Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1860-08-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 15 août 1860 15 août 1860
Description : 1860/08/15 (A5,N100). 1860/08/15 (A5,N100).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6529966m
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 271
l'Egypte lui échappe à jamais, car de Suez à Péluse s'é-
tablit un Bosphore d'une importance bien autrement
grande que celui de Constantinople, et dès lors l'Egypte
neutralisée se trouve placée sous la protection de tous
les peuples. Voilà ce que redoute l'Angleterre. Si jamais
elle possédait la vallée du Nil, elle ouvrirait sans retard
le canal dont elle aurait alors le monopole. Qu'on ad-
mette un moment cette hypothèse, la puissance de l'An-
gleterre n'a plus de bornes. De Gibraltar à Alexandrie,
la Méditerranée lui appartient; le golfe Arabique se
transforme en un port immense dont les môles sont
Suez et Péluse au nord, Périm et Aden au sud; le lac
Timsah lui offre un havre sûr pour ses flottes; l'Abys-
sinie fournit les bois nécessaires à la construction des
navires. Alexandrie fortifiée est une place inexpugna-
ble; enfin l'antique grenier de Rome devient celui de
la moderne Albion ! L'Angleterre acquiert une puis"
sance maritime colossale ; elle tient haut levé sur le
monde le sceptre de l'omnipotence et de l'impunité. En
un mot, l'Angleterre, maîtresse de l'Egypte, il n'y a
plus d'État indépendant possible; car de même que les
mers étreignent les terres, la marine enchaînerait les
nations. Tel a d'ailleurs toujours été son but.
» Plus encore ! Outre cette pensée d'envahissement, il
y a pour l'Angleterre, dans le percement de l'isthme,
une question de rivalité ; car s'il est vrai qu'elle y ga-
gnera pour sa part autant que toutes les nations réu-
nies, il n'en est pas moins constant que les autres peu-
ples y trouveront leur avantage. Posséder l'Egypte et
faire le canal pour elle seule , tel!e est la pensée se-
crète de notre voisine d'outre-Manche, tel est le motif
déguisé, mais certain, de son opiniâtre opposition.
» Cependant, bien qu'elle ait défié tous les peuple?,
l'Angleterre a compris qu'ils ne se courberaient pas de-
vant ses orgueilleuses prétentions. Dans cette prévi-
sion, elle s'assure le détroit de Bab-el-Mandeb par un
acte inqualifiable, en s'emparant de l'ile de Périm.
» Quant à la Turquie, ses indécisions sont le fruit de
sa faiblesse. On a cherché, par de faux raisonnements,
à faire accroire au sultan que la canalisation de l'isthme
mettait ses États en danger, en les exposant à l'inva-
sion étrangère et même en compromettant sa suze-
raineté sur l'Egypte. Or, s'il est vrai, comme l'admet
tout le monde, que la sauvegarde de la Turquie soit le
Bosphore, je ne vois pas d'autre moyen pour la Porte
de s'assurer la possession de l'Egypte que celui qui
consiste à établir un second Bosphore à Suez. Qu'un
peuple se lève contre la Turquie, toute l'Europe s'é-
meut et vole à son secours ; il en serait de même pour
l'Egypte, et si quelque chose peut sauver l'empire ot-
toman de la ruine totale qui le menace, c'est le canal
de Suez.
» L'intérêt de l'humanité appelle la réalisation de
cette œuvre grandiose, bien digne de notre époque. Les
peuples tendent à s'unir dans un sentiment de fraternité
universelle. Et devant cette heureuse disposition des
hommes, devant ces fruits miraculeux que le chris.
tianisme a fait naître et qu'il a mûri des feux de sa
charité, il y aurait un peuple qui se lèverait, seul contre
tous, pour opposer son égoïsme à la paix et au bon-
heur du monde? Dans ce cas, espérons, Messieurs, qu'un
autre peuple aussi puissant et mû par des sentiments
plus louables, prendrait en main la cause de l'humanité.
Mais que dis je? Ce peuple ne s'est-il pas tacitement
prononcé par la voix de celui qui le gouverne avec tant
de sagesse? L'Empereur des Français n'a-t-il pas donné
son adhésion au projet de M. de Lesseps? L'indécision
n'est donc plus permise. L'isthme sera percé, une voie
nouvelle sera ouverte au rapprochement des peuples, àla
propagation des lumières et de la foi. Marseille aura sa
large part dans la réalisation de cette grande pensée.
Elle ne lui aura pas en vain prêté l'appui de son assen-
timent et de ses ressources. Sans avoir à jalouser ses
voisines des avantages qu'elles recueilleront du canal
de Suez, elle verra s'accroître encore son commerce et
ses richesses.
