Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1857-03-10
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 10 mars 1857 10 mars 1857
Description : 1857/03/10 (A2,N18). 1857/03/10 (A2,N18).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6530617k
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/06/2013
86 * L'ISTHME DE SUEZ,
M. Hûury, qui a voyagé dans les pays dont il parle, et qui est
l'ami de M. le major général Chesney, croit que le chemin do
fer de la côte de Syrie au golfe Persiqlie pourra s'établir très-
facilement; et il ne craint rien des tribus arabes.
Le Courrier de la Bourse du 19 février annonce que le
Rapport de la Commission internationale a été présenté à
l'Académie des sciences; et il donne en outre quelques nou-
velles d'Egypte empruntées à nos correspondances particu-
lières.
Le Messager universel de l Industrie annonce, dans son
numéro du 14 février, le troisième volume de nos Documents,
et il insiste sur l'importance décisive du rapport de la Com-
mission internationale.
Pour extraits ; ERNEST DESPLACES.
VARIÉTÉS.
LA PALESTINE
Voyage en Égypte et en Palestine. Notes et souvenirs,
par M, ERNEST J A c Q u E s s o
Nous extrayons de l'ouvrage de M. Ernest Jacquesson
une nouvelle lettre sur la Palestine. Celle-ci concerne
la mer Morte, le Jourdain et Jéricho. M. E. Jacquesson
y raconte aussi la visite qu'il a faite à la mosquée
d'Omar à Jérusalem. On sait qu'il est très-difficile de
visiter cette mosquée, que le fanatisme musulman ferme
en général aux yeux profanes des infidèles. On verra
que ce n'est pas sans quelque danger que M, E. Jac-
quesson a pu entrer dans ce monument vénéré.
« A trois heures du matin, au lever de la lune, nous par-
tîmes à cheval du couvent de Saint-Sabas, où l'hospitalité
nous avait été offerte d'une façon fort aimable par les moines
grecs, quoique nous ne fussions point leurs coreligionnaires.
Notre voyage au clair de lune s'effectuait assez péniblement
au milieu de ce désert montueux. Outre l'incommodité des
horribles selles arabes, nous allions à travers les rochers,
n'ayant pour tout chemin que le lit desséché des torrents au
fond des ravins. Nos guides hésitèrent plusieurs fois; ils s'éga-
rèrent ensuite, et nous perdîmes beaucoup de temps avant de
retrouver la bonne voie. Nous commencions à suspecter, mais
bien injustement, la loyauté de nos hommes. Vers cinq heures
du matin, nous gravîmes une petite montagne pour passer
d'un ravin dans un autre; en arrivant au sommet, nous aper-
çûmes sur notre droite un homme caché derrière une pierre;
nous l'examinions sans arrêter notre marche, lorsque, dé-
bouchant sur le plateau, nous vîmes près de nous les tentes
brunes en poils de chameau d'un douar arabe. Du milieu de
ces tentes sortirent immédiatement une douzaine de Bédouins
à face sinistre, couverts seulement d'une chemise blanche et
portant chacun leur long fusil à la main ; ils se précipitèrent
de notre côté en poussant des hurlements sauvages, auxquels
se mêlaient les aboiements d'une dizaine de chiens qui les
accompagnaient. A la vue de cette horde, les armes furent
préparées, et nous nous tînmes prêts à tout événement; nous
fîmes bonne contenance et passâmes au milieu d'eux au petit
pas, sans nous laisser arrêter ni intimider par ceux qui se
plaçaient sur notre route. Un de nos guides leur expliqua que
nous avions accompli les formalités voulues, et ils nous lais-
sèrent passer outre.
» Vers huit heures du matin nous tournâmes à droite, et,
du haut de la montagne dont nous venions d'atteindre le som-
met, nous découvrîmes tout à coup de nouveau la mer Morte.
Jamais paysage ne m'a autant frappé par sa grandeur lu-
gubre. Notre regard dominait une vaste plaine; derrière nous
étaient Jérusalem et la Méditerranée ; en face de nous, en-
caissant la plaine à l'ouest et au sud, les monts Moabs, avec
leurs vives arêtes, qui se détachaient sur un ciel indigo. Nous
descendîmes vers la mer Morte, en repassant dans notre sou-
venir ce que la Bible rapporte de la vengeance céleste sur les
deux villes qui occupaient autrefois cette place. A cent mètres
environ du rivage, nous traversâmes un bouquet de roseaux,
indice certain d'eau douce que nous ne pouvions cependant
pas découvrir. La soif nous tourmentait déjà, et l'atmosphère
habituellement légère de l'Orient était ici lourde et acca-
blante,
» Les bords proprement dits de la mer Morte sont complè-
tement dénués de végétation, comme ceux de presque toutes
les mers. Du côté du nord se trouve un petit promontoire, sur
lequel nous nous avançâmes pour voir de près les eaux; elles
sont tout à la fois d'une grande densité, d'un goût détestable,
et d'une limpidité étonnante; l'eau des sources n'est pas plus
claire. Le fond se compose de glaise et de matières salines.
