276 L'ISTHME DE SUEZ,
raconté l'origine, les motifs, la pensée, et voici en
quels termes M. de Lesseps s'exprimait à ce sujet
devant l'assemblée générale :
« Parmi les recommandations qui nous avaient été
faites par le prince Mohammed-Saïd avant la forma-
tion de la Compagnie, celle dont il nous avait surtout
prescrit l'observation, était que la souscription géné-
rale ne fût pas exclusivement remplie par un petit
groupe de pays, et que, par la diversité des nationali-
tés appelées à y participer, elle conservât son principe
d'universalité. La France, l'Espagne, la Belgique, les
Pays Bas, la Suisse, l'Italie, Tunis, étaient les seuls pays
qui, par leurs habitudes ou par leurs dispositions pré-
vues, nous semblaient devoir donner des actionnaires
directs. Afin de nous conformer à notre mandat, nous
dûmes accepter, à l'égard de certains Etats, les sous-
criptions de certains banquiers, qui s'engageaient à être
les intermédiaires entre le public de leur pays et la Com-
pagnie. Nous nous portâmes fort pour la réalisation de
ces souscriptions, sachant que, le cas échéant, elles devaient
avoir le vice-roi pour preneur.
» Les événements qui éclatèrent dès les premiers
jours de 1859, et la guerre qui en fut la suite, devin-
rent des circonstances de force majeure qui interrompi-
rent le cours régulier des affaires avec plusieurs des
banquiers souscripteurs, et firent suspendre leurs ver-
sements. Nous nous entendîmes avec le vice-roi pour qu'il
prît définitivement à son compte les actions réservées
aux banquiers étrangers, empêchés par les circonstances
de remplir leurs engagements.
» De son côté, le vice-roi, tenant à conserver à l'en-
treprise son caractère universel, et reconnaissant que
nous avions fidèlement rempli ses vues, se réserva de
distribuer lui-même, s'il le jugeait convenable, les sous-
criptions en question entre les diverses nations mariti-
mes qui, s'étant d'abord abstenues, seraient dési-
reuses plus tard de participer aux avantages de l'entre-
prise.
» Par suite d'une mutation parfaitement régulière, la
première liste des souscriptions n'a éprouvé aucune at-
teinte, et le montant des actions en retard a été inscrit
sur les livres de la Compagnie au compte du vice-roi,
qui avait déjà fait depuis quatre ans, et avant qu'aucun
actionnaire eût opéré un versement quelconque,, des
avances de plusieurs millions imputables sur les paie-
ments de ses souscriptions personnelles. »
C'est donc conformément à son mandat, c'est donc
conformément aux instructions et aux intentions du
prince, c'est avec son assentiment antérieur et pos-
térieur que les actions dont il s'agit ont été inscrites à
son compte. Pas un jour n'a été perdu pour lui don-
ner communication de ce compte. Dès l'année der-
nière, Son Altesse en avait exprimé directement son
approbation à M. de Lesseps en personne, et cette
opération qu'on signale au public comme une cir-
constance imprévue et nouvelle, comme un acte
, inconnu au vice-roi, comme une aggravation récente
de sa situation, n'est pas autre chose que le résultat
de son mandat, de sa prévoyance, du principe qu'il
voulait conserver à sa conception et de sa volonté
invariablement manifestée. Quatrième erreur de
fait.
Le vice-roi a parfaitement accepté, reconnu, ap-
prouvé et régularisé, par son adhésion personnelle et
par un acte officiel de son gouvernement, l'ensemble
des souscriptions mentionnées par M. Seymour, et
que pourtant, selon lord Palmerston, Son Altesse ne
connaît pas. Cinquième erreur de fait.
Par la contexture de ses paroles, Je noble lord
suppose ou veut faire supposer que les 32 millions
primitivement souscrits par le prince restent en dehors
et en sus du chiffre indiqué par M. Seymour. L'enga-
gement total et définitif du vice-roi ne s'éleve pas
même jusqu'au montant mentionné par l'honorable
membre. Sixième erreur de fait.
