Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1860-08-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 01 août 1860 01 août 1860
Description : 1860/08/01 (A5,N99). 1860/08/01 (A5,N99).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k65299656
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 253 ,
toute l'ancienne géographie. J'oubliais Tamiathis
(Damiette) et Paralus, au lac Bourlos, extension de
l'ancien lacus Buticus.
On peut donc croire, comme je l'ai déjà dit, que
M. le capitaine Spratt, dans ses recherches sur l'em-
placement de Péluse, semble être parti de cette idée
fixe (1) : « Il est impossible que la côte ne se soit pas
allongée considérablement en deux mille ans; ni
Faramah, qui est sur le bord de la mer, ni Tynéh, ne
peuvent donc être Péluse; Péluse est nécessairement
dans l'intérieur des terres ; par exemple à Défeyneh
ou aux environs. »
Défeyneh est à neuf ou dix lieues de la mer. L'E-
gypte se serait donc avancée en dix huit siècles de
neuf à dix lieues, c'est-à-dire par siècle d'environ une
demi-lieue. Il est impossible que les alluvions aient
produit un pareil changement, et s'il est vrai qu'elles
en produisent un quelconque, M. le capitaine Spratt
n'a pas réfléchi que chaque année n'apporte pas une
égale quantité de limon : la différence des crues en
est la cause. En outre, ce n'est pas un dépôt tran-
quille et régulier qui se fait chaque année d'une
manière constante et régulière. Les mouvements de
la mer, plus ou moins violents et toujours variables
d'une année à l'autre, emportent la plus grande par-
tie du limon déposé, le dispersent et l'entraînent au
large. C'est quelque chose de semblable que nous
avons souvent observé sur le cours même du Nil. Le
dépôt du fleuve, produit de plusieurs années, est
quelquefois enlevé tout entier, dans une année de
grande inondation, par la force et la rapidité du
courant ; les îles sont déplacées ; une année, la rive
droite empiète sur le Nil au détriment de la rive
gauche, et l'année d'après c'est l'inverse. Il y a donc
tout lieu de croire que le progrès sur un point dé-
terminé est très-lent et très-peu considérable, même
au bout d'un très-long temps.
M. Spratt a fait quelques essais pour apprécier les
changements qui s'opèrent sur la côte d'Egypte : ces
expériences ne peuvent nullement donner la mesure
de l'accroissement des terres; la grande accumula-
tion des sables qu'il dit y avoir remarquée est le pro-
duit des roches calcaires, usées par le frottement des
vagues, comme nous l'avions observé pendant l'expé-
dition française (2) et comme on vient de le constater
par des observations récentes. Les changements, les
déplacements dans les embouchures, dans les boghûz
ou barres des canaux, la formation de nouvelles bou-
ches, telles que celle de Ghemileh, celle de Dybeh, ne
prouvent pas davantage que le Nil dépose de ce côté
(1) On ne veut pas nier d'une manière absolue l'empiétement du
sol de l'Egypte sur la mer : il est réel; mais il est iufiniment moin-
dre qu'on ne pense, il n'est que partiel, loin d'être général. D'un
autre côté, il a été quelquefois inverse, par exemple entre Aboukir
et Rosette, entre le cap Bourlos et Damiette.
(2) Voyez Décade égyptienne, t. II, p. 75.
une grande quantité d'alluvions. Les changements
de cours dans les canaux du Nil sont fréquente, et
l'on en voit un exemple dans le passage de Josèphe
l'historien, qui raconte que Titus venant d'Alexandrie
et allant à Jérusalem, traversa la branche pélusia-
que après avoir visité Péluse. Cette branche s'est
donc détournée vers l'ouest.
On a encore fait cette objection, qu'on ne trouvait
pas à Tynéh un grand nombre de vestiges de l'anti-
quité comme on pouvait en supposer dans les restes
d'une ville comme Péluse : faut-il s'en étonner? D'a-
bord cette ville frontière n'était pas d'une grande
étendue, bien qu'Ammien Marcellin l'appelle une ville
fameuse, oppidum nobile (1. XXII). Une enceinte qui
était de vingt stades, comme nous l'apprend Strabon,
ne suppose qu'un diamètre d'environ douze cents
mètres ; ensuite, il faut se souvenir que sous Omar
on fil le siège de Péluse, et que ce siège dura trente
jours. C'était moins une grande cité qu'une place
forte, la clef de l'Egypte, robur JEgypti, comme on le
lit dans la Bible (Ezechiel, ch. XXXIII, v. 15, 16). Le
château qui était à Tynéh s'est écroulé. On voit en-
core des colonnes dans les ruines de Tynéh, et l'on
y a trouvé des médailles (1).
