Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1860-08-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 août 1860 01 août 1860
Description : 1860/08/01 (A5,N99). 1860/08/01 (A5,N99).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k65299656
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
252 L'ISTHME DE SUEZ,
lée de Saba-Byâr, Mataryeh, Batn-el-Bakarah ou
le ventre de la vache (peut-être Beçons), et enfin
Suez. Appliquant le compas sur la carte de la basse
Egypte, on trouve, respectivement aussi, les inter-
valles suivants : 1° trois cents stades de six cents au
degré; 2° quinze cents stades pareils; 30 vingt-cinq
schœnes ou sept cent cinquante stades ; 40 huit cent
dix stades (au lieu de huit cent dix-sept).
Ces grandes distances sont encore plus concluantes
que les courts intervalles, et un tel accord confirme
pleinement la conjecture que nous avons émise il y a
longtemps, savoir qu'il existait de temps immémorial
une carte plate de l'Egypte faite d'après des mesures
effectives (1) ; on sait d'ailleurs que les Egyptiens
avaient un cadastre et connaissaient l'exacte superficie
de l'Egypte, à une coudée près, dit un auteur ancien.
On sait aussi, d'après Clément d'Alexandrie, qu'ils pos-
sédaient des traités de géométrie, d'arpentage et de
cosmographie ; les hiérogrammates étaient obligés
de connaître la chorographie de l'Egypte et le cours
du Nil.
Je n'ai pas cité une grande distance de neuf cents
stades donnée par un auteur ancien, celle d'Héroopolis
à Péluse, parce qu'il reste de l'incertitude sur la posi-
tion de cette ancienne ville : le nombre lui-même de
neuf cents est incertain. Au reste, toutes les distances
précédentes et leur accord sont assez concluantes pour
montrer que Tynéh, placé à l'intersection de toutes
ces lignes, est bien le lieu que Pelusium a occupé.
Toutefois je dois encore emprunter un exemple à la
Table théodosienne ; on y voit marquée une distance
de Péluse à Sethrum ou Heracleum, égale à XXIII mil-
les ; c'est la même que celle de xxn milles citée plus
haut et qui concorde naturellement avec le terrain.
Je ne cite pas une distance donnée par Scylax, en
nombre rond et trop vague, des confins de la Syrie à
la bouche pélusiaque, ni le contour de la côte d'Egypte
à partir de Péluse; mais je citerai volontiers la carte
d'Edrisi du XIIe siècle, le plus précieux monument de la
géographie arabe. Cette carte, encore inédite (2), était
restée jusqu'à ces derniers temps tout à fait inconnue;
or il est bien plus facile de comparer entre elles les po-
sitions quand on a le secours d'une carte que sur une
simple description. L'imperfection du tracé est rachetée
par l'ancienneté du document. On peut croire que le
géographe du roi Roger de Sicile avait sous les yeux
d'assez bons matériaux quand il composa pource prince
une description et une mappe du monde connu de son
temps. On ne voit pas figurer sur la carte toutes les
sept branches du Nil ; on n'y voit pas non plus le
nom de Tynéh; mais sur le bord de la mer le nom de
(1) Voyez Exposition du système métrique des anciens Eqyp-
tiens, cliap. XII, page 436, deuxième édition de la Description de
l'Egypte, in-8".
(2) On la trouvera dans les Monuments de la géographie, hui-
tième livraison,
Farma (Farama) est tracé à l'ouest d'El-A'rych. Ce
qui importe beaucoup, c'est de voir le lac Menzaleh
tel qu'il est de nos jours à peu de chose près, ainsi
que le lido ou l'étroite langue de terre qui sépare le
lac de la Méditerranée comme il le fait aujourd'hui ;
sept siècles n'y ont presque rien changé. En ce long
espace de temps, la terre d'Egyte n'a point envahi
la Méditerranée; c'est .bien plutôt la mer qui a fait
invasion dans l'intérieur du pays. Le fait n'a rien
que de facile à expliquer : tant que les quatre bran-
ches du Nil, appartenant au côté nord-est, ont apporté
chaque année tout le tribut de leurs eaux, savoir :
la Phmétique, la Mendésienne, la Tanitique et la
Pélusiaque, les eaux de la mer se maintenaient à un
niveau inférieur à celui du Nil aux embouchures ; mais
avec le temps, et par la suite de la négligence des
gouvernements qui se sont succédé, même du temps
des Romains, les branches du Nil se sont en par-
tie comblées, les embouchures se sont oblitérées,
les barres ou boghàz se sont formées. Le curage des
canaux comme celui des branches du Nil a cessé
d'être pratiqué, et la Méditerranée a pénétré dans
l'intérieur ; de là les lacs appelés Madiéh et d'Edkou,
et l'extension des lacs de Bourlos et de Menzaléh. Je
ne parle pas ici du lac Maréotis ni du lac Sirbon, qui
remontent à l'antiquité, de même que le lacus Buticus
auquel a succédé le lac Bourlos.
