Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1860-09-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 septembre 1860 01 septembre 1860
Description : 1860/09/01 (A5,N101). 1860/09/01 (A5,N101).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k65299671
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
278 L'ISTHME DE SUEZ,
pour sa commodité, le genre humain d'une céciié
universelle ?
Et qu'on remarque jusqu'où, de degré en de-
gré, le noble lord est contraint à descendre dans
son système. Dès le premier jour il a élu M. Ferdi-
nand de Lesseps comme le bouc émissaire de sa pré -
dilection L'Angleterre, la France, l'Europe ont beau
reconnaître au président fondateur de la Compagnie
un caractère pur, désintéressé et même chevaleres-
que, lord Palmerston ne craindra pas de se déconsi-
dérer lui-même en lui attribuant d'ignobles mobiles
auxquels il ne peut pas croire et auxquels il ne croit
point. Personne n'est plus à portée que le vice-roi
d'Egypte de juger de la valeur et de la possibilité
de l'œuvre qui va s'exécuter dans ses propres Etats,
et certes ce prince prouve sa foi par ses actes en
participant dans une proportion considérable à la
création du fonds social. Voilà en faveur de l'avenir
promis à l'opération, un de ces témoignages dont la
solidité ne peut pas être récusée et capable d'éclairer
l'Angleterre. Que fait lord Palmerston ? Il s'évertue
à lancer des sarcasmes sans convenance à un gou-
vernement ami ; il pleure sur les malheurs du vice-
roi, et il cherche à le livrer en ridicule, aux rires de
son pays et de l'Europe. JI faut qu'il partage le sort
commun; il faut qu'il soit atteint et convaincu d'i-
neptie s'il croit à l'exécution du percement de l'is-
thme. Malheureusement, autour du vice-roi se range
une armée de 25,000 actionnaires. C'est encore un
argument ; et parmi ces 25,000 personnes n'en peut
il point se trouver quelques unes au moins pourvues
de quelque jugement? Lord Palmerston est condamné
à ne point l'accorder : ce sont de petites gens, nous
dit-il ; par conséquent des gens faciles à surprendre.
Entendons nous pourtant: le vice-roi d'Egypte est-
il inepte parce qu'il est grand ; les 25,000 sous-
cripteurs sont-ils ineptes parce qu'ils sont petits?
De petites gens ! Nous ne professons point pour la
médiocrité des positions ce dédain aristocratique. C'est
avec fierté que nous avons vu toutes les classes ap-
porter avec empressement leur concours à l'œuvre
dans la mesure de leurs ressources. Ce concours ne
nous prouve pas seulement la confiance publique
dans la bonté de l'opération, il constate aussi sa po-
pularité et la profondeur de ses racines dans toutes
les couches de l'opinion. Mais s'il fallait toutefois comp-
ter avec lord Palmerston, nous n'accepterions point
sa définition sans réserve ! Sur les listes de la Com-
pagnie, Dieu merci, tous les rangs de la société sont
représentés depuis le sommet jusqu'à la base. Le
prince Jérôme, le comte de Chambord, le duc de
Montpensier, nous choisissons exprès ces trois noms
parce qu'ils expriment des courants politiques très-
distincts, venant se confondre et se mêler sympathi-
quement autour de ce drapeau ; le prince Jérôme,
le comte de Chambord, le duc de Montpensier, ne
sont point de si petites gens, et si lord Palmerston ne
mesure l'intelligence qu'à la splendeur des noms,
ceux-là ne doivent pas sans doute à ses yeux man-
quer d'intelligence. Que si nous voulons descendre
plus profondément dans les détails de la souscription,
nous y pouvons relever un assez beau concours de
toutes les professions libérales : 91 mécaniciens, 249
membres des ponts et chaussées, 267 magistrats, 369
banquiers et agents de change, 433 médecins, 434 in-
stituteurs et professeurs, 480 membres du clergé, 819
hommes de loi, 973 membres de l'armée, 1,309 admi-
nistrateurs et fonctionnaires publics, 4,'163 négociants
et industriels, 5,782 propriétaires et rentiers ; il nous
semble qu'une telle nomenclature ne prouve point pré-
cisément l'absence de discernement, de jugement et
de lumières dans ceux qui la composent, et nous pou-
vons l'opposer à lord Palmerston comme la meilleure
réfutation de ses mépris joués envers les membres de
la Compagnie universelle.