Il est aussi complétement inexact que l'emprunt
égyptien ait été contracté par le vice-roi pour rem-
plir ses engagements envers la Compagnie, et qu'à
cet effet il ait hypothéqué ses propriétés à une mai-
son de Marseille ou à toute autre maison. Septième
et huitième erreur de fait.
Disons maintenant quelques mots de cet emprunt
lui-même.
Il a été dicté par une pensée qui doit obtenir la
sympathie de lord Palmerston, s'il porte aux
finances égyptiennes autant de sollicitude qu'il veut
bien le dire. Les finances du vice-roi sont dans un
état qui au total pourrait faire envie à plus d'un
gouvernement de l'Europe : elles possèdent un revenu
annuel de 100 millions de francs et n'ont d'autre dette
qu'un arriéré formant un capital de 75 millions. Cet
arriéré est couvert par des émissions de bons du Tré-
sor très-exactement payés; mais le vice-roi a résolu
de le combler et d'établir un entier équilibre entre
ses recettes et ses dépenses. Pour cela il a divisé le
remboursement de sa dette en trois annuités de 25
millions chacune, et l'emprunt est destiné à lui pro-
curer les avances nécessaires pour faciliter ce rem-
boursement à mesure de l'expiration des échéances
déjà établies.
Dans ce roulement des trois années l'emprunt lui-
même sera éteint. Faisons connaître ici l'origine de
cet arriéré et l'objet principal de l'emprunt.
L'arriéré a été causé dans sa plus grande partie
par des dépenses d'utilité publique, telles que l'achè-
vement du chemin de fer d'Alexandrie au Caire ; la
construction du chemin de fer du Caire à Suez entre-
pris par le vice-roi à ses frais, pour complaire au
gouvernement anglais, qui l'enr écompense si bien ;
des achats considérables de, machines et de ma-
tériel demandés presque entièrement à l'Angleterre
et très-chèrement payés ; l'érection de plusieurs
ponts sur le Nil, et aussi par la liquidation de nom-
breuses réclamations pour lesquelles divers consuls
européens avaient vainement pressé le vice-roi pré-
raconté l'origine, les motifs, la pensée, et voici en
quels termes M. de Lesseps s'exprimait à ce sujet
devant l'assemblée générale :
« Parmi les recommandations qui nous avaient été
faites par le prince Mohammed-Saïd avant la forma-
tion de la Compagnie, celle dont il nous avait surtout
prescrit l'observation, était que la souscription géné-
rale ne fût pas exclusivement remplie par un petit
groupe de pays, et que, par la diversité des nationali-
tés appelées à y participer, elle conservât son principe
d'universalité. La France, l'Espagne, la Belgique, les
Pays Bas, la Suisse, l'Italie, Tunis, étaient les seuls pays
qui, par leurs habitudes ou par leurs dispositions pré-
vues, nous semblaient devoir donner des actionnaires
directs. Afin de nous conformer à notre mandat, nous
dûmes accepter, à l'égard de certains Etats, les sous-
criptions de certains banquiers, qui s'engageaient à être
les intermédiaires entre le public de leur pays et la Com-
pagnie. Nous nous portâmes fort pour la réalisation de
ces souscriptions, sachant que, le cas échéant, elles devaient
avoir le vice-roi pour preneur.
» Les événements qui éclatèrent dès les premiers
jours de 1859, et la guerre qui en fut la suite, devin-
rent des circonstances de force majeure qui interrompi-
rent le cours régulier des affaires avec plusieurs des
banquiers souscripteurs, et firent suspendre leurs ver-
sements. Nous nous entendîmes avec le vice-roi pour qu'il
prît définitivement à son compte les actions réservées
aux banquiers étrangers, empêchés par les circonstances
de remplir leurs engagements.
» De son côté, le vice-roi, tenant à conserver à l'en-
treprise son caractère universel, et reconnaissant que
nous avions fidèlement rempli ses vues, se réserva de
distribuer lui-même, s'il le jugeait convenable, les sous-
criptions en question entre les diverses nations mariti-
mes qui, s'étant d'abord abstenues, seraient dési-
reuses plus tard de participer aux avantages de l'entre-
prise.
