Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1860-08-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 août 1860 15 août 1860
Description : 1860/08/15 (A5,N100). 1860/08/15 (A5,N100).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6529966m
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 261
ner ce gouvernement qu'elle voulait habituer à ne
compter que sur elle et avec elle.
L'Angleterre, encore, a commencé par se montrer
inquiète et jalouse de l'expédition française en Syrie :
elle eût volontiers laissé croire sur les bords du Bos-
phore que cette pensée, toute d'humanité, était le
signal donné de la dissolution de l'empire. Cette insi-
nuation nous a inspiré un simple rapprochement, et
nous avons fait suivre l'article du Times de l'allocution
adressée au camp de Châlons par S. M. l'Empereur
des Français aux régiments qui allaient s'embarquer
à Marseille pour Beyrouth.
L'esprit de ces deux documents est diversement re-
marquable.
Il n'est pas besoin d'insister sur la portée des con-
clusions du Times: elles sont, autant qu'il est en lui,
l'arrêt de mort de la Turquie. Le discours impérial,
au contraire, a une tout autre direction. L'Empereur
enseigne aux soldats qu'ils vont soutenir et défendre le
gouvernement du sultan ; qu'ils lui doivent leur aide
et leur secours. Pour le sultan, sa parole encore ici
est un appui aussi bien que ses armes; elle n'a
certes rien de ce caractère qui, dans la discussion du
Times, tend à porter à Constantinople le décourage-
ment et la désorganisation.
Quel est donc dans cette nouvelle circonstance le
meilleur et le plus fidèle allié de la Turquie? Nous
nous en rapportons à la Turquie elle-même, et puisse
la leçon se grave? dans son souvenir et se révéler
dans sa conduite!
Nous disions tout à l'heure que l'Angleterre avait la
prétention de se poser à Constantinople comme ayant
sauvé et sauvant seule la Turquie. Nous retrouvons
encore dans le Times le renouvellement de cette préten-
tion. A l'entendre, c'est l'Angleterre en effet qui a pré-
servé la Turquie de sa ruine dans la dernière guerre
d'Orient. C'est envers l'Angleterre qu'elle est seule
redevable ; la France est tenue parfaitement dans
l'ombre. Il nous semble pourtant que la France a
largement payé son tribut de sang, d'argent et de
courage à la cause de l'intégrité de l'empire ottoman.
Il nous semble que la France a quelque droit à reven-
diquer sa part dans les résultats obtenus par la guerre
de Crimée, et peut-être aurait-elle quelque raison
de dire que si elle ne s'en était pas mêlée, le dé-
noûment aurait été tout autre.
Ce n'est point d'ailleurs la première fois que l'An-
gleterre s'attribue la gloire et cherche à accaparer
les bénéfices d'une situation conquise par une com-
munauté d'efforts : son histoire est pleine de sem-
blables exemples.
Si elle voulait faire son examen de conscience,
ne pourrait-elle point découvrir dans sa politique
d'exclusivisme et de suprématie intolérante en Orient
l'une des causes de l'état précaire dans lequel est
placée la Turquie? N'a-t-elle pas fait beaucoup pour
l'isoler et lui aliéner de puissantes alliances? N'est-
ce point le Times lui-même qui formulait la sub-
ordination de la Turquie aux intérêts britanniques
en ces termes : que l'Angleterre était la première
puissance musulmane ; la Turquie la seconde, et
que par conséquent celle-ci devait marcher comme
une satellite docile dans l'orbite de la planète an-
glaise? N'est-ce point le Times qui vantait lord
Strattford de Redcliffede faire trembler d'un fronce-
ment de sourcil les plus orgueilleux des pachas et le
sultan lui-même? Le Morning Post, de son côté, ne
nous déclarait-il pas dernièrement que, par la na-
ture des choses, l'influence française prévalait en
Egypte, mais que l'Angleterre dirigeait à son gré
les conseils de Constantinople? Si cette assertion
était vraie, il faudrait sans doute reconnaître que les
conseils français valent mieux que les conseils an-
glais, à en juger par la paix et la sécurité qui règnent
en Egypte, et les perturbations qui agitent si déplo-
rablement certaines des provinces turques. Mais,
pour notre part, nous avons repoussé cette pensée
que la France prétendît à aucune espèce de supré-
matie dans le gouvernement du vice-roi, car elle sait
que c'est le meilleur moyen d'exciter les jalousies et
de créer des embarras aux gouvernements vers les-
quels elle pourrait se sentir portée par une juste
sympathie. Ce n'est point ainsi que l'Angleterre
l'entend à Constantinople, et l'aveu du Morning Post
est une preuve beaucoup plus préoccupée d'exploiter la Turquie à
son profit que de la préserver des dangers qui la me-
nacent et de lui conserver ses amis.