Toutefois, nous apprécions mieux que lui et autre-
ment que lui la coopération qui nous a été apportée
par les plus modestes fortunes, et cette coopération,
nous ne le lui cachons pas, nous la devons pour
une grande partie aux injustices et aux excès de
lord Palmerston lui-même. Oui, la morale publique
et la dignité humaine se sont partout émues et spé-
cialement en France, en voyant par quelles armes et
dans quel esprit on attaquait et on prétendait empê-
cher le percement de l'isthme de Suez. Comme toutes
les vérités, cette grande cause devait peut-être subir
l'épreuve de la persécution avec ses conséquences, la
dérision, l'outrage, la calomnie; et lord Palmerston a
été le persécuteur. Le sentiment de l'injustice subie
a grandi ce qu'il voulait abattre, a glorifié ce qu'il
voulait déshonorer. Lord Palmerston, par sa haine
elle-même, a été l'un des plus actifs instruments du
succès du canal de Suez, et aujourd'hui, après avoir
excité la colère, ses atteintes avortées ne trouvent
plus sur le continent que des oreilles sourdes ou dé-
daigneuses.
La nécessité, les avantages du percement de
l'isthme de Suez sont aujourd'hui passées dans les
besoins économiques, dans la foi civilisatrice des
peuples ; le bruit malveillant qu'on peut faire autour
de l'entreprise stimule sa marche et hâte son pro-
grès ; les armes d'une opposition rétrograde et insoute-
nable se brisent les unes après les autres dans ses mains.
Nous en avons une nouvelle preuve dans le dernier dis-
cours de lord Parmerston ; il n'ose plus y invoquer con-
tre le cri des peuples « la politique traditionnelle » de
l'Angleterre, et les prétendus intérêts de la Turquie ;
l'Angleterre ne veut pas l'avouer et la Turquie le désa-
voue. Après une délibération profonde et solennelle, le
conseil du sultan n'a-t-il point déclaré qu'en ce qui
concerne l'empire, la Turquie n'avait point d'objec-
tions à faire à l'exécution du canal de Suez ?
pour sa commodité, le genre humain d'une céciié
universelle ?
Et qu'on remarque jusqu'où, de degré en de-
gré, le noble lord est contraint à descendre dans
son système. Dès le premier jour il a élu M. Ferdi-
nand de Lesseps comme le bouc émissaire de sa pré -
dilection L'Angleterre, la France, l'Europe ont beau
reconnaître au président fondateur de la Compagnie
un caractère pur, désintéressé et même chevaleres-
que, lord Palmerston ne craindra pas de se déconsi-
dérer lui-même en lui attribuant d'ignobles mobiles
auxquels il ne peut pas croire et auxquels il ne croit
point. Personne n'est plus à portée que le vice-roi
d'Egypte de juger de la valeur et de la possibilité
de l'œuvre qui va s'exécuter dans ses propres Etats,
et certes ce prince prouve sa foi par ses actes en
participant dans une proportion considérable à la
création du fonds social. Voilà en faveur de l'avenir
promis à l'opération, un de ces témoignages dont la
solidité ne peut pas être récusée et capable d'éclairer
l'Angleterre. Que fait lord Palmerston ? Il s'évertue
à lancer des sarcasmes sans convenance à un gou-
vernement ami ; il pleure sur les malheurs du vice-
roi, et il cherche à le livrer en ridicule, aux rires de
son pays et de l'Europe. JI faut qu'il partage le sort
commun; il faut qu'il soit atteint et convaincu d'i-
neptie s'il croit à l'exécution du percement de l'is-
thme. Malheureusement, autour du vice-roi se range
une armée de 25,000 actionnaires. C'est encore un
argument ; et parmi ces 25,000 personnes n'en peut
il point se trouver quelques unes au moins pourvues
de quelque jugement? Lord Palmerston est condamné
à ne point l'accorder : ce sont de petites gens, nous
dit-il ; par conséquent des gens faciles à surprendre.
Entendons nous pourtant: le vice-roi d'Egypte est-
il inepte parce qu'il est grand ; les 25,000 sous-
cripteurs sont-ils ineptes parce qu'ils sont petits?
