Presse et revues
24 pages
Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1857-02-25
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 25 février 1857 25 février 1857
Description : 1857/02/25 (A2,N17). 1857/02/25 (A2,N17).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k65306165
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/06/2013
52 L'ISTHME DE SUEZ,
pays. Nous ne pouvons trouver aucune raison avouable à la
politique qui, dit-on, est suivie par nos gouvernants dans la
question qui nous occupe en ce moment. »
Il est impossible de tenir un langage plus ferme et
pins net. Nous attachons au suffrage de la Shipping
and mercantile Gazette une importance d'autant plus
grande , que ce journal jouit en Angleterre d'une très-
grande influence. C'est Je premier dans sa spécialité,
qui est la vie même de la nation anglaise; et nous ne
doutons pas que son opinion sur le canal de Suez n'ait
beaucoup de retentissement.
G. LOTHES.
LA MONTHLY-REVIEW
ET LE CANAL DE SUEZ.
Nous trouvons dans la lIfonthly-Review du 1" février
un excellent article que nous voudrions pouvoir traduire
en entier, si l'espace nous le permettait. L'auteur, qui
connaît l'Egypte pour y avoir voyagé, comme il l'in-
dique lui-même, se prononce de la manière la plus
forte en faveur du projet du canal de Suez; et il ne peut
pas comprendre de quel droit ou sur quel motif on peut
faire opposition à cette utile entreprise. Dans l'impossi-
bilité de tout citer, nous extrayons quelques passages
qui montreront bien nettement la pensée de l'auteur.
Notre grande œuvre a été rarement l'objet d'un examen
aussi approfondi et d'une approbation aussi sérieuse.
Après avoir parlé des progrès immenses qu'a faits
l'Angleterre dans ces derniers temps, grâce à la liberté
du commerce, l'auteur continue :
cc Mais les nations et les hommes sont lents à reconnaître les
lois générales qui les régissent. Ce ne sont que de dures et lon-
gues expériences qui finissent par leur apprendre la manière
dont ils doivent se conduire dans des cas donnés; mais ils ne
sauraient en tirer des principes généraux d'action. Ainsi, ils
repoussent les monopoles particuliers et maintiennent les mo-
nopoles publics; ils abandonnent en Europe tout système
d'exclusion et le conservent en Asie. S'imaginant qu'ils auront
à souffrir de ce qui a fait tort aux vieux monopoleurs, pensée
aussi raisonnable que serait la résolution de se tenir toujours
en vue des côtes au lieu de traverser hardiment la haute mer,
ils viennent follement essayer d'arrêter l'essor du progrès pour
le reste de l'univers. L'opposition anglaise au projet du canal
de Suez est une des preuves remarquables de cette aberration.
1). Les organes officiels nous déclarent, et notamment la
Revue d'Edimbourg, qu'il n'existe aucune pensée politique
dans cette étonnante opposition du cabinet anglais. S'il en est
ainsi, c'est une grande folie de venir nous aliéner sans motifs
avouables un puissant allié. On allègue encore que les action-
naires du canal, composés principalement de Francais et
d'Anglais, perdront leur argent, et que le gouvernement a à
cœur d'éviter une telle catastrophe. C'est la première fois que
nous avons à noter une sollicitude si paternelle de la part du
gouvernement, qui va jusqu'à se constituer le gardien non-
seulement de nos bourses, mais encore des poches de nos
alliés. Aussi n'avons-nous pu faire autrement que de recher-
cher avec un soin plus particulier, dans la partie politique de
l'entreprise, les motifs réels de cette préoccupation. »
L'auteur cherche donc à se rendre compte de ces
,
motifs ; mais il les cherche vainement; il ne les trouve
pas plus que nous :
« Nous avons déjà démontré, dit-il, que le chemin de fer
égyptien a été créé sous l'empire de sentiments hostiles au
canal, et que la ligne de l'Euphrate a été substituée à cette
voie ferrée dont la réussite a été si médiocre. Les hommes
d'État anglais qui conservent des craintes traditionnelles pen-
sent que le projet du canal de Suez est une attaque subtile qui
ne tend à rien moins qu'à nous enlever cette puissance com-
merciale sur laquelle nous comptons tant et peut-être trop.
