Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1860-09-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 01 septembre 1860 01 septembre 1860
Description : 1860/09/01 (A5,N101). 1860/09/01 (A5,N101).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k65299671
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 287
CHRONIQUE DE L'ISTHME.
(Correspondance particulière du CONSTITUTIONNEL.)
« Alexandrie, 8 août.
» Je vais tâcher aujourd'hui de vous exposer aussi
succinctement que possible l'état des travaux du per-
cement de l'isthme de Suez. Ce sera désormais la meil-
leure manière de répondre à ceux qui ont prétendu
que le canal était impraticable.
» S'il fallait calculer les travaux qui ont été exécutés
jusqu'à ce jour uniquement d'après l'étendue du ter-
rain sur lequel la tête du canal a été creusée, on se-
rait bien loin de se faire une idée exacte des opérations
de l'entreprise. C'est peu, en effet, que de creuser le
canal. Le difficile était de combiner les moyens de le
percer, non-seulement sans dépasser les devis d'après
lesquels le capital a été souscrit, mais encore en res-
tant au-dessous de ces évaluations. Ces moyens trou-
vés, il fallait construire le matériel, il fallait le trans-
porter sur le terrain, monter les appareils et assurer
d'avance la subsistance de nombreux ouvriers. C'est ce
dont on s'est occupé sans relâche à Paris, tardis qu'en
Egypte on achevait les travaux préparatoires qui ont
été décrits dans le rapport présenté par M. de Lesseps à
l'assemblée générale des actionnaires.
» Ces travaux préliminaires comprenaient principale-
ment une jetée en bois, destinée au déchargement des
navires; un phare, des ateliers, des habitations pour les
ouvriers, les employés et les ingénieurs; des forages
de puits donnant une eau bonne pour le bétail et pour
l'arrosage ; la pose de rails, la construction de grues à
vapeur et autres engins.
» On avait, d'ailleurs, étudié une carrière de pierres
à Gebel-Geneffé. Mais les produits de cette exploitation
devant être principalement réservés pour l'exécution
des travaux ultérieurs, une autre, située à Mex, à
l'ouest d'Alexandrie, dans le voisinage de la mer, qui
offrait un facile moyen de transport pour les produits,
a été ouverte avec l'autorisation du vice-roi. Des ga-
leries utiles y ont été creusées ; des rails conduisent les
pierres du pied de la carrière jusqu'aux jetées cons-
truites en mer et formant un port provisoire où six na-
vires appartenant à la Compagnie reçoivent tour à tour
les produits de l'exploitation. Il n'y a pas moins de
cinq cent mille mètres cubes de pierre à extraire des
carrières de Mex. L'exploitation va prendre des déve-
loppements considérables dès l'arrivée d'un matériel
qui est en mer et qui se compose de grues à vapeur
pour charger les pierres de la carrière dans les wagons,
d'autres grues à vapeur pour le chargement en mer,
de quatre-vingts wagons et deux cents tonnes de rails-
Une véritable flottille sera employée au transport des
pierres à Port-Saïd, à l'embouchure du canal, et l'on
calcule que cette navigation ne sera pas de moins d'un
million de tonneaux dans l'espace de quinze mois. Les
frais d'extraction et de transport sont évalués à 8 fr.
50 c. le mètre cube; or, d'après les devis de la com-
mission internationale, cette dépense avait été estimée
à 14 fr. le mètre cube. L'exploitation des carrières de
Mex donnera donc 5 fr. 50 c. d'économie sur les devis.
» A Port-Saïd, à l'entrée du canal sur la Méditerra-
née, douze dragues ont été montées ; d'autres sont en
mer. Pour se rendre compte des services que ces appa-
reils sont appelés à rendre, il faut se représenter l'état
des lieux.
» En débarquant dans l'isthme, sur le rivage médi-
terranéen, on rencontre une langue de sable fort étroite,
au delà de laquelle s'étend le lac Menzaleh; ce lac est
entretenu tantôt par les eaux de la mer, tantôt par
celles du Nil, a l'époque des crues de ce fleuve. Les
eaux sont donc très-basses au moment de l'étiage, et,
comme elles sont exposées à l'évaporation que solli-
cite un soleil ardent, elles sont très-saturées de sel.
Elles s'adoucissent, au contraire, lorsque le Nil y en-
tre pendant la crue.
