Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1860-10-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 15 octobre 1860 15 octobre 1860
Description : 1860/10/15 (A5,N104). 1860/10/15 (A5,N104).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6529970h
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 333
étrangers et des affaires étrangères, nous firent ac-
cueillir par lui mieux qu'il n'aurait fait autrement, et
les choses se passèrent aussi fort bien avec son chef
supérieur Siau. Un vieux croyant Tai-Ping possédait
un savoir considérable relativement à son système re-
ligieux, au moins par rapport à ceux qui l'entouraient.
Lorsque des remarques furent faites sur l'objet de la
mort du Christ, quelques -uns des hommes de Kwang-
Si et de Hunan qui étaient depuis quelques années dans
l'insurrection écoutaient avec intérêt en apprenant que
les livres de Tien-Wang qui avait été leur instructeur et
leur chef enseignaient ce que les étrangers croient.
Il Notre sommeil pendant cette nuit était à tout
instant interrompu par le bruit incessant des veilleurs
sur leurs gongs et leurs crécelles de bambous. La lune
brilla avec sérénité sur la scène de destruction qui
nous environnait, pendant que nous étions couchés dans
nos bateaux entre la ville retranchée d'un côté et les
maisons brûlant de l'autre. Du haut d'un pont tout
proche le spectacle était saisissant. La lumière de la
lune et les rouges rayons du feu répandaient assez de
clarté pour faire distinguer tous les objets. Une mul-
titude de bannières des rebelles portant inscription du
nom de tel ou tel chef flottaient des toits du temple
aux sommets des principales maisons, indiquant les
quartiers des diverses divisions de la garnison. Quel-
que bruit suspect s'élevait dans le faubourg en flammes,
et l'on voyait alors un détachement de la garnison
traverser le canal pour reconnaître dans le cas où des
ennemis auraient médité une attaque' ous le couvert
des habitations.
» Le soleil suivant nous vit déjà sur la route de Wukiang
et de Son-Chow. Une petite fille de six ans pleurait sur les
briques et les poutres tombées; les rebelles ne savaient
rien sur elle, l'ayant vue dans la matinée pour la première
fois, et ils nous donnèrent facilement lla permission de
remmener avec nous. Mais l'enfant montra tantde chagrin
et de répugnance à nous suivre, lorsque nous lui finies
cette proposition, que nous dûmes y renoncer. Un parti
de fourrageurs sortit de la ville en même temps ; il était
composé de quarante hommes, ayant avec eux un ba-
teau pour passer les criques, une bonne provision de
piques à main et deux ou trois fusils à mèche. Leur
mission était, disaient-ils, de fouiller les maisons des
villageois, pour porter à la ville des légumes, des pou-
lets, des chèvres et des cochons, arrachés par force à
leurs propriétaires, sans paiement; mais ils ne nous
dirent pas cette dernière circonstance.
» Laissant nos bateaux, nous marchâmes sur le large
et verdoyant chemin de halage qui est maintenant bien
déchu : il consiste en un terrassement continu avec un
mur de larges pierres de granit bordant l'eau. Il était
foulé annuellement par les pas pesants des matelots
des jonques chargées: traînant le grain impérial
vers le nord, à Pekin Maintenant il paraît, comparati-
vement, désert et solitaire, et il a ce?sé d'être l'orgueil
du gouvernement et du peuple.
» A un mille ou deux de Bing-Bong, nous observâmes
les villageois au travail dans les champs, et nous re-
connûmes avec plaisir que la guerre civile n'empêche
pas les travaux de l'agriculture à une courte distance
des stations des rebelles.
» A Pah-Chih, nous entrâmes dans un temple ; toutes
ses idoles, au nombre de quarante ou cinquante, avaient
été mutilées et détruites, excepté une, l'image du « Bud-
dah riant, » faite de bois grossier. Les naturels de l'autre
côté du canal parurent sur leurs portes quand ils nous
aperçurent et nous informèrent qu'ils n'avaient pas été
troublés. On n'avait rien touché chez eux, excepté au
temple; nous nous arrêtâmes pour lire une procla-
mation sur le mur : elle avait pour objet de calmer
l'esprit du peuple ; elle le pressait d'abjurer des supersti-
tions misérables et de revenir à la vraie religion. Sou-
Chow, disait-elle, venait d'être reconquis et toutes les
villes de la province devaient rendre hommage à
la nouvelle dynastie;- le tribut devait lui être payé, et
si aucune opposition éclatait contre l'ordre nouvellement
établi, il en serait tiré une sûre et prompte vengeance.