Après tant de preuves accumulées, faut-il alléguer
d'autres autorités? Il semble que ce serait superflu;
et cependant je suis tenté de citer encore un témoi-
gnage d'Edrisi, le premier des géographes arabes (2).
Dans la première moitié du XIIe siècle il disait : Col-
zoum est à sept journées de Farama. On compte
120,000 mètres de Suez à Tynéh comme à Farama;
ce sont de petites journées d'à peine 17,000 mètres
(trois à quatre petites lieues) ; que serait-ce si l'on
rapprochait Péluse jusqu'à Defeyneh?
Il est regrettable que Diodore de Sicile (3), qui a
décrit avec tant de détails le siège de Péluse au temps
d'Artaxerxe, n'ait pas parlé de sa situation par rap-
port à d'autres positions connues; mais il établit du
moins que la ville était environnée de marais, d'en-
droits fangeux, sortes de gouffres (barathra), restes,
probablement, de l'ancien cours de la branche pélu-
siaque, laquelle plus tard, au temps des Romains,
s'est portée du côté de l'oue t. Au commencement du
XIIe siècle, en 1118, Baudoin, le roi de Jérusalem,
fit une descente en Egypte, attaqua la très-ancienne
ville de Pharamia, et la détruisit presque de fond en
comble, puis la livra en proie à ses soldats (Guillaume
de Tyr, liv. xi, p. 508, 509). Un demi-siècle après, la
ville eut encore à souffrir d'une autre expédition d'A-
maury, roi de Jérusalem. Ainsi, à trois ou quatre épo-
(1) Itécade égyptienne, t. I", mémoire du général Andréossy sur
le lac Menzaleh. Le nom de Tell-el-Faddad veut dire colline des
pièces de monnaie, à cause des monnaies qu'on y trouve.
(2) Voyez les Mémoires de la Société de géographie de Paris.
(3) Au livre XVI de son histoire.
toute l'ancienne géographie. J'oubliais Tamiathis
(Damiette) et Paralus, au lac Bourlos, extension de
l'ancien lacus Buticus.
On peut donc croire, comme je l'ai déjà dit, que
M. le capitaine Spratt, dans ses recherches sur l'em-
placement de Péluse, semble être parti de cette idée
fixe (1) : « Il est impossible que la côte ne se soit pas
allongée considérablement en deux mille ans; ni
Faramah, qui est sur le bord de la mer, ni Tynéh, ne
peuvent donc être Péluse; Péluse est nécessairement
dans l'intérieur des terres ; par exemple à Défeyneh
ou aux environs. »
Défeyneh est à neuf ou dix lieues de la mer. L'E-
gypte se serait donc avancée en dix huit siècles de
neuf à dix lieues, c'est-à-dire par siècle d'environ une
demi-lieue. Il est impossible que les alluvions aient
produit un pareil changement, et s'il est vrai qu'elles
en produisent un quelconque, M. le capitaine Spratt
n'a pas réfléchi que chaque année n'apporte pas une
égale quantité de limon : la différence des crues en
est la cause. En outre, ce n'est pas un dépôt tran-
quille et régulier qui se fait chaque année d'une
manière constante et régulière. Les mouvements de
la mer, plus ou moins violents et toujours variables
d'une année à l'autre, emportent la plus grande par-
tie du limon déposé, le dispersent et l'entraînent au
large. C'est quelque chose de semblable que nous
avons souvent observé sur le cours même du Nil. Le
dépôt du fleuve, produit de plusieurs années, est
quelquefois enlevé tout entier, dans une année de
grande inondation, par la force et la rapidité du
courant ; les îles sont déplacées ; une année, la rive
droite empiète sur le Nil au détriment de la rive
gauche, et l'année d'après c'est l'inverse. Il y a donc
tout lieu de croire que le progrès sur un point dé-
terminé est très-lent et très-peu considérable, même
au bout d'un très-long temps.
