Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1860-08-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 15 août 1860 15 août 1860
Description : 1860/08/15 (A5,N100). 1860/08/15 (A5,N100).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6529966m
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
262 L'ISTHME DE SUEZ,
pèlerins un facile accès dans la mer Rouge et aux
villes saintes; elle met ma capitale à 1800 lieues des
rivages de l'Inde ; elle est de nature à raviver le
commerce sur tout ce long contour de mes côtes
qui s'étend d'Alexandrie à Constantinople, et des
Dardanelles au fond de la mer Noire ; mon approba-
tion de ce projet m'assurait la gratitude de la France
et une popularité méritée sur tout le continent euro -
péen ; j'ai moi-même proclamé très-haut l'utilité
universelle de cette œuvre ; j'ai reconnu encore der-
nièrement combien elle était avantageuse aux inté-
rêts de mes sujets, au bien de mon empire. En met-
tant aux deux extrémités de mes domaines les deux
Bosphores, clefs des deux plus riches mers, elle asso-
ciait toutes les nations aux besoins de ma conserva-
tion et de ma stabilité. La diplomatie anglaise seule,
par ses obsessions et sa pression, arrête depuis
cinq ans cette approbation suspendue à mes lèvres
qui m'eût concilié la faveur de tous les peuples
civilisés, eût introduit le travail et son mouvement
modérateur parmi mes populations appauvries. L'An-
gleterre, pour arriver à son but, a de son mieux
semé la discorde entre Constantinople et le Caire,
et ce n'est point sa faute si elle n'a point allumé
la défiance et la haine entre le suzerain et le
vassal, dont l'intérêt commun est de vivre ensemble
dans les liens les plus étroits de l'entente et de la
solidarité. Le percement de l'isthme de Suez était
certes, aux yeux du monde entier, une de 1 ces
améliorations capables de renouveler la face de mon
empire; vous l'avez combattu, vous m'avez lié les
mains ; comment donc pouvais-je croire à votre sin-
cérité quand vous veniez ensuite me recommander
des améliorations beaucoup moins grandioses et beau-
coup moins fécondes?
» Pour mes finances avez-vous donc montré une
Sollicitude beaucoup plus sérieuse? Elles ne sont point
prospères, et pourtant n'avez-vous point voulu leur
imposer de lourds fardeaux? Tandis que vous entra-
viez l'exécution du canal de Suez, qui ne me deman-
dait qu'une signature, vous m'imposiez la concession
d'un chemin de fer à travers mes Etats, occupant
la vallée de l'Euphrate, et que vous proclamiez la
route stratégique du monde remise dans vos propres
mains. Dans ce but vous me contraigniez de cons-
truire pour vous et à vos frais un port à Séleucie.
Vous ne vous arrêtiez point là; vous me faisiez
souscrire une garantie de 6 0/0 en faveur des capi-
taux anglais engagés dans cette entreprise, devant
laquelle ces capitaux eux-mêmes ont pourtant reculé.
Sont-ce donc là les ménagements que réclamaient
mes finances fatiguées ? Etait-ce par de semblables
prodigalités que j'y pouvais rétablir l'équilibre ? Et
quand vous m'avez donné de telles leçons, quand
vous m'avez imposé de telles charges, est-ce à
vous à yenir aujourd'hui m'accuser devant le monde
de n'avoir pas su toujours défendre les intérêts de
mon trésor et de glisser sur une pente vers laquelle
vous me poussiez toutes les fois que votre politique
vous en inspirait le besoin ? »
Dieu merci, ce n'est pas ainsi que la France s'est
montrée l'amie de la Turquie ! Elle l'a laipsée maîtresse
d'organiser ses entreprises d'utilité publique comme
bon lui semblait ; elle ne lui a imposé aucun sacri-
fice d'argent : elle l'a laissée parfaitement libre dans
ses préférences, et on ne l'a pas vue apporter son
vélo dans les nombreuses affaires concédées à des
étrangers et en presque totalité à des Anglais.
