Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1860-09-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 15 septembre 1860 15 septembre 1860
Description : 1860/09/15 (A5,N102). 1860/09/15 (A5,N102).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6529968f
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 297
que mon récit de ces horreurs pût s'arrêter aussi ! Pres-
que le jour même où la paix était proclamée, une explo-
sion de fanatisme avait lieu à Damas. Nous nous y at-
tendions. Toutes les personnes qui connaissent la Syrie
prévoyaient depuis trois ou quatre ans que quelque ter-
rible tragédie s'accomplirait dans ce pays et surtout dans
la capitale. Le fanatisme n'est nulle part aussi violent
qu'à Damas, et les chrétiens y sont tellement en mino-
rité que l'idée d'un massacre est affreuse. Les musul-
mans y sont environ au nombre de 130,000, et les chré-
tiens ne sont pas plus de 15,000.
» Le feu a été mis à la mine le 9 juillet, à deux heu-
res de l'après-midi. La maison du consul russe a été at-
taquée la première ; puis est venu le tour des maisons
des principaux marchands chrétiens ; elles ont été in-
cendiées, selon l'abominable coutume du pays. L'œuvre
de destruction n'avançant pas assez vite, toutle quartier
chrétien a été incendié. Je n'entrerai pas dans les détails
du massacre de Damas, qui continue encore ; mais au
moment du départ des dernières nouvelles, c'est-à-dire
huit jours après le commencement de l'affaire, le quar-
tier chrétien brûlait encore. Les rues étaient encom-
brées de fanatiques qui criaient : « Mort aux chrétiens !
» Que pas un seul ne survive! » Les Européens, à la
date des dernières nouvelles, avaient pu s'échapper. Ce
n'est pas grâce à la population, qui a brûlé tous les
consulats, excepté les consulats anglais et russe, et qui
demande ouvertement qu'on lui livre les consuls russe
et français.
» Les quelques Européens de Damas ont trouvé un re-
fuge auprès d'Abd-el-Kader ou auprès de M. Brant, con-
sul anglais, dont la magnifique conduite et la fermeté
ont sauvé bien des malheureux. Mais il est assiégé,
ainsi que la centaine de réfugiés qu'il a auprès de lui.
Pour ajouter à ces horreurs, les Arabes et les Kurdes
sont venus dans la ville. Ils pillent, ils tuent les hom-
mes, et ils emmènent les femmes. Le pacha n'a rien
fait. Ahmed-Pacha n'a pas fait fermer les portes de la
ville, et les troupes ottomanes se sont distinguées par
leur ardeur à massacrer les chrétiens et à maltraiter
les femmes.
» Othman-Bey, le même qui était à Hasbeya, est ar-
rivé à Damas il y a quelques jours, et il est entré en
vainqueur. Rien ne saurait être plus infâme que la
conduite d'Ahmed-Pacha et de tous les fontionnaires. »
SITUATION DE LA SYRIE.
Nous trouvons dans la Presse du 14 de ce mois
une correspondance des plus intéressantes sur l'état
des esprits en Syrie, et sur les complications qui
semblent encore menacer ces malheureuses contrées.
Nous reproduisons ces détails parce qu'ils feront
comprendre toute l'opportunité des secours que la
France, par son expédition, a portés à l'autorité du
sultan, au salut de son empire, et qu'ils sont la
meilleure réponse qu'on puisse faire à tous ceux
qui ont voulu faire croire que la France, dans cette
détermination, n'était point animée pour la Porte
des sentiments les plus prévoyants de bienveillance
et de sollicitude. Pour tous les esprits réfléchis et
impartiaux qui liront ces tristes récits, la présence
de nos forces en Syrie est en ce moment le plus
grand service qui ait pu être rendu au maintien de
l'empire ottoman. Voici la correspondance de la
Presse.
JULES ROSÉ.
« Le post-scriptum de'ma dernière^lettre vous annonçait
l'arrivée ici et l'embarquement immédiat des prison-
niers expédiés de Damas sur Constantinople. Ils n'é-
taient qu'au nombre de trois cents, et non de quatre
cents, comme on l'avait d'abord mandé de Damas. Ces
misérables, dont les uns sont condamnés aux travaux
forcés à perpétuité, et les autres à des peines moindres,
depuis les travaux forcés à temps jusqu'au simple en-
rôlement dans l'armée turque, n'étaient pas, comme
vous puurriez le supposer, de simples pillards. Tous ont
pris part, de leur personne et de leurs couteaux, à la
dernière boucherie des chrétiens, et parmi les milliers de
Damasquins accourus sur leur passage, plus d'un a pu
les désigner nominativement comme les meurtriers
d'un fils, d'un frère, d'un père. L'émotion était, du
reste ici, tout entière du côté des réfugiés.
