Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1860-10-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 01 octobre 1860 01 octobre 1860
Description : 1860/10/01 (A5,N103). 1860/10/01 (A5,N103).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6529969v
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
316 1 L'ÏSÏHME DE SImZ,
ou administrateur des revenus, d'un imam chargé, le
vendredi, de faire la prière solennelle de la khoteba ou
prône, d'un mobalegh, chargé de répéter à haute voix
à la foule assemblée la prière de l'imam, de deux moued-
zenine ou crieurs pour l'appel à la prière du haut du
minaret, et de trois serviteurs chargés de balayer le
temple, de secouer les nattes ét tapis, et d'allumer les
lampes le soir. Le psrsonnel d'une zaouïa ne se com-
pose que d'un imam et d'un serviteur. Le traitement
fixe de tous ces employés est extrêmement minime ;
mais ils ont d'autres ressources, telles, par exemple,
pour les imams, que les naissances ou'plutôt les circonci-
sions, les mariages et les funérailles, qui donnent lieu à
certaines prières et cérémonies religieuses rétribuées
par les familles. Les revenus des mosquées et des
zaouias sont assez considérables ; ils se composent, in-
dépendamment des donations pieuses des pèlerins, des
loyers, des immeubles qui appartiennent à ces établisse-
ments à titre de habss ou ouakfs, soit biens mainmor-
tables, tels qu'ils existent dans tous les pays musul-
mans, sans en excepter l'Algérie. Le nadzir ou adminis-
trateur encaisse tous les revenus, paye les traitements
du personnel, acquitte les dépenses d'entretien de l'éta-
blissement et s'attribue exclusivement le reste. Cet
agent est nommé par la famille 'du fondateur de l'éta-
blissement religieux, et c'est lui qui pourvoit à la no-
mination des autres membres de son personnel. L'auto-
rité supérieure locale, administrative ou judiciaire, n'a
en tout cela aucune immixtion ni initiative.
Ce chapitre des établissements religieux m'amène
tout naturellement à vous parler des divers cimetières
de la ville et du fameux tombeau d'Ève que j'ai déjà
cité.
Cimetières musulmans. Ils sont au nombre de cinq,
dont trois en ville môme : Djebanet el Alaoui, Djebanet
el Akili et Djebanet el Hadrami, et deux situés hors des
portes, Djebanet Settena Haoua et Djebanet el Assad.-
On n'enterre guère que les enfants en bas âge dans les
trois premiers ; les deux autres sont plus spécialement
affectés à l'ensevelissement des adultes des deux sexes.
Indépendamment de ces derniers, il y a encore autour
de la ville trois terrains vagues qui ne sont point clos de
murs comme les Djebanet Settena Haoua et Djebanet el
Assad, et où l'on enterre également les adultes ; ce
sont là plus particulièrement les champs de repos de la
classe indigente. Les tombes des deux cimetières
extra-muros sont généralement en bon état de conserva-
tion, et on en remarque un certain nombre qui sont en-
tourées d'une sorte de galerie en bois peint servant à
les séparer des autres et à garantir quelques pauvres
fleurs ou quelques chétifs arbrisseaux que la piété des
familles y entretient avec soin.
Cimetière chrétien.- Ce cimetière, situé au bord de la
mer, à un quart de kilomètre au sud de la ville, n'existe
que depuis une quarantaine d'années seulement. Avant
cette époque, les rares chrétiens qui mouraient à Djed -
dan, et qui provenaient presque tous des équipages des
navires européens venus des Indes, étaient enterrés
sur un des bancs de sable qui forment les passes
sinueuses et difficiles de la rade. A cette époque
fort rapprochée -de nous , le fanatisme ardent de la
population aurait encore considéré comme souillé le
territoire sacré de la Mecque s'il eût reçu sur un point
quelconque la dépouille mortelle d'un infidèle. La tolé-
rance éclairée de Mehemet-Aly, vice-roi d'Egypte, alors
maître du Hedjaz, fit justice de cette humiliante et in-
humaine exception. Cédant aux sollicitations de la pe-
tite colonie chrétienne qui commençait à se former à
Djeddah sous son administration protectrice, il lui ac -
corda la concession gratuite sur la terre ferme et un
terrain destiné à la sépulture de ses morts : c'est le ci-
metière actuel. Ce cimetière, qui fut entouré d'un mur
d'enceinte tombant aujourd'hui en ruines et qui n'a
qu'une dizaine de mètres carrés, pouvait répondre aux
besoins de cette époque où la colonie chrétienne était
fort restreinte, mais il est devenu insuffisant aujourd'hui,
et il est à désirer qu'il soit agrandi et réparé d'une ma-
nière convenable. Il est h remarquer que le cimetière
de Djeddah reçoit indistinctement dans son sein les dé-
pouilles mortelles des infortunés chrétiens qui viennent
à mourir sur cette triste terre étrangère, à quelque
communion religieuse qu'ils aient appartenu, catho-
liques, protestants, grecs schismatiques ou orthodoxes,
arméniens, eutychéens ou jacobites. Sur cette terre du
fanatisme musulman le plus pur, c'est là le dernier asile
des chrétiens, quelles qu'aient été, de leur vivant, les
passions religieuses qui ont pu les diviser. Dans ce
champ des morts qui gît si misérablement entre les
sables du désert et les flots de la mer, dans ce Campo.