Elle a abandonné à son sort le chemin de fer de la
vallée de l'Euphrate; elle a même voulu garder
l'attitude de la réserve et de la plus grande modé-
ration dans toutes les tracasseries suscitées au canal
de Suez : elle n'y a jamais vu qu'une œuvre d'intérêt
public, utile à la Turquie, à l'Egypte, à l'Angleterre
elle-même et à la civilisation universelle. Encore der-
nièrement, qui a manqué une bonne occasion de four-
nir à la Turquie une nouvelle garantie de l'Europe
pour l'intégrité de l'empire? C'est l'Angleterre. La
Porte, en déclarant qu'elle n'avait aucune objection à
faire à l'exécution du canal, remettait à la France et
à l'Angleterre le soin d'appeler les puissances à résou-
dre les questions de droit public que pouvaient susciter
la neutralité et la jouissance commune de ce second
Bosphore. L'occurrence était précieuse et la Turquie
l'avait choisie avec habileté ; il n'était pas difficile
d'apercevoir les ferments qui bouillonnaient dans son
sein, et en convoquant les puissances à constituer les
garanties internationales du canal, on créait à la Tur-
quie des conditions plus fortes d'indépendance et de
stabilité ; on intéressait plus profondément l'équilibre
des pouvoirs et le commerce de toutes les nations
au maintien du statu quo oriental! L'Angleterre
s'est-elle empressée de répondre à cet appel accepté
par la France? Elle a préféré, jusqu'à présent, laisser
la Turquie à ses périls, à ses éventualités menaçantes
plutôt que de renoncer à un préjugé et de lui donner
un nouveau lien de solidarité avec les intérêts du
monde. Et maintenant le Times vient lui signifier
que l'Angleterre a assez fait pour elle et qu'elle la
livre au destin !
Ce n'est pas ainsi que parle et qu'agit la France,
et c'est à la Turquie à ne prendre conseil que de ses
impulsions propres et des besoins bien entendus de
sa conservation.
ERNEST DESPLACES.
LE CANAL DE SUEZ ET LES PROVINCES TURQUES
de la mer Rouge.
Encore une démonstration de l'importance du canal
de Suez pour la sécurité et la stabilité de la Turquie
aussi bien que pour les intérêts de l'humanité et de
la civilisation,
pèlerins un facile accès dans la mer Rouge et aux
villes saintes; elle met ma capitale à 1800 lieues des
rivages de l'Inde ; elle est de nature à raviver le
commerce sur tout ce long contour de mes côtes
qui s'étend d'Alexandrie à Constantinople, et des
Dardanelles au fond de la mer Noire ; mon approba-
tion de ce projet m'assurait la gratitude de la France
et une popularité méritée sur tout le continent euro -
péen ; j'ai moi-même proclamé très-haut l'utilité
universelle de cette œuvre ; j'ai reconnu encore der-
nièrement combien elle était avantageuse aux inté-
rêts de mes sujets, au bien de mon empire. En met-
tant aux deux extrémités de mes domaines les deux
Bosphores, clefs des deux plus riches mers, elle asso-
ciait toutes les nations aux besoins de ma conserva-
tion et de ma stabilité. La diplomatie anglaise seule,
par ses obsessions et sa pression, arrête depuis
cinq ans cette approbation suspendue à mes lèvres
qui m'eût concilié la faveur de tous les peuples
civilisés, eût introduit le travail et son mouvement
modérateur parmi mes populations appauvries. L'An-
gleterre, pour arriver à son but, a de son mieux
semé la discorde entre Constantinople et le Caire,
et ce n'est point sa faute si elle n'a point allumé
la défiance et la haine entre le suzerain et le
vassal, dont l'intérêt commun est de vivre ensemble
dans les liens les plus étroits de l'entente et de la
solidarité. Le percement de l'isthme de Suez était
certes, aux yeux du monde entier, une de 1 ces
améliorations capables de renouveler la face de mon
empire; vous l'avez combattu, vous m'avez lié les
mains ; comment donc pouvais-je croire à votre sin-
cérité quand vous veniez ensuite me recommander
des améliorations beaucoup moins grandioses et beau-
coup moins fécondes?