» Durant les chaleurs de l'été, il n'était guère possi-
ble d'utiliser les dragues dans ce grand marécage,
transformé en une sorte de saline. Les chaudières eus-
sent été brûlées et se seraient bientôt trouvées hors de
service. Dans tous les cas, la perte du navire le Jason,
qui transportait une partie des moteurs, aurait néces-
sairement retardé l'emploi des bateaux dragueurs. On
en a mis deux en action et ils ont donné des résultats.
Le temps n'a pas été perdu d'ailleurs. Au lieu de con-
centrer tous les efforts des ouvriers sur l'équipement
complet de trois ou quatre de ces appareils, on les a
employés à river les douze coques, qui sont ainsi prêtes
à recevoir les nouveaux moteurs.
» Pendant ce temps, la crue du Nil s'opère, le lac
gonfle et s'emplit d'eau douce. Les douze dragues vont
pouvoir fonctionner sans danger de trop fortes incrus-
tations salines, précisément au moment le plus propice
pour les mettre en action.
» Au delà du lac Menzaleh, s'élève un seuil ou mon-
ticule de quatre lieues d'étendue, qu'il s'agit d'enlever.
C'est une opération assez délicate, non qu'eile présente
aucune difficulté, mais parce qu'il fallait trouver les
moyens de l'exécuter avec économie. Ce problème a
été résolu par l'entrepreneur général, M. Hardon, et
voici comment il doit s'y prendre.
» La hauteur des terres à enlever du seuil pour at-
teindre le fond du canal, provisoirement creusé à 2mÔO,
est de 22 à 23 mètres. Quatre appareils différents ont
été adoptés par l'entreprise pour arriver à cette pro-
fondeur. Ces moyens, qui sont des plus simples, ont
par cela même exigé de sérieuses études ; car, en fait
de travaux, comme de toutes choses, ce qu'il y a de
plus difficile est toujours d'arriver à ce qu'il y a de plus
simple.
» Les quatre premiers mètres à la surface du seuil
seront extraits au moyen d'un mécanisme ingénieux
et qu'on dit nouveau. Il consiste en une sorte de croix
dont les deux bras font bascule : l'un des deux s'abaisse
jusqu'à terre et s'accroche à une brouette que les ou-
vriers remplissent de terre. Le bras se relève, et la
brouette ainsi enlevée roule sur une corde de fer qui
la porte à une distance considérable où on la vide. Elle
CHRONIQUE DE L'ISTHME.
(Correspondance particulière du CONSTITUTIONNEL.)
« Alexandrie, 8 août.
» Je vais tâcher aujourd'hui de vous exposer aussi
succinctement que possible l'état des travaux du per-
cement de l'isthme de Suez. Ce sera désormais la meil-
leure manière de répondre à ceux qui ont prétendu
que le canal était impraticable.
» S'il fallait calculer les travaux qui ont été exécutés
jusqu'à ce jour uniquement d'après l'étendue du ter-
rain sur lequel la tête du canal a été creusée, on se-
rait bien loin de se faire une idée exacte des opérations
de l'entreprise. C'est peu, en effet, que de creuser le
canal. Le difficile était de combiner les moyens de le
percer, non-seulement sans dépasser les devis d'après
lesquels le capital a été souscrit, mais encore en res-
tant au-dessous de ces évaluations. Ces moyens trou-
vés, il fallait construire le matériel, il fallait le trans-
porter sur le terrain, monter les appareils et assurer
d'avance la subsistance de nombreux ouvriers. C'est ce
dont on s'est occupé sans relâche à Paris, tardis qu'en
Egypte on achevait les travaux préparatoires qui ont
été décrits dans le rapport présenté par M. de Lesseps à
l'assemblée générale des actionnaires.
» Ces travaux préliminaires comprenaient principale-
ment une jetée en bois, destinée au déchargement des
navires; un phare, des ateliers, des habitations pour les
ouvriers, les employés et les ingénieurs; des forages
de puits donnant une eau bonne pour le bétail et pour
l'arrosage ; la pose de rails, la construction de grues à
vapeur et autres engins.
