Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1860-08-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 août 1860 15 août 1860
Description : 1860/08/15 (A5,N100). 1860/08/15 (A5,N100).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6529966m
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 259
UN ARTICLE DU TIMES.
Le Times publie l'article suivant :
« Nous possédons en entier les résolutions des grandes
puissances relativement à l'insurrection syrienne. Elles
sont conçues avec de grandes précautions ou, pour
parler franchement, sur les principes les plus stricts
de défiance mutuelle. Si l'on désire savoir ce que les
grandes puissances pensent les unes des autres et, par
règlements formels et rigoureux elles jugent néces-
saire de circonscrire l'action libre de chacune d'elles,
on n'a qu'a peser avec soin les termes de cette con-
vention, faite sur le désir exprimé par le sultan d'ob-
tenir l'assistance des puissances européennes afin de
rétablir la tranquillité en Syrie. Les grandes puissances
décident d'envoyer dans les provinces agitées une force
n'excédant point douze mille hommes. La moitié de ces
troupes sera fournie par la France, le reste par les
autres puissances, selon qu'on en conviendra. Les trou-
pes doivent agir de concert avec le commissaire du
sultan ; le sultan doit leur procurer des provisions et
faciliter leur marche. L'expédition ne doit pas durer
plus de six mois.
» Ainsi, après un court répit, l'Europe se trouve une
fois encore compromise dans une intervention en Orient,
et ainsi est encore rouverte l'éternelle question d'Orient,
que l'Europe si souvent et si inutilement s'est efforcée
de fermer. Nous n'avons rien à dire aux arrangements
stipulés par cette convention, qui probablement sont les
plus prudents et les meilleurs qu'admette la circonstance.
Eviter toute intervention, après ce qui s'était passé,
était impossible. L'insulte est trop grossière, le tort
trop flagrant, la cruauté trop récente et trop horrible,
pour admettre qu'on puisse les passer sous silence,
même par déférence pour les plus énergiques senti-
ments de jalousie internationale. En fait, la question
d'Orient s'est rouverte d'elle-même. Nous avons jeté ce
que nous avions de meilleur et de plus précieux dans
le gouffre ; mais le gouffre refuse à se combler et
ouvre sa bouche de plus en plus béante, demandant
toujours de nouvelles victimes. Devant intervenir, il
est bon de limiter notre intervention, quant au temps,
quant au nombre et quant à la nation. Nous la rédui-
sons ainsi à un minimum. Le choc reçu par l'influence
du sultan dans ses propres Etats est rendu aussi petit
que possible, et la chance qu'aucune puissance euro-
péenne puisse profiter du malheur public est réduite
dans la même proportion. En tant que des protocoles
y peuvent pourvoir, l'empire a une autre et peut-être
une finale chance de régénération. Si cette occasion
est perdue, toutes les jalousies mutuelles des Etats de
l'Europe ne pourront sauver la Porte d'une chute pro-
chaine et complète. Quelque peu accoutumés que nous
ayons été à compter sur l'habileté du gouvernement
turc pour effectuer aucun de ces progrès que les amis
de notre pays ont si largement et si fréquemment en-
trepris, nous ne nous serions certainement pas imaginé
que dans les quatre ans nous nous serions de nouveau
trouvés lancés sur cet océan orageux de la politique
orientale dont eut l'air de nous délivrer la lutte dé-
sespérée de 1851 et 1855. De tous les essais de la Porte,
lequel a-t-elle accompli ? De tous ses plans d'améliora-
tion, lequel a-t-elle exécuté? L'armée n'est pas payée,
les finances sont en désordre; les rivages du Bosphore
sont couverts de somptueux palais, tandis que les pro-
vinces sont soumises aux extorsions les plus éhontées,
et nous nous éveillons en sursaut de notre rêve d'amé-
liorations par la nouvelle de massacres consommés par
les sujets mahométans du sultan, assistés de ses trou-
pes régulières, avec tout au moins la connivence de son
général. Lord Strattford de Redcliffe nous apprend que
le jour des palliatifs est passé, et nous sommes très-
disposés à être de son avis. Pourtant nous ne sommes
point prêts à adopter en même temps sa suggestion
qu'une conférence des représentants des grandes puis-
sances devrait siéger en permanence à Constantinople
afin de surveiller l'exécution de ces réformes indispen-
sables que le gouvernement a si souvent tentées et dans
lesquelles il a si uniformément échoué. Lorsqu'il en
faudra venir au point de remettre le gouvernement
turc aux mains d'une commission dans laquelle ce gou-
vernement lui-même n'aura pas de voix, le jour des
palliatifs sera loin en effet, et le sultan sera descendu
à une position semblable à celle où nous avons réduit
tant de potentats indiens. Si l'Europe se résout une fois
à ne plus traiter le gouvernement turc comme une
réalité, le jour de la dissolution sera arrivé, et la ques-
tion sera, non de placer ce gouvernement aux mains
d'une commission, mais de partager l'empire entre les
différentes puissances de l'Europe. Nous regarderions
un semblable procédé avec une sérieuse appréhension ;
mais il faudra bien y arriver enfin, à moins que la
Turquie ne se prépare à faire ce qu'elle n'a point fait
jusqu'ici, en s'appliquant à promouvoir les améliorations
intérieures et en adoptant avec un bon système de
finances les doctrines ordinaires de tolérance et d'hu-
manité.