Santo que l'on ne saurait visiter sans éprouver au cœur
un douloureux sentiment de tristesse, toutes les dissi-
dences religieuses que les passions des hommes ont
créées sont mises à néant et viennent forcément fu-
sionner en une seule et immuable pensée : la sainte
foi chrétienne.
Cimetière ou tombeau d'Ève. Selon la tradition mu-
sulmane, lorsque, après avoir commis la faute d'avoir
mangé le fruit défendu, Adam et Ève furent chassés
du Paradis, Dieu fit descendre sur la terre le premier
dans l'île de Ceylan et Ève à Djeddah en Arabie. Long-
temps Adam vécut seul, misérable et accablé sous le
poids de son crime. Sincèrement repentant et profondé-
ment affligé d'être privé des d.ouces consolations de son
infortunée compagne, il ne cessait d'élever les mains au
ciel et d'implorer son pardon ainsi que celui d'Ève.
Dieu, touché enfin des sentiments de contrition que lui
exprimait sa créature de prédilection, chargea un jour
l'ange Gabriel d'aller lui porter sa parole de paix. Après
avoir été, par ordre de Dieu, déposer un saint taber-
nacle sur la terre, au lieu même où, bien des siècles
plus tard, le patriarche Abraham devait élever le tem-
ple sacré de la Kba (la Mecque), l'ange consolateur
alla prendre Adam par la main et, le conduisant rapi_
dément à travers l'espace, vint le placer en présence de
ce témoignage béni de la clémence divine en lui ordon-
nant d'y prier Dieu avec une pieuse ferveur, afin d'en
obtenir l'entière rémission de son péché. Adam, plein
de reconnaissance, tomba à genoux et pria longtemps,
les yeux et les mains élevés vers le Très-Haut; puis, se
levant, il suivit l'ange sur le haut d'une montagne, à
quelque distance de là, et tout à coup Ève, dont il était
séparé depuis plus de deux cents ans, Ève, cette chair
ou administrateur des revenus, d'un imam chargé, le
vendredi, de faire la prière solennelle de la khoteba ou
prône, d'un mobalegh, chargé de répéter à haute voix
à la foule assemblée la prière de l'imam, de deux moued-
zenine ou crieurs pour l'appel à la prière du haut du
minaret, et de trois serviteurs chargés de balayer le
temple, de secouer les nattes ét tapis, et d'allumer les
lampes le soir. Le psrsonnel d'une zaouïa ne se com-
pose que d'un imam et d'un serviteur. Le traitement
fixe de tous ces employés est extrêmement minime ;
mais ils ont d'autres ressources, telles, par exemple,
pour les imams, que les naissances ou'plutôt les circonci-
sions, les mariages et les funérailles, qui donnent lieu à
certaines prières et cérémonies religieuses rétribuées
par les familles. Les revenus des mosquées et des
zaouias sont assez considérables ; ils se composent, in-
dépendamment des donations pieuses des pèlerins, des
loyers, des immeubles qui appartiennent à ces établisse-
ments à titre de habss ou ouakfs, soit biens mainmor-
tables, tels qu'ils existent dans tous les pays musul-
mans, sans en excepter l'Algérie. Le nadzir ou adminis-
trateur encaisse tous les revenus, paye les traitements
du personnel, acquitte les dépenses d'entretien de l'éta-
blissement et s'attribue exclusivement le reste. Cet
agent est nommé par la famille 'du fondateur de l'éta-
blissement religieux, et c'est lui qui pourvoit à la no-
mination des autres membres de son personnel. L'auto-
rité supérieure locale, administrative ou judiciaire, n'a
en tout cela aucune immixtion ni initiative.
Ce chapitre des établissements religieux m'amène
tout naturellement à vous parler des divers cimetières
de la ville et du fameux tombeau d'Ève que j'ai déjà
cité.
Cimetières musulmans. Ils sont au nombre de cinq,
dont trois en ville môme : Djebanet el Alaoui, Djebanet
el Akili et Djebanet el Hadrami, et deux situés hors des
portes, Djebanet Settena Haoua et Djebanet el Assad.-
On n'enterre guère que les enfants en bas âge dans les
trois premiers ; les deux autres sont plus spécialement
affectés à l'ensevelissement des adultes des deux sexes.