» Ici et au delà, à mesure que nous avancions, les
champs étaient la scène d'une grande activité. C'était
le temps de planter le jeune riz en rang dans les guém
rets irrigués; le blé avait été recueilli ; le terrain avait
été préparé par une conduite d'eau artificiellement
amenée pour une moisson de riz en automne, et le sol
avait été préalablement labouré et hersé. Les travail-
leurs étaient si occupés à ces ouvrages qu'ils ne sem-
blèrent pas faire attention à des bateaux passant avec
l'appendice peu habituel du pavillon anglais à leur
proue.
Il Le canal est ici dans une direction parallèle à la
rive orientale du lac de Tai-Hu, dont les îles sont
visibles. Une pagode très-élevée annonce la cité de
Wukiang entourée de murs, où nos bateaux arrivèrent
après quelques heures de halage. On entre dans la porte
de la cité par un long pont de quinze arches, construit à
travers un lac. Après une longue marche, nous atteignî-
mes la résidence de l'officier commandant, au cœur de la
ville; nous remarquâmes que beaucoup de rebelles étaient
de nouveaux adhérents, contraints au service malgré
eux, ou des soldats déserteurs. Il y avait en dehors de
l'habitation du chef, un brillant étalage de bannières
jaunes ; en fait, il était sur le point de faire un tour d'ins-
pection, et une large troupe d'hommes était prête à se
mettre en procession aussitôt qu'il paraîtrait. L'abon-
dance de rouge et de jaune que nous vîmes à cette
occasion, nous fit penser que ce chef aimait la pompe
et tenait à sa dignité.
» Nous le trouvâmes, en effet, très-froid et très-digne,
mais poli; n'allant pas au-devant des informations,
mais répondant à nos questions, il nous assura que nous
pouvions voir le Chung-Wang à Sou-Chow sans nous
mettre à genoux. C'était un adhérent primitif au mou-
vement des Tai-Pings. Il nous dit que les Chinois et
les étrangers devaient vivre d'accord, puisqu'ils ado-
raient le même Père céleste et le même Frère céleste
(Jésus), et qu'ils professaient la même religion. Nous le
laissâmes après une courte entrevue.. refusant, en le
remerciant, les provisions qu'il offrait de nous envoyer.
» Vers le soir, nous traversâmes le pont à cinquante-
trois arches, au delà duquel se trouve la route vers le
étrangers et des affaires étrangères, nous firent ac-
cueillir par lui mieux qu'il n'aurait fait autrement, et
les choses se passèrent aussi fort bien avec son chef
supérieur Siau. Un vieux croyant Tai-Ping possédait
un savoir considérable relativement à son système re-
ligieux, au moins par rapport à ceux qui l'entouraient.
Lorsque des remarques furent faites sur l'objet de la
mort du Christ, quelques -uns des hommes de Kwang-
Si et de Hunan qui étaient depuis quelques années dans
l'insurrection écoutaient avec intérêt en apprenant que
les livres de Tien-Wang qui avait été leur instructeur et
leur chef enseignaient ce que les étrangers croient.
Il Notre sommeil pendant cette nuit était à tout
instant interrompu par le bruit incessant des veilleurs
sur leurs gongs et leurs crécelles de bambous. La lune
brilla avec sérénité sur la scène de destruction qui
nous environnait, pendant que nous étions couchés dans
nos bateaux entre la ville retranchée d'un côté et les
maisons brûlant de l'autre. Du haut d'un pont tout
proche le spectacle était saisissant. La lumière de la
lune et les rouges rayons du feu répandaient assez de
clarté pour faire distinguer tous les objets. Une mul-
titude de bannières des rebelles portant inscription du
nom de tel ou tel chef flottaient des toits du temple
aux sommets des principales maisons, indiquant les
quartiers des diverses divisions de la garnison. Quel-
que bruit suspect s'élevait dans le faubourg en flammes,
et l'on voyait alors un détachement de la garnison
traverser le canal pour reconnaître dans le cas où des
ennemis auraient médité une attaque' ous le couvert
des habitations.
» Le soleil suivant nous vit déjà sur la route de Wukiang
et de Son-Chow. Une petite fille de six ans pleurait sur les
briques et les poutres tombées; les rebelles ne savaient
rien sur elle, l'ayant vue dans la matinée pour la première
fois, et ils nous donnèrent facilement lla permission de
remmener avec nous. Mais l'enfant montra tantde chagrin
et de répugnance à nous suivre, lorsque nous lui finies
cette proposition, que nous dûmes y renoncer. Un parti
de fourrageurs sortit de la ville en même temps ; il était
composé de quarante hommes, ayant avec eux un ba-
teau pour passer les criques, une bonne provision de
piques à main et deux ou trois fusils à mèche. Leur
mission était, disaient-ils, de fouiller les maisons des
villageois, pour porter à la ville des légumes, des pou-
lets, des chèvres et des cochons, arrachés par force à
leurs propriétaires, sans paiement; mais ils ne nous
dirent pas cette dernière circonstance.
