Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1860-08-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 août 1860 15 août 1860
Description : 1860/08/15 (A5,N100). 1860/08/15 (A5,N100).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6529966m
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
266 L'ISTHME DE SUEZ,
douce ira jusqu'à Ferdane. A Bir-Abou-Ballah se trouve
le campement des travailleurs, qui couchent soit dans
des maisons, soit sous des tentes. Les vivres sont en-
voyés de Toussoumville. Il y a là des cultures, bien que
l'eau des puits soit saumâtre. Le coton, le maïs, le ricin,
les choux, oignons, pastèques, courges et concombres
sont d'une verdure magnifique ; avec l'eau douce du
canal on peut déjà être certain d'obtenir, en culture et
horticulture, les mêmes résultats que dans le reste de
l'Egypte.
» En lisant le récit de M. Aubert-Roche, auquel nous
venons d'emprunter les traits de cette esquisse, on croi-
rait assister dans la vallée de- Josaphat à cette scène du
jugement dernier où les morts sortent de terre, se re-
dressent et secouent leurs linceuls pour renaître en
chair, en os aussi bien qu'en esprit à la vie éternelle.
Oui, n'est-ce pas déjà la vie humaine qui circule dans
ces petits canaux destinés à former le grand canal de
jonction des deux mers, ou plutôt du monde évangélique
et chrétien au vieux monde biblique et moïsiaque? En
contemplant ce qui a été réalisé en si peu de temps par
ce petit groupe de pionniers à peine arrivés en ces con-
trées qui hier encore dormaient du sommeil viginti-
séculaire, il est impossible de ne pas reconnaître que
l'entreprise du percement de l'isthme de Suez fait comme
ce philosophe auquel on niait le mouvement : à ses dé-
tracteurs et à tous les sceptiques e!le répond de sa vi-
talité en marchant, et cette marche doit être saluée par
tous les amis de l'humanité comme bienfaisante et glo-
rieuse ; car qui peut douter qu'une fois le canal frayé,
l'ère de la barbarie ne soit à jamais fermée pour toutes
les populations qui bordent les deux rivages de la mer
Rouge ?
» GUSTAVE CAZAVAN. »
L'EXPÉDITION ANGLO-FRANÇAISE EN CHINE.
L'Opinion nationale du 14 de ce mois publie, sur
l'état des choses et de notre armée en Chine, des dé-
tails que nous croyons de nature à intéresser nos
lecteurs.
« Woo-Sung, 26 mai 1860.
» Lorsque je vous écrivais de Hong-Kong, je pensais
que ma première lettre serait datée de notre point de
débarquement, mais il en a été autrement ; depuis le
19, nous attendons à Woo-Sung les navires qui trans-
portent les objets de campement, pour nous dir.'ger
plus au nord à 150 lieues d'ici, c'est-à-dire vers la pres.
qu'île de Cho-fou , dans la partie sud du golfe de
Pe cheli, non loin du Peï ho.
» Nous ne pensons pas pouvoir partir avant dix ou
quinze jours, ce qui nous contrarie au suprême degré;
car notre séjour, qui se prolonge au delà de toute pré-
vision, devient de plus en plus désagréable. De plus,
nous sommes mouillés à l'embouchure du Han-tse
Kiang (fleuve Bleu), ainsi appelé parce qu'il est jaune,
dans un pays bas, marécageux et malsain, dont l'in-
fluence se fait déjà sentir sur la santé de nos hommes.
n Nous sommes ici en pleine Chine, sans aucun mé- 1
lange européen : aussi ce que nous avons sous les yeux
ne ressemble à rien de ce que nous avons vu jusqu'à
présent. Singapour et Hong-Kong sont peuplés de Chi.
nois actifs, intelligents et industrieux, tandis qu'ici 1
nous avons affaire à une population décrépite, corrom-
pue, pourrie au moral comme au physique, et qui nous
donne une bien misérable idée des ennemis que nous
allons chercher.
,) La ville de Woo-Sung, qui compte quarante mille
habitants, offre le plus triste aspect ; des rues sales,
puantes, tortueuses, larges à peine de quatre à cinq
pieds, ornées de magasins d'où s'échappent des émana-
tions nauséabondes, des habitants lépreux, galeux,
scrofuleux, j'en passe et des meilleurs, couverts de toute
espèce de vermine, tel est le spectacle auquel il nous
est donné d'assister : on se croirait en pleine cour des
Miracles. La popul^tion'de la Chine est tellement nom-
breuse, tellement agglomérée, que le sol ne suffit pas
pour la contenir ; le moindre courant d'eau est couvert
de milliers de barques dans lesquelles grouille dans
un pêle-mêle impossible le trop plein de cette popula-
lation.