La mer Morte a treize lieues environ de long sur cinq de
large; elle s'étend du nord au sud. A l'extrémité nord, elle
reçoit le Jourdain, vers lequel nous nous dirigeâmes, en re-
cherchant l'endroit où saint Jean-Baptiste baptisa Noire-Sei-
gneur. Nous étions impatients, je l'avoue, de nous éloigner de
cette plage, accablés comme nous l'étions par la chaleur et
mourant de soif. Nous étions alors, à la lettre, comme le cerf
de la Bible qui aspire vers les ombrages et les sources vives.
» En marchant vers le nord, nous nous rapprochions des
monts Moabs, au pied desquels passe le Jourdain, but de tous
nos désirs, et que nous ne pouvions parvenir à voir, quoi-
qu'une lointaine et faible ligne de verdure nous indiquât son
cours. A cinq cents mètres à peu près de la chaîne moabique,
le désert était entrecoupé de broussailles, dont quelques-unes
assez élevées. Ici nos guides-bandits s'arrêtèrent, renouvelè-
rent leurs amorces, et nous engagèrent à avancer avec pré-
caution ; nous nous mimes sur nQs gardes et avançâmes en
bon ordre, tandis que nos deux hommes, continuellement au
galop, le fusil armé et sur la cuisse, éclairaient la route,
fouillant chaque buisson avec le plus grand soin. Le Jourdain
est la limite du territoire sur lequel s'étendait la domination
de notre cheik protecteur; de l'autre côté, sur la rive gauche;
sont ses ennemis, dont les incursions sont toujours à redouter
pour les voyageurs. Les Bédouins auxquels on a une fois payé
le tribut ont cela de bon qu'ils vous défendent contre les autres.
Nous en fûmes, du reste, pour nos précautions, et rien ne vint
entraver notre marche.
« En traversant un groupe d'arbres et de grands roseaux,
nous nous trouvâmes inopinément à l'endroit même du Jour-
dain où Josué le traversa à la tète des Hébreux et où fut
baptisé le Christ. Les traces de végétation qui l'entourent et le
bruit de ses ondes font une douce surprise au voyageur hale-
tant, qui vient de parcourir les sables brûlants de la plaine,
Le Jourdain roule entre des roches, sur un lit pierreux; ses
eaux sont rapides et laiteuses; il est, en cet endroit, peu large
et peu profond. Nous nous étendîmes sur ses bords, jouissant
de la fraîcheur que ses eaux procurent, et pensant avec effroi
à cette plaine ardente que nous allions être obligés de traverser
une seconde fois. Nous nous sentions comme isolés de la civir
lisation : là, devant nous, de l'autre côté du Jourdain, les
monts Moabs, qui nous séparaient seuls des déserts sans fin
M. Hûury, qui a voyagé dans les pays dont il parle, et qui est
l'ami de M. le major général Chesney, croit que le chemin do
fer de la côte de Syrie au golfe Persiqlie pourra s'établir très-
facilement; et il ne craint rien des tribus arabes.
Le Courrier de la Bourse du 19 février annonce que le
Rapport de la Commission internationale a été présenté à
l'Académie des sciences; et il donne en outre quelques nou-
velles d'Egypte empruntées à nos correspondances particu-
lières.
Le Messager universel de l Industrie annonce, dans son
numéro du 14 février, le troisième volume de nos Documents,
et il insiste sur l'importance décisive du rapport de la Com-
mission internationale.
Pour extraits ; ERNEST DESPLACES.
VARIÉTÉS.
LA PALESTINE
Voyage en Égypte et en Palestine. Notes et souvenirs,
par M, ERNEST J A c Q u E s s o
Nous extrayons de l'ouvrage de M. Ernest Jacquesson
une nouvelle lettre sur la Palestine. Celle-ci concerne
la mer Morte, le Jourdain et Jéricho. M. E. Jacquesson
y raconte aussi la visite qu'il a faite à la mosquée
d'Omar à Jérusalem. On sait qu'il est très-difficile de
visiter cette mosquée, que le fanatisme musulman ferme
en général aux yeux profanes des infidèles. On verra
que ce n'est pas sans quelque danger que M, E. Jac-
quesson a pu entrer dans ce monument vénéré.
« A trois heures du matin, au lever de la lune, nous par-
tîmes à cheval du couvent de Saint-Sabas, où l'hospitalité
nous avait été offerte d'une façon fort aimable par les moines
grecs, quoique nous ne fussions point leurs coreligionnaires.
