Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1860-09-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 septembre 1860 01 septembre 1860
Description : 1860/09/01 (A5,N101). 1860/09/01 (A5,N101).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k65299671
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 281
Au nombre des objections soulevées avec plus d'a-
charnement que de bonne foi contre le canal, on avait
eu l'idée malheureuse de représenter la mer Rouge
comme la moins navigable et la plus dangereuse de
toutes les mers, et l'on en concluait que le canal étant
percé, les navigateurs n'y passeraient pas.
L'honorable directeur de la Compagnie universelle,
l'infatigable M. de Lesseps, qui a pris à tâche de ne
laisser aucune objection sans réponse, et qui veut en-
tourer de lumière et de publicité tous les détails de
son œuvre, avait écrit à un officier supérieur de la
marine venant d'accomplir dans la mer Rouge une
campagne d'exploration tout à fait exceptionnelle,
pour lui demander son opinion motivée sur la navi-
gation de cette mer et sur les moyens de la rendre
plus sûre. Nous nous faisons un plaisir de mettre
cette lettre sous les yeux de nos lecteurs, jugeant
d'ailleurs inutile de l'accompagner d'aucun commen-
taire.
Le secrétaire de la lédaclion : F. CUIUS.
« Alexandrie, 15 mai 1860.
» A Monsieur Ferdinand de Lesseps.
D Monsieur,
» Vous avez bien voulu me demander mon opinion
sur le plus ou moins de dangers que présente dans
l'état actuel la navigation de la mer Rouge, et sur
les moyens de parer pour le mieux à ces dangers.
» Le vice-roi d'Egypte me faisait l'honneur, il y a
peu de jours, de m'interroger sur le même sujet, un
de ceux qui préoccupent en ce moment son infatiga-
ble et prévoyante activité.
» De même qu'à Son Altesse, et sous ma responsa-
bilité toute personnelle, j'aurai l'honneur de vous
répondre, Monsieur, que la mer Rouge me semble
valoir mieux que sa réputation.
» Sans rechercher pourquoi cette réputation s'est
trouvée tout d'un coup si mauvaise, je suis aise de
pouvoir citer à l'appui de mon opinion, fondée peut-
être sur une expérience trop rapide et trop heureuse
pour que je ne m'en défie pas moi-même, l'opinion
exprimée dans un document anglais très-compétent,
concernant l'érection de phares dans la mer Rouge.
Je cite textuellement : « The Red sea has bren navi-
gated for many years by large steamers, wilhout the
assistance of lights witli comparative immunily from
accidents. (1) » Est-il nécessaire de commenter ces
deux lignes si explicites ?
» Il y a quinze ans, si je ne me trompe, que la
Compagnie péninsulaire-orientale, assurée d'une re-
lâche et d'un dépôt de charbon à Aden, a commencé
son service entre Suez et les possessions anglaises des
Indes orientales. D'un voyage par mois, la Compa-
(1) « La mer Rouge a été fréquentée depuis plusieurs années par
de grands vapeurs, sans l'assistance de phares, avec une absence
relative d'accidents. »
gnie est arrivée progressivement à un voyage par se-
maine. Huit fois par mois, quatre-vingt-seize fois par
an, de grands vapeurs, à hélice ou à roues, calant de
18 à 21 pieds d'eau, autant que nos plus grandes
frégates, parcourent la mer Rouge dans les deux sens
et dans toutes les circonstances favorables ou défa-
vorables des moussons. Cependant dans cet actif
service nous ne connaissons qu'un sinistre, la perte
de Y Aima, dont les causes sont d'ailleurs restées
assez obscures.
» Si ces résultats font le plus grand honneur aux
capitaines employés par la Compagnie péninsulaire,
on pourrait convenir aussi qu'ils ne font pas de tort à
la mer Rouge.