» Le Wampoo, un affluent du fleuve dans lequel nous
sommes mouillés, est couvert d'une multitude qu'on ne
peut évaluer à moins de cinquante mille âmes. A côté
de tout cela la campagne offre un contraste frappant ;
là tout est admirablement cultivé, pas un pouce do
terrain n'est perdu. Il existe un système d'irrigations
bien supérieur au nôtre; les fermes sont beaucoup
mieux tenues que dans une grande partie de la France.
On trouve .ici les fruits, les fleurs, les légumes et les
plantes de nos contrées ; les fruits sont cependant moins
bons. La vie y est d'un bon marché fabuleux : une poule
coûte 30 centimes ; un faisan, et il en pleut, 60 cen-
times ; un porc, 3 francs. Le poisson n'a pas de valeur.
Un Chinois vit pour 50 sapèques par jour (25 centimes
de notre monnaie). Il n'y a de cher et d'horriblement
cher que les objets européens.
» En présence d'une terre qui donne deux récoltes
par an, d'une culture si bien entendue et de tant d'au-
tres éléments de richesse, on se demande comment ce
peuple peut être dégradé au point d'avoir perdu le sen-
timent de sa propre dignité et de l'honneur national.
Enclin aux vices les plus bas, il est lâche et tremblant
devant tout Européen. Nous avons vu deux troupiers
ivres mettre en fuite une cinquantaine de Chinois. Il
faut chercher sans doute la cause d'une pareille décré-
pitude dans une civilisation trop vieille et qui n'a pas
fait un pas depuis cinq à six siècles avant l'ère chré-
tienne
» La terre, quelque riche qu'elle soit, ne suffit pas
à nourrir cette population abâtardie : aussi les infanti-
cides y sont passés en habitude ; des milliers de pau-
vres petites créatures sont abandonnées journellement
au courant des eaux, qui plus d'une fois déjà ont ap-
porté leurs cadavres jusqu'à notre bord. Il est à remar-
quer que les filles seules sont victimes de cette barbare
coutume. -
» Ce peuple n'honore pas plus les morts qu'il ne res* 1
il
douce ira jusqu'à Ferdane. A Bir-Abou-Ballah se trouve
le campement des travailleurs, qui couchent soit dans
des maisons, soit sous des tentes. Les vivres sont en-
voyés de Toussoumville. Il y a là des cultures, bien que
l'eau des puits soit saumâtre. Le coton, le maïs, le ricin,
les choux, oignons, pastèques, courges et concombres
sont d'une verdure magnifique ; avec l'eau douce du
canal on peut déjà être certain d'obtenir, en culture et
horticulture, les mêmes résultats que dans le reste de
l'Egypte.
» En lisant le récit de M. Aubert-Roche, auquel nous
venons d'emprunter les traits de cette esquisse, on croi-
rait assister dans la vallée de- Josaphat à cette scène du
jugement dernier où les morts sortent de terre, se re-
dressent et secouent leurs linceuls pour renaître en
chair, en os aussi bien qu'en esprit à la vie éternelle.
Oui, n'est-ce pas déjà la vie humaine qui circule dans
ces petits canaux destinés à former le grand canal de
jonction des deux mers, ou plutôt du monde évangélique
et chrétien au vieux monde biblique et moïsiaque? En
contemplant ce qui a été réalisé en si peu de temps par
ce petit groupe de pionniers à peine arrivés en ces con-
trées qui hier encore dormaient du sommeil viginti-
séculaire, il est impossible de ne pas reconnaître que
l'entreprise du percement de l'isthme de Suez fait comme
ce philosophe auquel on niait le mouvement : à ses dé-
tracteurs et à tous les sceptiques e!le répond de sa vi-
talité en marchant, et cette marche doit être saluée par
tous les amis de l'humanité comme bienfaisante et glo-
rieuse ; car qui peut douter qu'une fois le canal frayé,
l'ère de la barbarie ne soit à jamais fermée pour toutes
les populations qui bordent les deux rivages de la mer
Rouge ?
» GUSTAVE CAZAVAN. »
L'EXPÉDITION ANGLO-FRANÇAISE EN CHINE.