» Sans aucun doute on nous dira, comme on nous l'a
dit plusieurs fois, qu'aucun pays ne fait dans la voie
des améliorations des pas aussi rapides que la Turquie;
que tout ce dont elle a besoin c'est d'être abandonnée à
elle-même pour concentrer toute son énergie sur la re-
constitution de son empire. Si nous acceptions le point
de vue des plus ardents amis de la Turquie, nous de-
vrions croire que l'objet principal de la vie, de l'action,
de la destinée des Anglais est de contribuer à la stabi-
lité du trône du sultan ; mais si elle était appelée à bra-
ver de nouveaux dangers, de nouvelles difficultés pour
le salut de la Turquie, l'Angleterre pourrait répondre
sans déraison qu'elle a fait assez et que désormais la
Turquie doit prendre soin de sa propre conservation.
Nous savons pourtant que ce n'est point là le point de
vue sous lequel on voudrait nous faire agir. On nous
dirait que par crainte des complications qui devraient
nécessairement s'ensuivre, les possessions de la Turquie
en Europe dussent-elles être à jamais un sujet de lutte
et de convoitise entre les grandes puissances, il faut
tout faire et tout endurer plutôt que de permettre que
la Turquie aboutisse à cette extinction finale vers la-
quelle elle semble tendre si constamment. On se récrie-
UN ARTICLE DU TIMES.
Le Times publie l'article suivant :
« Nous possédons en entier les résolutions des grandes
puissances relativement à l'insurrection syrienne. Elles
sont conçues avec de grandes précautions ou, pour
parler franchement, sur les principes les plus stricts
de défiance mutuelle. Si l'on désire savoir ce que les
grandes puissances pensent les unes des autres et, par
règlements formels et rigoureux elles jugent néces-
saire de circonscrire l'action libre de chacune d'elles,
on n'a qu'a peser avec soin les termes de cette con-
vention, faite sur le désir exprimé par le sultan d'ob-
tenir l'assistance des puissances européennes afin de
rétablir la tranquillité en Syrie. Les grandes puissances
décident d'envoyer dans les provinces agitées une force
n'excédant point douze mille hommes. La moitié de ces
troupes sera fournie par la France, le reste par les
autres puissances, selon qu'on en conviendra. Les trou-
pes doivent agir de concert avec le commissaire du
sultan ; le sultan doit leur procurer des provisions et
faciliter leur marche. L'expédition ne doit pas durer
plus de six mois.
» Ainsi, après un court répit, l'Europe se trouve une
fois encore compromise dans une intervention en Orient,
et ainsi est encore rouverte l'éternelle question d'Orient,
que l'Europe si souvent et si inutilement s'est efforcée
de fermer. Nous n'avons rien à dire aux arrangements
stipulés par cette convention, qui probablement sont les
plus prudents et les meilleurs qu'admette la circonstance.