Comment, après ces rapprochements que fournit la
géographie comparée, pourrait-on chercher la position
de Péluse très-avant dans l'intérieur des terres, comme
fait M. le capitaine Spratt, non pas seulement à Tell-
el-Her, où il y a quelques décombres, mais jusqu'à
Daphnae, aujourd'hui Defeynéh, à vingt milles de dis-
tance et plus de la Méditerranée ?
S'il fallait en effet reculer la position de Péluse et
celle de la mer telles qu'elles étaient au temps de
Strabon, jusqu'au lieu de Defeynéh, ou seulement à
Tell-el-Her, on serait obligé de rechercher à nouveau
toutes les positions qui suivent à l'est, Magdolum,
Gerrha, Pentaschœnon, Cassio, le mont Casius, Ostra-
cine, Rhinocorura, Raphia, etc. ; ce serait une rude
tâche que de découvrir ces dix à douze nouveaux
points et de les identifier. Or la plupart sont placés
sur la carte ancienne à l'est de Tynéh, à Qatyeh, El-
A'rych, Réfah, Khan-Younès, etc., d'après des don-
nées qu'on peut regarder comme certaines et incon-
testables.
On peut faire¡la même objection, et plus forte en-
core au système de M. Spratt, à l'égard de la ré-
gion de l'ouest; que deviendraient les positions de
Tanis à San, de Mendès à Achmoun, de Thmuis à
Tmây, etc., ainsi que de Buto même, lieu que nul
auteur n'a dit avoir été au bord de la mer ?
Cet avancement de la terre d'Egypte, cette rétro-
gradation de la mer de vingt-huit milles environ en
dix-huit siècles, sont un bouleversement radical de
lée de Saba-Byâr, Mataryeh, Batn-el-Bakarah ou
le ventre de la vache (peut-être Beçons), et enfin
Suez. Appliquant le compas sur la carte de la basse
Egypte, on trouve, respectivement aussi, les inter-
valles suivants : 1° trois cents stades de six cents au
degré; 2° quinze cents stades pareils; 30 vingt-cinq
schœnes ou sept cent cinquante stades ; 40 huit cent
dix stades (au lieu de huit cent dix-sept).
Ces grandes distances sont encore plus concluantes
que les courts intervalles, et un tel accord confirme
pleinement la conjecture que nous avons émise il y a
longtemps, savoir qu'il existait de temps immémorial
une carte plate de l'Egypte faite d'après des mesures
effectives (1) ; on sait d'ailleurs que les Egyptiens
avaient un cadastre et connaissaient l'exacte superficie
de l'Egypte, à une coudée près, dit un auteur ancien.
On sait aussi, d'après Clément d'Alexandrie, qu'ils pos-
sédaient des traités de géométrie, d'arpentage et de
cosmographie ; les hiérogrammates étaient obligés
de connaître la chorographie de l'Egypte et le cours
du Nil.
Je n'ai pas cité une grande distance de neuf cents
stades donnée par un auteur ancien, celle d'Héroopolis
à Péluse, parce qu'il reste de l'incertitude sur la posi-
tion de cette ancienne ville : le nombre lui-même de
neuf cents est incertain. Au reste, toutes les distances
précédentes et leur accord sont assez concluantes pour
montrer que Tynéh, placé à l'intersection de toutes
ces lignes, est bien le lieu que Pelusium a occupé.
Toutefois je dois encore emprunter un exemple à la
Table théodosienne ; on y voit marquée une distance
de Péluse à Sethrum ou Heracleum, égale à XXIII mil-
les ; c'est la même que celle de xxn milles citée plus
haut et qui concorde naturellement avec le terrain.
