Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1860-07-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 15 juillet 1860 15 juillet 1860
Description : 1860/07/15 (A5,N98). 1860/07/15 (A5,N98).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6529964s
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 237
nople, ni de la reconnaissance, ni de l'indépendance,
ni de la sagesse de la Porte. Le moment d'ailleurs
serait malheureusement choisi pour exalter ainsi la
subordination de la Turquie à une seule puissance
au détriment de toutes les autres, et spécialement
de celle qui lui a tendu dans ses plus rudes épreu-
ves une main si secourable! Mais nous saurons,
lorsque le Morning Post nous parle de ses espérances
dans l'opposition de la Turquie relativement au per-
cement de l'isthme, qu'il faut sous-entendre l'oppo-
sition de la diplomatie anglaise s'imposant à Cons-
tantinople.
Pour ce qui est de l'influence française en Egypte,
la thèse est différente : la France a toujours témoi-
gné à ce beau pays une vive et amicale sollicitude ;
toutefois elle n'y a pas ambitionné, elle n'y ambitionne
aucune influence exclusive. Elle se contente de l'en-
courager dans ses progrès, d'applaudir à sa pros-
périté avouée par le correspondant lui-même, et de le
tenir à l'abri des convoitises qui peut-être vou-
draient le voir mal gouverné et malheureux pour
avoir le prétexte d'y porter le bienfait de leur do-
mination. L'influence exclusive de la France en
Egypte est si bien une chimère que le correspondant
ne peut s'empêcher de constater toutes les conces-
sions qui ont été faites à l'influence britannique :
ainsi; le chemin de fer du Caire à Suez, que nos voi-
sins appellent un chemin anglais; ainsi, l'établis-
sement du télégraphe électrique entre les Indes et
Alexandrie, et enfin la confiante générosité avec la-
quelle, pendant l'insurrection indienne, le gouverne-
ment égyptien a permis aux forces anglaises de tra-
verser non territoire pour accourir plus promptement
sur le théâtre de la guerre. Que de clameurs dans le
Morning Post si, dans des circonstances analogues, la
France avait obtenu des faveurs aussi nombreu-
ses et aussi importantes ! Et armé de tels faits, c'est
alors certes qu'il eût pu dire que l'influence française
tendait à devenir prépondérante et exclusive en
Egypte.
Le gouvernement anglais, il est vrai, comme le fait
observer le Morning Post, a payé tous ces services par
la plus parfaite indifférence. Le correspondant l'en
gourmande; est-il lui-même plus reconnaissant?
Au moment où il énumère tous ces titres du vice-roi à
la gratitude britannique, devrait-il lui-même conclure
que ce prince n'a des yeux que pour la France et que
des rigueurs pour l'Angleterre ?
Mais ce thème était indispensable au correspondant
pour arriver à son but, au but d'exciter la mauvaise
humeur du peuple anglais contre l'Egypte et sa ja-
lousie et sa défiance de la France. Il espère dépopu-
lariser le canal parmi ses concitoyens en le repré-
sentant comme une pensée française, une œuvre fran-
çaise, un empiétement français, et dès lors, il ne
recule plus devant les contradictions les plus mani-
festes. Vidons pourtant cette question pour une bonne
fois.
Nous avons déjà répété et prouvé bien souvent
que l'entreprise du percement de l'isthme avait
essentiellement un caractère universel, qu'elle était
l'afpiration unanime de la civilisation moderne. Son
grand crime aux yeux de ses ennemis insulaires,
c'est d'être née, selon eux, de l'initiative d'un Fran-
çais. Eh bien! cette accusation elle-même est sans
fondement : la pensée, l'initiative de ce magnifique
travail appartient à Mohammed-Saïd, c'est lui qui
l'a méditée et c'est lui qui l'a voulue. C'est à lui d'a-
bord et avant tous que la postérité doit en faire re-
monter l'honneur, c'est un hommage que nous lui
devons et que nous aimons à lui rendre. Le percement
de l'isthme de Suez n'a pas une origine française, il
a purement et simplement une origine égyptienne.