Notre voyage au clair de lune s'effectuait assez péniblement
au milieu de ce désert montueux. Outre l'incommodité des
horribles selles arabes, nous allions à travers les rochers,
n'ayant pour tout chemin que le lit desséché des torrents au
fond des ravins. Nos guides hésitèrent plusieurs fois; ils s'éga-
rèrent ensuite, et nous perdîmes beaucoup de temps avant de
retrouver la bonne voie. Nous commencions à suspecter, mais
bien injustement, la loyauté de nos hommes. Vers cinq heures
du matin, nous gravîmes une petite montagne pour passer
d'un ravin dans un autre; en arrivant au sommet, nous aper-
çûmes sur notre droite un homme caché derrière une pierre;
nous l'examinions sans arrêter notre marche, lorsque, dé-
bouchant sur le plateau, nous vîmes près de nous les tentes
brunes en poils de chameau d'un douar arabe. Du milieu de
ces tentes sortirent immédiatement une douzaine de Bédouins
à face sinistre, couverts seulement d'une chemise blanche et
portant chacun leur long fusil à la main ; ils se précipitèrent
de notre côté en poussant des hurlements sauvages, auxquels
se mêlaient les aboiements d'une dizaine de chiens qui les
accompagnaient. A la vue de cette horde, les armes furent
préparées, et nous nous tînmes prêts à tout événement; nous
fîmes bonne contenance et passâmes au milieu d'eux au petit
pas, sans nous laisser arrêter ni intimider par ceux qui se
plaçaient sur notre route. Un de nos guides leur expliqua que
nous avions accompli les formalités voulues, et ils nous lais-
sèrent passer outre.
» Vers huit heures du matin nous tournâmes à droite, et,
du haut de la montagne dont nous venions d'atteindre le som-
met, nous découvrîmes tout à coup de nouveau la mer Morte.
Jamais paysage ne m'a autant frappé par sa grandeur lu-
gubre. Notre regard dominait une vaste plaine; derrière nous
étaient Jérusalem et la Méditerranée ; en face de nous, en-
caissant la plaine à l'ouest et au sud, les monts Moabs, avec
leurs vives arêtes, qui se détachaient sur un ciel indigo. Nous
descendîmes vers la mer Morte, en repassant dans notre sou-
venir ce que la Bible rapporte de la vengeance céleste sur les
deux villes qui occupaient autrefois cette place. A cent mètres
environ du rivage, nous traversâmes un bouquet de roseaux,
indice certain d'eau douce que nous ne pouvions cependant
pas découvrir. La soif nous tourmentait déjà, et l'atmosphère
habituellement légère de l'Orient était ici lourde et acca-
blante,
» Les bords proprement dits de la mer Morte sont complè-
tement dénués de végétation, comme ceux de presque toutes
les mers. Du côté du nord se trouve un petit promontoire, sur
lequel nous nous avançâmes pour voir de près les eaux; elles
sont tout à la fois d'une grande densité, d'un goût détestable,
et d'une limpidité étonnante; l'eau des sources n'est pas plus
claire. Le fond se compose de glaise et de matières salines.
La mer Morte a treize lieues environ de long sur cinq de
large; elle s'étend du nord au sud. A l'extrémité nord, elle
reçoit le Jourdain, vers lequel nous nous dirigeâmes, en re-
cherchant l'endroit où saint Jean-Baptiste baptisa Noire-Sei-
gneur. Nous étions impatients, je l'avoue, de nous éloigner de
cette plage, accablés comme nous l'étions par la chaleur et
mourant de soif. Nous étions alors, à la lettre, comme le cerf
de la Bible qui aspire vers les ombrages et les sources vives.
» En marchant vers le nord, nous nous rapprochions des
monts Moabs, au pied desquels passe le Jourdain, but de tous
nos désirs, et que nous ne pouvions parvenir à voir, quoi-
qu'une lointaine et faible ligne de verdure nous indiquât son
cours. A cinq cents mètres à peu près de la chaîne moabique,
le désert était entrecoupé de broussailles, dont quelques-unes
assez élevées. Ici nos guides-bandits s'arrêtèrent, renouvelè-
rent leurs amorces, et nous engagèrent à avancer avec pré-
caution ; nous nous mimes sur nQs gardes et avançâmes en
bon ordre, tandis que nos deux hommes, continuellement au
galop, le fusil armé et sur la cuisse, éclairaient la route,
fouillant chaque buisson avec le plus grand soin. Le Jourdain
est la limite du territoire sur lequel s'étendait la domination
de notre cheik protecteur; de l'autre côté, sur la rive gauche;
sont ses ennemis, dont les incursions sont toujours à redouter
pour les voyageurs. Les Bédouins auxquels on a une fois payé
le tribut ont cela de bon qu'ils vous défendent contre les autres.
Nous en fûmes, du reste, pour nos précautions, et rien ne vint
entraver notre marche.
« En traversant un groupe d'arbres et de grands roseaux,
nous nous trouvâmes inopinément à l'endroit même du Jour-
dain où Josué le traversa à la tète des Hébreux et où fut
baptisé le Christ. Les traces de végétation qui l'entourent et le
bruit de ses ondes font une douce surprise au voyageur hale-
tant, qui vient de parcourir les sables brûlants de la plaine,
Le Jourdain roule entre des roches, sur un lit pierreux; ses
eaux sont rapides et laiteuses; il est, en cet endroit, peu large
et peu profond. Nous nous étendîmes sur ses bords, jouissant
de la fraîcheur que ses eaux procurent, et pensant avec effroi
à cette plaine ardente que nous allions être obligés de traverser
une seconde fois. Nous nous sentions comme isolés de la civir
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