Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1860-09-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 septembre 1860 01 septembre 1860
Description : 1860/09/01 (A5,N101). 1860/09/01 (A5,N101).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k65299671
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 279
Il ne reste donc plus à l'adversaire de cette œuvre
d'utilité universelle qu'un argument suprême et
dont nous avons maintes fois démontré la vanité :
l'impossibilité prétendue de l'exécution. Entre le monde
et lord Palmerston il n'y a désormais qu'un arbitre
possible, c'est le fait matériel. La communication
entre les deux mers est-elle praticable? Encore quelques
mois, et lord Palmerston verra tomber sa dernière
fiction comme sont tombées toutes les autres !
ERNEST DESPLACES.
LA PATRIE A LORD PALMERSTON.
On lit dans la Patrie du 30 août :
« Dans une des dernières séances de la Chambre des
communes, lord Palmerston a dirigé une nouvelle et
violente attaque contre l'établissement du canal mari-
time de Suez. Cette fois encore, le premier lord de la
Trésorerie n'a pas craint, à l'appui de la cause jalouse et
égoïste qu'il défend, de se rendre l'organe des accusa-
tions les plus imméritées et de mettre en avant les
faits les plus inexacts. Ne serait-il pas temps d'en finir
avec cette opposition et d'exposer au grand jour ce
qu'elle prend prudemment soin de cacher?
» Sans chercher même à rajeunir cette opposition
par de nouveaux arguments, lord Palmerston a déclaré,
selon son habitude, que l'entreprise était impraticable.
Mais si le canal de Suez est matériellement impossible,
« ceux qui craindraient de voir leurs intérêts affectés
» par son exécution n'auraient pas a s'en préoccuper. »
Cette réponse, faite déjà en 1855 par M. le ministre
des affaires de France à une dépêche de lord Claren-
don, n'a rien perdu de sa justesse et de son à-propos.
Si le canal de Suez n'est qu'une chimère, un rêve, une
utopie, pourquoi, en effet, le représenter gravement
comme étant de nature à séparer l'Egypte de la Tur-
quie, et à porter atteinte à l'intégrité de l'empire otto-
man ? Pourquoi poursuivre d'une haine si vivace un
projet qu'on déclare à l'avance irréalisable, et en occu-
per périodiquement le Parlement d'Angleterre? C'est
qu'il entre dans la politique de lord Palmerston de don-
ner le change à l'opinion et de propager une croyance
qu'il ne partage pas.
» Lord Palmerston ne perd pas l'occasion d'ajouter
que l'entreprise du canal maritime de Suez n'est qu'un
leurre, et qu'elle ne peut être que fatale pour les ca-
pitaux qui s'y trouvent engagés. Mais puisque le3 An-
glais se sont tenus en dehors de cette affaire, d'où
vient cette tendre sollicitude pour des intérêts finan-
ciers étrangers à l'Angleterre? Ne serait-il pas plus
naturel que lord Palmerston prît souci des ruines que
tant de folles et aventureuses entreprises ont faites
dans son propre pays ? Sur ce point encore, le premier
ministre de la reine dit bien haut ce qu'il ne pense pas.
Ce qu'il pense, ce qu'il n'ignore pas, ce qu'il redoute
surtout, le voici :
» Il sait que le vice-roi a déclaré solennellement
» pour lui et ses successeurs que le grand canal mari-
» time de Suez à Péluse et les ports en dépendant se-
» raient ouverts à tous navires de commerce traversant
» d'une mer à l'autre, sans aucune distinction, exclusion
» ou préférence de personnes ou de nationalités ; » il
sait que le canal, dont la neutralité est ainsi consacrée
formellement, serait placé d'ailleurs sous la protection
commune et inévitable de tous les intérêts qu'il aurait
créés. « Toutes les puissances, a-t-on dit avec raison,
« seront nécessairement jalouses d'y maintenir les
» droits de leur navigation et de leur commerce. Ces
» droits, après avoir été réglés par des conventions
« spéciales qui, comme celles des détroits, seront comp-
» tées au nombre des règles du droit des gens, garan-
Il tiront pour l'avenir l'Egypte contre l'établissement de
Il toute influence extérieure, exclusive, et à plus forte
9 raison contre toute domination ou occupation étran-
» gère. » Dès ce moment, l'Angleterre devra donc ab-
diquer toute pensée de prépondérance sur l'Egypte, et
rayer à jamais ce pays de la carte des futures posses-
sions qu'elle convoite.