De petites gens ! Nous ne professons point pour la
médiocrité des positions ce dédain aristocratique. C'est
avec fierté que nous avons vu toutes les classes ap-
porter avec empressement leur concours à l'œuvre
dans la mesure de leurs ressources. Ce concours ne
nous prouve pas seulement la confiance publique
dans la bonté de l'opération, il constate aussi sa po-
pularité et la profondeur de ses racines dans toutes
les couches de l'opinion. Mais s'il fallait toutefois comp-
ter avec lord Palmerston, nous n'accepterions point
sa définition sans réserve ! Sur les listes de la Com-
pagnie, Dieu merci, tous les rangs de la société sont
représentés depuis le sommet jusqu'à la base. Le
prince Jérôme, le comte de Chambord, le duc de
Montpensier, nous choisissons exprès ces trois noms
parce qu'ils expriment des courants politiques très-
distincts, venant se confondre et se mêler sympathi-
quement autour de ce drapeau ; le prince Jérôme,
le comte de Chambord, le duc de Montpensier, ne
sont point de si petites gens, et si lord Palmerston ne
mesure l'intelligence qu'à la splendeur des noms,
ceux-là ne doivent pas sans doute à ses yeux man-
quer d'intelligence. Que si nous voulons descendre
plus profondément dans les détails de la souscription,
nous y pouvons relever un assez beau concours de
toutes les professions libérales : 91 mécaniciens, 249
membres des ponts et chaussées, 267 magistrats, 369
banquiers et agents de change, 433 médecins, 434 in-
stituteurs et professeurs, 480 membres du clergé, 819
hommes de loi, 973 membres de l'armée, 1,309 admi-
nistrateurs et fonctionnaires publics, 4,'163 négociants
et industriels, 5,782 propriétaires et rentiers ; il nous
semble qu'une telle nomenclature ne prouve point pré-
cisément l'absence de discernement, de jugement et
de lumières dans ceux qui la composent, et nous pou-
vons l'opposer à lord Palmerston comme la meilleure
réfutation de ses mépris joués envers les membres de
la Compagnie universelle.
Toutefois, nous apprécions mieux que lui et autre-
ment que lui la coopération qui nous a été apportée
par les plus modestes fortunes, et cette coopération,
nous ne le lui cachons pas, nous la devons pour
une grande partie aux injustices et aux excès de
lord Palmerston lui-même. Oui, la morale publique
et la dignité humaine se sont partout émues et spé-
cialement en France, en voyant par quelles armes et
dans quel esprit on attaquait et on prétendait empê-
cher le percement de l'isthme de Suez. Comme toutes
les vérités, cette grande cause devait peut-être subir
l'épreuve de la persécution avec ses conséquences, la
dérision, l'outrage, la calomnie; et lord Palmerston a
été le persécuteur. Le sentiment de l'injustice subie
a grandi ce qu'il voulait abattre, a glorifié ce qu'il
voulait déshonorer. Lord Palmerston, par sa haine
elle-même, a été l'un des plus actifs instruments du
succès du canal de Suez, et aujourd'hui, après avoir
excité la colère, ses atteintes avortées ne trouvent
plus sur le continent que des oreilles sourdes ou dé-
daigneuses.
La nécessité, les avantages du percement de
l'isthme de Suez sont aujourd'hui passées dans les
besoins économiques, dans la foi civilisatrice des
peuples ; le bruit malveillant qu'on peut faire autour
de l'entreprise stimule sa marche et hâte son pro-
grès ; les armes d'une opposition rétrograde et insoute-
nable se brisent les unes après les autres dans ses mains.
Nous en avons une nouvelle preuve dans le dernier dis-
cours de lord Parmerston ; il n'ose plus y invoquer con-
tre le cri des peuples « la politique traditionnelle » de
l'Angleterre, et les prétendus intérêts de la Turquie ;
l'Angleterre ne veut pas l'avouer et la Turquie le désa-
voue. Après une délibération profonde et solennelle, le
conseil du sultan n'a-t-il point déclaré qu'en ce qui
concerne l'empire, la Turquie n'avait point d'objec-
tions à faire à l'exécution du canal de Suez ?
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