M. Spratt a fait quelques essais pour apprécier les
changements qui s'opèrent sur la côte d'Egypte : ces
expériences ne peuvent nullement donner la mesure
de l'accroissement des terres; la grande accumula-
tion des sables qu'il dit y avoir remarquée est le pro-
duit des roches calcaires, usées par le frottement des
vagues, comme nous l'avions observé pendant l'expé-
dition française (2) et comme on vient de le constater
par des observations récentes. Les changements, les
déplacements dans les embouchures, dans les boghûz
ou barres des canaux, la formation de nouvelles bou-
ches, telles que celle de Ghemileh, celle de Dybeh, ne
prouvent pas davantage que le Nil dépose de ce côté
(1) On ne veut pas nier d'une manière absolue l'empiétement du
sol de l'Egypte sur la mer : il est réel; mais il est iufiniment moin-
dre qu'on ne pense, il n'est que partiel, loin d'être général. D'un
autre côté, il a été quelquefois inverse, par exemple entre Aboukir
et Rosette, entre le cap Bourlos et Damiette.
(2) Voyez Décade égyptienne, t. II, p. 75.
une grande quantité d'alluvions. Les changements
de cours dans les canaux du Nil sont fréquente, et
l'on en voit un exemple dans le passage de Josèphe
l'historien, qui raconte que Titus venant d'Alexandrie
et allant à Jérusalem, traversa la branche pélusia-
que après avoir visité Péluse. Cette branche s'est
donc détournée vers l'ouest.
On a encore fait cette objection, qu'on ne trouvait
pas à Tynéh un grand nombre de vestiges de l'anti-
quité comme on pouvait en supposer dans les restes
d'une ville comme Péluse : faut-il s'en étonner? D'a-
bord cette ville frontière n'était pas d'une grande
étendue, bien qu'Ammien Marcellin l'appelle une ville
fameuse, oppidum nobile (1. XXII). Une enceinte qui
était de vingt stades, comme nous l'apprend Strabon,
ne suppose qu'un diamètre d'environ douze cents
mètres ; ensuite, il faut se souvenir que sous Omar
on fil le siège de Péluse, et que ce siège dura trente
jours. C'était moins une grande cité qu'une place
forte, la clef de l'Egypte, robur JEgypti, comme on le
lit dans la Bible (Ezechiel, ch. XXXIII, v. 15, 16). Le
château qui était à Tynéh s'est écroulé. On voit en-
core des colonnes dans les ruines de Tynéh, et l'on
y a trouvé des médailles (1).
Après tant de preuves accumulées, faut-il alléguer
d'autres autorités? Il semble que ce serait superflu;
et cependant je suis tenté de citer encore un témoi-
gnage d'Edrisi, le premier des géographes arabes (2).
Dans la première moitié du XIIe siècle il disait : Col-
zoum est à sept journées de Farama. On compte
120,000 mètres de Suez à Tynéh comme à Farama;
ce sont de petites journées d'à peine 17,000 mètres
(trois à quatre petites lieues) ; que serait-ce si l'on
rapprochait Péluse jusqu'à Defeyneh?
Il est regrettable que Diodore de Sicile (3), qui a
décrit avec tant de détails le siège de Péluse au temps
d'Artaxerxe, n'ait pas parlé de sa situation par rap-
port à d'autres positions connues; mais il établit du
moins que la ville était environnée de marais, d'en-
droits fangeux, sortes de gouffres (barathra), restes,
probablement, de l'ancien cours de la branche pélu-
siaque, laquelle plus tard, au temps des Romains,
s'est portée du côté de l'oue t. Au commencement du
XIIe siècle, en 1118, Baudoin, le roi de Jérusalem,
fit une descente en Egypte, attaqua la très-ancienne
ville de Pharamia, et la détruisit presque de fond en
comble, puis la livra en proie à ses soldats (Guillaume
de Tyr, liv. xi, p. 508, 509). Un demi-siècle après, la
ville eut encore à souffrir d'une autre expédition d'A-
maury, roi de Jérusalem. Ainsi, à trois ou quatre épo-
(1) Itécade égyptienne, t. I", mémoire du général Andréossy sur
le lac Menzaleh. Le nom de Tell-el-Faddad veut dire colline des
pièces de monnaie, à cause des monnaies qu'on y trouve.
(2) Voyez les Mémoires de la Société de géographie de Paris.
(3) Au livre XVI de son histoire.
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