Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1860-10-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 15 octobre 1860 15 octobre 1860
Description : 1860/10/15 (A5,N104). 1860/10/15 (A5,N104).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6529970h
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
336 L'ISTHME DE SUEZ.
) Dans le cours de la conversation avec Lieu, nous
lui demandâmes pourquoi la ville avait été si facilement
prise ; il nous répondit qu'il n'y avait pas d'autres rai-
sons, sinon que plusieurs dizaines de milliers de soldats
impériaux, il dit 80,000 hommes, avaient déserté aux
rebelles, et livré la ville entre leurs mains.
» Quelque aisément qu'elle ait été prise, il ne paraît
pas probable qu'elle soit reprise facilement ; les forces
qui l'occupent sont considérables ; elles doivent se mon-
ter au moins à 40 ou 50,000 hommes.
» Nous lui demandâmes pourquoi, si la ville avait été
prise avec si peu d'effusion de sang-, le nombre des
morts était si grand.
w Il répliqua que la plus grande partie étaient des
suicides. Cette déclaration s'accorde avec le fait trop
commun qu'à l'approche du danger dans une mul-
titude de cas, les Chinois perdent tout espoir, et se jet-
tent eux-mêmes dans le puits le plus voisin ou dans la
première rivière.
» Nous lui demandâmes encore s'il craignait pas
des maladies par l'effet des corps sans sépulture, et lui
recommandâmes de faire prendre des mesures actives
pour prévenir ce péril, lui rappelant aussi que beau-
coup des plus jeunes frères avaient le temps de remplir
cet acte nécessaire.
» Il répliqua que les frères avaient une extrême répu-
pugnance à s'acquiter d'une tâche aussi désagréable, et
que dix jours ne suffiraient pas pour son exécution.
» Les mandarins de la ville avaient tous échappé avant
sa capture; des rapports sont venus à Shang-Haï, préten-
dant d'un côté que le gouverneur de la province avait été
tué, et de l'autre, qu'il avait été baptisé et s'avançait avec
une armée rebelle pour s'emparer de Hang-Chow; mais
ces rapports ne s'accordent pas avec les informations
que nous avons recueillies de Lieu et des autres officiers
rebelles. Ils disent qu'il s'échappa comme le reste, et
que lui seul manque, tandis que les autres ont pu par.
venir à Shang-Haï.
» Les rebelles ont établi six titres nouveaux après
celui de roi : plusieurs d'entre eux sont nouveaux et
inusités en Chine ; ils tiennent en partie du caprice et
en partie de très-anciens précédents. Si l'insurrection
peut ultérieurement achever la conquête de l'empire,
ce qu'elle n'est pas assez puissante pour faire à présent,
elle altérera probablement toute la nomenclature de
l'administration civile et militaire.
» Sur notre chemin vers Shang-Haï, les villes et villa-
ges où nous passions étaient dans une grande agita-
tion; des bandes d'hommes portant des lanternes,
armés de piques, et un sur vingt portant un fusil à
mèche ou un mousquet, marchaient en procession à la
nuit autour de leur district. Un de ces grand corps de
villageois s'approcha de nous un soir que nous étions
à l'ancre dans une crique écartée; ils soupç nnaient
que nous n'étions pas réellement ce que nous disions
être, des Anglais de Shang-Haï; notre présence dans leur
village leur semblait présager quelque malheur, et à la
pâle lueur de leurs lanternes, tandis qu'ils étaient tout
près de nous sur la rive, nous vîmes des regards
d'indignation patriotique éclatant dans leurs yeux
contre nous. Leur colère fut calmée, lorsque quelques-
uns des nôtres dscendirent parmi eux et expliquèrent
au chef que nous étions sans aucun doute des prédica-
teurs étrangers du christianisme. Nous obtînmes alors
la permission de rester là pendant la nuit, tandis que
la pittoresque procession des piquiers poursuivait son
chemin.
» Les visiteurs de scènes telles que celles qu'on vient
de décrire ne peuvent pas manquer d'avoir vu beaucoup
de choses qui choquent la sensibilité et affligent le
cœur : des faubourgs en feu, des rues désertes, des
moissons de grains abandonnées sur pied, des centaines
de cadavres sans sépulture, çà et là un enfant aban-
donné ; ce sont là de tristes spectacles; tels sont les
accompagnements de la guerre. Le cœur est touché de
voir la misère à laquelle sont exposés ceux qui ne sont
pas engagés dans la grande lutte révolutionnaire.
» Dans tout cela, la Providence est à l'œuvre, et
nous pensons que Dieu fera que les résultats de la
guerre remplissent ses sages desseins, de façon que
la fin amène le bonheur réel du peuple chinois. »
Le Gérant : ERNEST DESPLACES.
AVIS
Les personnes (Mont l'abonnement
expire prochainement sont priées de
le renouveler fie suite, si elles ne veu-
lent éprouver de retarrt dans l'envoi
tlu Journal.
En vente chez LOGUET, géograplie-étlitenr,
8, rue de la Paix, à Paris.