» Il était juste que j'entretinsse des amis de la science,
de l'humanité, de la religion, d'un projet qui intéresse
à un si haut point cette trilogie sainte. Il était naturel
qu'à des enfants dévoués de Marseille, à des hommes
qui illustrent leur ville natale de tout ce que l'intelli-
gence et le cœur peuvent donner de fruits précieux, je
fisse entrevoir, dans un avenir prochain, une splendeur
nouvelle pour leur florissante cité.
D Je n'ai pas cru, Messieurs, pouvoir mieux vous ex-
primer ma profonde gratitude pour le témoignage de
haute bienveillance que vous me donnez en ce jour. »
LETTRES SUR LE HEDJAZ.
(Suite et fin) (1).
Le savant jurisconsulte Ibn Hadjer el Asskelam
mentionne dans son livre intitulé Lessan El Mizan, que
suivant le rapport de Ibn Amr, l'un des compagnons
d'armes du prophète, celui-ci aurait dit : « Il viendra
un temps pour les hommes où la meilleure place de
guerre frontière sera la ville de Djeddah. » Le même
auteur en faisant remonter la tradition à Ali Iben, Ali
Thaleb, cousin et gendre de Mahomet, rapporte que le
prophète aurait dit également : « Il y a sur la terre quatre
portes du paradis : Iscanderia ou Alexandrie, Asskelan
ou Ascalon, Karouïu ou Casbin en Perse et Abadat ; or
Djeddad leur est supérieure à toutes, comme la maison
de Dieu est supérieure à toutes les autres demeures. »
L'auteur que j'ai déjà cité, Seid El Fassi, suivant une
tradition qui remonte à Abdallah Ibn Amr, autre com-
pagnon de Mahomet, rapporte dans son ouvrage que
le prophète aurait dit aussi : Certes, la Mecque est un
lieu de Ribath (place de guerre frontière), mais Djeddah
est un lieu de Djihad (terre de guerre sainte). » Le même
auteur dit plus loin dans son même ouvrage, d'après
El Fakehi, qui le tenait de Ibn Djerih, qui le tenait de
son père, lequel en avait reçu la tradition de son aïeul,
qui lui-même l'avait entendu du prophète, que celui-ci
avait dit : «Les mérites de celui qui se bat dans la p'ace
de guerre de Djeddah (Morabeth) ont plus de valeur aux
(1) Voir les nU des 1er juillet et 15 août.
l'Egypte lui échappe à jamais, car de Suez à Péluse s'é-
tablit un Bosphore d'une importance bien autrement
grande que celui de Constantinople, et dès lors l'Egypte
neutralisée se trouve placée sous la protection de tous
les peuples. Voilà ce que redoute l'Angleterre. Si jamais
elle possédait la vallée du Nil, elle ouvrirait sans retard
le canal dont elle aurait alors le monopole. Qu'on ad-
mette un moment cette hypothèse, la puissance de l'An-
gleterre n'a plus de bornes. De Gibraltar à Alexandrie,
la Méditerranée lui appartient; le golfe Arabique se
transforme en un port immense dont les môles sont
Suez et Péluse au nord, Périm et Aden au sud; le lac
Timsah lui offre un havre sûr pour ses flottes; l'Abys-
sinie fournit les bois nécessaires à la construction des
navires. Alexandrie fortifiée est une place inexpugna-
ble; enfin l'antique grenier de Rome devient celui de
la moderne Albion ! L'Angleterre acquiert une puis"
sance maritime colossale ; elle tient haut levé sur le
monde le sceptre de l'omnipotence et de l'impunité. En
un mot, l'Angleterre, maîtresse de l'Egypte, il n'y a
plus d'État indépendant possible; car de même que les
mers étreignent les terres, la marine enchaînerait les
nations. Tel a d'ailleurs toujours été son but.
» Plus encore ! Outre cette pensée d'envahissement, il
y a pour l'Angleterre, dans le percement de l'isthme,
une question de rivalité ; car s'il est vrai qu'elle y ga-
gnera pour sa part autant que toutes les nations réu-
nies, il n'en est pas moins constant que les autres peu-
ples y trouveront leur avantage. Posséder l'Egypte et
faire le canal pour elle seule , tel!e est la pensée se-
crète de notre voisine d'outre-Manche, tel est le motif
déguisé, mais certain, de son opiniâtre opposition.
» Cependant, bien qu'elle ait défié tous les peuple?,
l'Angleterre a compris qu'ils ne se courberaient pas de-
vant ses orgueilleuses prétentions. Dans cette prévi-
sion, elle s'assure le détroit de Bab-el-Mandeb par un
acte inqualifiable, en s'emparant de l'ile de Périm.