» Laissant nos bateaux, nous marchâmes sur le large
et verdoyant chemin de halage qui est maintenant bien
déchu : il consiste en un terrassement continu avec un
mur de larges pierres de granit bordant l'eau. Il était
foulé annuellement par les pas pesants des matelots
des jonques chargées: traînant le grain impérial
vers le nord, à Pekin Maintenant il paraît, comparati-
vement, désert et solitaire, et il a ce?sé d'être l'orgueil
du gouvernement et du peuple.
» A un mille ou deux de Bing-Bong, nous observâmes
les villageois au travail dans les champs, et nous re-
connûmes avec plaisir que la guerre civile n'empêche
pas les travaux de l'agriculture à une courte distance
des stations des rebelles.
» A Pah-Chih, nous entrâmes dans un temple ; toutes
ses idoles, au nombre de quarante ou cinquante, avaient
été mutilées et détruites, excepté une, l'image du « Bud-
dah riant, » faite de bois grossier. Les naturels de l'autre
côté du canal parurent sur leurs portes quand ils nous
aperçurent et nous informèrent qu'ils n'avaient pas été
troublés. On n'avait rien touché chez eux, excepté au
temple; nous nous arrêtâmes pour lire une procla-
mation sur le mur : elle avait pour objet de calmer
l'esprit du peuple ; elle le pressait d'abjurer des supersti-
tions misérables et de revenir à la vraie religion. Sou-
Chow, disait-elle, venait d'être reconquis et toutes les
villes de la province devaient rendre hommage à
la nouvelle dynastie;- le tribut devait lui être payé, et
si aucune opposition éclatait contre l'ordre nouvellement
établi, il en serait tiré une sûre et prompte vengeance.
» Ici et au delà, à mesure que nous avancions, les
champs étaient la scène d'une grande activité. C'était
le temps de planter le jeune riz en rang dans les guém
rets irrigués; le blé avait été recueilli ; le terrain avait
été préparé par une conduite d'eau artificiellement
amenée pour une moisson de riz en automne, et le sol
avait été préalablement labouré et hersé. Les travail-
leurs étaient si occupés à ces ouvrages qu'ils ne sem-
blèrent pas faire attention à des bateaux passant avec
l'appendice peu habituel du pavillon anglais à leur
proue.
Il Le canal est ici dans une direction parallèle à la
rive orientale du lac de Tai-Hu, dont les îles sont
visibles. Une pagode très-élevée annonce la cité de
Wukiang entourée de murs, où nos bateaux arrivèrent
après quelques heures de halage. On entre dans la porte
de la cité par un long pont de quinze arches, construit à
travers un lac. Après une longue marche, nous atteignî-
mes la résidence de l'officier commandant, au cœur de la
ville; nous remarquâmes que beaucoup de rebelles étaient
de nouveaux adhérents, contraints au service malgré
eux, ou des soldats déserteurs. Il y avait en dehors de
l'habitation du chef, un brillant étalage de bannières
jaunes ; en fait, il était sur le point de faire un tour d'ins-
pection, et une large troupe d'hommes était prête à se
mettre en procession aussitôt qu'il paraîtrait. L'abon-
dance de rouge et de jaune que nous vîmes à cette
occasion, nous fit penser que ce chef aimait la pompe
et tenait à sa dignité.
» Nous le trouvâmes, en effet, très-froid et très-digne,
mais poli; n'allant pas au-devant des informations,
mais répondant à nos questions, il nous assura que nous
pouvions voir le Chung-Wang à Sou-Chow sans nous
mettre à genoux. C'était un adhérent primitif au mou-
vement des Tai-Pings. Il nous dit que les Chinois et
les étrangers devaient vivre d'accord, puisqu'ils ado-
raient le même Père céleste et le même Frère céleste
(Jésus), et qu'ils professaient la même religion. Nous le
laissâmes après une courte entrevue.. refusant, en le
remerciant, les provisions qu'il offrait de nous envoyer.
» Vers le soir, nous traversâmes le pont à cinquante-
trois arches, au delà duquel se trouve la route vers le
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