L'Opinion nationale du 14 de ce mois publie, sur
l'état des choses et de notre armée en Chine, des dé-
tails que nous croyons de nature à intéresser nos
lecteurs.
« Woo-Sung, 26 mai 1860.
» Lorsque je vous écrivais de Hong-Kong, je pensais
que ma première lettre serait datée de notre point de
débarquement, mais il en a été autrement ; depuis le
19, nous attendons à Woo-Sung les navires qui trans-
portent les objets de campement, pour nous dir.'ger
plus au nord à 150 lieues d'ici, c'est-à-dire vers la pres.
qu'île de Cho-fou , dans la partie sud du golfe de
Pe cheli, non loin du Peï ho.
» Nous ne pensons pas pouvoir partir avant dix ou
quinze jours, ce qui nous contrarie au suprême degré;
car notre séjour, qui se prolonge au delà de toute pré-
vision, devient de plus en plus désagréable. De plus,
nous sommes mouillés à l'embouchure du Han-tse
Kiang (fleuve Bleu), ainsi appelé parce qu'il est jaune,
dans un pays bas, marécageux et malsain, dont l'in-
fluence se fait déjà sentir sur la santé de nos hommes.
n Nous sommes ici en pleine Chine, sans aucun mé- 1
lange européen : aussi ce que nous avons sous les yeux
ne ressemble à rien de ce que nous avons vu jusqu'à
présent. Singapour et Hong-Kong sont peuplés de Chi.
nois actifs, intelligents et industrieux, tandis qu'ici 1
nous avons affaire à une population décrépite, corrom-
pue, pourrie au moral comme au physique, et qui nous
donne une bien misérable idée des ennemis que nous
allons chercher.
,) La ville de Woo-Sung, qui compte quarante mille
habitants, offre le plus triste aspect ; des rues sales,
puantes, tortueuses, larges à peine de quatre à cinq
pieds, ornées de magasins d'où s'échappent des émana-
tions nauséabondes, des habitants lépreux, galeux,
scrofuleux, j'en passe et des meilleurs, couverts de toute
espèce de vermine, tel est le spectacle auquel il nous
est donné d'assister : on se croirait en pleine cour des
Miracles. La popul^tion'de la Chine est tellement nom-
breuse, tellement agglomérée, que le sol ne suffit pas
pour la contenir ; le moindre courant d'eau est couvert
de milliers de barques dans lesquelles grouille dans
un pêle-mêle impossible le trop plein de cette popula-
lation.
» Le Wampoo, un affluent du fleuve dans lequel nous
sommes mouillés, est couvert d'une multitude qu'on ne
peut évaluer à moins de cinquante mille âmes. A côté
de tout cela la campagne offre un contraste frappant ;
là tout est admirablement cultivé, pas un pouce do
terrain n'est perdu. Il existe un système d'irrigations
bien supérieur au nôtre; les fermes sont beaucoup
mieux tenues que dans une grande partie de la France.
On trouve .ici les fruits, les fleurs, les légumes et les
plantes de nos contrées ; les fruits sont cependant moins
bons. La vie y est d'un bon marché fabuleux : une poule
coûte 30 centimes ; un faisan, et il en pleut, 60 cen-
times ; un porc, 3 francs. Le poisson n'a pas de valeur.
Un Chinois vit pour 50 sapèques par jour (25 centimes
de notre monnaie). Il n'y a de cher et d'horriblement
cher que les objets européens.
» En présence d'une terre qui donne deux récoltes
par an, d'une culture si bien entendue et de tant d'au-
tres éléments de richesse, on se demande comment ce
peuple peut être dégradé au point d'avoir perdu le sen-
timent de sa propre dignité et de l'honneur national.
Enclin aux vices les plus bas, il est lâche et tremblant
devant tout Européen. Nous avons vu deux troupiers
ivres mettre en fuite une cinquantaine de Chinois. Il
faut chercher sans doute la cause d'une pareille décré-
pitude dans une civilisation trop vieille et qui n'a pas
fait un pas depuis cinq à six siècles avant l'ère chré-
tienne
» La terre, quelque riche qu'elle soit, ne suffit pas
à nourrir cette population abâtardie : aussi les infanti-
cides y sont passés en habitude ; des milliers de pau-
vres petites créatures sont abandonnées journellement
au courant des eaux, qui plus d'une fois déjà ont ap-
porté leurs cadavres jusqu'à notre bord. Il est à remar-
quer que les filles seules sont victimes de cette barbare
coutume. -
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