» Quant à la Turquie, ses indécisions sont le fruit de
sa faiblesse. On a cherché, par de faux raisonnements,
à faire accroire au sultan que la canalisation de l'isthme
mettait ses États en danger, en les exposant à l'inva-
sion étrangère et même en compromettant sa suze-
raineté sur l'Egypte. Or, s'il est vrai, comme l'admet
tout le monde, que la sauvegarde de la Turquie soit le
Bosphore, je ne vois pas d'autre moyen pour la Porte
de s'assurer la possession de l'Egypte que celui qui
consiste à établir un second Bosphore à Suez. Qu'un
peuple se lève contre la Turquie, toute l'Europe s'é-
meut et vole à son secours ; il en serait de même pour
l'Egypte, et si quelque chose peut sauver l'empire ot-
toman de la ruine totale qui le menace, c'est le canal
de Suez.
» L'intérêt de l'humanité appelle la réalisation de
cette œuvre grandiose, bien digne de notre époque. Les
peuples tendent à s'unir dans un sentiment de fraternité
universelle. Et devant cette heureuse disposition des
hommes, devant ces fruits miraculeux que le chris.
tianisme a fait naître et qu'il a mûri des feux de sa
charité, il y aurait un peuple qui se lèverait, seul contre
tous, pour opposer son égoïsme à la paix et au bon-
heur du monde? Dans ce cas, espérons, Messieurs, qu'un
autre peuple aussi puissant et mû par des sentiments
plus louables, prendrait en main la cause de l'humanité.
Mais que dis je? Ce peuple ne s'est-il pas tacitement
prononcé par la voix de celui qui le gouverne avec tant
de sagesse? L'Empereur des Français n'a-t-il pas donné
son adhésion au projet de M. de Lesseps? L'indécision
n'est donc plus permise. L'isthme sera percé, une voie
nouvelle sera ouverte au rapprochement des peuples, àla
propagation des lumières et de la foi. Marseille aura sa
large part dans la réalisation de cette grande pensée.
Elle ne lui aura pas en vain prêté l'appui de son assen-
timent et de ses ressources. Sans avoir à jalouser ses
voisines des avantages qu'elles recueilleront du canal
de Suez, elle verra s'accroître encore son commerce et
ses richesses.
» Il était juste que j'entretinsse des amis de la science,
de l'humanité, de la religion, d'un projet qui intéresse
à un si haut point cette trilogie sainte. Il était naturel
qu'à des enfants dévoués de Marseille, à des hommes
qui illustrent leur ville natale de tout ce que l'intelli-
gence et le cœur peuvent donner de fruits précieux, je
fisse entrevoir, dans un avenir prochain, une splendeur
nouvelle pour leur florissante cité.
D Je n'ai pas cru, Messieurs, pouvoir mieux vous ex-
primer ma profonde gratitude pour le témoignage de
haute bienveillance que vous me donnez en ce jour. »
LETTRES SUR LE HEDJAZ.
(Suite et fin) (1).
Le savant jurisconsulte Ibn Hadjer el Asskelam
mentionne dans son livre intitulé Lessan El Mizan, que
suivant le rapport de Ibn Amr, l'un des compagnons
d'armes du prophète, celui-ci aurait dit : « Il viendra
un temps pour les hommes où la meilleure place de
guerre frontière sera la ville de Djeddah. » Le même
auteur en faisant remonter la tradition à Ali Iben, Ali
Thaleb, cousin et gendre de Mahomet, rapporte que le
prophète aurait dit également : « Il y a sur la terre quatre
portes du paradis : Iscanderia ou Alexandrie, Asskelan
ou Ascalon, Karouïu ou Casbin en Perse et Abadat ; or
Djeddad leur est supérieure à toutes, comme la maison
de Dieu est supérieure à toutes les autres demeures. »
L'auteur que j'ai déjà cité, Seid El Fassi, suivant une
tradition qui remonte à Abdallah Ibn Amr, autre com-
pagnon de Mahomet, rapporte dans son ouvrage que
le prophète aurait dit aussi : Certes, la Mecque est un
lieu de Ribath (place de guerre frontière), mais Djeddah
est un lieu de Djihad (terre de guerre sainte). » Le même
auteur dit plus loin dans son même ouvrage, d'après
El Fakehi, qui le tenait de Ibn Djerih, qui le tenait de
son père, lequel en avait reçu la tradition de son aïeul,
qui lui-même l'avait entendu du prophète, que celui-ci
avait dit : «Les mérites de celui qui se bat dans la p'ace
de guerre de Djeddah (Morabeth) ont plus de valeur aux
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