Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1860-08-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 août 1860 01 août 1860
Description : 1860/08/01 (A5,N99). 1860/08/01 (A5,N99).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k65299656
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 255
Perses, craignant que les habitants ne vinssent à man-
quer d'eau, creusèrent et bâtirent soixante-huit grandes
citernes dans l'intérieur de la ville et un égal nombre
en dehors et à proximité des portes. D'après une autre
version ces citernes furent au dedans et au dehors au
nombre égal de 300.
» A quelque temps de là, les Perses durent quitter
Djeddah et la trace de leur occupation s'effaça complé-
ment. La ville resta aussi abandonnée.
» Voici, selon Silah Eddin Ibn Dzahira el Chafeï, cadi
de Djeddah, qui en fait mention dans son histoire de
cette ville, la cause qui détermina l'abandon et le dé-
part des Perses :
» Daoud Ibn Hachem était alors émir ou ouali de la
Mecque ; d'autres disent que c'était Chokr Ibn Hachem
el Husseni. Chaque année, la ville de Djeddah en-
voyait à la Mecque à titre de karadj ou impôt foncier,
une charge de chameau de barres de fer et de cuivre.
Or, il arriva qu'une année le trésorier de la ville se
trompa et envoya comme karadj une charge de barres
d'or. Le cherif se tut sur cette circonstance, et lorsque,
l'année suivante la ville tributaire envoya, suivant l'u-
sage l'impôt d'un charge de barres de fer, il refusa de
recevoir cette redevance et la renvoya aux Djeddaiens
en leur disant : « Certes je n'accepterai de vous autres
que de l'or comme l'année dernière. » Surpris de cette
résolution, les habitants cherchèrent à en connaître la
cause, et ce fut alors qu'ils reconnurent l'erreur gros-
sière de leur trésorier. Vainement ils réclamèrent au-
près du chérif et lui firent observer qu'ils n'avaient
pas les moyens de consacrer en usage permanent ce
qui n'avait pu être que le résultat d'une erreur si mal-
heureuse pour eux. Il leur enjoignit de s'y conformer
à l'avenir ou de quitter Djeddah. Il leur signifia ses or.
dres sous une forme allégorique, et à cet eff t, il lenr
envoya trois pigeons, dont l'un était en parfait état, le
second avait les ailes coupées et le troisième était
égorgé.
« Si vous quittez de suite Djeddah, leur fit-il dire,
* vous serez semblables à ce premier pigeon qui a con-
» servé ses ailes pour fuire, et, comme lui, vous pour-
» rez vous retirer en toute hâte ; si vous retardez
» d'une année, vous serez comme ce second pigeon
: qui est privé de ses ailes, vous serez impuissants et
* a. ma merci, et je me rendrai aisément maître de vous
» tous; si enfin vous ajournez votre départ jusqu'à
» l'année suivante, votre sort sera infailliblement ce-
» lui de cet autre pigeon égorgé. »
Les habitants consternés comprirent facilement ce
langage , et profitèrent bien vite de la liberté d'agir
que, dans sa générosité, le chérif leur avait laissée. Ils
ramassèrent en toute hâte tout ce qu'ils avaient de plus
précieux, s'embarquèrent sur leurs vaisseaux, et, aban-
donnant Djeddah, ils furent se fixer dans le Yemen,
sur la côte de Syrie, à Souakin et dans l'archipel de
Dahlac. La ville de Djeddah ayant été ainsi évacuée,
le chérif la fit occuper par des Arabes venus de diverses
contrées ; par des Merssa, du pays de Merssia dans la
haute Egypte ; par des Hafassa des Beni Hofs venus
du Yemen; par des Dzofer venus du Djebel Sobeh; par
les Beni Karkasse du Caire, par la famille de Medidi de
la vallée de El Mar, par les familles de El Habehalei et
de El Tekerouri.
Ce sont là les premiers habitants d'origine arabe de
Djeddah. Ils formèrent plus tard la notabilité et la no-
blesse de la ville. Depuis, plusieurs de ces familles se
sont éteintes; d'autres existent encore de nos jours.