CARTE DE L'ISTHME DE SUEZ
AVEC LE TRACÉ DES CANAUX CONCÉDÉS
PAR S. A. MOBAIED SAID
Vice-roi d'Égypte
Pour la jonction de la mer Rouge à la Méditerranée, et
celle du Nil au lac Timsah à l'échelle de 1/250,0008.
Une feuille impmnée/^f^^ley^.
Prix ; ljd^p. ~';
PARIS. — UIPIUMEIlIE CENTRALE DE NAl'OL.ÉON CUAIX E C-, ULE BERUÈIIE, 20.
) Dans le cours de la conversation avec Lieu, nous
lui demandâmes pourquoi la ville avait été si facilement
prise ; il nous répondit qu'il n'y avait pas d'autres rai-
sons, sinon que plusieurs dizaines de milliers de soldats
impériaux, il dit 80,000 hommes, avaient déserté aux
rebelles, et livré la ville entre leurs mains.
» Quelque aisément qu'elle ait été prise, il ne paraît
pas probable qu'elle soit reprise facilement ; les forces
qui l'occupent sont considérables ; elles doivent se mon-
ter au moins à 40 ou 50,000 hommes.
» Nous lui demandâmes pourquoi, si la ville avait été
prise avec si peu d'effusion de sang-, le nombre des
morts était si grand.
w Il répliqua que la plus grande partie étaient des
suicides. Cette déclaration s'accorde avec le fait trop
commun qu'à l'approche du danger dans une mul-
titude de cas, les Chinois perdent tout espoir, et se jet-
tent eux-mêmes dans le puits le plus voisin ou dans la
première rivière.
» Nous lui demandâmes encore s'il craignait pas
des maladies par l'effet des corps sans sépulture, et lui
recommandâmes de faire prendre des mesures actives
pour prévenir ce péril, lui rappelant aussi que beau-
coup des plus jeunes frères avaient le temps de remplir
cet acte nécessaire.
» Il répliqua que les frères avaient une extrême répu-
pugnance à s'acquiter d'une tâche aussi désagréable, et
que dix jours ne suffiraient pas pour son exécution.
» Les mandarins de la ville avaient tous échappé avant
sa capture; des rapports sont venus à Shang-Haï, préten-
dant d'un côté que le gouverneur de la province avait été
tué, et de l'autre, qu'il avait été baptisé et s'avançait avec
une armée rebelle pour s'emparer de Hang-Chow; mais
ces rapports ne s'accordent pas avec les informations
que nous avons recueillies de Lieu et des autres officiers
rebelles. Ils disent qu'il s'échappa comme le reste, et
que lui seul manque, tandis que les autres ont pu par.
venir à Shang-Haï.
» Les rebelles ont établi six titres nouveaux après
celui de roi : plusieurs d'entre eux sont nouveaux et
inusités en Chine ; ils tiennent en partie du caprice et
en partie de très-anciens précédents. Si l'insurrection
peut ultérieurement achever la conquête de l'empire,
ce qu'elle n'est pas assez puissante pour faire à présent,
elle altérera probablement toute la nomenclature de
l'administration civile et militaire.
» Sur notre chemin vers Shang-Haï, les villes et villa-
ges où nous passions étaient dans une grande agita-
tion; des bandes d'hommes portant des lanternes,
armés de piques, et un sur vingt portant un fusil à
mèche ou un mousquet, marchaient en procession à la
nuit autour de leur district. Un de ces grand corps de
villageois s'approcha de nous un soir que nous étions
à l'ancre dans une crique écartée; ils soupç nnaient
que nous n'étions pas réellement ce que nous disions
être, des Anglais de Shang-Haï; notre présence dans leur
village leur semblait présager quelque malheur, et à la
pâle lueur de leurs lanternes, tandis qu'ils étaient tout
près de nous sur la rive, nous vîmes des regards
d'indignation patriotique éclatant dans leurs yeux
contre nous. Leur colère fut calmée, lorsque quelques-
uns des nôtres dscendirent parmi eux et expliquèrent
au chef que nous étions sans aucun doute des prédica-
teurs étrangers du christianisme. Nous obtînmes alors
la permission de rester là pendant la nuit, tandis que
la pittoresque procession des piquiers poursuivait son
chemin.
» Les visiteurs de scènes telles que celles qu'on vient
de décrire ne peuvent pas manquer d'avoir vu beaucoup
de choses qui choquent la sensibilité et affligent le
cœur : des faubourgs en feu, des rues désertes, des
moissons de grains abandonnées sur pied, des centaines
de cadavres sans sépulture, çà et là un enfant aban-
donné ; ce sont là de tristes spectacles; tels sont les
accompagnements de la guerre. Le cœur est touché de
voir la misère à laquelle sont exposés ceux qui ne sont
pas engagés dans la grande lutte révolutionnaire.
» Dans tout cela, la Providence est à l'œuvre, et
nous pensons que Dieu fera que les résultats de la
guerre remplissent ses sages desseins, de façon que
la fin amène le bonheur réel du peuple chinois. »
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AVEC LE TRACÉ DES CANAUX CONCÉDÉS
PAR S. A. MOBAIED SAID
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Pour la jonction de la mer Rouge à la Méditerranée, et
celle du Nil au lac Timsah à l'échelle de 1/250,0008.
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