» Lorsque le canal maritime de Suez se trouverait
sous la sauvegarde du droit international, l'Egypte, de-
venue pour toutes les nations le centre des plus grands
intérêts, échapperait, dans le présent comme dans l'a-
venir, à la domination de l'Angleterre. Celle-ci ne pour-
rait y rien tenter qui ressemblât à la dépossession des
princes indiens, au coup de main sur Gibraltar et à l'u-
surpation de Périm.
» Voilà pourquoi lord Palmerston combat l'établisse-
ment du canal de Suez, révoquant en doute les témoi-
gnages les plus irrécusables de la science, et ne crai-
gnant pas de confondre dans un même dédain cette
grande entreprise, ses fondateurs et jusqu'à ses action-
naires.
« Beaucoup de personnes en France, a-t-il dit dans
» son dernier discours, de petites personnes se sont lais
Il sées aller à prendre de petites actions dans la Compa-
Il gnie de Suez. » Ces souscripteurs, qui n'ont pas, il
est vrai, consulté lord Palmerston et qui comptent
parmi eux des ingénieurs, des membres de chambres
de commerce, des fonctionnaires publics, des négociants,
des propriétaires, ont souscrit pour leur part un capital
supérieur à 100 millions de francs ! Ce chiffre est-il
donc sans signification ? Maintenant, si lord Palmerston
tient absolument à ce que tout soit petit dans cette af-
faire, petits actionnaires et petits capitaux, il nous suffit
aussi, pour notre part, de voir s'ouvrir un petit canal
entre la Méditerranée et la mer Ilouge ; l'activité com-
merciale et l'expansion de la civilisation de l'Occident
vers l'extrême Asie en feront bientôt une des grandes
routes du monde.
» Louis BELLBT. »
DEUX POIDS ET DEUX MESURES.
Une partie de la presse anglaise s'occupe de la
réponse faite à M. Seymour par lord Palmerston à
propos du canal de Suez, et en général les commen-
taires des journaux de Londres sont assez peu favo-
Il ne reste donc plus à l'adversaire de cette œuvre
d'utilité universelle qu'un argument suprême et
dont nous avons maintes fois démontré la vanité :
l'impossibilité prétendue de l'exécution. Entre le monde
et lord Palmerston il n'y a désormais qu'un arbitre
possible, c'est le fait matériel. La communication
entre les deux mers est-elle praticable? Encore quelques
mois, et lord Palmerston verra tomber sa dernière
fiction comme sont tombées toutes les autres !
ERNEST DESPLACES.
LA PATRIE A LORD PALMERSTON.
On lit dans la Patrie du 30 août :
« Dans une des dernières séances de la Chambre des
communes, lord Palmerston a dirigé une nouvelle et
violente attaque contre l'établissement du canal mari-
time de Suez. Cette fois encore, le premier lord de la
Trésorerie n'a pas craint, à l'appui de la cause jalouse et
égoïste qu'il défend, de se rendre l'organe des accusa-
tions les plus imméritées et de mettre en avant les
faits les plus inexacts. Ne serait-il pas temps d'en finir
avec cette opposition et d'exposer au grand jour ce
qu'elle prend prudemment soin de cacher?
» Sans chercher même à rajeunir cette opposition
par de nouveaux arguments, lord Palmerston a déclaré,
selon son habitude, que l'entreprise était impraticable.
Mais si le canal de Suez est matériellement impossible,
« ceux qui craindraient de voir leurs intérêts affectés
» par son exécution n'auraient pas a s'en préoccuper. »
Cette réponse, faite déjà en 1855 par M. le ministre
des affaires de France à une dépêche de lord Claren-
don, n'a rien perdu de sa justesse et de son à-propos.
Si le canal de Suez n'est qu'une chimère, un rêve, une
utopie, pourquoi, en effet, le représenter gravement
comme étant de nature à séparer l'Egypte de la Tur-
quie, et à porter atteinte à l'intégrité de l'empire otto-
man ? Pourquoi poursuivre d'une haine si vivace un
projet qu'on déclare à l'avance irréalisable, et en occu-
per périodiquement le Parlement d'Angleterre? C'est
qu'il entre dans la politique de lord Palmerston de don-
ner le change à l'opinion et de propager une croyance
qu'il ne partage pas.