» Par suite d'une mutation parfaitement régulière, la
première liste des souscriptions n'a éprouvé aucune at-
teinte, et le montant des actions en retard a été inscrit
sur les livres de la Compagnie au compte du vice-roi,
qui avait déjà fait depuis quatre ans, et avant qu'aucun
actionnaire eût opéré un versement quelconque,, des
avances de plusieurs millions imputables sur les paie-
ments de ses souscriptions personnelles. »
C'est donc conformément à son mandat, c'est donc
conformément aux instructions et aux intentions du
prince, c'est avec son assentiment antérieur et pos-
térieur que les actions dont il s'agit ont été inscrites à
son compte. Pas un jour n'a été perdu pour lui don-
ner communication de ce compte. Dès l'année der-
nière, Son Altesse en avait exprimé directement son
approbation à M. de Lesseps en personne, et cette
opération qu'on signale au public comme une cir-
constance imprévue et nouvelle, comme un acte
, inconnu au vice-roi, comme une aggravation récente
de sa situation, n'est pas autre chose que le résultat
de son mandat, de sa prévoyance, du principe qu'il
voulait conserver à sa conception et de sa volonté
invariablement manifestée. Quatrième erreur de
fait.
Le vice-roi a parfaitement accepté, reconnu, ap-
prouvé et régularisé, par son adhésion personnelle et
par un acte officiel de son gouvernement, l'ensemble
des souscriptions mentionnées par M. Seymour, et
que pourtant, selon lord Palmerston, Son Altesse ne
connaît pas. Cinquième erreur de fait.
Par la contexture de ses paroles, Je noble lord
suppose ou veut faire supposer que les 32 millions
primitivement souscrits par le prince restent en dehors
et en sus du chiffre indiqué par M. Seymour. L'enga-
gement total et définitif du vice-roi ne s'éleve pas
même jusqu'au montant mentionné par l'honorable
membre. Sixième erreur de fait.
Il est aussi complétement inexact que l'emprunt
égyptien ait été contracté par le vice-roi pour rem-
plir ses engagements envers la Compagnie, et qu'à
cet effet il ait hypothéqué ses propriétés à une mai-
son de Marseille ou à toute autre maison. Septième
et huitième erreur de fait.
Disons maintenant quelques mots de cet emprunt
lui-même.
Il a été dicté par une pensée qui doit obtenir la
sympathie de lord Palmerston, s'il porte aux
finances égyptiennes autant de sollicitude qu'il veut
bien le dire. Les finances du vice-roi sont dans un
état qui au total pourrait faire envie à plus d'un
gouvernement de l'Europe : elles possèdent un revenu
annuel de 100 millions de francs et n'ont d'autre dette
qu'un arriéré formant un capital de 75 millions. Cet
arriéré est couvert par des émissions de bons du Tré-
sor très-exactement payés; mais le vice-roi a résolu
de le combler et d'établir un entier équilibre entre
ses recettes et ses dépenses. Pour cela il a divisé le
remboursement de sa dette en trois annuités de 25
millions chacune, et l'emprunt est destiné à lui pro-
curer les avances nécessaires pour faciliter ce rem-
boursement à mesure de l'expiration des échéances
déjà établies.
Dans ce roulement des trois années l'emprunt lui-
même sera éteint. Faisons connaître ici l'origine de
cet arriéré et l'objet principal de l'emprunt.
L'arriéré a été causé dans sa plus grande partie
par des dépenses d'utilité publique, telles que l'achè-
vement du chemin de fer d'Alexandrie au Caire ; la
construction du chemin de fer du Caire à Suez entre-
pris par le vice-roi à ses frais, pour complaire au
gouvernement anglais, qui l'enr écompense si bien ;
des achats considérables de, machines et de ma-
tériel demandés presque entièrement à l'Angleterre
et très-chèrement payés ; l'érection de plusieurs
ponts sur le Nil, et aussi par la liquidation de nom-
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