Le commerce, disent-ils, prendra la voie que lui ouvre le
canal ; Londres et Liverpool subiront le sort qu'ont éprouvé
Venise et Gênes ; le pont de Londres se changera en pont des
Soupirs; et les négociants, comme autrefois leurs con frères
d'Italie, logeront dans les palais tristes et solitaires de Leaden-
hall-Street. Si nous examinons jusqu'à quel point la position
géographique a eu de l'influence sur le commerce dans les
temps modernes, nous arriverons, soit à détruire, soit à jus-
tifier cette crainte. Et lors même qu'un tel résultat pour le com-
merce anglais devrait en être la conséquence, quel droit avons-
nous de venir nous opposer aux avantages de nos voisins par
des motifs d'égoïsme ? La France a le droit de s'ouvrir une
route vers l'Inde; et nous, qui avons repoussé les monopoles,
nous ne pouvons décemment venir nous y opposer. »
-On voit jusqu'où va la pensée toute philanthropique
de l'auteur. Il croit que si le canal nuisait à l'Angleterre
ce ne serait pas encore une raison pour l'Angleterre de
s'y opposer; mais l'auteur se rassure bientôt en consi-
dérant l'état actuel des choses et en interrogeant les
souvenirs de l'histoire. L'Angleterre gagnera plus que
qui que ce soit à l'ouverture d'un canal qui diminuera
de moitié la distance de ses possessions dans l'Inde et
dans l'Australie et de ses comptoirs de Chine. On sait
que c'est là dès longtemps notre conviction, et que le bon
sens du public anglais ne s'y est pas trompé, comme le
, prouvent de reste toutes les adhésions que nous a don-
nées la presse anglaise.
L'auteur passe ensuite à une réfutation en règle des
arguments soutenus naguère par la Revue d Édirn-
bourg :
cc Comme c'est le seul article anglais, dit-il, qui fasse une
opposition au projet et qui ait une espèce de caractère officiel
et qui reproduise des idées généralement admises chez les
Anglais, il est bon de faire connaître quelques-uns de ses
arguments. »
La réfutation de l'auteur nous semble victorieuse ; et
si nous n'avions pas nous-même insisté à plusieurs re-
prises sur cette partie de la discussion, nous nous ferions
un plaisir de reproduire celle de la Alonthly-Review.
Après ces considérations très-solides et très-dévelop-
pées, l'auteur dit, en terminant, quelques mots du
chemin de fer de l'Euphrate :
« Nous avons placé, dit-il, dans le dernier plan de notre
article, le mémoire officiel du chemin de fer de la vallée de
l'Euphrate, qui est généralement regardé, et cela très-j us-
tement, comme le contre-projet de l'entreprise du canal de
Suez. » ,
L'auteur traite assez sévèrement ce projet de chemin
de fer, qu'il ne trouve point assez étudié ; et il déclare
qu'on ne peut désirer raisonnablement qu'on tente cette
expérience prématurée dans le but unique de combattre
pays. Nous ne pouvons trouver aucune raison avouable à la
politique qui, dit-on, est suivie par nos gouvernants dans la
question qui nous occupe en ce moment. »
Il est impossible de tenir un langage plus ferme et
pins net. Nous attachons au suffrage de la Shipping
and mercantile Gazette une importance d'autant plus
grande , que ce journal jouit en Angleterre d'une très-
grande influence. C'est Je premier dans sa spécialité,
qui est la vie même de la nation anglaise; et nous ne
doutons pas que son opinion sur le canal de Suez n'ait
beaucoup de retentissement.
G. LOTHES.
LA MONTHLY-REVIEW
ET LE CANAL DE SUEZ.
Nous trouvons dans la lIfonthly-Review du 1" février
un excellent article que nous voudrions pouvoir traduire
en entier, si l'espace nous le permettait. L'auteur, qui
connaît l'Egypte pour y avoir voyagé, comme il l'in-
dique lui-même, se prononce de la manière la plus
forte en faveur du projet du canal de Suez; et il ne peut
pas comprendre de quel droit ou sur quel motif on peut
faire opposition à cette utile entreprise. Dans l'impossi-
bilité de tout citer, nous extrayons quelques passages
qui montreront bien nettement la pensée de l'auteur.
Notre grande œuvre a été rarement l'objet d'un examen
aussi approfondi et d'une approbation aussi sérieuse.
Après avoir parlé des progrès immenses qu'a faits
l'Angleterre dans ces derniers temps, grâce à la liberté
du commerce, l'auteur continue :
cc Mais les nations et les hommes sont lents à reconnaître les
lois générales qui les régissent. Ce ne sont que de dures et lon-
gues expériences qui finissent par leur apprendre la manière
dont ils doivent se conduire dans des cas donnés; mais ils ne
sauraient en tirer des principes généraux d'action. Ainsi, ils
repoussent les monopoles particuliers et maintiennent les mo-
nopoles publics; ils abandonnent en Europe tout système
d'exclusion et le conservent en Asie. S'imaginant qu'ils auront
à souffrir de ce qui a fait tort aux vieux monopoleurs, pensée
aussi raisonnable que serait la résolution de se tenir toujours
en vue des côtes au lieu de traverser hardiment la haute mer,
ils viennent follement essayer d'arrêter l'essor du progrès pour
le reste de l'univers. L'opposition anglaise au projet du canal
de Suez est une des preuves remarquables de cette aberration.
