mais
seulement comme un grand prophète. La roche est surmontée
d'une espèce de tente en soie, et tout autour, sur le parvis,
sont étendus de riches tapis. Aux prières de nuit, la mosquée
est illuminée par une infinité de lampions de couleui placés
sur des lustres de bois de formes bizarres.
» En face de la porte par laquelle nous étions entrés, nous
descendimes un escalier d'une huitaine de marches, qui nous
conduisit sous la pierre miraculeuse. Il va sans dire que la
roche, dite suspendue, tepose sur de solides bases; à l'exté-
rieur, sa longueur est, comme nous l'avons dit, de dix-huit
mètres, tandis que le caveau où nous venions de descendre
n'en a que neuf. Un mur blanchi à la chaux forme les parois
du caveau, le grand prêtre nous dit, en frappant sur ce mur,
que ce n'était qu'une cloison construite pour rassurer les
femmes qui avaient peur de prier sous la roche. Nous fûmes
assez polis pour ne pas le contredire. Au centre du caveau se
trouve un puits fermé de planches.
» Nous sortîmes ensuite de la mosquée par la porte du sud,
pour aller visiter l'ancienne église de la Présentation, aujour-
d'hui mosquée de Koubel-el-Aksah. Elle est située du côté sud
du Haram, en dehors de la plate-forme. On nous fit d'abord
visiter un caveau dont l'entrée se trouve en avant et un peu à
gauche du péristyle de l'église; on y descend par une pente
douce, et l'on pénètre dans un long souterrain contenant les
substructions du temple de Salomon; il est formé de deux
galeries parallèles, séparées par une ligne de piliers et d'ar-
cades, ces dernières au nombre de neuf; les murs sont con-
struits avec des pierres taillées et d'assez grande dimension.
Nous entrâmes à droite, dans une chambre souterraine se
terminant par une niche, qui était le sanctuaire principal
des musulmans avant que le tombeau de Mahomet eût fait de
la Mecque le lieu saint par excellence. On montre encore là
une autre empreinte des pieds de Noire-Seigneur, celle qui a
été rapportée du mont des Oliviers. Rentrés dans le souterrain
principal, nous atteignîmes, en descendant sept marches, une
chambre carrée d'environ dix-huit mètres de côté. On y voit,
dans le fond, deux portes murées, avec une forte colonne ac-
colée de chaque côté et soutenant une énorme pierre en enta-
blement. Toute cette partie paraît être du temps de Salomon ;
mais les chapiteaux des deux colonnes de l'ouest sont plutôt
du temps d'Hérode. Au milieu de la chambre, se trouve une
colonne se reliant à d'autres colonnes noyées dans les murs
par un entablement en pierre qui divise le plafond en quatre
caissons, tous égaux et carrés, en forme de coupole.
Il Nous montâmes ensuite à l'église de la Présentation. Elle
est divisée en sept nefs; celle du milieu, plus grande que les
autres, conduit à la Kibla, placée juste au-dessus de celle du
souterrain. Les chapiteaux des colonnes sont fort grossiers et
reliés les uns aux autres par des voliges de bois peintes en
rouge. Le parvis est formé de dalles et de mosaïques antiques.
Dans le dôme qui surmonte la Kibla, on remarque de fort
beaux vitraux. On nous fit ensuite passer dans une chambre
rectangulaire, où l'on nous montra une sorte de berceau en
pierre, surmonté d'un dais : c'est là, dit-on, que la Vierge dé-
posa l'enfant Jésus lors de sa présentation au Temple. Nous
nous dirigeâmes ensuite vers la porte Dorée, par où Notre-
Seigneur entra le jour des Rameaux. Elle est située au milieu
du côté est du Haram. En descendant quelques degrés, nous
pénétrâmes sous une double voûte sculptée, puis dans une
salle obscure dont le plafond était formé de quatre dômes en
caissons et de deux plus grands à jour. La porte proprement
dite est encastrée dans les murailles de la ville; au milieu sont
deux fortes colonnes monolithes, et une troisième noyée.
Cette porte était l'entrée principale du temple de Salomon. Au
milieu des décombres, à terre, nous vîmes des traces de mo-
saïques antiques d'un beau bleu.
» Ici se termina notre visite. La vive inquiétude que nous
remarquâmes sur le visage du grand prêtre et du bey nous
avertissait qu'il y avait quelque menace de péril, et qu'il était
temps de nous mettre à l'abri d'une émeute qui commençait
déjà. Nous sortimes pourtant sains et saufs, emportant avec
nous quelques courtes notes prises rapidement au crayon,
dans les endroits les plus sombres, et auxquelles, grâce à nos
études spéciales, nous pûmes donner l'exactitude désirable,
malgré notre extrême précipitation. Nous étions plusieurs
Français; chacun de nous avait noté de son mieux ce qui le
frappait, et de la communication réciproque de nos notes
nous composâmes une rédaction commune, dont chacun
garda une copie.
» Nos chevaux étaient prêts, ainsi qu'on nous l'avait re-
commandé; aussitôt sortis de la mosquée, nous dimes adieu
à Jérusalem, et nous revînmes à Alexandrie, d'où nous de-
vions faire voile enfin vers la France.
» Il y a assurément de nobles et vives émotions à visiter
les contrées lointaines, à aller, à travers les mers et les dé-
serts, admirer les sauvages grandeurs de la nature, remuer
la poussière des cités éteintes, heurter du pied les débris
d'un monde évanoui; mais rien n'est doux comme de revoir
le soleil de son pays, le foyer de sa famille, le cercle de ses
amis. Le vrai plaisir même de ces pérégrinations aventureuses,
le charme intime et secret qui en fait supporter les souf-
frances et braver les dangers, n'est-il pas de penser qu'on
recueille des souvenirs et des récits pour le retour? L'homme
n'apprend pas pour lui-même; la science ignore l'égoïsme,
elle lie recueille que pour communiquer : c'est sa joie et, si
l'on veut, son orgueil.
» Quant à nous, qu'il nous soit permis de le dire en finis-
sant : la satisfaction la plus vraie qui nous restera de notre
voyage sera dans ce récit même, fait pour nos compatriotes
et pour nos amis. Puissent-ils, en le lisant, sentir et par-
tager la sympathie qui nous l'a fait écrire ! »
ERNEST JACQUESSOX.
Le volume contenant le Rapport de la Commission
internationale vient de paraître, et Il est à la disposi-
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précédents, en ce qui concerne les frais de poste.
Ce volume est le troisième des documents publiés
par M. Ferdinand de Lesleps.
Le Gérant, ERNEST DESPLACES.
PARII. TVPCGRAPHIR DE HENRI PLON, IKPRUIEUR DE L'UIPIRRUR, RUE GAMNClàl\l, 8.
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