Il y a sans doute une autre version à l'abandon de
Djeddah par les Perses; car, quelques pages auparavant,
le même auteur dit : « Le premier qui fit de Djeddah le
port de la Mecque fut notre seigneur Othman Ibn Affan,
que Dieu lui soit miséricordieux (troisième calife ou
successeur de Mahomet). Avant cette époque c'était El
Cheïba (à 25 lieues environ au sud de Djeddah, entre
cette ville et Leith), qui était l'échelle maritime de la
Mecque. »
Makrizi dit aussi quelque part, dans son grand
travail sur l'Egypte (extrait de la Chrestomathie de
M. de Sacy) : « Djeddah n'était point un lieu de station
pour les navires avant l'an 25 de l'hégire. Othman y
ayant fait bâtir des habitations, ses gens lui conseil-
lèrent de transporter à Djeddah le port, qui, du temps
du paganisme, était à Schoaïbiyya, ce qu'il fit. »
De tout ce qui précède je conclus que Djeddah exis-
tait avant l'islamisme; que cette ville avait été fondée
vers l'an 600 de J.-C. par une colonie des Perses établis
dans le Yemen, qu'elle dut être abandonnée par ses ha-
bitants un peu avant la mission de Mahomet, époque
à laquelle je fixe l'émirat de Chokr Ibn Hachem el
Hasseni, sous lequel, suivant la version rapportée plus
haut, cet abandon eut lieu, et quelques années plus
tard, en 25 de l'hégire (646 de J.-C.), suivant le rapport
de Makrizi, le calife Othman repeupla la ville et en fit
le port de la Mecque.
Avant de clore cette partie historique de ma lettre,
qui, je le crains fort, vous paraîtra bien ennuyeuse, je
rappellerai ici quelques-unes des traditions religieuses
qui se rattachent à Djeddah et qui sont précieusement
conservées par les musulmans.
A. Roux.
(La fin au prochain numéro.)
AVIS
Les persotmes dont l'abonnement
expire prochainement sont priées de
le renouveler de suite, si elles ne veu-
lent éprouver de retard dans l'envoi
du JO'fr'ft".
Le Gérant : ERNEST DESPLACES.
Perses, craignant que les habitants ne vinssent à man-
quer d'eau, creusèrent et bâtirent soixante-huit grandes
citernes dans l'intérieur de la ville et un égal nombre
en dehors et à proximité des portes. D'après une autre
version ces citernes furent au dedans et au dehors au
nombre égal de 300.
» A quelque temps de là, les Perses durent quitter
Djeddah et la trace de leur occupation s'effaça complé-
ment. La ville resta aussi abandonnée.
» Voici, selon Silah Eddin Ibn Dzahira el Chafeï, cadi
de Djeddah, qui en fait mention dans son histoire de
cette ville, la cause qui détermina l'abandon et le dé-
part des Perses :
» Daoud Ibn Hachem était alors émir ou ouali de la
Mecque ; d'autres disent que c'était Chokr Ibn Hachem
el Husseni. Chaque année, la ville de Djeddah en-
voyait à la Mecque à titre de karadj ou impôt foncier,
une charge de chameau de barres de fer et de cuivre.
Or, il arriva qu'une année le trésorier de la ville se
trompa et envoya comme karadj une charge de barres
d'or. Le cherif se tut sur cette circonstance, et lorsque,
l'année suivante la ville tributaire envoya, suivant l'u-
sage l'impôt d'un charge de barres de fer, il refusa de
recevoir cette redevance et la renvoya aux Djeddaiens
en leur disant : « Certes je n'accepterai de vous autres
que de l'or comme l'année dernière. » Surpris de cette
résolution, les habitants cherchèrent à en connaître la
cause, et ce fut alors qu'ils reconnurent l'erreur gros-
sière de leur trésorier. Vainement ils réclamèrent au-
près du chérif et lui firent observer qu'ils n'avaient
pas les moyens de consacrer en usage permanent ce
qui n'avait pu être que le résultat d'une erreur si mal-
heureuse pour eux. Il leur enjoignit de s'y conformer
à l'avenir ou de quitter Djeddah. Il leur signifia ses or.
dres sous une forme allégorique, et à cet eff t, il lenr
envoya trois pigeons, dont l'un était en parfait état, le
second avait les ailes coupées et le troisième était
égorgé.