Il ne fallait qu'un grand esprit à la tête de l'Egypte
pour mesurer ce que ce pays et l'empire ottoman tout
entier pouvaient retirer d'ascendant et d'avantages
d'une semblable conception qui n'avait pas échappé
au génie de Mehemed-Ali.
Pourtant l'influence française elle-même, comment
a t-elle procédé dans cette circonstance? Nous affir-
mons qu'au moment où 4t première concession a été
signée en 1854, le gouvernement français n'avait
nulle connaissance du projet, qui ne lui a été com-
muniqué que par la circulaire adressée à tous les re-
présentants des puissances à Alexandrie, après la si-
gnature de l'acte. Sans doute, dès lors toute -sa sym-
pathie a été acquise à l'entreprise, mais encore il
s'est abstenu de toute action en sa faveur, à Cons-
tantinople et au Caire, quoique le gouvernement an-
glais ne lui donnttt pas l'exemple d'une telle impartia-
lité. Il voulait se laisser prononcer dans toute leur
indépendance les gouvernements et les peuples; c'est à
l'opinion du monde qu'il a abandonné le soin d'emporter
cette conquête du progrès. Il n'est intervenu que le
jour où la Compagnie constituée, les capitaux réunis,
les travaux préparatoires en pleine exécution, il a
dû défendre l'intérêt de ses nationaux contre une
pression étrangère s'exerçant à Constantinople. Ce n'est
donc point l'influence française qui a pesé en Egypte
pour l'œuvre du canal de Suez. Cette œuvre est due à
l'initiative du gouvernement égyptien, elle est due au
concours des capitalistes français et étrangers, elle
est due à l'irrésistible empire de l'opinion universelle;
elle est due, en un mot, à tout ce qu'il y a de légi-
time, de moral, de généreux et de fraternel parmi les
associations humaines; elle n'a rien de commun avec
uue intrigue de politique, ou une ambition de natio-
nalité.
C'est certainement cette grande vérité qui effraie
et désespère le correspondant du Morning Post, et
c'est pour cela sans doute qu'il fait tout pour l'obs-
curcir. Mais il sent l'impuissance de ses efforts, et
nople, ni de la reconnaissance, ni de l'indépendance,
ni de la sagesse de la Porte. Le moment d'ailleurs
serait malheureusement choisi pour exalter ainsi la
subordination de la Turquie à une seule puissance
au détriment de toutes les autres, et spécialement
de celle qui lui a tendu dans ses plus rudes épreu-
ves une main si secourable! Mais nous saurons,
lorsque le Morning Post nous parle de ses espérances
dans l'opposition de la Turquie relativement au per-
cement de l'isthme, qu'il faut sous-entendre l'oppo-
sition de la diplomatie anglaise s'imposant à Cons-
tantinople.
Pour ce qui est de l'influence française en Egypte,
la thèse est différente : la France a toujours témoi-
gné à ce beau pays une vive et amicale sollicitude ;
toutefois elle n'y a pas ambitionné, elle n'y ambitionne
aucune influence exclusive. Elle se contente de l'en-
courager dans ses progrès, d'applaudir à sa pros-
périté avouée par le correspondant lui-même, et de le
tenir à l'abri des convoitises qui peut-être vou-
draient le voir mal gouverné et malheureux pour
avoir le prétexte d'y porter le bienfait de leur do-
mination. L'influence exclusive de la France en
Egypte est si bien une chimère que le correspondant
ne peut s'empêcher de constater toutes les conces-
sions qui ont été faites à l'influence britannique :
ainsi; le chemin de fer du Caire à Suez, que nos voi-
sins appellent un chemin anglais; ainsi, l'établis-
sement du télégraphe électrique entre les Indes et
Alexandrie, et enfin la confiante générosité avec la-
quelle, pendant l'insurrection indienne, le gouverne-
ment égyptien a permis aux forces anglaises de tra-
verser non territoire pour accourir plus promptement
sur le théâtre de la guerre. Que de clameurs dans le
Morning Post si, dans des circonstances analogues, la
France avait obtenu des faveurs aussi nombreu-
ses et aussi importantes ! Et armé de tels faits, c'est
alors certes qu'il eût pu dire que l'influence française
tendait à devenir prépondérante et exclusive en
Egypte.
