Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1860-08-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 août 1860 01 août 1860
Description : 1860/08/01 (A5,N99). 1860/08/01 (A5,N99).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k65299656
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
254 L'ISTHME DE SUEZ,
ques différentes, la ville de Péluse a été démantelée et
ruinée, et il est peu surprenant qu'il en reste peu de
vestig-es après tant de catastrophes. Il est d'ailleurs
plus que probable que si l'on faisait des fouilles, on
mettrait à découvert des restes plus importants.
Recevez, Monsieur, l'assurance de ma considé-
ration distinguée,
JoilAnD ,
Membre de l'Institut de France.
LETTRES SUR LE HEDJAZ.
(Suite (1).
La dynastie IIimiarite des Tobbas dans le Yemen tou-
chait à sa fin. L'administration tyrannique et les cruau-
tés du dernier de ses princes, Dhou Nowas, issu de
Açad Abou Carib, que les historiens grecs et syriens
désignent sous les noms de Dimion, Dimnus, Dunaan,
en précipita la chute. L'horrible massacre des juifs et
des chrétiens de Nedjeran qu'il ordonna en 523 de J.-C.,
en fut la cause déterminante. Vivement sollicité de ve-
nir au secours des malheureux chrétiens qui gémis-
saient encore sous la dure oppression du cruel Tobba,
l'empereur Justin Ier écrivit au roi (l'Abyssinie, qui pro-
fessait ainsi que ses peuples le christianisme, au prince
ou Nedjachi, appelé par les auteurs grecs Elesbaas, et par
les Éthiopiens, Caleb ou Amda, pour l'engager à faire
passer une armée abyssinienne dans le Yemen et y en-
lever le pouvoir à Dhou Nowas. Le Nedjachi prit lui-
même le commandement de ses troupes, traversa la
mer Rouge et vint débarquer sur les côtes du Yemen,
où il ne tarda pas de livrer une sanglante bataille à
Dhou Nowas, dont l'armée fut taillée en pièce et qui
perdit la vie dans cette terrible mêlée. Cette mémorable
journée doit être fixée au printemps 525 de J -C. ; elle
décida de la dynastie des Tobbas, qui avait régné plus
de cinq siècles.
La domination abyssinienne dans le Yemen ne dura
guère plus d'une cinquantaine d'années et finit vers
515 avec Masrouk, quatrième et dernier vice-roi éthio-
pien. L'exemple du passé n'avait point profité aux
nouveaux maîtres de la contrée, et bientôt leur propre
tyrannie excita si fort la haine au cœur des indigèues
subjugués, mais non soumis, qu'ils résolurent de secouer
le joug des étrangers. Un membre de l'ancienne famille
royale Himiarite, s'étant assuré du concours de nom-
breux conjurés, se rendit en Perse et sollicita les se-
cours du fiesra ou roi Anouchirvan pour chasser les
Ethiopiens de son pays et le placer sous la suzeraineté
de la Perse. Le roi accueillit ses propositions et permit
au prince Himiarite de recruter un corps d'armée dans
ses Etats. Bientôt plus de 3,000 hommes sont enrôlés, et
cette bande d'aventuriers placés sous le commandement
de l'un d'eux, Wahraz le Daylémite, vint aborder sur la
côte d'Arabie, les uns disent à Mayoun, dans le Hadra-
mant; les autres, un peu plus bas, à Aden. Aussitôt, les
(1) Voir le numéro du 1er juillet.
tribus arabes, travaillées depuis longtemps par l'esprit
de révolte, s'insurgent et accourent grossir de leurs
contingents l'effectif des nouveaux envahisseurs. Alar-
mé, le vice-roi éthiopien Masrouk marche contre l'en-
nemi et lui livre bataille ; le sort des armes se déclare
contre lui : son armée est défaite, et lui-même perd la
vie dans cette sanglante journée (515 de J.-C.). C'en était
fait de l'éphémère domination des Abyssins , et à
partir de cette époque jusqu'à l'établissement de l'isla-
misme, l'autorité souveraine du Kesra de Perse s'exerça,
sous la direction des gouverneurs ou vice-rois, dans
l'Oman, le Mahra, le Hadramant et le Yemen.
Ce fut pendant cette dernière période, qui dura de
515 à 630 de J.-C., époque à laquelle l'islamisme com-
mença à s'introduire dans le Yemen, sous le gouverne-
ment du vice-roi Badhan, qui lui-même embrassa la
nouvelle religion, que les Perses fondèrent plusieurs
colonies sur les deux rives de la mer Rouge, et de ce
nombre, très-vraisemblablement, celle de Djeddah. La
date de la fondation de cette ville peut donc être fixée
vers l'année 600 de J.-C.
