Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1860-09-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 01 septembre 1860 01 septembre 1860
Description : 1860/09/01 (A5,N101). 1860/09/01 (A5,N101).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k65299671
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
286 L'ISTHME DE SUEZ,
l'agitation du pays, la population devait être désarmée ;
mais en même temps il permettait aux Druses et aux
musulmans d'entrer et de rester dans la ville avec leurs
armes. Rien ne saurait être plus injuste ni plus propre
à montrer qu'il avait de mauvaises intentions. Quand
on lui a demandé officiellement si cela était exact, il
ne Ta pas nié; il a seulement dit qu'à l'avenir il oblige-
rait tout le monde sans exception à livrer les armes. On
lui a demandé de donner cette promesse par écrit, mais
il a refusé, disant qu'après tout il n'était pas en son
pouvoir d'empêcher les Druses d'apporter leurs armes
à Sidon, quoiqu'il eût une garnison de 300 hommes et
du canon et que la ville soit entourée de murs.
» Après la boucherie de Der-el-Kammar et pendant
que la panique régnait à Sidon, Beyrouth même était
menacé, et, sans la présence de plusieurs habitants eu-
ropéens, cette place aurait partagé le sort d'autres villes.
Presque tous les négociants indigènes se sont réfugiés
à Alexandrie. Un musulman a été trouvé tué, ce qui a
produit beaucoup d'agitation ; les musulmans ont in-
sisté pour qu'un chrétien fût exécuté, et un malheu-
reux a été saisi et exécuté en quelques heures ; il était
probablement aussi peu coupable de ce meurtre que les
Européens de Chine.
» Les consuls généraux, ne pouvant plus se fier au
pacha, résolurent d'envoyer 11:10 lettre collective aux
grands chefs des Druses pour les inviter à mettre fin
aux hostilités.
» Des meurtres étaient commis journellement ; Bey-
routh et Sidon étaient menacés, et des milliers de per-
sonnes qui s'étaient réunies dans le Khesrouan s'atten-
daient constamment à une attaque.
» Les chefs druses montrèrent clairement qu'ils n'é-
taient pas les principaux agents de cette guerre ; ils
s'étaient vendus aux pachas, et ils évitèrent de don-
ner une réponse directe.
D Mais cette tentative des consuls généraux réussit
pour le moment. Le pacha entendit parler de la lettre;
il vit qu'il était démasqué et qu'il n'avait plus d'autre
espoir que dans la paix.
Il Nous avons découvert depuis, ce que nous ne fai-
sions alors que soupçonner, qu'une répétition des massa-
cres de Hasbeya et de Der-el Kammar était projetée
dans le Kesiouan. Les Druses devaient marcher jus-
qu'aux confins de ce district, le pacha devait envoyer
une troupe de soldats ottomans « pour maintenir la paix
» et protéger les chrétiens, <> et alors le carnage aurait
commencé et n'aurait probablement cessé qu'après le
massacre de la plus grande partie de la population
chrétienne du Liban par les Druses et les musulmans.
Des milliers d'hommes auraient péri si ce projet avait
été mis à exécution.
» De tout cela il est résulté une déclaration officielle
de paix, à une condition seulement, c'est que les chré-
tiens oublieraient le passé.
» Le pacha joua la farce de convoquer un nombre
égal de représentants des deux races ; mais ceux qui se
présentèrent au nom des chrétiens étaient des traîtres
et avaient été corrompus : et quand même ils auraient
été d'honnêtes gens, ils n'auraient pas. osé faire autre
chose que ce que le pacha ordonnait. Malheureux !
oublier le passé ! Combien de milliers de leurs compa-
triotes sont ruinés et dénués de tout ! Combien de
femmes restent sans protecteurs, sans foyers et dans la
misère! Soixante villes et villages dans le Liban sont
brûlés et cette montagne est devenue un désert !
