Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1860-09-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 01 septembre 1860 01 septembre 1860
Description : 1860/09/01 (A5,N101). 1860/09/01 (A5,N101).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k65299671
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
2*74 L'ISTHME DE SUEZ,
les opérations financières d'un État qui ne lui appar-
tient point? Comment se peut-il qu'il prétende sur-
veiller les mesures qu'un prince indépendant de lui
croit prendre, dans l'intérêt de ses peuples, pour les
besoins de son trésor ? Pourquoi des maisons françaises
seraient-elles placées sous le contrôle de la représenta-
tion anglaise, et n'auraient-elles pas le droit de faire
avec l'Egypte ce que tant de maisons anglaises ont fait
largement et sans soulever aucune réclamation de
notre part avec la Turquie? Comment, en outre, en sup-
posant que les traités accordassent à la Turquie le
droit d'intervenir dans ces opérations, et lord Palmers-
ton a nettement déclaré le contraire, comment l'An-
gleterre pourrait-elle être fondée à élever la voix
quand la Turquie se tait? Il nous semble qu'il y a
dans cette immixtion une affectation à la domination
ou au moins à la tutelle universelle, qui ne devait
point passer inaperçue et qui ne blesse pas moins les
convenances que le droit public et privé. Sous le bé-
néfice de ces observations, nous reproduisons l'inci-
dent qui leur a donné lieu.
CHAMBRE DES COMMUNES.
Séance du 23 août 1860.
« M. H. SEnIOGR. -Je demande au premier lord de la
Trésorerie (lord Palmerston) s'il veut donner quelques in-
formations sur l'assertion publiée dans les journaux
que le pacha d'Égypte a mis la Compagnie du canal de
Suez en état d'être constituée en prenant des actions
pour une somme de 95 millions de francs, qu'il a été im-
possible de placer, et en prévenant ainsi sa dissolu-
lution.
Il Je demanderai en même temps si des négociations
sont pendantes relativement au canal de Suez, et si
M. Cobden a des instructions pour négocier à Paris sur
ce sujet.
« Je demanderai enfin au noble lord si le pacha
d'Egypte, avant de contracter ce dernier emprunt avec
MM. Laffitte, de Paris, a obtenu la sanction de la Porte ;
et, dans le cas contraire, si ce n'est point là une in-
fraction au traité d'institution conclu à la fin de la
guerre de Syrie, en 1840.
» LORD PALMERSTON. Il est très-vrai, ainsi que le dit
mon honorable ami, que le pacha d'Egypte a été induit
à prendre un grand nombre d'actions dans la Compa-
gnie du canal de Suez. Cette Compagnie, comme je l'ai
souvent dit, est l'une des plus remarquables tentatives
de tromperie qui aient été mises en pratique dans les
temps modernes. (Rires.) C'est un leurre complet depuis
le commencement jusqu'à la fin. Beaucoup de personnes
en France, de petites gens (small persons), ont été in-
duites à prendre de petites actions, sous l'impression
que l'affaire serait une chose profitable. La marche des
travaux en Egypte, toutefois, a été telle qu'elle a mon-
tré que si l'entreprise n'est pas impraticable, elle exi-
gera des sacrifices d'argent, de temps et de travail tout
à fait au-dessus des forces de toute Compagnie.
) L'auteur du projet, M. Lesseps, trouva qu'une mai-
son de Trieste répudiait un grand nombre d'actions
qu'elle avait été induite à prendre, et alors il pensa que
le pacha d'Égypte était l'homme qu'il fallait pour en-
dosser la responsabilité de les accepter. Il induisit en
conséquence l'infortuné pacha à prendre 64,000 actions,
montant à 32 millions de francs. M. Lesseps chercha
ensuite à lui en faire prendre un plus grand nombre
(rire); mais le malheureux pacha, qui s'était laissé
aveugler une fois, avait désormais les yeux ouverts; il
refusa d'en accepter de nouvelles. (Rires.) M. Lesseps,
néanmoins, désirant, dans sa bienveillance pour le pa-
cha, lui rendre un service dont le pacha lui-même n'ap-
préciait pas le prix, sans le consentement du pacha,
porta à son crédit un grand nombre d'actions addition-
nelles s'élevant en valeur à environ la somme men-
tionnée par mon honorable ami.
