Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1860-11-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 novembre 1860 15 novembre 1860
Description : 1860/11/15 (A5,N106). 1860/11/15 (A5,N106).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6529972b
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
366 L'ISTHME DE SUEZ,
norable M. Jomard, qui s'était empressé de les faire
parvenir à l'Académie.
» Parmi les jeunes Égyptiens qui ont été envoyés en
France par le vice-roi, pour y faire leur éducation, il
en est un, Mahmoud-Bey, qui s'est livré aux études
scientifiques et particulièrement astronomiques. Il se
trouvait en Egypte au moment de l'éclipsé et s'offrit
avec empressement pour seconder le zèle des savants
de tous les pays qui s'apprêtaient à observer le phéno-
mène, et prendre sa part du programme qui avait été
rédigé à Paris pour assurer le succès de l'ensemble des
observations.
» Encouragé par le vice-roi qui ne néglige aucune
occasion de témoigner de son zèle en faveur des arts et
des sciences, Mahmoud-Bey fit ses préparatifs de
voyage, et se munit des instruments qui lui étaient né-
cessaires. Son Altesse pourvut généreusement aux frais
d'une expédition qui allait prouver au monde que l'E-
gypte, aujourd'hui, peut marcher de pair avec toutes
les autres nations.
» Malgré de très grandes difficultés, l'entreprise a été
dirigée avec autant d'intelligence que de courage, et à
son retour au Caire, Mahmoud-Bey s'empressa de metire
ses travaux en ordre et d'adresser un rapport circons-
tancié à son souverain.
» C'est ce rapport que le vice-roi a envoyé à M. Jo-
mard pour le transmettre à l'Académie, et demander à
ce corps savant son examen et son opinion. M. Faye a
bien voulu se charger de la lecture de ce document,
fort bien rédigé et contenant nombre de renseignements
aussi curieux qu'intéressants.
-» C'est à Dumbola que Mahmoud-Bey avait établi sa
station, non loin du tombeau de Méhémet-Ali. Mais,
avant d'y parvenir, il avait eu soin d'utiliser le temps
qu'il fallait employer à une route longue, difficile, par
une température dévorante, et qui souvent venait dé-
ranger ses instruments.
» Il parvint à relever le cours du Nil, à prendre des
latitudes, des longitudes, à préparer les bases de cartes
détaillées. Arrivé à Dumbola, et après avoir pris toutes
ses précautions, secondé par le zèle de deux autres
jeunes Egyptiens, Ibrahim et Ahmed-Effendi, il put sui-
vre le phénomène, et ses observations, ses calculs sont
d'une remarquable exactitude. Au rapport sont joints
des photographies qui prouvent qu'en Egypte on sait
faire le meilleur usage de cet art. — Mahmoud-Bey a
dépeint avec un véritable talent d'écrivain le moment
où le disque solaire se trouve complétement éclipsé. A
ce moment, les oiseaux se sauvaient, se choquaient dans
l'air; les moutons bêlaient, les bœufs mugissaient;
dans le lointain on entendait les gémissements d'autres
animaux. Sur les hommes, cette influence mystérieuse,
et dont ne peuvent se défendre surtout des populations
ignorantes, se faisait sentir. Hommes, femmes et enfants
se réunissaient en groupes ; les uns pleuraient, tous
s'agenouillaient et murmuraient des prières. Ces ta-
bleaux sont indiqués de la manière la plus pittoresque,
et ajoutent un intérêt particulier aux observations
scientifiques qui ont été fort goûtées par l'Académie,
et ont été louées par M. Faye.
» L'honorable académicien a cru devoir ajouter quel-
ques renseignements à ceux qu'avait envoyés Mah-
moud-Bey, et qui complètent à peu près la masse des
renseignements qui sont venus de toutes les stations
qu'on avait pu établir. M. Faye a tracé la ligne sur
laquelle elles étaient échelonnées, et dont les principaux
points étaient; la Californie, le Labrador, l'Espagne,
l'Algérie, Dumbola. Le congrès scientifique américain
avait décidé qu'une expédition serait envoyée en Co-
lombie, mais on n'en a pas encore de nouvelles. La
mission du Labrador a échoué par des considérations
toutes locales. Il y a eu enfin une unanimité remar-
quable, et qui permettra prochainement, il faut l'espé-
rer, d'avoir un rapport complet sur le grand événement
astronomique de l'année 1860. »
LES FRANÇAIS A TIEN-TSIN.