» On dit que 75,000 personnes sont réduites à la mi-
sère. Ce nombre paraît considérable; mais on pourra
se faire une idée du dépeuplement quand j'aurai dit
que le bâtiment anglais a transporté à Beyrouth, de Si-
don et de la rivière Damûr, 2,400 personnes, des femmes
pour la plupart. Quelques garçons ont pu s'échapper
sous des costumes de femmes. Toute la population vou-
drait quitter le pays. Elle est frappée de terreur, et si
elle pouvait partir, il n'y aurait pas beaucoup de
chrétiens qui resteraient sous la domination turque. »
(L'abondance des matières nous oblige de renvoyer
au prochain numéro la fin de ce document relative
aux affaires de Damas.)
PARTICIPATION DE LA COMPAGNIE UNIVERSELLE
A la souscription en faveur des chrétiens d'Orient.
Les catastrophes de Syrie, les souffrances des chré-
tiens de ces provinces dont nous venons de repro-
duire un si émouvant tableau, ont excité parmi tous les
peuples civilisés, et particulièrement en France, les
plus vives commisératiois. Il y a dans ces contrées
désolées de déchirantes détresses à secourir, d'im-
menses malheurs à réparer; des souscriptions dans
ce but ont été ouvertes dans la presse de toutes les
opinions et presque de tous les pays. Essentiellement
intéressée elle même par sa nature et son objet aux
destinées et au repos de l'Orient, la Compagnie univer-
selle ne pouvait point se montrer indifférente à l'appel
qui a été adressé à tous les cœurs généreux : c'était
pour elle donner un nouveau gage de son attache-
ment et de sa sympathie au gouvernement du sultan,
si profondément affligé par ces événements désastreux;
c'était aussi imiter l'exemple qui lui a été donné par
son illustre fondateur, S. A. le vice roi d'Egypte,
qui a accueilli avec tant d'humanité et de bienfaisance
cette foule d'infortunés qui sont venus demander un
refuge au sol hospitalier de l'Egypte.
Le Conseil d'administration a voté en conséquence,
au profit de la souscription des chrétiens d'Orient,
une somme de 5,000 fr., et cette somme a été versée
à la caisse du Moniteur universel.
ERNEST DESPLACES.
l'agitation du pays, la population devait être désarmée ;
mais en même temps il permettait aux Druses et aux
musulmans d'entrer et de rester dans la ville avec leurs
armes. Rien ne saurait être plus injuste ni plus propre
à montrer qu'il avait de mauvaises intentions. Quand
on lui a demandé officiellement si cela était exact, il
ne Ta pas nié; il a seulement dit qu'à l'avenir il oblige-
rait tout le monde sans exception à livrer les armes. On
lui a demandé de donner cette promesse par écrit, mais
il a refusé, disant qu'après tout il n'était pas en son
pouvoir d'empêcher les Druses d'apporter leurs armes
à Sidon, quoiqu'il eût une garnison de 300 hommes et
du canon et que la ville soit entourée de murs.
» Après la boucherie de Der-el-Kammar et pendant
que la panique régnait à Sidon, Beyrouth même était
menacé, et, sans la présence de plusieurs habitants eu-
ropéens, cette place aurait partagé le sort d'autres villes.
Presque tous les négociants indigènes se sont réfugiés
à Alexandrie. Un musulman a été trouvé tué, ce qui a
produit beaucoup d'agitation ; les musulmans ont in-
sisté pour qu'un chrétien fût exécuté, et un malheu-
reux a été saisi et exécuté en quelques heures ; il était
probablement aussi peu coupable de ce meurtre que les
Européens de Chine.
» Les consuls généraux, ne pouvant plus se fier au
pacha, résolurent d'envoyer 11:10 lettre collective aux
grands chefs des Druses pour les inviter à mettre fin
aux hostilités.
» Des meurtres étaient commis journellement ; Bey-
routh et Sidon étaient menacés, et des milliers de per-
sonnes qui s'étaient réunies dans le Khesrouan s'atten-
daient constamment à une attaque.