» Lord Palmerston ne perd pas l'occasion d'ajouter
que l'entreprise du canal maritime de Suez n'est qu'un
leurre, et qu'elle ne peut être que fatale pour les ca-
pitaux qui s'y trouvent engagés. Mais puisque le3 An-
glais se sont tenus en dehors de cette affaire, d'où
vient cette tendre sollicitude pour des intérêts finan-
ciers étrangers à l'Angleterre? Ne serait-il pas plus
naturel que lord Palmerston prît souci des ruines que
tant de folles et aventureuses entreprises ont faites
dans son propre pays ? Sur ce point encore, le premier
ministre de la reine dit bien haut ce qu'il ne pense pas.
Ce qu'il pense, ce qu'il n'ignore pas, ce qu'il redoute
surtout, le voici :
» Il sait que le vice-roi a déclaré solennellement
» pour lui et ses successeurs que le grand canal mari-
» time de Suez à Péluse et les ports en dépendant se-
» raient ouverts à tous navires de commerce traversant
» d'une mer à l'autre, sans aucune distinction, exclusion
» ou préférence de personnes ou de nationalités ; » il
sait que le canal, dont la neutralité est ainsi consacrée
formellement, serait placé d'ailleurs sous la protection
commune et inévitable de tous les intérêts qu'il aurait
créés. « Toutes les puissances, a-t-on dit avec raison,
« seront nécessairement jalouses d'y maintenir les
» droits de leur navigation et de leur commerce. Ces
» droits, après avoir été réglés par des conventions
« spéciales qui, comme celles des détroits, seront comp-
» tées au nombre des règles du droit des gens, garan-
Il tiront pour l'avenir l'Egypte contre l'établissement de
Il toute influence extérieure, exclusive, et à plus forte
9 raison contre toute domination ou occupation étran-
» gère. » Dès ce moment, l'Angleterre devra donc ab-
diquer toute pensée de prépondérance sur l'Egypte, et
rayer à jamais ce pays de la carte des futures posses-
sions qu'elle convoite.
» Lorsque le canal maritime de Suez se trouverait
sous la sauvegarde du droit international, l'Egypte, de-
venue pour toutes les nations le centre des plus grands
intérêts, échapperait, dans le présent comme dans l'a-
venir, à la domination de l'Angleterre. Celle-ci ne pour-
rait y rien tenter qui ressemblât à la dépossession des
princes indiens, au coup de main sur Gibraltar et à l'u-
surpation de Périm.
» Voilà pourquoi lord Palmerston combat l'établisse-
ment du canal de Suez, révoquant en doute les témoi-
gnages les plus irrécusables de la science, et ne crai-
gnant pas de confondre dans un même dédain cette
grande entreprise, ses fondateurs et jusqu'à ses action-
naires.
« Beaucoup de personnes en France, a-t-il dit dans
» son dernier discours, de petites personnes se sont lais
Il sées aller à prendre de petites actions dans la Compa-
Il gnie de Suez. » Ces souscripteurs, qui n'ont pas, il
est vrai, consulté lord Palmerston et qui comptent
parmi eux des ingénieurs, des membres de chambres
de commerce, des fonctionnaires publics, des négociants,
des propriétaires, ont souscrit pour leur part un capital
supérieur à 100 millions de francs ! Ce chiffre est-il
donc sans signification ? Maintenant, si lord Palmerston
tient absolument à ce que tout soit petit dans cette af-
faire, petits actionnaires et petits capitaux, il nous suffit
aussi, pour notre part, de voir s'ouvrir un petit canal
entre la Méditerranée et la mer Ilouge ; l'activité com-
merciale et l'expansion de la civilisation de l'Occident
vers l'extrême Asie en feront bientôt une des grandes
routes du monde.
» Louis BELLBT. »
DEUX POIDS ET DEUX MESURES.
Une partie de la presse anglaise s'occupe de la
réponse faite à M. Seymour par lord Palmerston à
propos du canal de Suez, et en général les commen-
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