» Mais pourquoi donc alors les assurances sont-elles
à un taux plus élevé dans cette mer, me dites-vous,
Monsieur? Ne serait-ce pas d'abord parce que les
assureurs profitent de sa mauvaise réputation, l'en-
tretiennent et l'exploitent ? Les navires à voiles
européens sont rares dans la mer Rouge ; les bar-
ques arabes suffisent au cabotage et ne s'assurent
pas. Une tonne de houille rendue à Suez par la Médi-
terranée et le chemin de fer égyptien coûte moins
cher que venue par le cap. La voile ne reparaîtra
dans la mer Rouge que lorsqu'elle passera par le
canal de Suez. Jusque-là le taux des assurances, qui
n'ont rien à assurer, ne me paraît pas avoir de si-
gnification sérieuse.
à Est-ce à dire que la mer Rouge soit sans dan-
gers? Non, certes. Dans son long parcours et sur ses
deux rives, elle présente de nombreux écueils, appa-
rents ou cachés, qui imposent aux navigateurs la
plus active surveillance dans la direction de leur
route , et ne laissent pas de causer aux capitai-
nes de fréquentes insomnies, aux équipages des
quarts pénibles. Mais n'est-ce pas là notre métier,
et dans combien de mers ne le trouvons-nous pas plus
dur et plus difficile encore? La mer du Nord ou la
Manche, par exemple, pour ne citer que les mers
d'Europe les plus connues, ne nous offrent-elles pas
de bien autres dangers ? Dans ces mers brumeuses,
où les marées produisent des courants variables d'une
extrême violence, où les nuits d'hiver sont si lon-
gues, où le soleil se dérobe si souvent à l'œil de
l'observateur, la terre reste cachée, et la moindre
erreur de position devient pleine de périls. Ces mers,
dira-t-on, sont, magnifiquement éclairées, et leur
hydrographie est aussi près de la perfection que peut
l'être une œuvre de cette nature. Sans doute, et c'est
ce qui fait leur sécurité relative. Si les phares de
la Manche venaient par hasard à s'éteindre, il est per-
mis de penser que les assurances ne s'en tiendraient
pas même au taux de la mer Rouge, et les marins
n'y trouveraient rien à redire.
» La mer Rouge a peu. de marée. Les courants
obéissent aux vents régnants. p@8pj^v^t^goufflent
4
Au nombre des objections soulevées avec plus d'a-
charnement que de bonne foi contre le canal, on avait
eu l'idée malheureuse de représenter la mer Rouge
comme la moins navigable et la plus dangereuse de
toutes les mers, et l'on en concluait que le canal étant
percé, les navigateurs n'y passeraient pas.
L'honorable directeur de la Compagnie universelle,
l'infatigable M. de Lesseps, qui a pris à tâche de ne
laisser aucune objection sans réponse, et qui veut en-
tourer de lumière et de publicité tous les détails de
son œuvre, avait écrit à un officier supérieur de la
marine venant d'accomplir dans la mer Rouge une
campagne d'exploration tout à fait exceptionnelle,
pour lui demander son opinion motivée sur la navi-
gation de cette mer et sur les moyens de la rendre
plus sûre. Nous nous faisons un plaisir de mettre
cette lettre sous les yeux de nos lecteurs, jugeant
d'ailleurs inutile de l'accompagner d'aucun commen-
taire.
Le secrétaire de la lédaclion : F. CUIUS.
« Alexandrie, 15 mai 1860.
» A Monsieur Ferdinand de Lesseps.
D Monsieur,
» Vous avez bien voulu me demander mon opinion
sur le plus ou moins de dangers que présente dans
l'état actuel la navigation de la mer Rouge, et sur
les moyens de parer pour le mieux à ces dangers.
» Le vice-roi d'Egypte me faisait l'honneur, il y a
peu de jours, de m'interroger sur le même sujet, un
de ceux qui préoccupent en ce moment son infatiga-
ble et prévoyante activité.
» De même qu'à Son Altesse, et sous ma responsa-
bilité toute personnelle, j'aurai l'honneur de vous
répondre, Monsieur, que la mer Rouge me semble
valoir mieux que sa réputation.