Il est sans doute bon de parler à la Porte d'amé-
liorations, de réformes et d'ordre dans ses finances.
Sous ce rapport, nous pouvons partager parfaite-
ment et les regrets et les vœux du Times. Pour-
tant est-ce toujours la Porte qu'il faut accuser? Et
n'a-t-elle pas plus d'une fois rencontré des entraves à
ses bonnes intentions dans ceux-là mêmes qui la
gourmandent? Par exemple, le Times lui reproche de
ne point accepter toujours les projets qui lui sont
présentés pour le développement de ses immenses ri-
chesses naturelles. Il oublie que, pour que ces pro-
jets aient quelque chance de succès, il y faut une
condition : c'est qu'ils soient anglais et seulement an-
glais, autrement l'Angleterre s'y oppose; et sans aller
chercher bien loin, la Turquie ne serait pas embarras-
sée de répondre par des arguments ad hominem aux
récriminations du Times.
« De toutes les améliorations matérielles qui m'ont
été présentées, pourrait-elle lui dire, il n'en est point
de plus utile au développement financier et à la soli-
dité politique de mes États, que l'entreprise du canal de
Suez; elle donne à mon pavillon, à mes troupes et à mes
ner ce gouvernement qu'elle voulait habituer à ne
compter que sur elle et avec elle.
L'Angleterre, encore, a commencé par se montrer
inquiète et jalouse de l'expédition française en Syrie :
elle eût volontiers laissé croire sur les bords du Bos-
phore que cette pensée, toute d'humanité, était le
signal donné de la dissolution de l'empire. Cette insi-
nuation nous a inspiré un simple rapprochement, et
nous avons fait suivre l'article du Times de l'allocution
adressée au camp de Châlons par S. M. l'Empereur
des Français aux régiments qui allaient s'embarquer
à Marseille pour Beyrouth.
L'esprit de ces deux documents est diversement re-
marquable.
Il n'est pas besoin d'insister sur la portée des con-
clusions du Times: elles sont, autant qu'il est en lui,
l'arrêt de mort de la Turquie. Le discours impérial,
au contraire, a une tout autre direction. L'Empereur
enseigne aux soldats qu'ils vont soutenir et défendre le
gouvernement du sultan ; qu'ils lui doivent leur aide
et leur secours. Pour le sultan, sa parole encore ici
est un appui aussi bien que ses armes; elle n'a
certes rien de ce caractère qui, dans la discussion du
Times, tend à porter à Constantinople le décourage-
ment et la désorganisation.
Quel est donc dans cette nouvelle circonstance le
meilleur et le plus fidèle allié de la Turquie? Nous
nous en rapportons à la Turquie elle-même, et puisse
la leçon se grave? dans son souvenir et se révéler
dans sa conduite!