« Si vous quittez de suite Djeddah, leur fit-il dire,
* vous serez semblables à ce premier pigeon qui a con-
» servé ses ailes pour fuire, et, comme lui, vous pour-
» rez vous retirer en toute hâte ; si vous retardez
» d'une année, vous serez comme ce second pigeon
: qui est privé de ses ailes, vous serez impuissants et
* a. ma merci, et je me rendrai aisément maître de vous
» tous; si enfin vous ajournez votre départ jusqu'à
» l'année suivante, votre sort sera infailliblement ce-
» lui de cet autre pigeon égorgé. »
Les habitants consternés comprirent facilement ce
langage , et profitèrent bien vite de la liberté d'agir
que, dans sa générosité, le chérif leur avait laissée. Ils
ramassèrent en toute hâte tout ce qu'ils avaient de plus
précieux, s'embarquèrent sur leurs vaisseaux, et, aban-
donnant Djeddah, ils furent se fixer dans le Yemen,
sur la côte de Syrie, à Souakin et dans l'archipel de
Dahlac. La ville de Djeddah ayant été ainsi évacuée,
le chérif la fit occuper par des Arabes venus de diverses
contrées ; par des Merssa, du pays de Merssia dans la
haute Egypte ; par des Hafassa des Beni Hofs venus
du Yemen; par des Dzofer venus du Djebel Sobeh; par
les Beni Karkasse du Caire, par la famille de Medidi de
la vallée de El Mar, par les familles de El Habehalei et
de El Tekerouri.
Ce sont là les premiers habitants d'origine arabe de
Djeddah. Ils formèrent plus tard la notabilité et la no-
blesse de la ville. Depuis, plusieurs de ces familles se
sont éteintes; d'autres existent encore de nos jours.
Il y a sans doute une autre version à l'abandon de
Djeddah par les Perses; car, quelques pages auparavant,
le même auteur dit : « Le premier qui fit de Djeddah le
port de la Mecque fut notre seigneur Othman Ibn Affan,
que Dieu lui soit miséricordieux (troisième calife ou
successeur de Mahomet). Avant cette époque c'était El
Cheïba (à 25 lieues environ au sud de Djeddah, entre
cette ville et Leith), qui était l'échelle maritime de la
Mecque. »
Makrizi dit aussi quelque part, dans son grand
travail sur l'Egypte (extrait de la Chrestomathie de
M. de Sacy) : « Djeddah n'était point un lieu de station
pour les navires avant l'an 25 de l'hégire. Othman y
ayant fait bâtir des habitations, ses gens lui conseil-
lèrent de transporter à Djeddah le port, qui, du temps
du paganisme, était à Schoaïbiyya, ce qu'il fit. »
De tout ce qui précède je conclus que Djeddah exis-
tait avant l'islamisme; que cette ville avait été fondée
vers l'an 600 de J.-C. par une colonie des Perses établis
dans le Yemen, qu'elle dut être abandonnée par ses ha-
bitants un peu avant la mission de Mahomet, époque
à laquelle je fixe l'émirat de Chokr Ibn Hachem el
Hasseni, sous lequel, suivant la version rapportée plus
haut, cet abandon eut lieu, et quelques années plus
tard, en 25 de l'hégire (646 de J.-C.), suivant le rapport
de Makrizi, le calife Othman repeupla la ville et en fit
le port de la Mecque.
Avant de clore cette partie historique de ma lettre,
qui, je le crains fort, vous paraîtra bien ennuyeuse, je
rappellerai ici quelques-unes des traditions religieuses
qui se rattachent à Djeddah et qui sont précieusement
conservées par les musulmans.
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