« Camp de Tien-Tsin, 9 septembre.
» Monsieur,
» Le 24 s'est effectué l'embarquement de 1,000 sol-
dats d'infanterie anglaise, dirigés sur Tien-Tsin. Le len-
demain, un nombre égal de nos fantassins remontait
aussi le fleuve du Peïho, sur lequel naviguent libre-
ment nos canonnières depuis le 23 août. Ces troupes
servent d'escorte à nos ambassadeurs, qui vont obtenir
du grand conseil chinois, arrivé à Tien-Tsin, l'échange
de la ratification du traité et des indemnités pour frais
de séjour, depuis huit mois, dans ces mers, d'une
force imposante. Avant son départ pour cette ville de
la province du Petchili, le général en chef a publié un
ordre du jour dans lequel il félicite ses troupes de la
victoire décisive qu'elles viennent de remporter sur un
ennemi qui occupait de fortes positions et s'est défendu
avec un très-grand courage. Il les remercie, au nom
de l'Empereur, de leur énergie, de leur ardeur et de
leur constante bravoure, qui ont contribué puissam-
ment aux succès de cette glorieuse journée. On a pour
trophées de la victoire du 21 des pièces de canon et un
grand nombre de drapeaux, d'armes et de munitions de
guerre. On porte à 518 le chiffre des canons dont est
en possession l'armée alliée; 110 sont en bronze et de
très-grande dimension. Dans ce nombre figurent quel-
ques pièces abandonnées l'an dernier à l'embouchure
du Peïho par les canonnières anglaises , qui ont été
coulées par ces mêmes forts chinois. Ces pièces portent
encore les initiales de S. M. la reine Victoria et ont at-
tiré particulièrement notre attention en visitant ces
immenses ouvrages. Ces grands forts de Takou, admi-
rablement défendus du côté de la mer où les Chinois
étaient postés, prêts à détruire nos forces de terre et
de mer, sont actuellement gardés par le bataillon de
fusiliers marins (nos matelots organisés en bataillon),
et un nombre équivalant de soldats anglais.
» Les Chinois étaient bien décidés à lutter avec
acharnement jusqu'au dernier homme, sans la perte de
leur grand chef militaire. Ils n'ont cédé à la force de nos
armes et à l'élan de nos troupes que par suite de la
mort au champ d'honneur du mandarin militaire, com-
mandant en chef, qui avait gagné la confiance de l'em-
norable M. Jomard, qui s'était empressé de les faire
parvenir à l'Académie.
» Parmi les jeunes Égyptiens qui ont été envoyés en
France par le vice-roi, pour y faire leur éducation, il
en est un, Mahmoud-Bey, qui s'est livré aux études
scientifiques et particulièrement astronomiques. Il se
trouvait en Egypte au moment de l'éclipsé et s'offrit
avec empressement pour seconder le zèle des savants
de tous les pays qui s'apprêtaient à observer le phéno-
mène, et prendre sa part du programme qui avait été
rédigé à Paris pour assurer le succès de l'ensemble des
observations.
» Encouragé par le vice-roi qui ne néglige aucune
occasion de témoigner de son zèle en faveur des arts et
des sciences, Mahmoud-Bey fit ses préparatifs de
voyage, et se munit des instruments qui lui étaient né-
cessaires. Son Altesse pourvut généreusement aux frais
d'une expédition qui allait prouver au monde que l'E-
gypte, aujourd'hui, peut marcher de pair avec toutes
les autres nations.
» Malgré de très grandes difficultés, l'entreprise a été
dirigée avec autant d'intelligence que de courage, et à
son retour au Caire, Mahmoud-Bey s'empressa de metire
ses travaux en ordre et d'adresser un rapport circons-
tancié à son souverain.
» C'est ce rapport que le vice-roi a envoyé à M. Jo-
mard pour le transmettre à l'Académie, et demander à
ce corps savant son examen et son opinion. M. Faye a
bien voulu se charger de la lecture de ce document,
fort bien rédigé et contenant nombre de renseignements
aussi curieux qu'intéressants.
-» C'est à Dumbola que Mahmoud-Bey avait établi sa
station, non loin du tombeau de Méhémet-Ali. Mais,
avant d'y parvenir, il avait eu soin d'utiliser le temps
qu'il fallait employer à une route longue, difficile, par
une température dévorante, et qui souvent venait dé-
ranger ses instruments.