Nous disions tout à l'heure que l'Angleterre avait la
prétention de se poser à Constantinople comme ayant
sauvé et sauvant seule la Turquie. Nous retrouvons
encore dans le Times le renouvellement de cette préten-
tion. A l'entendre, c'est l'Angleterre en effet qui a pré-
servé la Turquie de sa ruine dans la dernière guerre
d'Orient. C'est envers l'Angleterre qu'elle est seule
redevable ; la France est tenue parfaitement dans
l'ombre. Il nous semble pourtant que la France a
largement payé son tribut de sang, d'argent et de
courage à la cause de l'intégrité de l'empire ottoman.
Il nous semble que la France a quelque droit à reven-
diquer sa part dans les résultats obtenus par la guerre
de Crimée, et peut-être aurait-elle quelque raison
de dire que si elle ne s'en était pas mêlée, le dé-
noûment aurait été tout autre.
Ce n'est point d'ailleurs la première fois que l'An-
gleterre s'attribue la gloire et cherche à accaparer
les bénéfices d'une situation conquise par une com-
munauté d'efforts : son histoire est pleine de sem-
blables exemples.
Si elle voulait faire son examen de conscience,
ne pourrait-elle point découvrir dans sa politique
d'exclusivisme et de suprématie intolérante en Orient
l'une des causes de l'état précaire dans lequel est
placée la Turquie? N'a-t-elle pas fait beaucoup pour
l'isoler et lui aliéner de puissantes alliances? N'est-
ce point le Times lui-même qui formulait la sub-
ordination de la Turquie aux intérêts britanniques
en ces termes : que l'Angleterre était la première
puissance musulmane ; la Turquie la seconde, et
que par conséquent celle-ci devait marcher comme
une satellite docile dans l'orbite de la planète an-
glaise? N'est-ce point le Times qui vantait lord
Strattford de Redcliffede faire trembler d'un fronce-
ment de sourcil les plus orgueilleux des pachas et le
sultan lui-même? Le Morning Post, de son côté, ne
nous déclarait-il pas dernièrement que, par la na-
ture des choses, l'influence française prévalait en
Egypte, mais que l'Angleterre dirigeait à son gré
les conseils de Constantinople? Si cette assertion
était vraie, il faudrait sans doute reconnaître que les
conseils français valent mieux que les conseils an-
glais, à en juger par la paix et la sécurité qui règnent
en Egypte, et les perturbations qui agitent si déplo-
rablement certaines des provinces turques. Mais,
pour notre part, nous avons repoussé cette pensée
que la France prétendît à aucune espèce de supré-
matie dans le gouvernement du vice-roi, car elle sait
que c'est le meilleur moyen d'exciter les jalousies et
de créer des embarras aux gouvernements vers les-
quels elle pourrait se sentir portée par une juste
sympathie. Ce n'est point ainsi que l'Angleterre
l'entend à Constantinople, et l'aveu du Morning Post
est une preuve
son profit que de la préserver des dangers qui la me-
nacent et de lui conserver ses amis.
Il est sans doute bon de parler à la Porte d'amé-
liorations, de réformes et d'ordre dans ses finances.
Sous ce rapport, nous pouvons partager parfaite-
ment et les regrets et les vœux du Times. Pour-
tant est-ce toujours la Porte qu'il faut accuser? Et
n'a-t-elle pas plus d'une fois rencontré des entraves à
ses bonnes intentions dans ceux-là mêmes qui la
gourmandent? Par exemple, le Times lui reproche de
ne point accepter toujours les projets qui lui sont
présentés pour le développement de ses immenses ri-
chesses naturelles. Il oublie que, pour que ces pro-
jets aient quelque chance de succès, il y faut une
condition : c'est qu'ils soient anglais et seulement an-
glais, autrement l'Angleterre s'y oppose; et sans aller
chercher bien loin, la Turquie ne serait pas embarras-
sée de répondre par des arguments ad hominem aux
récriminations du Times.
« De toutes les améliorations matérielles qui m'ont
été présentées, pourrait-elle lui dire, il n'en est point
de plus utile au développement financier et à la soli-
dité politique de mes États, que l'entreprise du canal de
Suez; elle donne à mon pavillon, à mes troupes et à mes
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