» Quant aux prisonniers, la plupart traversaient ce
feu croisé de sanglots, de menaces, de malédictions,
avec un flegme imperturbable, dont l'expression ne va-
riait qu'entre cette sérénité froide que donne la cons-
cience du devoir accompli et l'indifférence blasée du
boucher pour les rumeurs de l'abattoir. Quelques-uns
promenaient sur la foule des regards de triomphe, et
répliquaient : « Oui, j'ai tué tel et tel des tiens, et dans
» six mois ce sera ton tour. » — Un autre disait avec
un rire de satyre : « Tu n'osais pas m'en dire autant
» quand je tenais ta femme sur mes genoux. » — Un
autre disait: « Et toi, jeune chien, qui montres tes dents,
» riais-tu, comme à présent, quand j'avais le pied de
» ta sœur dans ma main? » Sur ces trois cents bandits,
huit ou dix au plus n'appartiennent pas à la plèbe mu-
sulmane, et deux de ces derniers, en passant devant le
consulat général de France, où ils étaient connus,
cherchaient à se cacher le visage. Au nombre des pri-
sonniers était une négresse qui, le sabre au poing,
massacra tout un jour, et sur le compte de laquelle on
met le meurtre d'une vingtaine de femmes et d'enfants.
» De nouvelles arrestations, dont le nombre s'élevait,
il y a trois jours, au nombre de treize cents, ont eu
lieu à Damas. Fuad-Pacha compte arriver, pour cette
troisième fournée, jusqu'au chiffre de quatre mille;
mais il s'en faut de beaucoup que ces nouvelles arres-
tations apportent aux chrétiens la même impression
de sécurité que les premières. Elles ne sont en réalité
qu'une manière de recrutement militaire ; car les indi-
vidus dont il s'aorit doivent être purement et simple-
ment incorporés dans Laj^éb^ïfrque. Est-ce là un châ-
timent? peut-être ; mms est-ce une garantie? les chré-
tiens ne le croient «âsrlts Se demandent avec un cer-
tain effroi si l'unifoj sçàjé servira à transformer ces quatre
mille pillards ou in~~crB~ ne reviendront
que mon récit de ces horreurs pût s'arrêter aussi ! Pres-
que le jour même où la paix était proclamée, une explo-
sion de fanatisme avait lieu à Damas. Nous nous y at-
tendions. Toutes les personnes qui connaissent la Syrie
prévoyaient depuis trois ou quatre ans que quelque ter-
rible tragédie s'accomplirait dans ce pays et surtout dans
la capitale. Le fanatisme n'est nulle part aussi violent
qu'à Damas, et les chrétiens y sont tellement en mino-
rité que l'idée d'un massacre est affreuse. Les musul-
mans y sont environ au nombre de 130,000, et les chré-
tiens ne sont pas plus de 15,000.
» Le feu a été mis à la mine le 9 juillet, à deux heu-
res de l'après-midi. La maison du consul russe a été at-
taquée la première ; puis est venu le tour des maisons
des principaux marchands chrétiens ; elles ont été in-
cendiées, selon l'abominable coutume du pays. L'œuvre
de destruction n'avançant pas assez vite, toutle quartier
chrétien a été incendié. Je n'entrerai pas dans les détails
du massacre de Damas, qui continue encore ; mais au
moment du départ des dernières nouvelles, c'est-à-dire
huit jours après le commencement de l'affaire, le quar-
tier chrétien brûlait encore. Les rues étaient encom-
brées de fanatiques qui criaient : « Mort aux chrétiens !
» Que pas un seul ne survive! » Les Européens, à la
date des dernières nouvelles, avaient pu s'échapper. Ce
n'est pas grâce à la population, qui a brûlé tous les
consulats, excepté les consulats anglais et russe, et qui
demande ouvertement qu'on lui livre les consuls russe
et français.
» Les quelques Européens de Damas ont trouvé un re-
fuge auprès d'Abd-el-Kader ou auprès de M. Brant, con-
sul anglais, dont la magnifique conduite et la fermeté
ont sauvé bien des malheureux. Mais il est assiégé,
ainsi que la centaine de réfugiés qu'il a auprès de lui.