Indépendamment de ces derniers, il y a encore autour
de la ville trois terrains vagues qui ne sont point clos de
murs comme les Djebanet Settena Haoua et Djebanet el
Assad, et où l'on enterre également les adultes ; ce
sont là plus particulièrement les champs de repos de la
classe indigente. Les tombes des deux cimetières
extra-muros sont généralement en bon état de conserva-
tion, et on en remarque un certain nombre qui sont en-
tourées d'une sorte de galerie en bois peint servant à
les séparer des autres et à garantir quelques pauvres
fleurs ou quelques chétifs arbrisseaux que la piété des
familles y entretient avec soin.
Cimetière chrétien.- Ce cimetière, situé au bord de la
mer, à un quart de kilomètre au sud de la ville, n'existe
que depuis une quarantaine d'années seulement. Avant
cette époque, les rares chrétiens qui mouraient à Djed -
dan, et qui provenaient presque tous des équipages des
navires européens venus des Indes, étaient enterrés
sur un des bancs de sable qui forment les passes
sinueuses et difficiles de la rade. A cette époque
fort rapprochée -de nous , le fanatisme ardent de la
population aurait encore considéré comme souillé le
territoire sacré de la Mecque s'il eût reçu sur un point
quelconque la dépouille mortelle d'un infidèle. La tolé-
rance éclairée de Mehemet-Aly, vice-roi d'Egypte, alors
maître du Hedjaz, fit justice de cette humiliante et in-
humaine exception. Cédant aux sollicitations de la pe-
tite colonie chrétienne qui commençait à se former à
Djeddah sous son administration protectrice, il lui ac -
corda la concession gratuite sur la terre ferme et un
terrain destiné à la sépulture de ses morts : c'est le ci-
metière actuel. Ce cimetière, qui fut entouré d'un mur
d'enceinte tombant aujourd'hui en ruines et qui n'a
qu'une dizaine de mètres carrés, pouvait répondre aux
besoins de cette époque où la colonie chrétienne était
fort restreinte, mais il est devenu insuffisant aujourd'hui,
et il est à désirer qu'il soit agrandi et réparé d'une ma-
nière convenable. Il est h remarquer que le cimetière
de Djeddah reçoit indistinctement dans son sein les dé-
pouilles mortelles des infortunés chrétiens qui viennent
à mourir sur cette triste terre étrangère, à quelque
communion religieuse qu'ils aient appartenu, catho-
liques, protestants, grecs schismatiques ou orthodoxes,
arméniens, eutychéens ou jacobites. Sur cette terre du
fanatisme musulman le plus pur, c'est là le dernier asile
des chrétiens, quelles qu'aient été, de leur vivant, les
passions religieuses qui ont pu les diviser. Dans ce
champ des morts qui gît si misérablement entre les
sables du désert et les flots de la mer, dans ce Campo.
Santo que l'on ne saurait visiter sans éprouver au cœur
un douloureux sentiment de tristesse, toutes les dissi-
dences religieuses que les passions des hommes ont
créées sont mises à néant et viennent forcément fu-
sionner en une seule et immuable pensée : la sainte
foi chrétienne.
Cimetière ou tombeau d'Ève. Selon la tradition mu-
sulmane, lorsque, après avoir commis la faute d'avoir
mangé le fruit défendu, Adam et Ève furent chassés
du Paradis, Dieu fit descendre sur la terre le premier
dans l'île de Ceylan et Ève à Djeddah en Arabie. Long-
temps Adam vécut seul, misérable et accablé sous le
poids de son crime. Sincèrement repentant et profondé-
ment affligé d'être privé des d.ouces consolations de son
infortunée compagne, il ne cessait d'élever les mains au
ciel et d'implorer son pardon ainsi que celui d'Ève.
Dieu, touché enfin des sentiments de contrition que lui
exprimait sa créature de prédilection, chargea un jour
l'ange Gabriel d'aller lui porter sa parole de paix. Après
avoir été, par ordre de Dieu, déposer un saint taber-
nacle sur la terre, au lieu même où, bien des siècles
plus tard, le patriarche Abraham devait élever le tem-
ple sacré de la Kba (la Mecque), l'ange consolateur
alla prendre Adam par la main et, le conduisant rapi_
dément à travers l'espace, vint le placer en présence de
ce témoignage béni de la clémence divine en lui ordon-
nant d'y prier Dieu avec une pieuse ferveur, afin d'en
obtenir l'entière rémission de son péché. Adam, plein
de reconnaissance, tomba à genoux et pria longtemps,
les yeux et les mains élevés vers le Très-Haut; puis, se
levant, il suivit l'ange sur le haut d'une montagne, à
quelque distance de là, et tout à coup Ève, dont il était
séparé depuis plus de deux cents ans, Ève, cette chair
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