Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1860-09-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 01 septembre 1860 01 septembre 1860
Description : 1860/09/01 (A5,N101). 1860/09/01 (A5,N101).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k65299671
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 277
cédent Abbas-Pacha, et qu'à son avènement son suc-
cesseur s'est fait un point d'honneur de régler et de
payer.
L'emprunt est destiné à couvrir les engagements
pris envers les entrepreneurs ou intermédiaires anglais
chargés des commissions du vice-roi. Feu Robert Ste-
phenson y sera, entre autres, partie prenante pour une
g'rosse somme en acquit de ses vastes constructions
des deux ponts de Benah et de Kafer-Saiat sur le Nil,
dont les comptes ne plaident pas en faveur de la
modération financière de M. Stephenson.
Il nous semble donc à tous ces points de vue qu'on
ne devrait en Angleterre se montrer ni si épouvanté
ni si scandalisé que l'Egypte ait osé emprunter 28
millions aux capitalistes français, et que ces derniers
aient eu l'intempérance d'y consentir.
Ces clameurs sont d'autant plus étonnantes que, sans
crainte d'être démenti, nous pouvons affirmer que le
gouvernement égyptien a chargé un de ses agents
d'engager à Londres cette négociation, qui a échoué;
c'est sur le refus des capitalistes anglais qu'elle a
réussi à Paris, et qu'elle a réussi dans les conditions
les plus modérées et les plus honorables : moyennant
un intérêt de 6 0/0.
N'est-il point étrange d'après cela de voir toute
cette agitation dans le Parlement, tous ces foudres
grondant sur la France et l'Egypte? N'est-il donc
permis d'emprunter qu'en Angleterre, et même si elle
refuse de prêter, est-ce un crime politique que de
s'adresser ailleurs P
Lord Palmerston connaissait toutes ces circonstances
si capables de refroidir et de calmer les esprits par-
lementaires. Bien plus, par un acte de déférence qui
prouve combien il est calomnié au delà de la Manche,
Mohammed-Saïd a communiqué, avant d'en envoyer
la ratification à Paris, une copie de l'acte d'emprunt au
consul général d'Angleterre en Egypte, et cet agent
connaît trop ses devoirs pour n'en avoir pas transmis
un extrait ou au moins une analyse étendue à ses
supérieurs.
Ces faits connus, nous nous émerveillons que lord
Palmerston se soit en quelque sorte complu à ramasser
sur cette affaire tant de nuages devant les yeux de la
chambre des communes. Il a parlé d'une maison de
Marseille, quand il devait savoir qu'il s'agissait d'une
maison de Paris. Il est vrai que depuis il a rectifié
cette inexactitude. Il a parlé d'hypothèques quand il
devait savoir qu'il n'existait point d'hypothèques, et
comme s'il eût voulu atténuer la reconnaissance du
droit entier du vice-roi à laquelle il était contraint, il
a parlé de l'emprunt comme ayant été fait par le prince
en sa qualité privée, tandis qu'il a été contracté par le
gouvernement égyptien et signé par le ministre des
finances d'Egypte, comme acte du trésor public. Qu'y
a-t-il dans ces inexactitudes et ces insinuations ? Tou-
jours la pensée, la triste pensée de nuire à des opé-
rations françaises, et de ne permettre en Orient d'au-
tre action que celle des capitaux anglais.
Nous avons parcouru, quoiqifincomplétement, cette
longue gamme de défaillances et peut être maintenant
nous est-il. permis de demander si c'est ainsi que le
parlement anglais est mis au courant des affaires du
dehors; si on même temps, dans un pays où la mo-
ralité tient en discours une si large place, il est loi-
sible à un premier ministre de se réfugier derrière
son rang, son âge et sa position pour jeter la diffa-
mation systématique sur un caractère que toute l'Eu-
rope respecte, le discrédit et le trouble dans une affaire
privée dans laquelle sont engagés tant de millions et
tant d'intéressés! N'est-ce pas un spectacle navrant et
révoltant que ce spectacle de la calomnie publique et
officielle s'obstinant à entraver par l'invective et l'ou-
trage une entrepripe industrielle, objet des espéran-
ces du monde, et que contre le monde on ne pourrait
empêcher par la violence.