Je ne cite pas une distance donnée par Scylax, en
nombre rond et trop vague, des confins de la Syrie à
la bouche pélusiaque, ni le contour de la côte d'Egypte
à partir de Péluse; mais je citerai volontiers la carte
d'Edrisi du XIIe siècle, le plus précieux monument de la
géographie arabe. Cette carte, encore inédite (2), était
restée jusqu'à ces derniers temps tout à fait inconnue;
or il est bien plus facile de comparer entre elles les po-
sitions quand on a le secours d'une carte que sur une
simple description. L'imperfection du tracé est rachetée
par l'ancienneté du document. On peut croire que le
géographe du roi Roger de Sicile avait sous les yeux
d'assez bons matériaux quand il composa pource prince
une description et une mappe du monde connu de son
temps. On ne voit pas figurer sur la carte toutes les
sept branches du Nil ; on n'y voit pas non plus le
nom de Tynéh; mais sur le bord de la mer le nom de
(1) Voyez Exposition du système métrique des anciens Eqyp-
tiens, cliap. XII, page 436, deuxième édition de la Description de
l'Egypte, in-8".
(2) On la trouvera dans les Monuments de la géographie, hui-
tième livraison,
Farma (Farama) est tracé à l'ouest d'El-A'rych. Ce
qui importe beaucoup, c'est de voir le lac Menzaleh
tel qu'il est de nos jours à peu de chose près, ainsi
que le lido ou l'étroite langue de terre qui sépare le
lac de la Méditerranée comme il le fait aujourd'hui ;
sept siècles n'y ont presque rien changé. En ce long
espace de temps, la terre d'Egyte n'a point envahi
la Méditerranée; c'est .bien plutôt la mer qui a fait
invasion dans l'intérieur du pays. Le fait n'a rien
que de facile à expliquer : tant que les quatre bran-
ches du Nil, appartenant au côté nord-est, ont apporté
chaque année tout le tribut de leurs eaux, savoir :
la Phmétique, la Mendésienne, la Tanitique et la
Pélusiaque, les eaux de la mer se maintenaient à un
niveau inférieur à celui du Nil aux embouchures ; mais
avec le temps, et par la suite de la négligence des
gouvernements qui se sont succédé, même du temps
des Romains, les branches du Nil se sont en par-
tie comblées, les embouchures se sont oblitérées,
les barres ou boghàz se sont formées. Le curage des
canaux comme celui des branches du Nil a cessé
d'être pratiqué, et la Méditerranée a pénétré dans
l'intérieur ; de là les lacs appelés Madiéh et d'Edkou,
et l'extension des lacs de Bourlos et de Menzaléh. Je
ne parle pas ici du lac Maréotis ni du lac Sirbon, qui
remontent à l'antiquité, de même que le lacus Buticus
auquel a succédé le lac Bourlos.
Comment, après ces rapprochements que fournit la
géographie comparée, pourrait-on chercher la position
de Péluse très-avant dans l'intérieur des terres, comme
fait M. le capitaine Spratt, non pas seulement à Tell-
el-Her, où il y a quelques décombres, mais jusqu'à
Daphnae, aujourd'hui Defeynéh, à vingt milles de dis-
tance et plus de la Méditerranée ?
S'il fallait en effet reculer la position de Péluse et
celle de la mer telles qu'elles étaient au temps de
Strabon, jusqu'au lieu de Defeynéh, ou seulement à
Tell-el-Her, on serait obligé de rechercher à nouveau
toutes les positions qui suivent à l'est, Magdolum,
Gerrha, Pentaschœnon, Cassio, le mont Casius, Ostra-
cine, Rhinocorura, Raphia, etc. ; ce serait une rude
tâche que de découvrir ces dix à douze nouveaux
points et de les identifier. Or la plupart sont placés
sur la carte ancienne à l'est de Tynéh, à Qatyeh, El-
A'rych, Réfah, Khan-Younès, etc., d'après des don-
nées qu'on peut regarder comme certaines et incon-
testables.
On peut faire¡la même objection, et plus forte en-
core au système de M. Spratt, à l'égard de la ré-
gion de l'ouest; que deviendraient les positions de
Tanis à San, de Mendès à Achmoun, de Thmuis à
Tmây, etc., ainsi que de Buto même, lieu que nul
auteur n'a dit avoir été au bord de la mer ?
Cet avancement de la terre d'Egypte, cette rétro-
gradation de la mer de vingt-huit milles environ en
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