» On avait, d'ailleurs, étudié une carrière de pierres
à Gebel-Geneffé. Mais les produits de cette exploitation
devant être principalement réservés pour l'exécution
des travaux ultérieurs, une autre, située à Mex, à
l'ouest d'Alexandrie, dans le voisinage de la mer, qui
offrait un facile moyen de transport pour les produits,
a été ouverte avec l'autorisation du vice-roi. Des ga-
leries utiles y ont été creusées ; des rails conduisent les
pierres du pied de la carrière jusqu'aux jetées cons-
truites en mer et formant un port provisoire où six na-
vires appartenant à la Compagnie reçoivent tour à tour
les produits de l'exploitation. Il n'y a pas moins de
cinq cent mille mètres cubes de pierre à extraire des
carrières de Mex. L'exploitation va prendre des déve-
loppements considérables dès l'arrivée d'un matériel
qui est en mer et qui se compose de grues à vapeur
pour charger les pierres de la carrière dans les wagons,
d'autres grues à vapeur pour le chargement en mer,
de quatre-vingts wagons et deux cents tonnes de rails-
Une véritable flottille sera employée au transport des
pierres à Port-Saïd, à l'embouchure du canal, et l'on
calcule que cette navigation ne sera pas de moins d'un
million de tonneaux dans l'espace de quinze mois. Les
frais d'extraction et de transport sont évalués à 8 fr.
50 c. le mètre cube; or, d'après les devis de la com-
mission internationale, cette dépense avait été estimée
à 14 fr. le mètre cube. L'exploitation des carrières de
Mex donnera donc 5 fr. 50 c. d'économie sur les devis.
» A Port-Saïd, à l'entrée du canal sur la Méditerra-
née, douze dragues ont été montées ; d'autres sont en
mer. Pour se rendre compte des services que ces appa-
reils sont appelés à rendre, il faut se représenter l'état
des lieux.
» En débarquant dans l'isthme, sur le rivage médi-
terranéen, on rencontre une langue de sable fort étroite,
au delà de laquelle s'étend le lac Menzaleh; ce lac est
entretenu tantôt par les eaux de la mer, tantôt par
celles du Nil, a l'époque des crues de ce fleuve. Les
eaux sont donc très-basses au moment de l'étiage, et,
comme elles sont exposées à l'évaporation que solli-
cite un soleil ardent, elles sont très-saturées de sel.
Elles s'adoucissent, au contraire, lorsque le Nil y en-
tre pendant la crue.
» Durant les chaleurs de l'été, il n'était guère possi-
ble d'utiliser les dragues dans ce grand marécage,
transformé en une sorte de saline. Les chaudières eus-
sent été brûlées et se seraient bientôt trouvées hors de
service. Dans tous les cas, la perte du navire le Jason,
qui transportait une partie des moteurs, aurait néces-
sairement retardé l'emploi des bateaux dragueurs. On
en a mis deux en action et ils ont donné des résultats.
Le temps n'a pas été perdu d'ailleurs. Au lieu de con-
centrer tous les efforts des ouvriers sur l'équipement
complet de trois ou quatre de ces appareils, on les a
employés à river les douze coques, qui sont ainsi prêtes
à recevoir les nouveaux moteurs.
» Pendant ce temps, la crue du Nil s'opère, le lac
gonfle et s'emplit d'eau douce. Les douze dragues vont
pouvoir fonctionner sans danger de trop fortes incrus-
tations salines, précisément au moment le plus propice
pour les mettre en action.
» Au delà du lac Menzaleh, s'élève un seuil ou mon-
ticule de quatre lieues d'étendue, qu'il s'agit d'enlever.
C'est une opération assez délicate, non qu'eile présente
aucune difficulté, mais parce qu'il fallait trouver les
moyens de l'exécuter avec économie. Ce problème a
été résolu par l'entrepreneur général, M. Hardon, et
voici comment il doit s'y prendre.
» La hauteur des terres à enlever du seuil pour at-
teindre le fond du canal, provisoirement creusé à 2mÔO,
est de 22 à 23 mètres. Quatre appareils différents ont
été adoptés par l'entreprise pour arriver à cette pro-
fondeur. Ces moyens, qui sont des plus simples, ont
par cela même exigé de sérieuses études ; car, en fait
de travaux, comme de toutes choses, ce qu'il y a de
plus difficile est toujours d'arriver à ce qu'il y a de plus
simple.
» Les quatre premiers mètres à la surface du seuil
seront extraits au moyen d'un mécanisme ingénieux
et qu'on dit nouveau. Il consiste en une sorte de croix
dont les deux bras font bascule : l'un des deux s'abaisse
jusqu'à terre et s'accroche à une brouette que les ou-
vriers remplissent de terre. Le bras se relève, et la
brouette ainsi enlevée roule sur une corde de fer qui
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