Combien de temps encore lord Palmerston dénon-
cera-t-il comme une chimère et une spéculation sans
honneur et sans conscience, une affaire portée sur
les acclamations des peuples, appuyée sur les sym-
pathies de tous les gouvernements excepté le sien,
investie de toutes les sanctions de la science, de l'é-
tude, de l'opinion, du capital? Nous concevons qu'au
début il ait espéré faire illusion par l'intrépidité cal-
culée de ses affirmations; mais aujourd'hui, après
un si long débat, après tant d'investigations, de vé-
rifications et d'enquêtes, à quoi bon devant la convic-
tion faite du monde, cette comédiè indéfiniment pro-
longée ? A quelles extrémités n'accule-t-elle point son
acteur unique? Le monde tout entier n'est plus qu'une
troupe de Gérontes s'abandonnant aux mystifications
d'un Frontin. Mais ces 25,000 actionnaires dont la
confiance et le dévouement sont inébranlables! Ce
sont des dupes. Et les grands corps savants de l'Eu-
rope proclamant la facile praticabilité des plans de
la commission internationale! Ce sont des niais. Et
les membres de la commission internationale elle-
même, l'élite de la science européenne, choisis et
délégués par leurs gouvernements en Autriche, en
Prusse, en Hollande, en Espagne et dans les Etats
Sardes! Ce sont des ignorants ou des compères. Et
les gouvernements qui protègent l'entreprise ; et les
rois, les princes, les hommes d'Etat et de savoir qui
la patronnent publiquement de leur nom ! et la presse
à peu près unanime, et l'opinion universelle ! Tous
ensemble ils ne valent pas l'honneur d'être comptés,
et de sa main distributive lord Palmerston leur dé-
cerne un brevet d'imbécillité, ou -un certificat d'im-
probité. Ils embrassent « une chimère » ; ils amor-
cent « un leurre »; ils favorisent « une tromperie. »
Est-ce que l'Angleterre n'a pas encore commencé
à soupçonner que c'est d'elle surtout que lord Pal-
merston pourrait bien se moquer, en frappant ainsi,
cédent Abbas-Pacha, et qu'à son avènement son suc-
cesseur s'est fait un point d'honneur de régler et de
payer.
L'emprunt est destiné à couvrir les engagements
pris envers les entrepreneurs ou intermédiaires anglais
chargés des commissions du vice-roi. Feu Robert Ste-
phenson y sera, entre autres, partie prenante pour une
g'rosse somme en acquit de ses vastes constructions
des deux ponts de Benah et de Kafer-Saiat sur le Nil,
dont les comptes ne plaident pas en faveur de la
modération financière de M. Stephenson.
Il nous semble donc à tous ces points de vue qu'on
ne devrait en Angleterre se montrer ni si épouvanté
ni si scandalisé que l'Egypte ait osé emprunter 28
millions aux capitalistes français, et que ces derniers
aient eu l'intempérance d'y consentir.
Ces clameurs sont d'autant plus étonnantes que, sans
crainte d'être démenti, nous pouvons affirmer que le
gouvernement égyptien a chargé un de ses agents
d'engager à Londres cette négociation, qui a échoué;
c'est sur le refus des capitalistes anglais qu'elle a
réussi à Paris, et qu'elle a réussi dans les conditions
les plus modérées et les plus honorables : moyennant
un intérêt de 6 0/0.
N'est-il point étrange d'après cela de voir toute
cette agitation dans le Parlement, tous ces foudres
grondant sur la France et l'Egypte? N'est-il donc
permis d'emprunter qu'en Angleterre, et même si elle
refuse de prêter, est-ce un crime politique que de
s'adresser ailleurs P
Lord Palmerston connaissait toutes ces circonstances
si capables de refroidir et de calmer les esprits par-
lementaires. Bien plus, par un acte de déférence qui
prouve combien il est calomnié au delà de la Manche,
Mohammed-Saïd a communiqué, avant d'en envoyer
la ratification à Paris, une copie de l'acte d'emprunt au
consul général d'Angleterre en Egypte, et cet agent
connaît trop ses devoirs pour n'en avoir pas transmis
un extrait ou au moins une analyse étendue à ses
supérieurs.