» Les chefs druses montrèrent clairement qu'ils n'é-
taient pas les principaux agents de cette guerre ; ils
s'étaient vendus aux pachas, et ils évitèrent de don-
ner une réponse directe.
D Mais cette tentative des consuls généraux réussit
pour le moment. Le pacha entendit parler de la lettre;
il vit qu'il était démasqué et qu'il n'avait plus d'autre
espoir que dans la paix.
Il Nous avons découvert depuis, ce que nous ne fai-
sions alors que soupçonner, qu'une répétition des massa-
cres de Hasbeya et de Der-el Kammar était projetée
dans le Kesiouan. Les Druses devaient marcher jus-
qu'aux confins de ce district, le pacha devait envoyer
une troupe de soldats ottomans « pour maintenir la paix
» et protéger les chrétiens, <> et alors le carnage aurait
commencé et n'aurait probablement cessé qu'après le
massacre de la plus grande partie de la population
chrétienne du Liban par les Druses et les musulmans.
Des milliers d'hommes auraient péri si ce projet avait
été mis à exécution.
» De tout cela il est résulté une déclaration officielle
de paix, à une condition seulement, c'est que les chré-
tiens oublieraient le passé.
» Le pacha joua la farce de convoquer un nombre
égal de représentants des deux races ; mais ceux qui se
présentèrent au nom des chrétiens étaient des traîtres
et avaient été corrompus : et quand même ils auraient
été d'honnêtes gens, ils n'auraient pas. osé faire autre
chose que ce que le pacha ordonnait. Malheureux !
oublier le passé ! Combien de milliers de leurs compa-
triotes sont ruinés et dénués de tout ! Combien de
femmes restent sans protecteurs, sans foyers et dans la
misère! Soixante villes et villages dans le Liban sont
brûlés et cette montagne est devenue un désert !
» On dit que 75,000 personnes sont réduites à la mi-
sère. Ce nombre paraît considérable; mais on pourra
se faire une idée du dépeuplement quand j'aurai dit
que le bâtiment anglais a transporté à Beyrouth, de Si-
don et de la rivière Damûr, 2,400 personnes, des femmes
pour la plupart. Quelques garçons ont pu s'échapper
sous des costumes de femmes. Toute la population vou-
drait quitter le pays. Elle est frappée de terreur, et si
elle pouvait partir, il n'y aurait pas beaucoup de
chrétiens qui resteraient sous la domination turque. »
(L'abondance des matières nous oblige de renvoyer
au prochain numéro la fin de ce document relative
aux affaires de Damas.)
PARTICIPATION DE LA COMPAGNIE UNIVERSELLE
A la souscription en faveur des chrétiens d'Orient.
Les catastrophes de Syrie, les souffrances des chré-
tiens de ces provinces dont nous venons de repro-
duire un si émouvant tableau, ont excité parmi tous les
peuples civilisés, et particulièrement en France, les
plus vives commisératiois. Il y a dans ces contrées
désolées de déchirantes détresses à secourir, d'im-
menses malheurs à réparer; des souscriptions dans
ce but ont été ouvertes dans la presse de toutes les
opinions et presque de tous les pays. Essentiellement
intéressée elle même par sa nature et son objet aux
destinées et au repos de l'Orient, la Compagnie univer-
selle ne pouvait point se montrer indifférente à l'appel
qui a été adressé à tous les cœurs généreux : c'était
pour elle donner un nouveau gage de son attache-
ment et de sa sympathie au gouvernement du sultan,
si profondément affligé par ces événements désastreux;
c'était aussi imiter l'exemple qui lui a été donné par
son illustre fondateur, S. A. le vice roi d'Egypte,
qui a accueilli avec tant d'humanité et de bienfaisance
cette foule d'infortunés qui sont venus demander un
refuge au sol hospitalier de l'Egypte.
Le Conseil d'administration a voté en conséquence,
au profit de la souscription des chrétiens d'Orient,
une somme de 5,000 fr., et cette somme a été versée
à la caisse du Moniteur universel.
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