Le gouvernement anglais, il est vrai, comme le fait
observer le Morning Post, a payé tous ces services par
la plus parfaite indifférence. Le correspondant l'en
gourmande; est-il lui-même plus reconnaissant?
Au moment où il énumère tous ces titres du vice-roi à
la gratitude britannique, devrait-il lui-même conclure
que ce prince n'a des yeux que pour la France et que
des rigueurs pour l'Angleterre ?
Mais ce thème était indispensable au correspondant
pour arriver à son but, au but d'exciter la mauvaise
humeur du peuple anglais contre l'Egypte et sa ja-
lousie et sa défiance de la France. Il espère dépopu-
lariser le canal parmi ses concitoyens en le repré-
sentant comme une pensée française, une œuvre fran-
çaise, un empiétement français, et dès lors, il ne
recule plus devant les contradictions les plus mani-
festes. Vidons pourtant cette question pour une bonne
fois.
Nous avons déjà répété et prouvé bien souvent
que l'entreprise du percement de l'isthme avait
essentiellement un caractère universel, qu'elle était
l'afpiration unanime de la civilisation moderne. Son
grand crime aux yeux de ses ennemis insulaires,
c'est d'être née, selon eux, de l'initiative d'un Fran-
çais. Eh bien! cette accusation elle-même est sans
fondement : la pensée, l'initiative de ce magnifique
travail appartient à Mohammed-Saïd, c'est lui qui
l'a méditée et c'est lui qui l'a voulue. C'est à lui d'a-
bord et avant tous que la postérité doit en faire re-
monter l'honneur, c'est un hommage que nous lui
devons et que nous aimons à lui rendre. Le percement
de l'isthme de Suez n'a pas une origine française, il
a purement et simplement une origine égyptienne.
Il ne fallait qu'un grand esprit à la tête de l'Egypte
pour mesurer ce que ce pays et l'empire ottoman tout
entier pouvaient retirer d'ascendant et d'avantages
d'une semblable conception qui n'avait pas échappé
au génie de Mehemed-Ali.
Pourtant l'influence française elle-même, comment
a t-elle procédé dans cette circonstance? Nous affir-
mons qu'au moment où 4t première concession a été
signée en 1854, le gouvernement français n'avait
nulle connaissance du projet, qui ne lui a été com-
muniqué que par la circulaire adressée à tous les re-
présentants des puissances à Alexandrie, après la si-
gnature de l'acte. Sans doute, dès lors toute -sa sym-
pathie a été acquise à l'entreprise, mais encore il
s'est abstenu de toute action en sa faveur, à Cons-
tantinople et au Caire, quoique le gouvernement an-
glais ne lui donnttt pas l'exemple d'une telle impartia-
lité. Il voulait se laisser prononcer dans toute leur
indépendance les gouvernements et les peuples; c'est à
l'opinion du monde qu'il a abandonné le soin d'emporter
cette conquête du progrès. Il n'est intervenu que le
jour où la Compagnie constituée, les capitaux réunis,
les travaux préparatoires en pleine exécution, il a
dû défendre l'intérêt de ses nationaux contre une
pression étrangère s'exerçant à Constantinople. Ce n'est
donc point l'influence française qui a pesé en Egypte
pour l'œuvre du canal de Suez. Cette œuvre est due à
l'initiative du gouvernement égyptien, elle est due au
concours des capitalistes français et étrangers, elle
est due à l'irrésistible empire de l'opinion universelle;
elle est due, en un mot, à tout ce qu'il y a de légi-
time, de moral, de généreux et de fraternel parmi les
associations humaines; elle n'a rien de commun avec
uue intrigue de politique, ou une ambition de natio-
nalité.
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