Voici, maintenant, comment s'exprime l'auteur du
manuscrit dont j'ai parlé plus haut. Ici je ne fais que
traduire :
« Le cheik Djar Allah Ibn Fahdan (que Dieu lui fasse
miséricorde) a dit qu'il existait de son temps à Djed-
dad des ruines nombreuses qui attestaient l'ancienneté
de sa construction première. Il ajoute que c'était une
grande ville, autrefois très-florissante au temps des
Perses, et que Se/man el Farsi, le Persan (1), y était
venu s'établir avec sa famille pour s'y livrer au com-
merce. »
« D'après le même auteur, ce seraient les Perses qui
auraient bâti la première muraille d'enceinte de la ville
de Djeddah, bien qu'un autre historien en attribue la
construction à un certain Derdir Ibn Herirban.
L'opinion la plus accréditée est que cette construction
est due, en termes généraux, aux Perses. Ils appor-
tèrent un grand soin à élever cette muraille, à laquelle
ils donnèrent dix pans ou empans d'épaisseur (chclHr),
et ils la percèrent de quatre portes, la première appe-
lée Bab el Medina, du côté de Syrie; la deuxième, Bab
el Douma, du côté du Yemen; la troisième, Bab el
Meka, du côté sud; la quatrième, enfin, Bab el Forda,
ouvrant sur la mer. En outre, ils creusèrent en de-
hors du mur d'enceinte et parallèlement à lui un large
et profond fossé dans lequel l'eau de la mer pénétrait,
de telle sorte que la ville semblait comme une île au
milieu des flots.
» Ces défenses importantes étant terminées, les
(1) Abou Abdallah Sclman el Farsi, appelé aussi Selman el Khair.
Il était Persan et avait d'abord embrassé le christianisme. Fait captif,
il fut mené à Médine et vendu comme esclave à un juif. Il se présenta
à Mahomet, le reconnut pour prophète et obtint de lui les moyens de
racheter sa liberté. Il s'attacha dès lors a ec cœur à la cause du
prophète, qu'il servit avec zde et dévouement. A son tour Mahomet
lui porta un très-vif attachement, et dans une certaine circonstance
il dit de lui : « Selman est à nous et de notre maison, et certes il
est de ceux à qui le paradis est réservé." Voir l'Essai sur l'histoire
des Arabes, de M. Caussin de Pcrceval, t. III, p. 25 et 131, et Biblio-
thèque orientale de d'Herbelot, p. 802.
ques différentes, la ville de Péluse a été démantelée et
ruinée, et il est peu surprenant qu'il en reste peu de
vestig-es après tant de catastrophes. Il est d'ailleurs
plus que probable que si l'on faisait des fouilles, on
mettrait à découvert des restes plus importants.
Recevez, Monsieur, l'assurance de ma considé-
ration distinguée,
JoilAnD ,
Membre de l'Institut de France.
LETTRES SUR LE HEDJAZ.
(Suite (1).
La dynastie IIimiarite des Tobbas dans le Yemen tou-
chait à sa fin. L'administration tyrannique et les cruau-
tés du dernier de ses princes, Dhou Nowas, issu de
Açad Abou Carib, que les historiens grecs et syriens
désignent sous les noms de Dimion, Dimnus, Dunaan,
en précipita la chute. L'horrible massacre des juifs et
des chrétiens de Nedjeran qu'il ordonna en 523 de J.-C.,
en fut la cause déterminante. Vivement sollicité de ve-
nir au secours des malheureux chrétiens qui gémis-
saient encore sous la dure oppression du cruel Tobba,
l'empereur Justin Ier écrivit au roi (l'Abyssinie, qui pro-
fessait ainsi que ses peuples le christianisme, au prince
ou Nedjachi, appelé par les auteurs grecs Elesbaas, et par
les Éthiopiens, Caleb ou Amda, pour l'engager à faire
passer une armée abyssinienne dans le Yemen et y en-
lever le pouvoir à Dhou Nowas. Le Nedjachi prit lui-
même le commandement de ses troupes, traversa la
mer Rouge et vint débarquer sur les côtes du Yemen,
où il ne tarda pas de livrer une sanglante bataille à
Dhou Nowas, dont l'armée fut taillée en pièce et qui
perdit la vie dans cette terrible mêlée. Cette mémorable
journée doit être fixée au printemps 525 de J -C. ; elle
décida de la dynastie des Tobbas, qui avait régné plus
de cinq siècles.