» Quant à l'autre question qu'il m'a posée, j'ai à dire
que le pacha a contracté un emprunt avec une maison
de Marseille, mais il l'a fait en sa qualité privée. Pour
remplir se3 engagements envers la Compagnie du canal
de Suez, il a hypothéqué tous ses biens particuliers en
Égypte à cette même maison de Marseille. Cela ne s'est
pas fait avec le consentement du gouvernement turc,
et ce consentement n'était pas nécessaire.
» Il n'y a rien dans la convention à laquelle se réfère
mon honorable ami, qui milite contre le droit du pacha
d'en agir comme il l'entend avec ce qu'il considère
comme sa propriété. Je n'ai connaissance d'aucune né-
gociation pendante à ce sujet. Il y a eu des négocia-
tions entre les gouvernements de France et d'Angle-
terre, et nous avons exprimé tout du long notre opi-
nion sur les mérites de l'entreprise. Le gouvernement
français a dit qu'il ne prendrait point part à l'affaire.
Les agents de la France, qui ne sont pas toujours sou-
tenus par leur gouvernement, ont, je crois, joué un rôle
actif sur les lieux. Il n'y a pas de négociation particu-
lière pendante en ce moment, et M. Cobden n'a reçu au-
cune instruction portant sur cette question.
» M. SPONER. M. Cobden est-il notre ministre à Paris
comme lord Cowley?
» LORD PAUIERSTO:'i.-M. Cobden est autorisé, commis-
saire conjointement avec lord Cowley, à négocier sur
les points qui restent à régler en relation avec le traité
de commerce. »
Dans une séance suivante, lord Palmerston a mo-
difié en ces termes ses allégations ci-dessus :
« Je viens de recevoir une lettre qui modifie un peu
la réponse que j'ai faite à mon honorable ami M. Sey-
mour relativement à l'emprunt égyptien.
» Il résulte d'une dépêche reçue d'Alexandrie qu'un
agent était parti d'Alexandrie pour Paris avec le titre
d'un emprunt de 28 millions de francs contracté, non à
Marseille, mais par l'intermédiaire de MM. Laffitte.
L'emprunt doit être garanti par les droits de douane
d'Alexandrie. Le traité de 1841 n'empêche pas le gou-
vernement égytien d'entrer dans un pareil engage-
ment, mais aussi il convient de dire qu'il existe un
emprunt antérieur à celui - ci contracté par le gou-
vernement turc, et que le revenu de l'Egypte garantit
par droit de priorité. »
les opérations financières d'un État qui ne lui appar-
tient point? Comment se peut-il qu'il prétende sur-
veiller les mesures qu'un prince indépendant de lui
croit prendre, dans l'intérêt de ses peuples, pour les
besoins de son trésor ? Pourquoi des maisons françaises
seraient-elles placées sous le contrôle de la représenta-
tion anglaise, et n'auraient-elles pas le droit de faire
avec l'Egypte ce que tant de maisons anglaises ont fait
largement et sans soulever aucune réclamation de
notre part avec la Turquie? Comment, en outre, en sup-
posant que les traités accordassent à la Turquie le
droit d'intervenir dans ces opérations, et lord Palmers-
ton a nettement déclaré le contraire, comment l'An-
gleterre pourrait-elle être fondée à élever la voix
quand la Turquie se tait? Il nous semble qu'il y a
dans cette immixtion une affectation à la domination
ou au moins à la tutelle universelle, qui ne devait
point passer inaperçue et qui ne blesse pas moins les
convenances que le droit public et privé. Sous le bé-
néfice de ces observations, nous reproduisons l'inci-
dent qui leur a donné lieu.
CHAMBRE DES COMMUNES.
Séance du 23 août 1860.
« M. H. SEnIOGR. -Je demande au premier lord de la
Trésorerie (lord Palmerston) s'il veut donner quelques in-
formations sur l'assertion publiée dans les journaux
que le pacha d'Égypte a mis la Compagnie du canal de
Suez en état d'être constituée en prenant des actions
pour une somme de 95 millions de francs, qu'il a été im-
possible de placer, et en prévenant ainsi sa dissolu-
lution.
Il Je demanderai en même temps si des négociations
sont pendantes relativement au canal de Suez, et si
M. Cobden a des instructions pour négocier à Paris sur
ce sujet.
« Je demanderai enfin au noble lord si le pacha
d'Egypte, avant de contracter ce dernier emprunt avec
MM. Laffitte, de Paris, a obtenu la sanction de la Porte ;
et, dans le cas contraire, si ce n'est point là une in-
fraction au traité d'institution conclu à la fin de la
guerre de Syrie, en 1840.