1). Les organes officiels nous déclarent, et notamment la
Revue d'Edimbourg, qu'il n'existe aucune pensée politique
dans cette étonnante opposition du cabinet anglais. S'il en est
ainsi, c'est une grande folie de venir nous aliéner sans motifs
avouables un puissant allié. On allègue encore que les action-
naires du canal, composés principalement de Francais et
d'Anglais, perdront leur argent, et que le gouvernement a à
cœur d'éviter une telle catastrophe. C'est la première fois que
nous avons à noter une sollicitude si paternelle de la part du
gouvernement, qui va jusqu'à se constituer le gardien non-
seulement de nos bourses, mais encore des poches de nos
alliés. Aussi n'avons-nous pu faire autrement que de recher-
cher avec un soin plus particulier, dans la partie politique de
l'entreprise, les motifs réels de cette préoccupation. »
L'auteur cherche donc à se rendre compte de ces
,
motifs ; mais il les cherche vainement; il ne les trouve
pas plus que nous :
« Nous avons déjà démontré, dit-il, que le chemin de fer
égyptien a été créé sous l'empire de sentiments hostiles au
canal, et que la ligne de l'Euphrate a été substituée à cette
voie ferrée dont la réussite a été si médiocre. Les hommes
d'État anglais qui conservent des craintes traditionnelles pen-
sent que le projet du canal de Suez est une attaque subtile qui
ne tend à rien moins qu'à nous enlever cette puissance com-
merciale sur laquelle nous comptons tant et peut-être trop.
Le commerce, disent-ils, prendra la voie que lui ouvre le
canal ; Londres et Liverpool subiront le sort qu'ont éprouvé
Venise et Gênes ; le pont de Londres se changera en pont des
Soupirs; et les négociants, comme autrefois leurs con frères
d'Italie, logeront dans les palais tristes et solitaires de Leaden-
hall-Street. Si nous examinons jusqu'à quel point la position
géographique a eu de l'influence sur le commerce dans les
temps modernes, nous arriverons, soit à détruire, soit à jus-
tifier cette crainte. Et lors même qu'un tel résultat pour le com-
merce anglais devrait en être la conséquence, quel droit avons-
nous de venir nous opposer aux avantages de nos voisins par
des motifs d'égoïsme ? La France a le droit de s'ouvrir une
route vers l'Inde; et nous, qui avons repoussé les monopoles,
nous ne pouvons décemment venir nous y opposer. »
-On voit jusqu'où va la pensée toute philanthropique
de l'auteur. Il croit que si le canal nuisait à l'Angleterre
ce ne serait pas encore une raison pour l'Angleterre de
s'y opposer; mais l'auteur se rassure bientôt en consi-
dérant l'état actuel des choses et en interrogeant les
souvenirs de l'histoire. L'Angleterre gagnera plus que
qui que ce soit à l'ouverture d'un canal qui diminuera
de moitié la distance de ses possessions dans l'Inde et
dans l'Australie et de ses comptoirs de Chine. On sait
que c'est là dès longtemps notre conviction, et que le bon
sens du public anglais ne s'y est pas trompé, comme le
, prouvent de reste toutes les adhésions que nous a don-
nées la presse anglaise.
L'auteur passe ensuite à une réfutation en règle des
arguments soutenus naguère par la Revue d Édirn-
bourg :
cc Comme c'est le seul article anglais, dit-il, qui fasse une
opposition au projet et qui ait une espèce de caractère officiel
et qui reproduise des idées généralement admises chez les
Anglais, il est bon de faire connaître quelques-uns de ses
arguments. »
La réfutation de l'auteur nous semble victorieuse ; et
si nous n'avions pas nous-même insisté à plusieurs re-
prises sur cette partie de la discussion, nous nous ferions
un plaisir de reproduire celle de la Alonthly-Review.
Après ces considérations très-solides et très-dévelop-
pées, l'auteur dit, en terminant, quelques mots du
chemin de fer de l'Euphrate :
« Nous avons placé, dit-il, dans le dernier plan de notre
article, le mémoire officiel du chemin de fer de la vallée de
l'Euphrate, qui est généralement regardé, et cela très-j us-
tement, comme le contre-projet de l'entreprise du canal de
Suez. » ,
L'auteur traite assez sévèrement ce projet de chemin
de fer, qu'il ne trouve point assez étudié ; et il déclare
qu'on ne peut désirer raisonnablement qu'on tente cette
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