Eviter toute intervention, après ce qui s'était passé,
était impossible. L'insulte est trop grossière, le tort
trop flagrant, la cruauté trop récente et trop horrible,
pour admettre qu'on puisse les passer sous silence,
même par déférence pour les plus énergiques senti-
ments de jalousie internationale. En fait, la question
d'Orient s'est rouverte d'elle-même. Nous avons jeté ce
que nous avions de meilleur et de plus précieux dans
le gouffre ; mais le gouffre refuse à se combler et
ouvre sa bouche de plus en plus béante, demandant
toujours de nouvelles victimes. Devant intervenir, il
est bon de limiter notre intervention, quant au temps,
quant au nombre et quant à la nation. Nous la rédui-
sons ainsi à un minimum. Le choc reçu par l'influence
du sultan dans ses propres Etats est rendu aussi petit
que possible, et la chance qu'aucune puissance euro-
péenne puisse profiter du malheur public est réduite
dans la même proportion. En tant que des protocoles
y peuvent pourvoir, l'empire a une autre et peut-être
une finale chance de régénération. Si cette occasion
est perdue, toutes les jalousies mutuelles des Etats de
l'Europe ne pourront sauver la Porte d'une chute pro-
chaine et complète. Quelque peu accoutumés que nous
ayons été à compter sur l'habileté du gouvernement
turc pour effectuer aucun de ces progrès que les amis
de notre pays ont si largement et si fréquemment en-
trepris, nous ne nous serions certainement pas imaginé
que dans les quatre ans nous nous serions de nouveau
trouvés lancés sur cet océan orageux de la politique
orientale dont eut l'air de nous délivrer la lutte dé-
sespérée de 1851 et 1855. De tous les essais de la Porte,
lequel a-t-elle accompli ? De tous ses plans d'améliora-
tion, lequel a-t-elle exécuté? L'armée n'est pas payée,
les finances sont en désordre; les rivages du Bosphore
sont couverts de somptueux palais, tandis que les pro-
vinces sont soumises aux extorsions les plus éhontées,
et nous nous éveillons en sursaut de notre rêve d'amé-
liorations par la nouvelle de massacres consommés par
les sujets mahométans du sultan, assistés de ses trou-
pes régulières, avec tout au moins la connivence de son
général. Lord Strattford de Redcliffe nous apprend que
le jour des palliatifs est passé, et nous sommes très-
disposés à être de son avis. Pourtant nous ne sommes
point prêts à adopter en même temps sa suggestion
qu'une conférence des représentants des grandes puis-
sances devrait siéger en permanence à Constantinople
afin de surveiller l'exécution de ces réformes indispen-
sables que le gouvernement a si souvent tentées et dans
lesquelles il a si uniformément échoué. Lorsqu'il en
faudra venir au point de remettre le gouvernement
turc aux mains d'une commission dans laquelle ce gou-
vernement lui-même n'aura pas de voix, le jour des
palliatifs sera loin en effet, et le sultan sera descendu
à une position semblable à celle où nous avons réduit
tant de potentats indiens. Si l'Europe se résout une fois
à ne plus traiter le gouvernement turc comme une
réalité, le jour de la dissolution sera arrivé, et la ques-
tion sera, non de placer ce gouvernement aux mains
d'une commission, mais de partager l'empire entre les
différentes puissances de l'Europe. Nous regarderions
un semblable procédé avec une sérieuse appréhension ;
mais il faudra bien y arriver enfin, à moins que la
Turquie ne se prépare à faire ce qu'elle n'a point fait
jusqu'ici, en s'appliquant à promouvoir les améliorations
intérieures et en adoptant avec un bon système de
finances les doctrines ordinaires de tolérance et d'hu-
manité.
» Sans aucun doute on nous dira, comme on nous l'a
dit plusieurs fois, qu'aucun pays ne fait dans la voie
des améliorations des pas aussi rapides que la Turquie;
que tout ce dont elle a besoin c'est d'être abandonnée à
elle-même pour concentrer toute son énergie sur la re-
constitution de son empire. Si nous acceptions le point
de vue des plus ardents amis de la Turquie, nous de-
vrions croire que l'objet principal de la vie, de l'action,
de la destinée des Anglais est de contribuer à la stabi-
lité du trône du sultan ; mais si elle était appelée à bra-
ver de nouveaux dangers, de nouvelles difficultés pour
le salut de la Turquie, l'Angleterre pourrait répondre
sans déraison qu'elle a fait assez et que désormais la
Turquie doit prendre soin de sa propre conservation.
Nous savons pourtant que ce n'est point là le point de
vue sous lequel on voudrait nous faire agir. On nous
dirait que par crainte des complications qui devraient
nécessairement s'ensuivre, les possessions de la Turquie
en Europe dussent-elles être à jamais un sujet de lutte
et de convoitise entre les grandes puissances, il faut
tout faire et tout endurer plutôt que de permettre que
la Turquie aboutisse à cette extinction finale vers la-
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