Ces faits connus, nous nous émerveillons que lord
Palmerston se soit en quelque sorte complu à ramasser
sur cette affaire tant de nuages devant les yeux de la
chambre des communes. Il a parlé d'une maison de
Marseille, quand il devait savoir qu'il s'agissait d'une
maison de Paris. Il est vrai que depuis il a rectifié
cette inexactitude. Il a parlé d'hypothèques quand il
devait savoir qu'il n'existait point d'hypothèques, et
comme s'il eût voulu atténuer la reconnaissance du
droit entier du vice-roi à laquelle il était contraint, il
a parlé de l'emprunt comme ayant été fait par le prince
en sa qualité privée, tandis qu'il a été contracté par le
gouvernement égyptien et signé par le ministre des
finances d'Egypte, comme acte du trésor public. Qu'y
a-t-il dans ces inexactitudes et ces insinuations ? Tou-
jours la pensée, la triste pensée de nuire à des opé-
rations françaises, et de ne permettre en Orient d'au-
tre action que celle des capitaux anglais.
Nous avons parcouru, quoiqifincomplétement, cette
longue gamme de défaillances et peut être maintenant
nous est-il. permis de demander si c'est ainsi que le
parlement anglais est mis au courant des affaires du
dehors; si on même temps, dans un pays où la mo-
ralité tient en discours une si large place, il est loi-
sible à un premier ministre de se réfugier derrière
son rang, son âge et sa position pour jeter la diffa-
mation systématique sur un caractère que toute l'Eu-
rope respecte, le discrédit et le trouble dans une affaire
privée dans laquelle sont engagés tant de millions et
tant d'intéressés! N'est-ce pas un spectacle navrant et
révoltant que ce spectacle de la calomnie publique et
officielle s'obstinant à entraver par l'invective et l'ou-
trage une entrepripe industrielle, objet des espéran-
ces du monde, et que contre le monde on ne pourrait
empêcher par la violence.
Combien de temps encore lord Palmerston dénon-
cera-t-il comme une chimère et une spéculation sans
honneur et sans conscience, une affaire portée sur
les acclamations des peuples, appuyée sur les sym-
pathies de tous les gouvernements excepté le sien,
investie de toutes les sanctions de la science, de l'é-
tude, de l'opinion, du capital? Nous concevons qu'au
début il ait espéré faire illusion par l'intrépidité cal-
culée de ses affirmations; mais aujourd'hui, après
un si long débat, après tant d'investigations, de vé-
rifications et d'enquêtes, à quoi bon devant la convic-
tion faite du monde, cette comédiè indéfiniment pro-
longée ? A quelles extrémités n'accule-t-elle point son
acteur unique? Le monde tout entier n'est plus qu'une
troupe de Gérontes s'abandonnant aux mystifications
d'un Frontin. Mais ces 25,000 actionnaires dont la
confiance et le dévouement sont inébranlables! Ce
sont des dupes. Et les grands corps savants de l'Eu-
rope proclamant la facile praticabilité des plans de
la commission internationale! Ce sont des niais. Et
les membres de la commission internationale elle-
même, l'élite de la science européenne, choisis et
délégués par leurs gouvernements en Autriche, en
Prusse, en Hollande, en Espagne et dans les Etats
Sardes! Ce sont des ignorants ou des compères. Et
les gouvernements qui protègent l'entreprise ; et les
rois, les princes, les hommes d'Etat et de savoir qui
la patronnent publiquement de leur nom ! et la presse
à peu près unanime, et l'opinion universelle ! Tous
ensemble ils ne valent pas l'honneur d'être comptés,
et de sa main distributive lord Palmerston leur dé-
cerne un brevet d'imbécillité, ou -un certificat d'im-
probité. Ils embrassent « une chimère » ; ils amor-
cent « un leurre »; ils favorisent « une tromperie. »
Est-ce que l'Angleterre n'a pas encore commencé
à soupçonner que c'est d'elle surtout que lord Pal-
merston pourrait bien se moquer, en frappant ainsi,
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