» Pour mes finances avez-vous donc montré une
Sollicitude beaucoup plus sérieuse? Elles ne sont point
prospères, et pourtant n'avez-vous point voulu leur
imposer de lourds fardeaux? Tandis que vous entra-
viez l'exécution du canal de Suez, qui ne me deman-
dait qu'une signature, vous m'imposiez la concession
d'un chemin de fer à travers mes Etats, occupant
la vallée de l'Euphrate, et que vous proclamiez la
route stratégique du monde remise dans vos propres
mains. Dans ce but vous me contraigniez de cons-
truire pour vous et à vos frais un port à Séleucie.
Vous ne vous arrêtiez point là; vous me faisiez
souscrire une garantie de 6 0/0 en faveur des capi-
taux anglais engagés dans cette entreprise, devant
laquelle ces capitaux eux-mêmes ont pourtant reculé.
Sont-ce donc là les ménagements que réclamaient
mes finances fatiguées ? Etait-ce par de semblables
prodigalités que j'y pouvais rétablir l'équilibre ? Et
quand vous m'avez donné de telles leçons, quand
vous m'avez imposé de telles charges, est-ce à
vous à yenir aujourd'hui m'accuser devant le monde
de n'avoir pas su toujours défendre les intérêts de
mon trésor et de glisser sur une pente vers laquelle
vous me poussiez toutes les fois que votre politique
vous en inspirait le besoin ? »
Dieu merci, ce n'est pas ainsi que la France s'est
montrée l'amie de la Turquie ! Elle l'a laipsée maîtresse
d'organiser ses entreprises d'utilité publique comme
bon lui semblait ; elle ne lui a imposé aucun sacri-
fice d'argent : elle l'a laissée parfaitement libre dans
ses préférences, et on ne l'a pas vue apporter son
vélo dans les nombreuses affaires concédées à des
étrangers et en presque totalité à des Anglais.
Elle a abandonné à son sort le chemin de fer de la
vallée de l'Euphrate; elle a même voulu garder
l'attitude de la réserve et de la plus grande modé-
ration dans toutes les tracasseries suscitées au canal
de Suez : elle n'y a jamais vu qu'une œuvre d'intérêt
public, utile à la Turquie, à l'Egypte, à l'Angleterre
elle-même et à la civilisation universelle. Encore der-
nièrement, qui a manqué une bonne occasion de four-
nir à la Turquie une nouvelle garantie de l'Europe
pour l'intégrité de l'empire? C'est l'Angleterre. La
Porte, en déclarant qu'elle n'avait aucune objection à
faire à l'exécution du canal, remettait à la France et
à l'Angleterre le soin d'appeler les puissances à résou-
dre les questions de droit public que pouvaient susciter
la neutralité et la jouissance commune de ce second
Bosphore. L'occurrence était précieuse et la Turquie
l'avait choisie avec habileté ; il n'était pas difficile
d'apercevoir les ferments qui bouillonnaient dans son
sein, et en convoquant les puissances à constituer les
garanties internationales du canal, on créait à la Tur-
quie des conditions plus fortes d'indépendance et de
stabilité ; on intéressait plus profondément l'équilibre
des pouvoirs et le commerce de toutes les nations
au maintien du statu quo oriental! L'Angleterre
s'est-elle empressée de répondre à cet appel accepté
par la France? Elle a préféré, jusqu'à présent, laisser
la Turquie à ses périls, à ses éventualités menaçantes
plutôt que de renoncer à un préjugé et de lui donner
un nouveau lien de solidarité avec les intérêts du
monde. Et maintenant le Times vient lui signifier
que l'Angleterre a assez fait pour elle et qu'elle la
livre au destin !
Ce n'est pas ainsi que parle et qu'agit la France,
et c'est à la Turquie à ne prendre conseil que de ses
impulsions propres et des besoins bien entendus de
sa conservation.
ERNEST DESPLACES.
LE CANAL DE SUEZ ET LES PROVINCES TURQUES
de la mer Rouge.
Encore une démonstration de l'importance du canal
de Suez pour la sécurité et la stabilité de la Turquie
aussi bien que pour les intérêts de l'humanité et de
la civilisation,
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