» Sans rechercher pourquoi cette réputation s'est
trouvée tout d'un coup si mauvaise, je suis aise de
pouvoir citer à l'appui de mon opinion, fondée peut-
être sur une expérience trop rapide et trop heureuse
pour que je ne m'en défie pas moi-même, l'opinion
exprimée dans un document anglais très-compétent,
concernant l'érection de phares dans la mer Rouge.
Je cite textuellement : « The Red sea has bren navi-
gated for many years by large steamers, wilhout the
assistance of lights witli comparative immunily from
accidents. (1) » Est-il nécessaire de commenter ces
deux lignes si explicites ?
» Il y a quinze ans, si je ne me trompe, que la
Compagnie péninsulaire-orientale, assurée d'une re-
lâche et d'un dépôt de charbon à Aden, a commencé
son service entre Suez et les possessions anglaises des
Indes orientales. D'un voyage par mois, la Compa-
(1) « La mer Rouge a été fréquentée depuis plusieurs années par
de grands vapeurs, sans l'assistance de phares, avec une absence
relative d'accidents. »
gnie est arrivée progressivement à un voyage par se-
maine. Huit fois par mois, quatre-vingt-seize fois par
an, de grands vapeurs, à hélice ou à roues, calant de
18 à 21 pieds d'eau, autant que nos plus grandes
frégates, parcourent la mer Rouge dans les deux sens
et dans toutes les circonstances favorables ou défa-
vorables des moussons. Cependant dans cet actif
service nous ne connaissons qu'un sinistre, la perte
de Y Aima, dont les causes sont d'ailleurs restées
assez obscures.
» Si ces résultats font le plus grand honneur aux
capitaines employés par la Compagnie péninsulaire,
on pourrait convenir aussi qu'ils ne font pas de tort à
la mer Rouge.
» Mais pourquoi donc alors les assurances sont-elles
à un taux plus élevé dans cette mer, me dites-vous,
Monsieur? Ne serait-ce pas d'abord parce que les
assureurs profitent de sa mauvaise réputation, l'en-
tretiennent et l'exploitent ? Les navires à voiles
européens sont rares dans la mer Rouge ; les bar-
ques arabes suffisent au cabotage et ne s'assurent
pas. Une tonne de houille rendue à Suez par la Médi-
terranée et le chemin de fer égyptien coûte moins
cher que venue par le cap. La voile ne reparaîtra
dans la mer Rouge que lorsqu'elle passera par le
canal de Suez. Jusque-là le taux des assurances, qui
n'ont rien à assurer, ne me paraît pas avoir de si-
gnification sérieuse.
à Est-ce à dire que la mer Rouge soit sans dan-
gers? Non, certes. Dans son long parcours et sur ses
deux rives, elle présente de nombreux écueils, appa-
rents ou cachés, qui imposent aux navigateurs la
plus active surveillance dans la direction de leur
route , et ne laissent pas de causer aux capitai-
nes de fréquentes insomnies, aux équipages des
quarts pénibles. Mais n'est-ce pas là notre métier,
et dans combien de mers ne le trouvons-nous pas plus
dur et plus difficile encore? La mer du Nord ou la
Manche, par exemple, pour ne citer que les mers
d'Europe les plus connues, ne nous offrent-elles pas
de bien autres dangers ? Dans ces mers brumeuses,
où les marées produisent des courants variables d'une
extrême violence, où les nuits d'hiver sont si lon-
gues, où le soleil se dérobe si souvent à l'œil de
l'observateur, la terre reste cachée, et la moindre
erreur de position devient pleine de périls. Ces mers,
dira-t-on, sont, magnifiquement éclairées, et leur
hydrographie est aussi près de la perfection que peut
l'être une œuvre de cette nature. Sans doute, et c'est
ce qui fait leur sécurité relative. Si les phares de
la Manche venaient par hasard à s'éteindre, il est per-
mis de penser que les assurances ne s'en tiendraient
pas même au taux de la mer Rouge, et les marins
n'y trouveraient rien à redire.
» La mer Rouge a peu. de marée. Les courants
obéissent aux vents régnants. p@8pj^v^t^goufflent
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