» Il parvint à relever le cours du Nil, à prendre des
latitudes, des longitudes, à préparer les bases de cartes
détaillées. Arrivé à Dumbola, et après avoir pris toutes
ses précautions, secondé par le zèle de deux autres
jeunes Egyptiens, Ibrahim et Ahmed-Effendi, il put sui-
vre le phénomène, et ses observations, ses calculs sont
d'une remarquable exactitude. Au rapport sont joints
des photographies qui prouvent qu'en Egypte on sait
faire le meilleur usage de cet art. — Mahmoud-Bey a
dépeint avec un véritable talent d'écrivain le moment
où le disque solaire se trouve complétement éclipsé. A
ce moment, les oiseaux se sauvaient, se choquaient dans
l'air; les moutons bêlaient, les bœufs mugissaient;
dans le lointain on entendait les gémissements d'autres
animaux. Sur les hommes, cette influence mystérieuse,
et dont ne peuvent se défendre surtout des populations
ignorantes, se faisait sentir. Hommes, femmes et enfants
se réunissaient en groupes ; les uns pleuraient, tous
s'agenouillaient et murmuraient des prières. Ces ta-
bleaux sont indiqués de la manière la plus pittoresque,
et ajoutent un intérêt particulier aux observations
scientifiques qui ont été fort goûtées par l'Académie,
et ont été louées par M. Faye.
» L'honorable académicien a cru devoir ajouter quel-
ques renseignements à ceux qu'avait envoyés Mah-
moud-Bey, et qui complètent à peu près la masse des
renseignements qui sont venus de toutes les stations
qu'on avait pu établir. M. Faye a tracé la ligne sur
laquelle elles étaient échelonnées, et dont les principaux
points étaient; la Californie, le Labrador, l'Espagne,
l'Algérie, Dumbola. Le congrès scientifique américain
avait décidé qu'une expédition serait envoyée en Co-
lombie, mais on n'en a pas encore de nouvelles. La
mission du Labrador a échoué par des considérations
toutes locales. Il y a eu enfin une unanimité remar-
quable, et qui permettra prochainement, il faut l'espé-
rer, d'avoir un rapport complet sur le grand événement
astronomique de l'année 1860. »
LES FRANÇAIS A TIEN-TSIN.
« Camp de Tien-Tsin, 9 septembre.
» Monsieur,
» Le 24 s'est effectué l'embarquement de 1,000 sol-
dats d'infanterie anglaise, dirigés sur Tien-Tsin. Le len-
demain, un nombre égal de nos fantassins remontait
aussi le fleuve du Peïho, sur lequel naviguent libre-
ment nos canonnières depuis le 23 août. Ces troupes
servent d'escorte à nos ambassadeurs, qui vont obtenir
du grand conseil chinois, arrivé à Tien-Tsin, l'échange
de la ratification du traité et des indemnités pour frais
de séjour, depuis huit mois, dans ces mers, d'une
force imposante. Avant son départ pour cette ville de
la province du Petchili, le général en chef a publié un
ordre du jour dans lequel il félicite ses troupes de la
victoire décisive qu'elles viennent de remporter sur un
ennemi qui occupait de fortes positions et s'est défendu
avec un très-grand courage. Il les remercie, au nom
de l'Empereur, de leur énergie, de leur ardeur et de
leur constante bravoure, qui ont contribué puissam-
ment aux succès de cette glorieuse journée. On a pour
trophées de la victoire du 21 des pièces de canon et un
grand nombre de drapeaux, d'armes et de munitions de
guerre. On porte à 518 le chiffre des canons dont est
en possession l'armée alliée; 110 sont en bronze et de
très-grande dimension. Dans ce nombre figurent quel-
ques pièces abandonnées l'an dernier à l'embouchure
du Peïho par les canonnières anglaises , qui ont été
coulées par ces mêmes forts chinois. Ces pièces portent
encore les initiales de S. M. la reine Victoria et ont at-
tiré particulièrement notre attention en visitant ces
immenses ouvrages. Ces grands forts de Takou, admi-
rablement défendus du côté de la mer où les Chinois
étaient postés, prêts à détruire nos forces de terre et
de mer, sont actuellement gardés par le bataillon de
fusiliers marins (nos matelots organisés en bataillon),
et un nombre équivalant de soldats anglais.
» Les Chinois étaient bien décidés à lutter avec
acharnement jusqu'au dernier homme, sans la perte de
leur grand chef militaire. Ils n'ont cédé à la force de nos
armes et à l'élan de nos troupes que par suite de la
mort au champ d'honneur du mandarin militaire, com-
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