» LORD PALMERSTON. Il est très-vrai, ainsi que le dit
mon honorable ami, que le pacha d'Egypte a été induit
à prendre un grand nombre d'actions dans la Compa-
gnie du canal de Suez. Cette Compagnie, comme je l'ai
souvent dit, est l'une des plus remarquables tentatives
de tromperie qui aient été mises en pratique dans les
temps modernes. (Rires.) C'est un leurre complet depuis
le commencement jusqu'à la fin. Beaucoup de personnes
en France, de petites gens (small persons), ont été in-
duites à prendre de petites actions, sous l'impression
que l'affaire serait une chose profitable. La marche des
travaux en Egypte, toutefois, a été telle qu'elle a mon-
tré que si l'entreprise n'est pas impraticable, elle exi-
gera des sacrifices d'argent, de temps et de travail tout
à fait au-dessus des forces de toute Compagnie.
) L'auteur du projet, M. Lesseps, trouva qu'une mai-
son de Trieste répudiait un grand nombre d'actions
qu'elle avait été induite à prendre, et alors il pensa que
le pacha d'Égypte était l'homme qu'il fallait pour en-
dosser la responsabilité de les accepter. Il induisit en
conséquence l'infortuné pacha à prendre 64,000 actions,
montant à 32 millions de francs. M. Lesseps chercha
ensuite à lui en faire prendre un plus grand nombre
(rire); mais le malheureux pacha, qui s'était laissé
aveugler une fois, avait désormais les yeux ouverts; il
refusa d'en accepter de nouvelles. (Rires.) M. Lesseps,
néanmoins, désirant, dans sa bienveillance pour le pa-
cha, lui rendre un service dont le pacha lui-même n'ap-
préciait pas le prix, sans le consentement du pacha,
porta à son crédit un grand nombre d'actions addition-
nelles s'élevant en valeur à environ la somme men-
tionnée par mon honorable ami.
» Quant à l'autre question qu'il m'a posée, j'ai à dire
que le pacha a contracté un emprunt avec une maison
de Marseille, mais il l'a fait en sa qualité privée. Pour
remplir se3 engagements envers la Compagnie du canal
de Suez, il a hypothéqué tous ses biens particuliers en
Égypte à cette même maison de Marseille. Cela ne s'est
pas fait avec le consentement du gouvernement turc,
et ce consentement n'était pas nécessaire.
» Il n'y a rien dans la convention à laquelle se réfère
mon honorable ami, qui milite contre le droit du pacha
d'en agir comme il l'entend avec ce qu'il considère
comme sa propriété. Je n'ai connaissance d'aucune né-
gociation pendante à ce sujet. Il y a eu des négocia-
tions entre les gouvernements de France et d'Angle-
terre, et nous avons exprimé tout du long notre opi-
nion sur les mérites de l'entreprise. Le gouvernement
français a dit qu'il ne prendrait point part à l'affaire.
Les agents de la France, qui ne sont pas toujours sou-
tenus par leur gouvernement, ont, je crois, joué un rôle
actif sur les lieux. Il n'y a pas de négociation particu-
lière pendante en ce moment, et M. Cobden n'a reçu au-
cune instruction portant sur cette question.
» M. SPONER. M. Cobden est-il notre ministre à Paris
comme lord Cowley?
» LORD PAUIERSTO:'i.-M. Cobden est autorisé, commis-
saire conjointement avec lord Cowley, à négocier sur
les points qui restent à régler en relation avec le traité
de commerce. »
Dans une séance suivante, lord Palmerston a mo-
difié en ces termes ses allégations ci-dessus :
« Je viens de recevoir une lettre qui modifie un peu
la réponse que j'ai faite à mon honorable ami M. Sey-
mour relativement à l'emprunt égyptien.
» Il résulte d'une dépêche reçue d'Alexandrie qu'un
agent était parti d'Alexandrie pour Paris avec le titre
d'un emprunt de 28 millions de francs contracté, non à
Marseille, mais par l'intermédiaire de MM. Laffitte.
L'emprunt doit être garanti par les droits de douane
d'Alexandrie. Le traité de 1841 n'empêche pas le gou-
vernement égytien d'entrer dans un pareil engage-
ment, mais aussi il convient de dire qu'il existe un
emprunt antérieur à celui - ci contracté par le gou-
vernement turc, et que le revenu de l'Egypte garantit
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