La domination abyssinienne dans le Yemen ne dura
guère plus d'une cinquantaine d'années et finit vers
515 avec Masrouk, quatrième et dernier vice-roi éthio-
pien. L'exemple du passé n'avait point profité aux
nouveaux maîtres de la contrée, et bientôt leur propre
tyrannie excita si fort la haine au cœur des indigèues
subjugués, mais non soumis, qu'ils résolurent de secouer
le joug des étrangers. Un membre de l'ancienne famille
royale Himiarite, s'étant assuré du concours de nom-
breux conjurés, se rendit en Perse et sollicita les se-
cours du fiesra ou roi Anouchirvan pour chasser les
Ethiopiens de son pays et le placer sous la suzeraineté
de la Perse. Le roi accueillit ses propositions et permit
au prince Himiarite de recruter un corps d'armée dans
ses Etats. Bientôt plus de 3,000 hommes sont enrôlés, et
cette bande d'aventuriers placés sous le commandement
de l'un d'eux, Wahraz le Daylémite, vint aborder sur la
côte d'Arabie, les uns disent à Mayoun, dans le Hadra-
mant; les autres, un peu plus bas, à Aden. Aussitôt, les
(1) Voir le numéro du 1er juillet.
tribus arabes, travaillées depuis longtemps par l'esprit
de révolte, s'insurgent et accourent grossir de leurs
contingents l'effectif des nouveaux envahisseurs. Alar-
mé, le vice-roi éthiopien Masrouk marche contre l'en-
nemi et lui livre bataille ; le sort des armes se déclare
contre lui : son armée est défaite, et lui-même perd la
vie dans cette sanglante journée (515 de J.-C.). C'en était
fait de l'éphémère domination des Abyssins , et à
partir de cette époque jusqu'à l'établissement de l'isla-
misme, l'autorité souveraine du Kesra de Perse s'exerça,
sous la direction des gouverneurs ou vice-rois, dans
l'Oman, le Mahra, le Hadramant et le Yemen.
Ce fut pendant cette dernière période, qui dura de
515 à 630 de J.-C., époque à laquelle l'islamisme com-
mença à s'introduire dans le Yemen, sous le gouverne-
ment du vice-roi Badhan, qui lui-même embrassa la
nouvelle religion, que les Perses fondèrent plusieurs
colonies sur les deux rives de la mer Rouge, et de ce
nombre, très-vraisemblablement, celle de Djeddah. La
date de la fondation de cette ville peut donc être fixée
vers l'année 600 de J.-C.
Voici, maintenant, comment s'exprime l'auteur du
manuscrit dont j'ai parlé plus haut. Ici je ne fais que
traduire :
« Le cheik Djar Allah Ibn Fahdan (que Dieu lui fasse
miséricorde) a dit qu'il existait de son temps à Djed-
dad des ruines nombreuses qui attestaient l'ancienneté
de sa construction première. Il ajoute que c'était une
grande ville, autrefois très-florissante au temps des
Perses, et que Se/man el Farsi, le Persan (1), y était
venu s'établir avec sa famille pour s'y livrer au com-
merce. »
« D'après le même auteur, ce seraient les Perses qui
auraient bâti la première muraille d'enceinte de la ville
de Djeddah, bien qu'un autre historien en attribue la
construction à un certain Derdir Ibn Herirban.
L'opinion la plus accréditée est que cette construction
est due, en termes généraux, aux Perses. Ils appor-
tèrent un grand soin à élever cette muraille, à laquelle
ils donnèrent dix pans ou empans d'épaisseur (chclHr),
et ils la percèrent de quatre portes, la première appe-
lée Bab el Medina, du côté de Syrie; la deuxième, Bab
el Douma, du côté du Yemen; la troisième, Bab el
Meka, du côté sud; la quatrième, enfin, Bab el Forda,
ouvrant sur la mer. En outre, ils creusèrent en de-
hors du mur d'enceinte et parallèlement à lui un large
et profond fossé dans lequel l'eau de la mer pénétrait,
de telle sorte que la ville semblait comme une île au
milieu des flots.
» Ces défenses importantes étant terminées, les
(1) Abou Abdallah Sclman el Farsi, appelé aussi Selman el Khair.
Il était Persan et avait d'abord embrassé le christianisme. Fait captif,
il fut mené à Médine et vendu comme esclave à un juif. Il se présenta
à Mahomet, le reconnut pour prophète et obtint de lui les moyens de
racheter sa liberté. Il s'attacha dès lors a ec cœur à la cause du
prophète, qu'il servit avec zde et dévouement. A son tour Mahomet
lui porta un très-vif attachement, et dans une certaine circonstance
il dit de lui : « Selman est à nous et de notre maison, et certes il
est de ceux à qui le paradis est réservé." Voir l'Essai sur l'histoire
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