Pour ajouter à ces horreurs, les Arabes et les Kurdes
sont venus dans la ville. Ils pillent, ils tuent les hom-
mes, et ils emmènent les femmes. Le pacha n'a rien
fait. Ahmed-Pacha n'a pas fait fermer les portes de la
ville, et les troupes ottomanes se sont distinguées par
leur ardeur à massacrer les chrétiens et à maltraiter
les femmes.
» Othman-Bey, le même qui était à Hasbeya, est ar-
rivé à Damas il y a quelques jours, et il est entré en
vainqueur. Rien ne saurait être plus infâme que la
conduite d'Ahmed-Pacha et de tous les fontionnaires. »
SITUATION DE LA SYRIE.
Nous trouvons dans la Presse du 14 de ce mois
une correspondance des plus intéressantes sur l'état
des esprits en Syrie, et sur les complications qui
semblent encore menacer ces malheureuses contrées.
Nous reproduisons ces détails parce qu'ils feront
comprendre toute l'opportunité des secours que la
France, par son expédition, a portés à l'autorité du
sultan, au salut de son empire, et qu'ils sont la
meilleure réponse qu'on puisse faire à tous ceux
qui ont voulu faire croire que la France, dans cette
détermination, n'était point animée pour la Porte
des sentiments les plus prévoyants de bienveillance
et de sollicitude. Pour tous les esprits réfléchis et
impartiaux qui liront ces tristes récits, la présence
de nos forces en Syrie est en ce moment le plus
grand service qui ait pu être rendu au maintien de
l'empire ottoman. Voici la correspondance de la
Presse.
JULES ROSÉ.
« Le post-scriptum de'ma dernière^lettre vous annonçait
l'arrivée ici et l'embarquement immédiat des prison-
niers expédiés de Damas sur Constantinople. Ils n'é-
taient qu'au nombre de trois cents, et non de quatre
cents, comme on l'avait d'abord mandé de Damas. Ces
misérables, dont les uns sont condamnés aux travaux
forcés à perpétuité, et les autres à des peines moindres,
depuis les travaux forcés à temps jusqu'au simple en-
rôlement dans l'armée turque, n'étaient pas, comme
vous puurriez le supposer, de simples pillards. Tous ont
pris part, de leur personne et de leurs couteaux, à la
dernière boucherie des chrétiens, et parmi les milliers de
Damasquins accourus sur leur passage, plus d'un a pu
les désigner nominativement comme les meurtriers
d'un fils, d'un frère, d'un père. L'émotion était, du
reste ici, tout entière du côté des réfugiés.
» Quant aux prisonniers, la plupart traversaient ce
feu croisé de sanglots, de menaces, de malédictions,
avec un flegme imperturbable, dont l'expression ne va-
riait qu'entre cette sérénité froide que donne la cons-
cience du devoir accompli et l'indifférence blasée du
boucher pour les rumeurs de l'abattoir. Quelques-uns
promenaient sur la foule des regards de triomphe, et
répliquaient : « Oui, j'ai tué tel et tel des tiens, et dans
» six mois ce sera ton tour. » — Un autre disait avec
un rire de satyre : « Tu n'osais pas m'en dire autant
» quand je tenais ta femme sur mes genoux. » — Un
autre disait: « Et toi, jeune chien, qui montres tes dents,
» riais-tu, comme à présent, quand j'avais le pied de
» ta sœur dans ma main? » Sur ces trois cents bandits,
huit ou dix au plus n'appartiennent pas à la plèbe mu-
sulmane, et deux de ces derniers, en passant devant le
consulat général de France, où ils étaient connus,
cherchaient à se cacher le visage. Au nombre des pri-
sonniers était une négresse qui, le sabre au poing,
massacra tout un jour, et sur le compte de laquelle on
met le meurtre d'une vingtaine de femmes et d'enfants.
» De nouvelles arrestations, dont le nombre s'élevait,
il y a trois jours, au nombre de treize cents, ont eu
lieu à Damas. Fuad-Pacha compte arriver, pour cette
troisième fournée, jusqu'au chiffre de quatre mille;
mais il s'en faut de beaucoup que ces nouvelles arres-
tations apportent aux chrétiens la même impression
de sécurité que les premières. Elles ne sont en réalité
qu'une manière de recrutement militaire ; car les indi-
vidus dont il s'aorit doivent être purement et simple-
ment incorporés dans Laj^éb^ïfrque. Est-ce là un châ-
timent? peut-être ; mms est-ce une garantie? les chré-
tiens ne le croient «âsrlts Se demandent avec un cer-
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